Texte intégral
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les membres de la CNCD,
Madame, Monsieur,
Nous voilà réunis pour la troisième fois dans le cadre de la CNCD, la commission nationale de la coopération décentralisée.
Dores et déjà nos travaux par leur périodicité et leur densité sinscrivent dans la volonté affichée par le Ministre des affaires étrangères, Laurent FABIUS et moi-même de refonder notre commission à la suite des recommandations contenues dans le rapport dAndré LAIGNEL.
La revitalisation de notre enceinte commune nous permet daborder des sujets dactualité, de présenter des priorités du ministère sur le terrain du développement et pour une première fois ici déchanger sur les enjeux globaux, en particulier dans le perspective de la conférence de Paris sur le Climat en 2015.
Lorsque nous nous sommes vus il y a un an, nous étions en plein dans le tourbillon des Assises du développement et de la solidarité internationale avec tous les acteurs et les actrices du développement. Nous avons fini les Assises le 1er mars dernier, avec la participation du Président de la République.
Lors de la dernière réunion de la CNCD [1erjuillet 2013], nous attendions la convocation du CICID, qui ne sétait pas réuni depuis 2008. Le CICID sest réuni le 31 juillet pour acter les grandes priorités de la politique de développement. Nous sommes maintenant, comme promis, et comme annoncé par le Président de la République devant un projet de loi dorientation et de programmation, soumis au Parlement. La rénovation de notre politique continue.
Engagement tenu.
Issu des travaux des assises du développement et de la solidarité et de la feuille de route que le Président de la République avait fixé au gouvernement, ce projet de loi, le premier de toute lhistoire de la Vème République, vise à préciser les objectifs de notre politique de développement et à renforcer son contrôle démocratique. Efficacité, transparence, critères de redevabilité de laide, critères de responsabilité de laide, sujets auxquels nos collectivités territoriales sont également attachées et sur lesquels vos réflexions, vos suggestions seront bienvenues. . Un article de la loi reconnait le rôle des collectivités et leur action à linternational. Et également valorise et sécurise leur action. Je salue dailleurs la concertation menée en préalable avec lensemble des réseaux délus et les associations.
Nous en discuterons dans un deuxième temps tout à lheure de façon plus détaillée.
Ainsi, entre les Assises, le CICID, le projet de loi, laction du gouvernement pour plus de transparence et defficacité de notre politique de développement. Le CNDSI (Conseil national du développement et de la solidarité internationale), dans lequel les collectivités territoriales auront toute leur place (collège de 8 membres), pour discuter et sapproprier la politique française de développement. Renouer le dialogue entre lEtat et les acteurs du développement, mais également entre tous les acteurs et les actrices du développement entre eux, était un engagement. Cet engagement est tenu.
Engagement tenu, également, devant vous, membres de la CNCD, sur la refondation de votre instance. André LAIGNEL nous exposera tout à lheure les principales avancées et la mise en uvre de ses recommandations.
La refondation de la CNCD, conformément aux recommandations dAndré Laignel dans son rapport lannée dernière, doit nous autoriser à aborder les sujets de fond relatifs aux enjeux globaux. Cest pourquoi jai proposé que nous consacrions un temps de débat spécifique à la préparation de la conférence de Paris sur le Climat et au contenu du rapport établi par les Sénateurs Ronan DANTEC [nous étions encore à New York ensemble la semaine dernière] et Michel DELEBARRE, à la demande du Premier Ministre, sur la contribution des collectivités territoriales à cette préparation. Jy reviendrai au terme de la première partie de nos débats.
Je crois profondément au rôle des collectivités, qui sont amenés à jouer un rôle dautant plus important quaujourdhui 50% de la population mondiale vit en ville. Les villes et les collectivités sont donc les premières à vivre concrètement les impacts du changement climatique, mais elles sont également en première ligne pour pouvoir sy adapter. Vous le savez, lors de la plupart de mes déplacements sur le terrain, je rencontre des élus locaux. Cétait le cas à Dakar en septembre dernier, où jai pu une nouvelle fois constater que les élus sont en première ligne. Quand vous être confronté à tous les défis du quotidien, que sont laccès à lénergie, lassainissement, leau, mais aussi la dynamique économique du territoire, et que vous éprouvez, en direct, les premiers impacts du changement climatique, lié à lérosion côtière, il paraît impensable que les collectivités territoriales et les élus qui les représentent ne soient pas mieux associés aux négociations sur le climat.
Mieux associés en raison des impacts, mais aussi parce que et cest lun des premiers enseignements du rapport des Sénateurs Dantec et Delebarre qui vous le présenteront tout à lheure les collectivités territoriales sont des partie intégrantes des solutions.
LAgence française de développement (dont je salue les représentants ici présents) va bientôt adopter son nouveau cadre dintervention stratégique concernant les villes durables. La doctrine de lAFD en matière dinfrastructures et de villes durable doit être concertée avec vous. Cest dailleurs un prérequis indispensable que vous soyez en première ligne. La phase de concertation commence avec tous les réseaux et les associations délus en ce début 2014.
