Texte intégral
- Mali -
Mesdames et Messieurs,
Je viens de recevoir avec beaucoup d'amitié et d'intérêt mon ami le Premier ministre du Mali. Nous avons fait le point sur la situation dans ce pays qui nous est cher et nous avons également parlé des relations entre le Mali et la France.
Le Premier ministre, accompagné de plusieurs de ses ministres, était il y a quelques heures à Bruxelles où se tenait une réunion pour faire le point sur les mécanismes de soutien au développement.
Je ferai quelques observations. La première, c'est pour saluer l'excellent travail qui est réalisé là-bas. Il faut avoir à l'esprit que, l'année dernière, à quelques semaines près, le Mali était en passe d'être contrôlé dans son intégralité par des mouvements terroristes.
Dans les circonstances que vous savez, grâce au courage de nos amis maliens, à l'intervention des troupes françaises, africaines, et à la mobilisation de la communauté internationale, les choses ont pu être redressées. Ce qui fait qu'aujourd'hui, sur le plan de la sécurité, même s'il reste encore des problèmes, la situation s'est évidemment formidablement redressée.
Sur le plan démocratique, les choses se sont passées de façon tout à fait remarquable. Un président de la République a été élu, une Assemblée a été constituée, puis le gouvernement ; et le travail est ardent. Sur le plan économique, il y a eu une mobilisation internationale également tout à fait remarquable, avec des fonds importants qui ont été mobilisés dans de bonnes conditions et dans l'intérêt de la population.
Bien sûr il reste du travail et c'est ce dont nous nous sommes entretenus. Il y a le dialogue démocratique, le dialogue avec le Nord qui a commencé et qui sera poursuivi par nos amis puisque c'est évidemment indispensable. Il y a également le redressement économique, les services publics, le redémarrage du pays avec une bonne organisation de tout cela.
J'ai confirmé au Premier ministre malien, en lui demandant de transmettre mes amitiés au président Keita, que nous étions bien sûr aux côtés de nos amis maliens, aujourd'hui et demain comme hier, et que nous nous réjouissions du tour pris par les événements. Il reste évidemment beaucoup de travail à faire, mais les choses sont en bonne voie.
(...).
- Libye -
Q - Monsieur le Ministre, la situation va mieux au Mali mais va très mal en Libye. Des voix, amies de la France, réclament une intervention internationale, je ne sais pas sous quelle forme. Un responsable militaire français a supposé qu'une telle intervention serait la solution idéale. Une opération comme celle-ci est-elle envisagée ou envisageable ?
R - Non. Ce n'est pas le Mali, c'est la Libye. La situation est difficile en Libye, vous avez raison de le souligner, pour toute une série de raisons et notamment pour des raisons sécuritaires. Mais il n'est pas envisagé une intervention militaire si c'est à cela que vous faites allusion, non.
En revanche, il y aura, dans quelques jours à Rome, une conférence qui prend la suite d'autres réunions notamment une conférence qui a eu lieu à Paris au mois de février dernier. Et nous examinerons ce qu'il est possible de faire pour aider nos amis libyens et singulièrement le Premier ministre, M. Ali Zeidan.
J'ai d'ailleurs écrit, pas plus tard qu'hier, au Premier ministre Zeidan pour à la fois faire le point sur nos relations bilatérales, bien sûr, - puisqu'il y a un certain nombre d'engagements qui ont été pris, de formation et autres, qui doivent être tenus de notre part - et, d'autre part, pour lui proposer, dans la perspective de la réunion de Rome, un certain nombre d'initiatives.
Tous les pays voisins et, d'une manière générale d'ailleurs, les grands pays de la communauté internationale souhaitent qu'il y ait une stabilisation de la Libye. La Libye est un très grand pays par son territoire, c'est un pays potentiellement riche et vous savez qu'au Sud il y a évidemment des risques d'implantations de groupes terroristes.
Et ce que nous avons connu au Mali, ce que nous connaissons ailleurs nous montre qu'il ne faut pas laisser s'enkyster une situation. D'ailleurs, nous en parlons souvent, aussi bien avec nos collègues membres permanents du conseil de sécurité - je pense aux Américains, aux Britanniques, aux Russes - qu'avec les voisins ou les proches, qu'il s'agisse du Mali, du Niger, de l'Algérie, de la Tunisie, de l'Égypte.
Donc, l'analyse de la France est qu'il faut conforter la stabilisation de la Libye. Et, dans la perspective, je le répète, de la réunion début mars à Rome, je me suis mis en rapport avec le Premier ministre Zeidan pour travailler sur un certain nombre d'idées.
Voilà le point qui est actuellement celui de la Libye, avant qu'on ne revienne au Mali.
(...)
- Etats-Unis -
Q - Quelques jours avant votre départ aux États-Unis, je voulais savoir si vous pouvez me donner votre appréciation de l'état des relations entre les États-Unis et l'Union européenne, notamment en fonction de certains propos diffusés par un diplomate américain ?
R - Si les Premiers ministres et les ministres des affaires étrangères devaient consacrer l'essentiel de leur temps à commenter les propos tenus par tel ou tel diplomate, nous n'aurions pas le temps de faire autre chose. En ce qui me concerne, je me consacre à autre chose.
Pour ce qui est de l'état de nos relations avec les États-Unis, elles sont excellentes et nous nous réjouissons d'aller aux États-Unis lundi prochain. Nous resterons deux jours à Washington avant de nous rendre à San Francisco ; nous serons de retour vendredi matin. Il y aura des conversations substantielles, avec le président Obama, avec les autorités américaines. Le programme est tout à fait bien conçu.
Les relations sont très bonnes. L'autre jour, je me trouvais à Munich où se trouvaient également des représentants du Sénat, des démocrates, des républicains et, vraiment, en particulier sur le plan de l'analyse de la situation internationale, nous sommes extrêmement proches.
Et en ce qui concerne mes relations avec John Kerry - puisque les relations personnelles comptent beaucoup -, elles sont également excellentes. John Kerry parle très bien le français et je dirais : «he's a smart guy».
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 février 2014