Texte intégral
Monsieur le Chancelier,
Mesdames, Messieurs,
Chers étudiants,
Je garde un excellent souvenir de mes deux passages dans votre université, en 2009 et 2011, et des échanges stimulants que j'avais eus avec vos aînés ou peut-être déjà avec certains d'entre vous.
Lorsque le Chancelier Xue Jinwen m'a annoncé la création du programme « Relations internationales et gouvernance mondiale » au sein de votre Université et m'a proposé d'intervenir dans ce cadre, c'est avec plaisir que j'ai accepté. Avec ce programme, l'Université de Nankai accroit son ouverture internationale et favorise la compréhension mutuelle.
Nous célébrons cette année le 50ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la France et la République populaire de Chine. La France du Général de Gaulle a été le premier grand pays occidental à établir des relations diplomatiques avec la Chine, donnant ainsi à notre relation un caractère pionnier. Notre partenariat stratégique global, établi en 1997, s'est enrichi au fur et à mesure que nos relations se développaient et que le rôle international de la Chine s'affirmait. Ce partenariat stratégique concerne aujourd'hui tous les domaines - politique, économique, scientifique et culturel ainsi que les grandes questions internationales.
Dans cette perspective, mon intervention portera sur les priorités de la politique étrangère française et ses implications pour le partenariat stratégique franco-chinois.
La politique étrangère d'un pays, vous le savez, est largement conditionnée par l'histoire et par la géographie.
La géographie d'abord : la France est un pays de taille moyenne, d'une population de 66 millions d'habitants, toujours en croissance grâce à une bonne natalité, ce qui constitue un atout. Nous sommes la cinquième puissance économique mondiale, mais il est évident que, même si nous nous développons, la croissance de pays beaucoup plus grands nous fera mécaniquement évoluer dans le classement mondial.
C'est là qu'intervient l'histoire - et le projet - qui vient compléter la géographie. La France est un des 5 membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, un Etat doté de l'arme nucléaire et de forces de projection, une nation qui rayonne par sa culture, par sa langue, par sa science. C'est une nation qui porte des valeurs pour lesquelles elle est reconnue. Notre réseau diplomatique est un des trois plus vastes du monde. Le monde francophone représente plus de 200 millions de personnes et bientôt, avec le développement de l'Afrique, 750 millions. Disposant de nombreuses entreprises leaders mondiales dans leurs secteurs et d'une base technologique exceptionnelle, la France est aussi un des pays qui attirent le plus d'étudiants et de chercheurs du monde entier.
La France est un grand pays de recherche et d'innovation. Dans son dernier classement sur l'innovation, l'institut Thomson Reuters place la France au troisième rang mondial et au premier rang européen. Des découvertes fondamentales, comme le boson de Higgs au CERN, des avancées scientifiques, comme l'implantation réussie en 2013 du premier cur artificiel, des innovations technologiques, comme les objets connectés ou l'impression 3D des tissus humains, illustrent l'excellence française.
La France est aussi un grand pays de culture et de création. C'était vrai hier, c'est toujours vrai aujourd'hui : nos artistes et créateurs sont très présents sur la scène culturelle internationale. J'en veux pour exemple le courant musical de la French Touch, récemment consacré aux Grammy Awards avec Daft Punk, ou notre cinématographie, la troisième dans le monde par son volume de production et couvrant toute la gamme, des films d'auteur aux films grand public de Luc Besson, très appréciés en Chine.
La vivacité de cette scène culturelle s'étend aussi aux designers ou aux architectes français qui réussissent dans le monde entier et en Chine bien sûr, sans oublier bien sûr nos créateurs de mode !
Tout cela fait de nous une puissance globale, une puissance d'influence dont la place dans le monde est plus importante que celle qui se déduit de la seule géographie et des statistiques du FMI.
S'ajoute un autre paramètre historique. On parle quelquefois à propos du monde d'aujourd'hui de monde multipolaire. C'est une erreur ou au moins une facilité de langage. Pendant longtemps, le monde a été bipolaire URSS/États-Unis. Le monde a été ensuite brièvement unipolaire, sous la domination des seuls États-Unis. Nous espérons atteindre demain une multipolarité organisée, sous l'égide des Nations unies, chaque continent ayant son organisation. Mais aujourd'hui, il faut constater que ce n'est pas le cas. Notre monde est plutôt zéro-polaire ou a-polaire. Cela explique en partie les difficultés rencontrées par le Conseil de sécurité des Nations Unies, l'impossibilité de résoudre un certain nombre de crises. Il existe peu de nations aujourd'hui qui soient capables, comme la Chine, comme la France, d'avoir une action globale.
En parlant de monde zéro-polaire, j'ai commencé à aborder les défis qui se posent à nous. Notre monde est paradoxal : globalement, il est stable, globalement il s'enrichit, mais la paix et la sécurité peuvent être menacées dans de nombreuses régions. Or, l'éclatement de la puissance qui caractérise ce monde rend difficile à la fois de répondre à ces crises et d'agir face aux déséquilibres économiques, financiers, sociaux et climatiques. Cette fragmentation du monde est renforcée par les incertitudes stratégiques liées à l'attitude des principaux acteurs. Ce fut sans doute un des aspects les plus marquants de l'année 2013. La France entend peser sur les évolutions du monde dans le sens de la paix, de la stabilité, du développement durable, de la démocratie.
