Texte intégral
Monsieur le préfet,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le maire,
Monsieur le vice-président du conseil régional,
Monsieur le conseiller général,
Mesdames et Messieurs les élus,
Messieurs les officiers,
Monsieur le directeur départemental de l'ONAC,
Mesdames et Messieurs représentant les associations du monde combattant et de mémoire,
Monsieur Paul Flickinger,
Mesdames, Messieurs,
Chers élèves,
C'est pour moi un plaisir sincère d'être ici aujourd'hui parmi vous à Coin-lès-Cuvry en Moselle pour inaugurer ce monument aux morts.
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier, monsieur le maire, de nous accueillir ici et de nous offrir ce moment de rassemblement, de recueillement et de partage autour de la mémoire combattante. Je me réjouis que chaque commune de France puisse inscrire dans la pierre de ses ruelles, de sa place publique ou de ses murs son histoire et sa mémoire.
Je tiens aussi à saluer le travail remarquable de Monsieur Paul Flickinger qui offre aujourd'hui aux Cotocunerois un point de ralliement de leur mémoire.
Monsieur, votre uvre incarne le message dont nous devons aujourd'hui être porteurs et rassemble tout ce pour quoi nous sommes là :
- rendre hommage aux morts, les enfants de Moselle qui ont payé de leur vie la reconquête de la liberté ;
- se rappeler le combat pour la paix et la construction d'une Europe de la paix dont on doit mesurer la préciosité et la fragilité et je sais combien ce message de paix et de réconciliation entre la France et l'Allemagne est entendu ici en Moselle ;
- honorer enfin le devoir de mémoire en transmettant à la jeune génération les valeurs pour lesquelles nos aînés se sont battus.
Monsieur Flickinger, peintre et sculpteur, vous n'en êtes pas moins architecte de notre mémoire. Je tiens à rappeler ici quelques-unes de vos uvres. Je pense notamment à la création en 2009 pour le conseil général de la Meuse d'une sculpture « les Fusillés de 14-18 » inaugurée sur le site du village détruit de Fleury-devant-Douaumont près de Verdun, où je me rendrai à la fin du mois.
Je pense aussi à la création en bronze en 2012 de la sculpture en mémoire des « Malgré nous » inaugurée à Tambov en Russie.
Monsieur, votre uvre riche et plurielle témoignage de votre curiosité perpétuellement inassouvie. Ce monument aux morts frappe par sa singularité. Des lignes acérées, dures, qui rappellent autour de ce visage fermé l'âpreté des combats.
Une colombe tournée vers le ciel, symbole de l'espoir qui animait chaque femme et chaque enfant qui attendait le retour, parfois en vain, de leur soldat. Espoir aussi qui anima des générations de mosellans, espoir pour la paix, pour la construction européenne, pour la réconciliation et la fraternité.
Et ce livre, gardien du souvenir des hommes, première arme dans toute sa noblesse de l'uvre de transmission qui nous anime et nous réunit aujourd'hui.
Ce monument est singulier, à l'image de la mémoire mosellane des deux guerres mondiales.
Entre 1914 et 1918, bien que située derrière les lignes allemandes, la Moselle a été un champ de bataille comme beaucoup d'autres territoires du Nord et de l'Est de la France.
Les batailles de Sarrebourg et Morhange au mois d'août 1914 marquent profondément votre terre comme ses habitants. Des batailles durant lesquelles deux figures de la région meurent au combat : Louis Laffite, secrétaire général de la chambre de commerce et d'industrie de Meurthe-et-Moselle et Émile Toussaint, l'un des architectes de la CCI.
Mais ce champ de bataille ne ressemble à aucun autre.
Ici en Moselle, des habitants portant l'uniforme allemand se trouvent, l'arme à la main, face à des frères, des voisins, des cousins, exilés de leur terre natale et enrôlés dans l'armée française. Ce drame ajoute à l'épreuve terrible que constitue la Grande Guerre. Un drame qui a marqué profondément ce département, génération après génération.
Des centaines de combattants mosellans sont « morts pour la France ». Nous ne les oublions pas. Parmi eux, Eugène Bernard du 27e régiment d'infanterie territoriale mort le 25 août 1914 ; Pierre Chardin du 60e bataillon de chasseurs à pied mort le 28 septembre 1915 ; Pierre Devoge du 147e régiment d'infanterie mort à Verdun en 1916.
Dans ces zones de combats, les civils mosellans font face à l'incompréhension. C'est une guerre civile qui se joue sur la terre mosellane.
Une guerre civile à laquelle mettra fin, le 19 novembre 1918, l'arrivée dans Metz des troupes françaises de la 10e armée accueillies avec ferveur par la population.
