Texte intégral
Officiers, sous-officiers, marsouins du Régiment d'Infanterie Chars de Marine,
Je voudrais appuyer l'hommage que nous venons de rendre à votre camarade, le caporal-chef Damien DOLET, en vous disant toute la fierté que m'inspire l'engagement de nos soldats, et en particulier de vos frères d'armes qui se trouvent actuellement en République Centrafricaine.
Vendredi dernier, j'étais à leurs côtés pour la quatrième fois depuis le déclenchement de l'opération Sangaris. J'accompagnais le Président de la République pour leur apporter notre soutien et, au-delà, celui de la Nation tout entière.
A cette occasion, j'ai à nouveau constaté combien, devant des difficultés qui restent grandes, l'engagement de vos compagnons d'armes porte ses fruits, tant à Bangui qu'en province.
Avant le 5 décembre 2013, les morts et les exactions se comptaient par centaines : nous étions proches d'un drame humanitaire inacceptable et d'un conflit confessionnel d'envergure, qui auraient pu déstabiliser l'ensemble de la région.
A l'appel des Nations Unies et des pays africains, nous n'avons pas hésité à intervenir, avec un souci constant d'impartialité, pour faire cesser l'action des milices, les désarmer et appuyer les forces africaines déployées en Centrafrique.
Nous revenons donc de loin. En quelques semaines, l'opération SANGARIS a sauvé de nombreuses vies. Vous pouvez être fiers de votre action, celle de vos camarades, qui a permis d'éviter des massacres de masse, et d'empêcher l'effondrement du pays et la création d'un vide sécuritaire dans la région.
Aujourd'hui, aux côtés de la France, nous pouvons compter sur la MISCA de l'Union africaine qui a doublé ses effectifs en quelques semaines , sur le prochain déploiement d'une mission de l'Union européenne, sur le soutien bilatéral de nos plus proches partenaires occidentaux en matière de logistique. La perspective du déploiement d'une opération de maintien de la paix de l'ONU est aujourd'hui largement partagée et correspond à une attente exprimée par les autorités de transition. Notre engagement rapide, déterminé, est ainsi à l'origine d'une dynamique de la communauté internationale que nous devons continuer d'encourager.
Nous pouvons aussi compter sur une nouvelle équipe politique, dirigée par Catherine Samba-Panza, qui fait preuve de courage et de volonté pour redresser un pays sans administration. Son énergie est réelle et indispensable. Le chemin est encore long mais notre soutien lui est acquis.
Concrètement, l'action de Sangaris se tourne désormais vers la province, où il faut sécuriser les zones qui se trouvent encore sous l'emprise de milices et de groupes criminels. Aujourd'hui, plus du tiers des forces de SANGARIS est déployé en province. L'arrivée cette semaine du sous-GTIA « Dragon », en provenance du Tchad, va renforcer encore notre capacité de manoeuvre. Cette action, en plus de tout ce que nous faisons dans la capitale, permettra aussi d'aider le déploiement de la MISCA. L'enjeu, c'est ici de mieux garantir la sécurité des axes routiers, pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire, essentiellement en provenance du Cameroun. En parallèle, il s'agit de faciliter le rétablissement progressif de l'Etat, et d'assurer en priorité la sécurité de proximité et la justice, pour empêcher que l'impunité ne devienne la règle. Je pense ici aux forces de police et de gendarmerie, je pense aussi au système judiciaire. C'est à ce prix que notre action d'urgence permettra un retour à la normalité au plan sécuritaire, puis politique.
Ces premiers résultats, nous les devons à nos forces, à tous vos camarades déployés en Centrafrique. Derrière le général Soriano, les unités françaises conduisent avec un courage et un sang-froid qui les honorent, des missions particulièrement difficiles, qui nécessitent détermination et impartialité. Comme au Mali, les armées françaises montrent une nouvelle fois leur professionnalisme et leur réactivité qui forcent l'admiration de tous, y compris à l'étranger, comme plusieurs de mes homologues me l'ont dit récemment encore.
Je n'oublie pas que cette efficacité collective, que j'ai constatée à de très nombreuses reprises depuis le début de mon mandat, repose sur des valeurs humaines fortes qui animent votre régiment comme l'ensemble des forces armées françaises. En ce jour plus que jamais, je suis admiratif devant votre cohésion, les valeurs morales qui vous habitent, votre sens du devoir et les nombreux sacrifices que vous acceptez pour le service de votre pays.
Je pense aussi à vos familles, à tous vos proches qui, depuis la France, supportent votre absence et soutiennent votre action. Ils prennent de cette manière une part essentielle aux réussites que je veux saluer à travers vous.
Je connais l'histoire de votre régiment : elle se reflète dans les plis de votre drapeau, emblème le plus décoré de l'armée française. Héritier des bataillons coloniaux, il s'est distingué pendant la Grande Guerre, ce qui lui a valu l'appellation de « Premier régiment de France ». Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il a obtenu deux citations à l'ordre de l'armée, et cinq autres pour son engagement en Indochine, où il s'est battu pendant dix ans. Depuis la fin des années 1970, vous avez participé à toutes les grandes opérations de l'armée française, au Tchad, au Liban, dans le Golfe, dans les Balkans, au Rwanda, en Côte d'Ivoire et, plus récemment, en Afghanistan et au Mali. En ce moment même, vos camarades apportent une contribution décisive à l'opération SANGARIS, et je suis certain que cette histoire qui vit à travers vous continuera d'animer vos futurs engagements.
Ministre de la Défense, je suis fier de vous. Dans les succès comme dans les épreuves, vous avez toute ma confiance.Source http://www.defense.gouv.fr, le 5 mars 2014