A cette fin, notre diplomatie se fixe quatre grandes orientations, que l'on peut résumer chacune par un mot : la paix, la planète, l'Europe, la croissance.
1) La première orientation, c'est la paix. La France fait sien cet idéal de paix universelle, que nous partageons comme l'illustre cette belle expression venue de l'antiquité chinoise : « l'harmonie sur les quatre mers, la grande paix sous le Ciel ».
Notre monde est traversé par des tensions, notamment au Moyen Orient et en Afrique, mais aussi en Asie et en Europe comme nous le rappelle la crise ukrainienne. Face à cela, nous devons nous unir pour préserver la sécurité et la stabilité.
La question du nucléaire iranien est à cet égard majeure. Un accord intérimaire a été trouvé après de longues années de blocage. C'est un développement important et positif. Il nous reste, et c'est beaucoup plus compliqué, la négociation d'un accord définitif. La France a tenu une position juste que nous maintiendrons : rester ouverts mais fermes car la condition même de la crédibilité d'un accord avec l'Iran, c'est sa solidité.
La Syrie est déchirée par une guerre civile où s'entrechoquent des dimensions communautaires, religieuses et des interférences extérieures massives. Les discussions sont très difficiles. Mais il n'y a pas de solution autre qu'une transition négociée. Un criminel de masse ne peut pas incarner l'avenir de son pays. Bien entendu cela écartera Bachar Al-Assad du pouvoir. Après l'échec des négociations de Genève II, nous devons maintenir la pression sur le régime, responsable du blocage, pour obtenir des avancées sur les plans humanitaire et politique.
Nous continuerons d'appuyer les efforts de relance du processus de paix israélo-palestinien, afin qu'un chemin puisse se dessiner. Je pense aussi aux transitions dans le monde arabe : en Tunisie - cela semble bien orienté avec l'adoption d'une constitution -, en Égypte - plus complexe. Je pense aussi à l'Afghanistan dans cette année cruciale, avec les élections et l'achèvement du retrait des troupes combattantes internationales.
L'Afrique, où la présence et les intérêts de la Chine sont de plus en plus importants, restera au cur des enjeux de paix et de sécurité. Nous nous fixons trois objectifs : la sécurité, le développement, la gouvernance, et ces trois objectifs sont liés. En matière de sécurité, la France n'a aucune vocation à agir comme le « gendarme de l'Afrique ». Notre objectif est de permettre aux Africains de prendre en main leur propre sécurité.
Au Mali, notre action a permis de rétablir la souveraineté d'un Etat agressé par des organisations terroristes. En RCA, nous agissons pour prévenir une catastrophe humanitaire en apportant un soutien à la force africaine. La situation reste difficile et exigera une implication importante de la communauté internationale. Une Opération de maintien de la paix sous l'égide de l'ONU doit venir prendre le relais des troupes africaines, européennes et françaises.
En Asie, le problème non-résolu de la division de la péninsule coréenne demeure un abcès de fixation. Je sais à quel point cette question est importante et sensible pour la Chine. Nous partageons l'objectif de stabilité poursuivi par les autorités chinoises. Pour qu'une paix durable soit possible, il est impératif que la communauté internationale soit unie et ferme sur le refus d'une Corée du Nord dotée de l'arme nucléaire.
Nous suivons par ailleurs avec préoccupation les tensions, notamment maritimes, entre pays de la région. Celles-ci doivent être résolues par le dialogue, par des moyens pacifiques et dans le respect du droit international. Je suis bien conscient que des questions douloureuses liées au passé restent non-résolues. Les pays européens ont été confrontés à ce défi : surmonter les déchirures du passé pour construire un avenir commun. Ils l'ont fait en ayant la volonté de dépasser les querelles du passé, sans jamais oublier. Nous sommes prêts à partager cette expérience.
Agir ensemble pour la paix, c'est la raison d'être première du partenariat stratégique bâti entre nos deux pays. La France et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, doivent coopérer pour assumer leur mission commune de préservation de la paix et de la stabilité mondiales. Pour cela, nous devons renforcer notre dialogue sur tous les sujets, en particulier sur la sécurité et le développement de l'Afrique. Je me réjouis des développements récents qui vont dans la bonne direction, notamment l'envoi de casques bleus chinois au sein de la MINUSMA au Mali et la participation active et positive de la Chine à la stabilisation des deux Soudan. Cet engagement accru ouvre de nouvelles perspectives au dialogue et à la coopération de terrain.
2) Notre seconde orientation, c'est la planète. Notre planète est gravement menacée par les dérèglements climatiques. Vous le comprenez mieux que quiconque puisque la civilisation chinoise est fondée sur le concept d'harmonie entre ciel et homme. Or, c'est au contraire le chaos climatique qui prévaut et, sauf actions puissantes, prévaudra de plus en plus. C'est pourquoi la préparation de la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en 2015 doit être une priorité pour tous.