Peu à peu les villes mosellanes sont libérées. Le 22 novembre, les troupes du général Hellot défilent dans le centre de Thionville sous un arc de triomphe installé en l'honneur et à la gloire de la France.
Le mois suivant, le 8 décembre 1918, le Président de la République Raymond Poincaré célèbre dans les rues de Metz la liberté retrouvée et rappelle l'attachement, profond et fidèle, de la ville à la France à travers son Histoire.
Permettez-moi de le citer : « [...] Metz, dont la cathédrale a été bâtie par des artistes français, dont les archives contiennent les plus anciens manuscrits français, dont les chroniqueurs ont composé, en français, toutes les pages de votre histoire locale ; [ ] Metz, si fière aux 17ème et 18ème siècles, du parlement qu'y avait installé Richelieu, si justement orgueilleuse des illustres fils qu'elle a donnés à la mère patrie, si jalouse de demeurer fidèle à l'esprit et au goût français ; [...] Metz a été, il y a quarante-huit ans, arrachée par la force à ses affections naturelles et à ses habitudes historiques, déviée de ses origines, déracinée de son passé ».
Cette mémoire singulière de la Grande Guerre est nourrie 20 ans plus tard de l'expérience que représente pour votre territoire la seconde guerre mondiale. Une expérience qui voit l'expulsion de plus de 100 000 Mosellans de leur terre natale et l'incorporation de force de 30 000 jeunes gens, les « Malgré-nous », dans la Wehrmacht.
Annexée par l'Allemagne nazie en 1940, la Moselle abrite une mémoire complexe de cette période.
Face aux mesures annexionnistes de l'occupant, la population mosellane renouvelle, avec courage, son attachement à la France, celui que Poincaré avait si bien décrit 20 ans auparavant.
C'est ainsi que la statue de la Vierge de la place Saint-Jacques à Metz se voit fleurir le 15 août 1940 de centaines de bouquets tricolores.
C'est ainsi aussi que le drapeau français est hissé sur la mairie de Hagondange le 11 novembre 1942.
C'est ainsi enfin que naît en signe de constatation le mouvement « Espoir français » qui rejoint la lutte clandestine de la Résistance française ; le groupe de résistance « Mario » dont le chef de file Jean Burger, né à Metz en 1907, succombe à une blessure en 1945 quelques jours après son départ du camp d'Auschwitz ; le groupe Derhan composé d'une cinquantaine d'ouvriers sidérurgistes dont le leader, Joseph Derhan meurt au fort de Queuleu à Metz.
Autant de mouvements et de figures qui ont fait l'histoire de la Résistance en Moselle et ont beaucoup aidé à l'évasion de prisonniers français et alliés ainsi que de milliers de réfractaires à l'incorporation de force dans la Wehrmacht.
Aujourd'hui, la Moselle s'apprête à commémorer, dans le respect des mémoires auquel nous sommes tous attachés, ces événements tragiques de leur histoire, de notre histoire.
Je tiens à saluer la participation très active du monde combattant à ces commémorations. Je tiens à vous remercier aujourd'hui, messieurs les Anciens combattants et porte-drapeaux, de votre présence et de l'énergie que vous mettez à faire vivre la mémoire combattante mosellane. Le souvenir de votre engagement militaire fait la fierté de votre région. Votre implication dans le travail de mémoire lui fait honneur.
Au-delà du monde combattant, les acteurs de la région sont très présents dans la préparation des commémorations à venir.
Parmi les projets mosellans labellisés par la mission du Centenaire, beaucoup revêtent une dimension pédagogique, à l'image des élèves qui sont présents aujourd'hui, et je m'en réjouis.
Permettez-moi de citer notamment « La guerre en couleurs »initié par le collège Paul Langevin d'Hagondange qui vise à sensibiliser le public scolaire sur l'avenir du souvenir de la Grande Guerre ou encore l'exposition « L'entrée en Guerre en 1914 à Bitche et Pirmasens » qui prévoit la visite d'écoliers franco-allemands.
L'histoire et la mémoire singulières de la Moselle en font un terreau fertile pour célébrer la paix et la réconciliation entre les peuples jadis ennemis.
Combattants mosellans « morts pour la France » dans la guerre de 1914-1918, dans la guerre de 1939-1945, résistants à l'occupant nazi, prisonniers de guerre et déportés, soldats « malgré-nous » morts sous l'uniforme allemand, c'est à eux tous que ce monument aux morts rend hommage aujourd'hui.