Par ailleurs, lAFD réfléchit actuellement à lancer un guichet de financement direct des collectivités, la FICOL complémentaire aux appels à projets du Ministère des affaires étrangères (mais avec un ticket dentrée beaucoup plus élevé). Dans ce cadre, je souhaiterais que, à terme après la phase pilote de cette année, la FICOL soit soumise aux mêmes règles concernant le co-bénéfice climat des projets soutenus. Car les infrastructures qui bâtiront la ville durable de demain doivent être pensées aussi en termes dadaptation au changement climatique.
La coopération décentralisée française a des atouts à faire valoir. Elle sinscrit dans la durée, elle renforce les institutions locales, elle établit une relation de partenariat dégal à égal. Ces atouts sont déterminants pour le développement des territoires au Sud. Jai pu les constater lors de mes multiples déplacements sur le terrain. Des collectivités territoriales dotées de capacités financières et humaines, en rapprochant les citoyens des décideurs publics, contribuent à lamélioration des services publics et sociaux locaux. Il est indispensable dappuyer les expériences de décentralisation.
Cest ainsi un enjeu particulier au Mali où le retour des services publics sur lensemble du territoire est un facteur de paix. La France dispose à travers lexpérience de ses collectivités dune expertise précieuse en la matière que nous entendons partager. Les collectivités territoriales françaises traditionnellement très présentes au Mali y ont pris leur part et se sont mobilisées dans lurgence et dans la reprise de leur projet de coopération avec les collectivités territoriales malienne. Un an pile après le début de lintervention Serval, leffort doit désormais porter sur la reconstruction et le développement. La réunion de Lyon le 19 mars 2013 a été un moment fort de mobilisation et dexpression dune solidarité politique et humanitaire. Lors de la conférence des donateurs à Bruxelles le 15 mai 2013, votre contribution a été portée et reconnue. Notre effort commun doit se poursuivre. Je propose, si vous en êtes daccord, que soit organisée juste avant lanniversaire de Bruxelles +1, en avril 2014 (après les élections municipales par exemple) une réunion technique qui rassemblerait en premier lieu les collectivités françaises engagées au Mali (via le groupe pays de CUF), mais également lEtat, lAFD, et quelques autres acteurs français mobilisés en amont de Bruxelles. La bataille du développement est engagée. A nous de montrer que depuis 2011 et les dernières assises de la coopération décentralisée franco-maliennes, les choses ont évolué, les relations avec les partenaires se sont renforcées, et les projets ont mûri.
Depuis quelques semaines une crise humanitaire sans précèdent a amené la France à intervenir en République Centrafricaine dans le cadre de la légalité internationale et avec le soutien de la communauté internationale, avant tout de lUnion Africaine et des pays de la sous-région. Dans quelques jours, le 20 janvier se tiendra une conférence des donateurs
Un an après la remise de son rapport par André Laignel et la présentation du plan daction ministériel, nous ferons le point sur la mise en uvre de ses recommandations. Sans dévoiler ce qui nous sera présenté ce matin par André Laignel, je crois pouvoir dire que nous avons atteint lessentiel des objectifs fixés il y a douze mois. Cela est le fruit dun investissement de toutes et de tous et en particulier de chacun des membres de la CNCD qui y apporte sa contribution ainsi quà léquipe de la DAECT. La vigilance et la détermination dAndré Laignel y a fortement contribué.
Enfin, vous avez souhaité consacrer un temps déchanges à la problématique essentielle en termes de développement durable de leau et de lassainissement. A mi-parcours entre le forum mondial de leau que la France avait accueilli à Marseille et le prochain qui se tiendra au printemps 2015 en Corée du Sud, je remercie le Sénateur Jacques OUDIN, [à lorigine de la loi éponyme sur le financement dans le domaine de leau de projets de coopération décentralisée], et Henri BEGORRE de leurs présences et de leurs présentations.
Vous lavez compris, et nos débats de ce matin devraient le confirmer la CNCD à vocation à devenir cet espace de concertation, de dialogue et de retour dexpérience qui nous permette les uns et les autres à être plus efficace et mieux coordonné dans nos politiques de développement et daction extérieure. La diplomatie des territoires, comme aime lappeler Laurent Fabius, est devenue un élément clef de notre action extérieure. A chacun de mes déplacements, je mintéresse et je visite des projets portés par des collectivités territoriales.
Au-delà des projets concrets que vous mettez en uvre, la diplomatie des territoires diffuse une culture démocratique locale, elle sappuie sur des valeurs communes, elle répond à des critères de responsabilité et de transparence.
Une CNCD renforcée est le meilleur garant dun dialogue nourri et fructueux entre lEtat et les collectivités représentées ici par leurs associations dont je salue laction et lengagement.
Je laisse maintenant la parole à Anne-Marie DESCÔTES, la directrice générale de la mondialisation pour quelle présente lengagement et la volonté de ses équipes à mettre la coopération décentralisée au cur du travail de la DGM. Je vous remercie.Source http://www.cercoop.org, le 18 février 2014