La prise de conscience du gouffre climatique a progressé ces dernières années, mais elle n'est pas encore à la mesure du péril. Les obstacles nationaux, économiques et géopolitiques empêchent jusqu'à présent des décisions à la hauteur du danger.
La France a décidé de se mobiliser sur le sujet. L'objectif de la conférence Paris Climat 2015 que nous présiderons est un accord universel, juridiquement contraignant et différencié, qui limite la hausse de la température à terme à 2°C par rapport au niveau préindustriel. Cet objectif, difficile à atteindre puisque les spécialistes nous parlent de 4 à 5°C, est un enjeu de survie pour de nombreuses régions du globe, menacées de submersion, de désertification, et autres cataclysmes.
Comment procéder ? Par le dialogue, l'écoute de tous et notamment des grands acteurs comme la Chine, la solidarité et les coopérations. Je sais que les Chinois se sont estimés injustement critiqués sur ce sujet ces dernières années. La réalité est que nous partageons la même planète et que nous devons tous nous mobiliser pour qu'elle reste habitable.
La France portera un discours positif parce que le climat, ce n'est pas simplement une charge à partager, c'est aussi une chance à saisir, la chance d'inventer ensemble un modèle de développement. Ainsi, les industries dédiées à la protection de l'environnement et aux économies d'énergie emploient déjà 30 millions de Chinois !
La Chine tient une des clés du succès de la Conférence de Paris. Dans leur stratégie de réformes, les autorités chinoises ont fait de l'environnement une priorité. La Chine fait en effet face à des défis environnementaux majeurs. Des objectifs ambitieux ont été fixés en matière de lutte contre le changement climatique et une réflexion est en cours pour accentuer encore ces efforts. Beaucoup est fait par la Chine à titre national. La préparation de la Conférence de Paris est l'occasion pour elle de valoriser ces efforts au niveau international. En assumant, en lien avec la France, un leadership dans ce domaine, la Chine sera en mesure de faire bouger les lignes et mobiliser toute la communauté internationale pour sauver notre patrimoine commun.
3) L'Europe. Pourquoi l'Europe ? Parce que, l'expression existe en chinois comme en français, l'union fait la force. Portée par la France et l'Allemagne depuis ses origines, la construction européenne est aujourd'hui une réalité. Elle est aussi au cur de la relation que la France entretient avec la Chine.
La question principale est de savoir si l'Europe veut réellement être une puissance. Nous Français on retrouve ici la géographie et l'histoire , avec d'autres, nous pensons qu'elle peut et doit le vouloir. Bien entendu, les Etats européens ne disparaîtront pas. Mais nous devons renforcer notre action collective.
L'Europe devra continuer les efforts engagés afin de rétablir son économie et de consolider la zone euro. Cela passe par l'achèvement de l'Union bancaire et une meilleure gouvernance de la zone euro pour davantage d'efficacité et de réactivité. Nous y travaillons en particulier avec l'Allemagne, notre premier partenaire.
L'Europe possède des atouts considérables. Première économie mondiale, devant les Etats-Unis, pesant plus de 20% du PIB mondial, elle est le premier pôle mondial de R&D. Son système éducatif est performant. Son patrimoine culturel est exceptionnel. La prospérité de l'Europe et celle de la Chine sont liées. Nous sommes votre premier marché et une source importante de technologies de pointe. L'accord sur les investissements en cours de négociation donnera une nouvelle impulsion à nos échanges. Mais il ne s'agit pas seulement d'économie. La Chine, soucieuse d'équilibre et de stabilité, a aussi besoin d'une Europe forte sur le plan stratégique. En effet, nul n'a intérêt à l'émergence d'un monde unipolaire ou bipolaire, fondamentalement instable. Je sais, de mes conversations avec les responsables chinois, que la Chine ne le souhaite pas. C'est pourquoi l'émergence d'autres pôles stabilisateurs, et notamment d'une Europe forte à l'intérieur, respectée à l'extérieur et amie tant de la Chine que des Etats-Unis, est importante pour vous aussi. Les dirigeants chinois partagent - je crois - cette approche puisqu'ils évoquent désormais, en parlant des relations sino-européennes, des « trois deux » : 2 grandes puissances, 2 grands marchés, 2 grandes civilisations.
4) Une économie dynamique. C'est indispensable car, dans le monde d'aujourd'hui, l'influence d'un pays, sa capacité à assumer sa souveraineté même, sont largement liées à la force de son économie. Vous le savez bien, vous dont le programme de modernisation depuis un siècle et demi a été résumé par le slogan : « un peuple prospère, un pays fort ».
La France possède pour cela de nombreux atouts dont j'ai déjà parlé tout à l'heure. Je m'attache à mettre ces atouts au service de la croissance en développant la diplomatie économique. La Chine est à cet égard un partenaire prioritaire, avec lequel nous avons développé des relations économiques dynamiques mais très déséquilibrées. Notre déficit commercial vis-à-vis de la Chine représentait en 2013 près de 26 Mds , soit 40 % du déficit total de la France. Un tel déficit ne peut être durablement soutenu ni sur le plan économique, ni sur le plan politique.
