Texte intégral
Messieurs les ministres,
Madame l'ambassadeur,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le directeur général adjoint des Outre-mer,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier, Monsieur le ministre, cher Victorin, de nous accueillir dans cette salle prestigieuse, un prestige acquis de ce héros Guyanais de la Résistance et Compagnon de la Libération dont elle tire son nom, Félix Éboué.
Nous sommes rassemblés aujourd'hui pour rendre hommage au Martiniquais Raphaël Élizé, à son parcours remarquable, à son destin exceptionnel, symbole de l'engagement des citoyens d'Outre-mer pour la France et pour la République.
Nous entrons dans une année commémorative très importante durant laquelle le président de la République a souhaité faire du souvenir de l'engagement des troupes d'Outre-mer dans les deux guerres mondiales un axe fort.
Je tiens à saluer le travail remarquable du réalisateur, monsieur Philippe Baron qui nous offre l'opportunité de réhabiliter le destin de Raphaël Élizé et avec lui de toutes les valeurs qu'il a portées et défendues jusqu'à la mort.
Évoquer Raphaël Élizé, c'est d'abord rendre hommage au combattant de la première guerre mondiale qui est engagé, dès septembre 1914, sur le front de la Marne. Des combats qui coûtent à la France 21 000 soldats auxquels s'ajoutent plusieurs milliers de disparus. Au total, ce sont 300 000 soldats français qui tombent au champ d'honneur d'août à octobre 1914, soit 20% des pertes totales.
Raphaël Élizé, lui, survit à l'horreur des tranchées et se distingue par sa détermination et son courage.
Courageux, il l'est aussi dans ses convictions. Car évoquer Raphaël Élizé, c'est ensuite rendre hommage au militant politique engagé, au maire de Sablé-sur-Sarthe qu'il a été de 1919 à 1940, période durant laquelle il met son énergie et son sens des responsabilités au service de sa ville et des Saboliens.
Son deuxième mandat s'interrompt brutalement à son retour du front le 9 août 1940. La Feldkommandatur estime alors, je cite l'arrêté paru, « insupportable de reconnaître comme maire en territoire occupé un homme de couleur et de discuter avec lui ».
C'est alors que Raphaël Élizé devient agent de liaison pour la Résistance française tout en poursuivant son activité de vétérinaire. C'est donc au Résistant que nous rendons hommage enfin. En 1943, il est dénoncé, arrêté, torturé et déporté à Buchenwald où il meurt le 9 février 1945 à quelques semaines du retour à la paix pour lequel il s'est tant battu.
« Métis de la République », pour reprendre le titre du documentaire, Raphaël Élizé n'en est pas moins symbole de la République : il a fait du respect de la dignité humaine et de l'égalité entre les hommes son combat.
Son parcours est riche d'enseignements à l'heure où nous mettons notre cur et notre énergie à faire valoir le respect de la différence et à défendre les valeurs de tolérance et de fraternité. La figure de Raphaël Élizé nous rappelle ainsi combien la France métropolitaine s'enrichit de la France d'Outre-mer, combien les valeurs républicaines, les droits de l'homme et la dignité humaine sont des règles non négociables ; ce sont les règles du jeu républicain.
Nous n'avons plus qu'à « jouer le jeu ». « Jouer le jeu, disait Félix Éboué, c'est piétiner les préjugés, tous les préjugés et apprendre à baser l'échelle des valeurs sur les critères de l'esprit. [ ] Jouer le jeu c'est aimer les hommes, tous les hommes et se dire qu'ils sont tous bâtis sur une commune mesure humaine qui est faite de qualités et de défauts ».
source http://www.defense.gouv.fr, le 24 février 2014