Texte intégral
Q - Comment réagissez-vous aux critiques contre l'aide française au développement, notamment au Cameroun et en République démocratique du Congo ?
R - Les investissements réalisés dans les sociétés Socapalm au Cameroun et Feronia en République démocratique du Congo sont des décisions prises par l'ancien gouvernement. Et il est salutaire que la société civile joue tout son rôle de suivi. Ces projets dans lesquels la France a mis de l'argent public étaient contestables à l'époque. Ma responsabilité politique aujourd'hui consiste à faire en sorte que de telles opérations ne soient plus financées. L'aide au développement doit servir en priorité à promouvoir l'agriculture familiale, pas à favoriser de l'agrobusiness d'exportation qui participe à la déforestation. En 2012, par exemple, nous avons refusé un projet d'investissement de 20 milliards de dollars (14,6 millions d'euros) dans un fonds d'agrobusiness localisé dans un paradis fiscal d'Amérique latine.
Q - Quels garde-fous sont désormais mis en place ?
R - Nous avons rehaussé l'ensemble de nos critères sociaux et environnementaux. Nous avons renforcé le bloc de sécurité financière, destiné à passer au crible tous les risques - fraude, corruption, blanchiment d'argent, financement du terrorisme - des fonds et des sociétés dans lesquels nous investissons. Cette rénovation de notre politique a été consacrée par l'adoption, lundi, en première lecture, par l'Assemblée nationale, de la toute première loi française sur le développement et la solidarité internationale.
Q - Plusieurs ONG regrettent l'absence de dispositions relatives aux paradis fiscaux...
R - À mon initiative, l'Agence française de développement (AFD) s'est dotée, en 2013, de la liste des paradis fiscaux utilisée par la Banque mondiale et la Banque européenne d'investissement. Nous respectons aujourd'hui les meilleurs standards. La loi en cours de discussion peut être l'occasion d'aller encore plus loin.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 février 2014