Face à cette situation, il nous faut accentuer ensemble notre partenariat économique et trouver de nouvelles formes de coopération bénéfiques à tous, sur la base des principes de réciprocité et d'équité. Nous devons bien sûr continuer d'approfondir nos partenariats traditionnels, dans l'aéronautique, comme ici à Tianjin, et dans le nucléaire. Mais l'évolution du modèle de développement de la Chine ouvre de nouvelles opportunités que nous devons transformer en coopérations concrètes dans la santé, le développement urbain durable, l'agro-alimentaire, ou les services. Nous souhaitons aussi développer les coopérations dans des pays tiers et accueillir plus d'investissements chinois en France. Les opérations ou projets de grands groupes comme Hainan Airlines (Aigle Azur), Dongfeng (PSA), Fosun (Club Med) ou Huawei montrent que le phénomène prend une nouvelle ampleur, ce dont je me réjouis.
La croissance passe évidemment par le développement des échanges économiques, mais aussi par l'approfondissement des échanges humains. La France veut accueillir davantage d'investisseurs, de chercheurs, de touristes, d'étudiants étrangers.
C'est particulièrement vrai pour nos relations avec la Chine. Les Présidents chinois et français ont fait une priorité des relations entre les jeunesses de nos deux pays. Les jeunes Français constituent le contingent d'étudiants européens le plus nombreux avec 6.000 inscrits dans les établissements chinois. Les étudiants chinois sont de plus en plus nombreux à faire le choix de la France et de son excellence universitaire. Notre pays en accueille plus de 35.000, c'est déjà la première communauté estudiantine étrangère en France. Notre ambition est d'augmenter ce chiffre et d'accueillir en France d'ici 2015, 50.000 étudiants chinois, en favorisant les niveaux Master et Doctorat. Vous êtes les bienvenus en France !
Au-delà des étudiants, nous souhaitons faciliter la venue de tous les ressortissants chinois intéressés à découvrir la France et à y développer des liens. J'ai pris des décisions en ce sens cette année, puisque la France délivre désormais, depuis le 27 janvier, des visas de court séjour pour la France en 48h.
La confiance se nourrit d'une meilleure connaissance des sociétés. C'est avec cette ambition que nous avons conçu l'ensemble des événements qui seront organisés tout au long de l'année pour célébrer le cinquantième anniversaire des relations diplomatiques.
Paix, planète, Europe et croissance, ces quatre priorités de la diplomatie française, sous l'autorité du Président François Hollande, sont donc au cur du développement du partenariat stratégique franco-chinois.
Parce que la Chine pèse et pèsera d'un poids croissant dans le siècle, parce que l'Europe est et continuera d'être un pilier du système international, nos destins sont largement liés. Pour avancer, nous devons amplifier un dialogue régulier, sérieux, inscrit dans la durée.
Entre deux grands pays, il peut exister des désaccords. Nous ne devons pas les esquiver mais au contraire multiplier nos échanges. Je pense à certains dossiers internationaux. Je pense également à la question des droits de l'Homme. Sur ce dernier sujet, où des trajectoires historiques différentes ont produit des sensibilités différentes, il n'est pas question pour quiconque d'imposer ses vues. Mais il nous semble que certains principes et certains droits sont universels et doivent pouvoir bénéficier à chaque femme et à chaque homme partout. Cette conviction n'est en rien incompatible avec la tradition philosophique chinoise. Elle correspond d'ailleurs aux aspirations de plus en souvent exprimées par la société chinoise. Sur cette base, il existe, me semble-t-il, un espace de dialogue constructif.
La France soutient les aspirations de la Chine à prendre toute sa place dans la gouvernance mondiale. L'émergence de la Chine n'est, après tout, qu'une renaissance, la correction d'une anomalie son éclipse pendant un siècle et demi de troubles et de souffrances. Parce que nous regardons le peuple chinois avec amitié, nous nous réjouissons de ce retour à cette « normalité » géostratégique et faisons le pari que la Chine s'insérera de manière harmonieuse sur la scène internationale et s'imposera comme un acteur de paix assumant toutes ses responsabilités pour construire un monde stable, juste et prospère.
C'est dans cet esprit que nous travaillons à la mise en uvre des orientations définies lors de la visite du Président Hollande en avril 2013. C'est le but de ma visite et des prochaines échéances bilatérales de haut niveau, en particulier la visite d'Etat très attendue que le Président Xi Jinping effectuera en France fin mars.
Nous cherchons à construire le meilleur avenir possible pour nos deux peuples. Cet avenir, c'est d'abord et surtout celui des jeunes générations. C'est pourquoi je suis heureux de m'adresser à vous aujourd'hui, pour témoigner de la force de l'héritage commun qui est le nôtre, cinquante ans après la décision visionnaire du Général de Gaulle. Pour vous dire aussi ma confiance, à votre contact, sur la capacité des jeunes générations chinoises et françaises à uvrer au développement de notre relation avec enthousiasme et avec la volonté d'entreprendre et d'innover qui préside toujours aux grandes réalisations. Je sais qu'entre vos mains, l'amitié franco-chinoise est entre de bonnes mains.
Je vous souhaite, à chacune et à chacun, le plus grand succès dans vos études et dans vos vies, et je souhaite également longue vie à l'amitié entre la France et la Chine ! Merci.
