Déclaration de M. Kader Arif, ministre des anciens combattants, sur les soldats originaires de Bretagne pendant la Première Guerre mondiale, à Rennes le 28 février 2014.

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Circonstance : Lancement du Centenaire de la Grande Guerre en Bretagne, à Rennes (Ille-et-Vilaine) le 28 février 2014

Texte intégral

« Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil régional,
Monsieur le Président du Conseil général,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Recteur,
Messieurs les Officiers Généraux,
Monsieur le Directeur départemental de l'ONACVG,
Monsieur le Directeur général de la mission du Centenaire,
Mesdames et Messieurs les porteurs de projets,
Mesdames et Messieurs,
Je tiens tout d'abord à vous remercier, Monsieur le Préfet, de nous accueillir ici à l'occasion du lancement des commémorations du Centenaire de la Grande Guerre en Bretagne qui sont autant d'occasions d'évoquer l'histoire singulière de la région, quelques-unes de ses grandes figures, ce qui en fait aujourd'hui une terre atypique et riche de son expérience de la Grande Guerre.
Je suis très heureux d'être ici avec vous, dans cette région à laquelle je suis attaché et qui est très chère au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Je veux rappeler à nouveau ici à quel point c'est un honneur pour moi de travailler à ses côtés au quotidien. C'est la quatrième fois que je me rends en Bretagne depuis ma prise de fonctions, la deuxième fois à Rennes. C'est ici également, en Bretagne, que j'ai effectué mon premier déplacement officiel en tant que ministre délégué à la Défense, chargé des Anciens combattants, dès le mois de mai 2012.
Je crois qu'il est essentiel que chaque région de France puisse commémorer sa Grande Guerre, avec ses spécificités, ses drames, ses victoires, ses héros, ses morts.
L'approche régionale du Centenaire est une invitation à renouveler notre connaissance, notre approche et notre mémoire de ce conflit.
Le président de la République a souhaité donner des orientations et un sens à ces commémorations tout en faisant vivre ce Centenaire au coeur de nos territoires. Je me réjouis que toute la région Bretagne soit au rendez-vous pour que le Centenaire de la Grande Guerre soit aussi initié par les Bretons et vécu par les Bretons en Bretagne.
Ces commémorations sont aussi, au-delà de la spécificité régionale, une occasion unique d'oeuvrer à la cohésion nationale. Depuis près de deux ans que je parcours la France le long de ses chemins de mémoire, dans plus de 50 départements, je porte dans tous les territoires un message républicain de paix, de solidarité et de justice. Partout, j'en suis convaincu, ce message est entendu.
Pour que ce Centenaire soit celui de tous les Français, d'où qu'ils viennent, j'ai voulu qu'il soit un Centenaire populaire.
Cela signifie deux choses : d'abord l'accès du plus grand nombre à toutes les manifestations liées à cet anniversaire. Ensuite, l'utilisation de tous les vecteurs pour transmettre notre message de cohésion et de fraternité. Ce que nous faisons dans le domaine du sport en est un exemple. Le Stade Rennais a été précurseur dans ce domaine en tissant le bleuet de France sur les maillots des joueurs.
C'est ainsi que la région Bretagne a mobilisé toutes ses énergies, tous ses habitants et leur esprit de créativité pour que vive le Centenaire sous de multiples facettes.
L'enthousiasme des Bretons est palpable. La Grande Collecte a recueilli, auprès de deux dépôts d'archives départementales et de quatre services d'archives municipales, plus de 6 000 documents : photographies, plaques de verres, lettres, journaux intimes, dessins parmi lesquels le précieux album photo du sous lieutenant aviateur Le Lohé, pilote instructeur.
Au total, 45 projets ont été labellisés dans la région après la toute première phase de labellisation et font partie du programme officiel paru en fin d'année dernière. 45 projets qui témoignent de toute la diversité des approches du Centenaire ici en Bretagne.
Un Centenaire qui sera culturel à l'image de l'exposition « La Grande Guerre, entre réalité et fiction » organisée par les archives départementales d'Ille-et-Vilaine à Rennes.
Un Centenaire qui sera scientifique ensuite à l'instar du colloque intitulé « La Grande Guerre : une guerre européenne à l'entrée du XXe siècle » qui se tiendra au mois de mai à Montfort-sur-Meu.
Un Centenaire numérique aussi, qui permet l'accès à un plus large public, avec le mémorial virtuel proposé par la mairie de Saint-Malo et qui met en ligne des renseignements collectés sur plus de 1 000 soldats de la région, morts pour la France.
Le président de la République a souhaité également faire de ce Centenaire une occasion de parler à la jeunesse.