Quelle plus belle façon de le faire qu'en célébrant, autour de ce monument symbolisant la paix et tourné vers l'avenir, l'étendue de la réconciliation entre la France et l'Allemagne si chère à la Moselle.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 24 février 2014
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le maire,
Monsieur le vice-président du conseil régional,
Monsieur le conseiller général,
Mesdames et Messieurs les élus,
Messieurs les officiers,
Monsieur le directeur départemental de l'ONAC,
Mesdames et Messieurs représentant les associations du monde combattant et de mémoire,
Monsieur Paul Flickinger,
Mesdames, Messieurs,
Chers élèves,
C'est pour moi un plaisir sincère d'être ici aujourd'hui parmi vous à Coin-lès-Cuvry en Moselle pour inaugurer ce monument aux morts.
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier, monsieur le maire, de nous accueillir ici et de nous offrir ce moment de rassemblement, de recueillement et de partage autour de la mémoire combattante. Je me réjouis que chaque commune de France puisse inscrire dans la pierre de ses ruelles, de sa place publique ou de ses murs son histoire et sa mémoire.
Je tiens aussi à saluer le travail remarquable de Monsieur Paul Flickinger qui offre aujourd'hui aux Cotocunerois un point de ralliement de leur mémoire.
Monsieur, votre uvre incarne le message dont nous devons aujourd'hui être porteurs et rassemble tout ce pour quoi nous sommes là :
- rendre hommage aux morts, les enfants de Moselle qui ont payé de leur vie la reconquête de la liberté ;
- se rappeler le combat pour la paix et la construction d'une Europe de la paix dont on doit mesurer la préciosité et la fragilité et je sais combien ce message de paix et de réconciliation entre la France et l'Allemagne est entendu ici en Moselle ;
- honorer enfin le devoir de mémoire en transmettant à la jeune génération les valeurs pour lesquelles nos aînés se sont battus.
Monsieur Flickinger, peintre et sculpteur, vous n'en êtes pas moins architecte de notre mémoire. Je tiens à rappeler ici quelques-unes de vos uvres. Je pense notamment à la création en 2009 pour le conseil général de la Meuse d'une sculpture « les Fusillés de 14-18 » inaugurée sur le site du village détruit de Fleury-devant-Douaumont près de Verdun, où je me rendrai à la fin du mois.
Je pense aussi à la création en bronze en 2012 de la sculpture en mémoire des « Malgré nous » inaugurée à Tambov en Russie.
Monsieur, votre uvre riche et plurielle témoignage de votre curiosité perpétuellement inassouvie. Ce monument aux morts frappe par sa singularité. Des lignes acérées, dures, qui rappellent autour de ce visage fermé l'âpreté des combats.
Une colombe tournée vers le ciel, symbole de l'espoir qui animait chaque femme et chaque enfant qui attendait le retour, parfois en vain, de leur soldat. Espoir aussi qui anima des générations de mosellans, espoir pour la paix, pour la construction européenne, pour la réconciliation et la fraternité.
Et ce livre, gardien du souvenir des hommes, première arme dans toute sa noblesse de l'uvre de transmission qui nous anime et nous réunit aujourd'hui.
Ce monument est singulier, à l'image de la mémoire mosellane des deux guerres mondiales.
Entre 1914 et 1918, bien que située derrière les lignes allemandes, la Moselle a été un champ de bataille comme beaucoup d'autres territoires du Nord et de l'Est de la France.
Les batailles de Sarrebourg et Morhange au mois d'août 1914 marquent profondément votre terre comme ses habitants. Des batailles durant lesquelles deux figures de la région meurent au combat : Louis Laffite, secrétaire général de la chambre de commerce et d'industrie de Meurthe-et-Moselle et Émile Toussaint, l'un des architectes de la CCI.
Mais ce champ de bataille ne ressemble à aucun autre.
Ici en Moselle, des habitants portant l'uniforme allemand se trouvent, l'arme à la main, face à des frères, des voisins, des cousins, exilés de leur terre natale et enrôlés dans l'armée française. Ce drame ajoute à l'épreuve terrible que constitue la Grande Guerre. Un drame qui a marqué profondément ce département, génération après génération.
Des centaines de combattants mosellans sont « morts pour la France ». Nous ne les oublions pas. Parmi eux, Eugène Bernard du 27e régiment d'infanterie territoriale mort le 25 août 1914 ; Pierre Chardin du 60e bataillon de chasseurs à pied mort le 28 septembre 1915 ; Pierre Devoge du 147e régiment d'infanterie mort à Verdun en 1916.
Dans ces zones de combats, les civils mosellans font face à l'incompréhension. C'est une guerre civile qui se joue sur la terre mosellane.
Une guerre civile à laquelle mettra fin, le 19 novembre 1918, l'arrivée dans Metz des troupes françaises de la 10e armée accueillies avec ferveur par la population.