Source http://www.ambafrance-cn.org, le 27 février 2014
Mesdames, Messieurs,
Chers étudiants,
Je garde un excellent souvenir de mes deux passages dans votre université, en 2009 et 2011, et des échanges stimulants que j'avais eus avec vos aînés ou peut-être déjà avec certains d'entre vous.
Lorsque le Chancelier Xue Jinwen m'a annoncé la création du programme « Relations internationales et gouvernance mondiale » au sein de votre Université et m'a proposé d'intervenir dans ce cadre, c'est avec plaisir que j'ai accepté. Avec ce programme, l'Université de Nankai accroit son ouverture internationale et favorise la compréhension mutuelle.
Nous célébrons cette année le 50ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la France et la République populaire de Chine. La France du Général de Gaulle a été le premier grand pays occidental à établir des relations diplomatiques avec la Chine, donnant ainsi à notre relation un caractère pionnier. Notre partenariat stratégique global, établi en 1997, s'est enrichi au fur et à mesure que nos relations se développaient et que le rôle international de la Chine s'affirmait. Ce partenariat stratégique concerne aujourd'hui tous les domaines - politique, économique, scientifique et culturel ainsi que les grandes questions internationales.
Dans cette perspective, mon intervention portera sur les priorités de la politique étrangère française et ses implications pour le partenariat stratégique franco-chinois.
La politique étrangère d'un pays, vous le savez, est largement conditionnée par l'histoire et par la géographie.
La géographie d'abord : la France est un pays de taille moyenne, d'une population de 66 millions d'habitants, toujours en croissance grâce à une bonne natalité, ce qui constitue un atout. Nous sommes la cinquième puissance économique mondiale, mais il est évident que, même si nous nous développons, la croissance de pays beaucoup plus grands nous fera mécaniquement évoluer dans le classement mondial.
C'est là qu'intervient l'histoire - et le projet - qui vient compléter la géographie. La France est un des 5 membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, un Etat doté de l'arme nucléaire et de forces de projection, une nation qui rayonne par sa culture, par sa langue, par sa science. C'est une nation qui porte des valeurs pour lesquelles elle est reconnue. Notre réseau diplomatique est un des trois plus vastes du monde. Le monde francophone représente plus de 200 millions de personnes et bientôt, avec le développement de l'Afrique, 750 millions. Disposant de nombreuses entreprises leaders mondiales dans leurs secteurs et d'une base technologique exceptionnelle, la France est aussi un des pays qui attirent le plus d'étudiants et de chercheurs du monde entier.
La France est un grand pays de recherche et d'innovation. Dans son dernier classement sur l'innovation, l'institut Thomson Reuters place la France au troisième rang mondial et au premier rang européen. Des découvertes fondamentales, comme le boson de Higgs au CERN, des avancées scientifiques, comme l'implantation réussie en 2013 du premier cur artificiel, des innovations technologiques, comme les objets connectés ou l'impression 3D des tissus humains, illustrent l'excellence française.
La France est aussi un grand pays de culture et de création. C'était vrai hier, c'est toujours vrai aujourd'hui : nos artistes et créateurs sont très présents sur la scène culturelle internationale. J'en veux pour exemple le courant musical de la French Touch, récemment consacré aux Grammy Awards avec Daft Punk, ou notre cinématographie, la troisième dans le monde par son volume de production et couvrant toute la gamme, des films d'auteur aux films grand public de Luc Besson, très appréciés en Chine.
La vivacité de cette scène culturelle s'étend aussi aux designers ou aux architectes français qui réussissent dans le monde entier et en Chine bien sûr, sans oublier bien sûr nos créateurs de mode !
Tout cela fait de nous une puissance globale, une puissance d'influence dont la place dans le monde est plus importante que celle qui se déduit de la seule géographie et des statistiques du FMI.
S'ajoute un autre paramètre historique. On parle quelquefois à propos du monde d'aujourd'hui de monde multipolaire. C'est une erreur ou au moins une facilité de langage. Pendant longtemps, le monde a été bipolaire URSS/États-Unis. Le monde a été ensuite brièvement unipolaire, sous la domination des seuls États-Unis. Nous espérons atteindre demain une multipolarité organisée, sous l'égide des Nations unies, chaque continent ayant son organisation. Mais aujourd'hui, il faut constater que ce n'est pas le cas. Notre monde est plutôt zéro-polaire ou a-polaire. Cela explique en partie les difficultés rencontrées par le Conseil de sécurité des Nations Unies, l'impossibilité de résoudre un certain nombre de crises. Il existe peu de nations aujourd'hui qui soient capables, comme la Chine, comme la France, d'avoir une action globale.
En parlant de monde zéro-polaire, j'ai commencé à aborder les défis qui se posent à nous. Notre monde est paradoxal : globalement, il est stable, globalement il s'enrichit, mais la paix et la sécurité peuvent être menacées dans de nombreuses régions. Or, l'éclatement de la puissance qui caractérise ce monde rend difficile à la fois de répondre à ces crises et d'agir face aux déséquilibres économiques, financiers, sociaux et climatiques. Cette fragmentation du monde est renforcée par les incertitudes stratégiques liées à l'attitude des principaux acteurs. Ce fut sans doute un des aspects les plus marquants de l'année 2013. La France entend peser sur les évolutions du monde dans le sens de la paix, de la stabilité, du développement durable, de la démocratie.