Là aussi, la Bretagne a entendu cet appel. Plusieurs projets académiques sont nés dans la région. Je n'en citerai qu'un parmi tant d'autres parce qu'il a retenu mon attention. Il s'agit du travail de recherche proposé aux élèves de troisième par le collège Jean Le Coutaller de Lorient sur les parcours de vie de fusiliers marins de Lorient morts à Dixmude.
C'est une histoire trop peu connue que celle des fusiliers-marins de l'amiral Ronarc'h, un héros de votre région, qui se sont sacrifiés à Dixmude pour protéger Dunkerque de l'avancée des forces ennemies. Une histoire que commémore la plaque apposée aux Invalides en hommage aux Bretons morts pour la France et sur laquelle est gravé un fusilier-marin à côté d'un poilu. Une histoire à laquelle la Marine nationale est attachée puisqu'elle a donné à l'un de ses BPC le nom de « Dixmude ».
C'est toute cette histoire singulière de la région, dont le destin est intimement lié à celui de l'histoire nationale, que les jeunes sont invités à se réapproprier.
J'ajoute que 25 classes d'Ille-et-Vilaine ont été inscrites au concours des Petits artistes de la mémoire, ce qui en fait le deuxième département en France, témoignage de la mobilisation des équipes pédagogiques.
Plus largement, je tiens à saluer la très forte implication des comités départementaux du Centenaire du Morbihan, des Côtes-d'Armor, du Finistère et d'Ille-et-Vilaine qui nous présenteront tout à l'heure l'un de leurs projets phares et de tous les acteurs locaux qui travaillent en lien avec eux. Je sais que beaucoup d'autres initiatives sont nées depuis la première phase de labellisation.
Cette mobilisation est à la hauteur et à l'image de celle de vos aînés il y a 100 ans lorsque la guerre fut déclarée. Près de 600 000 Bretons sont mobilisés au total : environ 130 000 sont morts pour la France.
Au coeur de cette guerre mondiale, la Bretagne a été singulière et a vécu la guerre comme aucune autre région de France. Ni terre de front, ni territoire de l'arrière mais région entièrement plongée dans la guerre.
Singulière, la Bretagne l'a été par la langue que les soldats bretons utilisent entre eux sur le front comme nous le rappellent plusieurs carnets de poilus collectés.
Singulière aussi parce qu'elle a vécu, plus que toute autre, une guerre maritime. Plus d'un tiers des soldats mobilisés dans la Marine sont originaires de Bretagne, elle-même véritable front de guerre maritime.
La Bretagne a aussi été profondément patriote. Dès la mobilisation d'août 1914, elle se rallie, sans faille, à l'Union Sacrée.
Si la région n'a pas connu les lignes de front, ses hommes, eux, les ont connues. Nombreux furent les régiments de la région engagés dans la guerre. Je pense notamment au 62e régiment d'infanterie de Lorient qui participe à la bataille de Verdun. Je pense aussi au 47e régiment d'infanterie de Saint-Malo engagé dans la Somme. Nombreux enfin furent ceux qui rentrèrent blessés, dans leur chair, traumatisés, dans leur âme, meurtris, dans leur coeur.
Au sein de ces régiments, les soldats bretons font la démonstration de leur bravoure, de leur courage, de leur abnégation. Ils font aussi la démonstration d'une solidarité incroyable qui règne encore ici en Bretagne.
Une solidarité que nous racontent les soldats dans leurs carnets et cartes postales adressées à leur famille. « Tous les Bretons partent. On est dix de la même compagnie », écrit Michel Urvoas à sa soeur en 1915, croyant rejoindre le front d'Orient en Turquie.
Enfin, le président de la République a souhaité faire de ces commémorations l'occasion d'un rayonnement international.
Là aussi, la Bretagne a un rôle particulier à jouer.
Terre d'accueil pour les réfugiés et porte d'entrée pour les Alliés, la Bretagne abrite sur ses terres le souvenir de la présence américaine. En 1917, 800 000 soldats américains transitent par le port de Brest.
Nous avons en 2014 une occasion unique et privilégiée de célébrer cette richesse héritée de l'histoire, une richesse qui fait aujourd'hui la force de votre région et qui la distingue dans la mémoire de la Grande Guerre.
La mémoire nationale doit pouvoir se nourrir de toutes ses mémoires régionales. La France est riche de ses territoires et des souvenirs qu'ils renferment. Elle est riche de l'identité bretonne.
Mesdames et Messieurs les porteurs de projets, je me réjouis que l'Etat avec son opérateur « La mission du Centenaire » et la Région aient pu vous accompagner et faire aboutir vos projets. Je tiens plus particulièrement à saluer le travail remarquable des services de l'ONACVG et l'investissement de son directeur, M. Antoine Rodriguez.
Mesdames et Messieurs, je conclurai en vous remerciant tous et à vous disant toute ma reconnaissance pour l'énergie et le coeur que vous mettez à faire vivre cette mémoire locale.
Je vous remercie. »
source http://www.defense.gouv.fr, le 3 mars 2014