Peu à peu les villes mosellanes sont libérées. Le 22 novembre, les troupes du général Hellot défilent dans le centre de Thionville sous un arc de triomphe installé en l'honneur et à la gloire de la France.
Le mois suivant, le 8 décembre 1918, le Président de la République Raymond Poincaré célèbre dans les rues de Metz la liberté retrouvée et rappelle l'attachement, profond et fidèle, de la ville à la France à travers son Histoire.
Permettez-moi de le citer : « [...] Metz, dont la cathédrale a été bâtie par des artistes français, dont les archives contiennent les plus anciens manuscrits français, dont les chroniqueurs ont composé, en français, toutes les pages de votre histoire locale ; [ ] Metz, si fière aux 17ème et 18ème siècles, du parlement qu'y avait installé Richelieu, si justement orgueilleuse des illustres fils qu'elle a donnés à la mère patrie, si jalouse de demeurer fidèle à l'esprit et au goût français ; [...] Metz a été, il y a quarante-huit ans, arrachée par la force à ses affections naturelles et à ses habitudes historiques, déviée de ses origines, déracinée de son passé ».
Cette mémoire singulière de la Grande Guerre est nourrie 20 ans plus tard de l'expérience que représente pour votre territoire la seconde guerre mondiale. Une expérience qui voit l'expulsion de plus de 100 000 Mosellans de leur terre natale et l'incorporation de force de 30 000 jeunes gens, les « Malgré-nous », dans la Wehrmacht.
Annexée par l'Allemagne nazie en 1940, la Moselle abrite une mémoire complexe de cette période.
Face aux mesures annexionnistes de l'occupant, la population mosellane renouvelle, avec courage, son attachement à la France, celui que Poincaré avait si bien décrit 20 ans auparavant.
C'est ainsi que la statue de la Vierge de la place Saint-Jacques à Metz se voit fleurir le 15 août 1940 de centaines de bouquets tricolores.
C'est ainsi aussi que le drapeau français est hissé sur la mairie de Hagondange le 11 novembre 1942.
C'est ainsi enfin que naît en signe de constatation le mouvement « Espoir français » qui rejoint la lutte clandestine de la Résistance française ; le groupe de résistance « Mario » dont le chef de file Jean Burger, né à Metz en 1907, succombe à une blessure en 1945 quelques jours après son départ du camp d'Auschwitz ; le groupe Derhan composé d'une cinquantaine d'ouvriers sidérurgistes dont le leader, Joseph Derhan meurt au fort de Queuleu à Metz.
Autant de mouvements et de figures qui ont fait l'histoire de la Résistance en Moselle et ont beaucoup aidé à l'évasion de prisonniers français et alliés ainsi que de milliers de réfractaires à l'incorporation de force dans la Wehrmacht.
Aujourd'hui, la Moselle s'apprête à commémorer, dans le respect des mémoires auquel nous sommes tous attachés, ces événements tragiques de leur histoire, de notre histoire.
Je tiens à saluer la participation très active du monde combattant à ces commémorations. Je tiens à vous remercier aujourd'hui, messieurs les Anciens combattants et porte-drapeaux, de votre présence et de l'énergie que vous mettez à faire vivre la mémoire combattante mosellane. Le souvenir de votre engagement militaire fait la fierté de votre région. Votre implication dans le travail de mémoire lui fait honneur.
Au-delà du monde combattant, les acteurs de la région sont très présents dans la préparation des commémorations à venir.
Parmi les projets mosellans labellisés par la mission du Centenaire, beaucoup revêtent une dimension pédagogique, à l'image des élèves qui sont présents aujourd'hui, et je m'en réjouis.
Permettez-moi de citer notamment « La guerre en couleurs »initié par le collège Paul Langevin d'Hagondange qui vise à sensibiliser le public scolaire sur l'avenir du souvenir de la Grande Guerre ou encore l'exposition « L'entrée en Guerre en 1914 à Bitche et Pirmasens » qui prévoit la visite d'écoliers franco-allemands.
L'histoire et la mémoire singulières de la Moselle en font un terreau fertile pour célébrer la paix et la réconciliation entre les peuples jadis ennemis.
Combattants mosellans « morts pour la France » dans la guerre de 1914-1918, dans la guerre de 1939-1945, résistants à l'occupant nazi, prisonniers de guerre et déportés, soldats « malgré-nous » morts sous l'uniforme allemand, c'est à eux tous que ce monument aux morts rend hommage aujourd'hui.
Quelle plus belle façon de le faire qu'en célébrant, autour de ce monument symbolisant la paix et tourné vers l'avenir, l'étendue de la réconciliation entre la France et l'Allemagne si chère à la Moselle.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 24 février 2014