A cette fin, notre diplomatie se fixe quatre grandes orientations, que l'on peut résumer chacune par un mot : la paix, la planète, l'Europe, la croissance.
1) La première orientation, c'est la paix. La France fait sien cet idéal de paix universelle, que nous partageons comme l'illustre cette belle expression venue de l'antiquité chinoise : « l'harmonie sur les quatre mers, la grande paix sous le Ciel ».
Notre monde est traversé par des tensions, notamment au Moyen Orient et en Afrique, mais aussi en Asie et en Europe comme nous le rappelle la crise ukrainienne. Face à cela, nous devons nous unir pour préserver la sécurité et la stabilité.
La question du nucléaire iranien est à cet égard majeure. Un accord intérimaire a été trouvé après de longues années de blocage. C'est un développement important et positif. Il nous reste, et c'est beaucoup plus compliqué, la négociation d'un accord définitif. La France a tenu une position juste que nous maintiendrons : rester ouverts mais fermes car la condition même de la crédibilité d'un accord avec l'Iran, c'est sa solidité.
La Syrie est déchirée par une guerre civile où s'entrechoquent des dimensions communautaires, religieuses et des interférences extérieures massives. Les discussions sont très difficiles. Mais il n'y a pas de solution autre qu'une transition négociée. Un criminel de masse ne peut pas incarner l'avenir de son pays. Bien entendu cela écartera Bachar Al-Assad du pouvoir. Après l'échec des négociations de Genève II, nous devons maintenir la pression sur le régime, responsable du blocage, pour obtenir des avancées sur les plans humanitaire et politique.
Nous continuerons d'appuyer les efforts de relance du processus de paix israélo-palestinien, afin qu'un chemin puisse se dessiner. Je pense aussi aux transitions dans le monde arabe : en Tunisie - cela semble bien orienté avec l'adoption d'une constitution -, en Égypte - plus complexe. Je pense aussi à l'Afghanistan dans cette année cruciale, avec les élections et l'achèvement du retrait des troupes combattantes internationales.
L'Afrique, où la présence et les intérêts de la Chine sont de plus en plus importants, restera au cur des enjeux de paix et de sécurité. Nous nous fixons trois objectifs : la sécurité, le développement, la gouvernance, et ces trois objectifs sont liés. En matière de sécurité, la France n'a aucune vocation à agir comme le « gendarme de l'Afrique ». Notre objectif est de permettre aux Africains de prendre en main leur propre sécurité.
Au Mali, notre action a permis de rétablir la souveraineté d'un Etat agressé par des organisations terroristes. En RCA, nous agissons pour prévenir une catastrophe humanitaire en apportant un soutien à la force africaine. La situation reste difficile et exigera une implication importante de la communauté internationale. Une Opération de maintien de la paix sous l'égide de l'ONU doit venir prendre le relais des troupes africaines, européennes et françaises.
En Asie, le problème non-résolu de la division de la péninsule coréenne demeure un abcès de fixation. Je sais à quel point cette question est importante et sensible pour la Chine. Nous partageons l'objectif de stabilité poursuivi par les autorités chinoises. Pour qu'une paix durable soit possible, il est impératif que la communauté internationale soit unie et ferme sur le refus d'une Corée du Nord dotée de l'arme nucléaire.
Nous suivons par ailleurs avec préoccupation les tensions, notamment maritimes, entre pays de la région. Celles-ci doivent être résolues par le dialogue, par des moyens pacifiques et dans le respect du droit international. Je suis bien conscient que des questions douloureuses liées au passé restent non-résolues. Les pays européens ont été confrontés à ce défi : surmonter les déchirures du passé pour construire un avenir commun. Ils l'ont fait en ayant la volonté de dépasser les querelles du passé, sans jamais oublier. Nous sommes prêts à partager cette expérience.
Agir ensemble pour la paix, c'est la raison d'être première du partenariat stratégique bâti entre nos deux pays. La France et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, doivent coopérer pour assumer leur mission commune de préservation de la paix et de la stabilité mondiales. Pour cela, nous devons renforcer notre dialogue sur tous les sujets, en particulier sur la sécurité et le développement de l'Afrique. Je me réjouis des développements récents qui vont dans la bonne direction, notamment l'envoi de casques bleus chinois au sein de la MINUSMA au Mali et la participation active et positive de la Chine à la stabilisation des deux Soudan. Cet engagement accru ouvre de nouvelles perspectives au dialogue et à la coopération de terrain.
2) Notre seconde orientation, c'est la planète. Notre planète est gravement menacée par les dérèglements climatiques. Vous le comprenez mieux que quiconque puisque la civilisation chinoise est fondée sur le concept d'harmonie entre ciel et homme. Or, c'est au contraire le chaos climatique qui prévaut et, sauf actions puissantes, prévaudra de plus en plus. C'est pourquoi la préparation de la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en 2015 doit être une priorité pour tous.
La prise de conscience du gouffre climatique a progressé ces dernières années, mais elle n'est pas encore à la mesure du péril. Les obstacles nationaux, économiques et géopolitiques empêchent jusqu'à présent des décisions à la hauteur du danger.
La France a décidé de se mobiliser sur le sujet. L'objectif de la conférence Paris Climat 2015 que nous présiderons est un accord universel, juridiquement contraignant et différencié, qui limite la hausse de la température à terme à 2°C par rapport au niveau préindustriel. Cet objectif, difficile à atteindre puisque les spécialistes nous parlent de 4 à 5°C, est un enjeu de survie pour de nombreuses régions du globe, menacées de submersion, de désertification, et autres cataclysmes.
Comment procéder ? Par le dialogue, l'écoute de tous et notamment des grands acteurs comme la Chine, la solidarité et les coopérations. Je sais que les Chinois se sont estimés injustement critiqués sur ce sujet ces dernières années. La réalité est que nous partageons la même planète et que nous devons tous nous mobiliser pour qu'elle reste habitable.
La France portera un discours positif parce que le climat, ce n'est pas simplement une charge à partager, c'est aussi une chance à saisir, la chance d'inventer ensemble un modèle de développement. Ainsi, les industries dédiées à la protection de l'environnement et aux économies d'énergie emploient déjà 30 millions de Chinois !
La Chine tient une des clés du succès de la Conférence de Paris. Dans leur stratégie de réformes, les autorités chinoises ont fait de l'environnement une priorité. La Chine fait en effet face à des défis environnementaux majeurs. Des objectifs ambitieux ont été fixés en matière de lutte contre le changement climatique et une réflexion est en cours pour accentuer encore ces efforts. Beaucoup est fait par la Chine à titre national. La préparation de la Conférence de Paris est l'occasion pour elle de valoriser ces efforts au niveau international. En assumant, en lien avec la France, un leadership dans ce domaine, la Chine sera en mesure de faire bouger les lignes et mobiliser toute la communauté internationale pour sauver notre patrimoine commun.
3) L'Europe. Pourquoi l'Europe ? Parce que, l'expression existe en chinois comme en français, l'union fait la force. Portée par la France et l'Allemagne depuis ses origines, la construction européenne est aujourd'hui une réalité. Elle est aussi au cur de la relation que la France entretient avec la Chine.
La question principale est de savoir si l'Europe veut réellement être une puissance. Nous Français on retrouve ici la géographie et l'histoire , avec d'autres, nous pensons qu'elle peut et doit le vouloir. Bien entendu, les Etats européens ne disparaîtront pas. Mais nous devons renforcer notre action collective.
L'Europe devra continuer les efforts engagés afin de rétablir son économie et de consolider la zone euro. Cela passe par l'achèvement de l'Union bancaire et une meilleure gouvernance de la zone euro pour davantage d'efficacité et de réactivité. Nous y travaillons en particulier avec l'Allemagne, notre premier partenaire.
L'Europe possède des atouts considérables. Première économie mondiale, devant les Etats-Unis, pesant plus de 20% du PIB mondial, elle est le premier pôle mondial de R&D. Son système éducatif est performant. Son patrimoine culturel est exceptionnel. La prospérité de l'Europe et celle de la Chine sont liées. Nous sommes votre premier marché et une source importante de technologies de pointe. L'accord sur les investissements en cours de négociation donnera une nouvelle impulsion à nos échanges. Mais il ne s'agit pas seulement d'économie. La Chine, soucieuse d'équilibre et de stabilité, a aussi besoin d'une Europe forte sur le plan stratégique. En effet, nul n'a intérêt à l'émergence d'un monde unipolaire ou bipolaire, fondamentalement instable. Je sais, de mes conversations avec les responsables chinois, que la Chine ne le souhaite pas. C'est pourquoi l'émergence d'autres pôles stabilisateurs, et notamment d'une Europe forte à l'intérieur, respectée à l'extérieur et amie tant de la Chine que des Etats-Unis, est importante pour vous aussi. Les dirigeants chinois partagent - je crois - cette approche puisqu'ils évoquent désormais, en parlant des relations sino-européennes, des « trois deux » : 2 grandes puissances, 2 grands marchés, 2 grandes civilisations.
4) Une économie dynamique. C'est indispensable car, dans le monde d'aujourd'hui, l'influence d'un pays, sa capacité à assumer sa souveraineté même, sont largement liées à la force de son économie. Vous le savez bien, vous dont le programme de modernisation depuis un siècle et demi a été résumé par le slogan : « un peuple prospère, un pays fort ».
La France possède pour cela de nombreux atouts dont j'ai déjà parlé tout à l'heure. Je m'attache à mettre ces atouts au service de la croissance en développant la diplomatie économique. La Chine est à cet égard un partenaire prioritaire, avec lequel nous avons développé des relations économiques dynamiques mais très déséquilibrées. Notre déficit commercial vis-à-vis de la Chine représentait en 2013 près de 26 Mds , soit 40 % du déficit total de la France. Un tel déficit ne peut être durablement soutenu ni sur le plan économique, ni sur le plan politique.
Face à cette situation, il nous faut accentuer ensemble notre partenariat économique et trouver de nouvelles formes de coopération bénéfiques à tous, sur la base des principes de réciprocité et d'équité. Nous devons bien sûr continuer d'approfondir nos partenariats traditionnels, dans l'aéronautique, comme ici à Tianjin, et dans le nucléaire. Mais l'évolution du modèle de développement de la Chine ouvre de nouvelles opportunités que nous devons transformer en coopérations concrètes dans la santé, le développement urbain durable, l'agro-alimentaire, ou les services. Nous souhaitons aussi développer les coopérations dans des pays tiers et accueillir plus d'investissements chinois en France. Les opérations ou projets de grands groupes comme Hainan Airlines (Aigle Azur), Dongfeng (PSA), Fosun (Club Med) ou Huawei montrent que le phénomène prend une nouvelle ampleur, ce dont je me réjouis.
La croissance passe évidemment par le développement des échanges économiques, mais aussi par l'approfondissement des échanges humains. La France veut accueillir davantage d'investisseurs, de chercheurs, de touristes, d'étudiants étrangers.
C'est particulièrement vrai pour nos relations avec la Chine. Les Présidents chinois et français ont fait une priorité des relations entre les jeunesses de nos deux pays. Les jeunes Français constituent le contingent d'étudiants européens le plus nombreux avec 6.000 inscrits dans les établissements chinois. Les étudiants chinois sont de plus en plus nombreux à faire le choix de la France et de son excellence universitaire. Notre pays en accueille plus de 35.000, c'est déjà la première communauté estudiantine étrangère en France. Notre ambition est d'augmenter ce chiffre et d'accueillir en France d'ici 2015, 50.000 étudiants chinois, en favorisant les niveaux Master et Doctorat. Vous êtes les bienvenus en France !
Au-delà des étudiants, nous souhaitons faciliter la venue de tous les ressortissants chinois intéressés à découvrir la France et à y développer des liens. J'ai pris des décisions en ce sens cette année, puisque la France délivre désormais, depuis le 27 janvier, des visas de court séjour pour la France en 48h.
La confiance se nourrit d'une meilleure connaissance des sociétés. C'est avec cette ambition que nous avons conçu l'ensemble des événements qui seront organisés tout au long de l'année pour célébrer le cinquantième anniversaire des relations diplomatiques.
Paix, planète, Europe et croissance, ces quatre priorités de la diplomatie française, sous l'autorité du Président François Hollande, sont donc au cur du développement du partenariat stratégique franco-chinois.
Parce que la Chine pèse et pèsera d'un poids croissant dans le siècle, parce que l'Europe est et continuera d'être un pilier du système international, nos destins sont largement liés. Pour avancer, nous devons amplifier un dialogue régulier, sérieux, inscrit dans la durée.
Entre deux grands pays, il peut exister des désaccords. Nous ne devons pas les esquiver mais au contraire multiplier nos échanges. Je pense à certains dossiers internationaux. Je pense également à la question des droits de l'Homme. Sur ce dernier sujet, où des trajectoires historiques différentes ont produit des sensibilités différentes, il n'est pas question pour quiconque d'imposer ses vues. Mais il nous semble que certains principes et certains droits sont universels et doivent pouvoir bénéficier à chaque femme et à chaque homme partout. Cette conviction n'est en rien incompatible avec la tradition philosophique chinoise. Elle correspond d'ailleurs aux aspirations de plus en souvent exprimées par la société chinoise. Sur cette base, il existe, me semble-t-il, un espace de dialogue constructif.
La France soutient les aspirations de la Chine à prendre toute sa place dans la gouvernance mondiale. L'émergence de la Chine n'est, après tout, qu'une renaissance, la correction d'une anomalie son éclipse pendant un siècle et demi de troubles et de souffrances. Parce que nous regardons le peuple chinois avec amitié, nous nous réjouissons de ce retour à cette « normalité » géostratégique et faisons le pari que la Chine s'insérera de manière harmonieuse sur la scène internationale et s'imposera comme un acteur de paix assumant toutes ses responsabilités pour construire un monde stable, juste et prospère.
C'est dans cet esprit que nous travaillons à la mise en uvre des orientations définies lors de la visite du Président Hollande en avril 2013. C'est le but de ma visite et des prochaines échéances bilatérales de haut niveau, en particulier la visite d'Etat très attendue que le Président Xi Jinping effectuera en France fin mars.
Nous cherchons à construire le meilleur avenir possible pour nos deux peuples. Cet avenir, c'est d'abord et surtout celui des jeunes générations. C'est pourquoi je suis heureux de m'adresser à vous aujourd'hui, pour témoigner de la force de l'héritage commun qui est le nôtre, cinquante ans après la décision visionnaire du Général de Gaulle. Pour vous dire aussi ma confiance, à votre contact, sur la capacité des jeunes générations chinoises et françaises à uvrer au développement de notre relation avec enthousiasme et avec la volonté d'entreprendre et d'innover qui préside toujours aux grandes réalisations. Je sais qu'entre vos mains, l'amitié franco-chinoise est entre de bonnes mains.
Je vous souhaite, à chacune et à chacun, le plus grand succès dans vos études et dans vos vies, et je souhaite également longue vie à l'amitié entre la France et la Chine ! Merci.
Source http://www.ambafrance-cn.org, le 27 février 2014