Texte intégral
Madame la ministre,
Monsieur le chef d'état-major des armées,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les officiers généraux, officiers et soldats,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d'être avec vous ce soir. Peu avant une journée importante, puisque ce sera celle des femmes, j'ai souhaité, comme je l'ai fait l'année dernière, marquer mon engagement en faveur des femmes de la Défense à l'occasion d'un hommage à sept d'entre elles, particulièrement méritantes.
Vous le savez, le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, et sa déclinaison dans la loi de programmation militaire, nous permettent aujourd'hui de préparer l'armée de demain. Cette armée fera face aux principaux défis de notre environnement stratégique. Elle devra être exemplaire, dans ses valeurs, dans ses pratiques, et notamment par sa capacité à intégrer les avancées de la société dont elle est le reflet et même à les favoriser. Pour cette raison, notre responsabilité est de veiller qu'au sein des armées, comme dans la société, les femmes aient toute leur place, et puissent mener des carrières professionnelles brillantes, sans craindre de discrimination.
Voilà un siècle que les femmes ont rejoint le ministère de la Défense. Un siècle de cheminement, patient mais obstiné, pour faire réussir la parité femmes-hommes et l'égalité professionnelle. A chaque étape, la féminisation des armées s'est accompagnée d'adaptations pour garantir aux femmes et aux hommes ayant fait le choix de servir leur pays par les armes, un égal épanouissement dans cette noble mission.
Je veux d'ailleurs saluer la présence parmi nous de madame le médecin général inspecteur Valérie André, première femme nommée officier général, en 1981, grand-croix des deux ordres nationaux.
Aujourd'hui, la féminisation des armées est une réalité forte. Hormis de très rares restrictions, les femmes de la Défense servent dans tous les domaines. Elles sont présentes partout, y compris sur les théâtres d'opérations extérieures. Près de 60 000 représentent 38 % du personnel civil et 15 % du personnel militaire. En quelques décennies, l'armée française est devenue l'une des plus féminisées au monde. Pour nous tous, c'est un vrai motif de fierté.
Les femmes de la Défense, c'est pour ma part une réalité vécue. Je les rencontre chaque fois que je me rends dans les forces, dans les unités et sur les théâtres d'opérations, hier en Afghanistan, aujourd'hui au Mali, en Centrafrique et au Liban. Qu'elles soient dans les forces, au sein de mon cabinet ou dans l'administration centrale, nombre d'entre elles jouent des rôles importants dans notre politique de défense.
Si la féminisation de la Défense est de longue date une réalité, des défis restent à relever. Depuis près de deux ans, je poursuis une politique volontariste en faveur de l'égalité professionnelle, à travers un plan que j'ai initié dès le premier comité interministériel aux droits des femmes. Pour piloter cette feuille de route, j'ai nommé dès septembre 2012 une haut fonctionnaire à l'égalité des droits, Françoise Gaudin, que j'aurai d'ailleurs le plaisir de féliciter dans un instant. Mais je sais aussi pouvoir m'appuyer sur des associations qui font ici un travail remarquable.
Je veux préciser d'ailleurs que je n'ai pas attendu d'être à la tête de ce ministère pour m'intéresser à la cause des femmes. Je peux vous raconter une anecdote. Lorsque Caroline de Haas est venue me rencontrer, à l'initiative de Najat Vallaud-Belkacem, pour me sensibiliser sur le sujet, c'est moi qui l'ai surprise en lui racontant comment, élu de Bretagne, j'avais bataillé pour imposer des femmes comme conductrices de bus, notamment de bus à soufflet.
Pour revenir à la Défense et évoquer l'année 2014, j'ai souhaité mettre l'accent sur les parcours des femmes militaires, avec l'ambition de limiter les freins qu'elles pourraient encore rencontrer dans leur formation, dans leur carrière, dans leur engagement.
En un an et demi, des avancées concrètes ont été obtenues, mais il faut aller plus loin. En relation avec les travaux interministériels menés sur ce sujet, j'avais souhaité qu'un état de la féminisation de la Défense puisse être dressé. A cette fin, le contrôleur général Gilles Chevallier, que je salue parmi nous, a réalisé une enquête sur l'égalité des femmes et des hommes de la Défense. Ses résultats m'ont été transmis il y a quelques jours. De son côté, le Haut comité à l'évaluation et à la condition militaire (HCECM), que je salue également, a consacré son rapport 2013 aux femmes militaires. Enfin, en décembre dernier, l'observatoire pour la parité entre les hommes et les femmes au ministère a été installé.
Ces travaux se rejoignent. Je dois vous dire que leurs analyses et conclusions m'ont particulièrement interpellé, et une publication récente est allée dans le même sens. Outre l'égalité professionnelle, l'un des thèmes évoqués est la difficulté à appréhender les cas de harcèlement, agressions et violences sexuels subis par les femmes militaires. Cette difficulté doit être surmontée, car de tels agissements sont inacceptables. Ils le sont en général, et ils le sont en particulier dans une institution qui porte, aux yeux de la société, des valeurs et une exigence morales.
C'est pourquoi je veux solennellement rappeler qu'il existe un principe en la matière, au sein du ministère, dans chaque armée, c'est celui de la tolérance zéro.
A la suite de ces différents travaux, j'ai donné mandat à l'inspecteur général des armées Bolelli et à la contrôleuse générale Debernardy, qui sont avec nous ce soir, de poursuivre cette analyse et de me rendre leurs conclusions sous un mois. Je présenterai donc début avril un plan d'actions qui déploiera toute la fermeté nécessaire pour lutter contre ces violences.
Sans préjuger des recommandations qui me seront faites, je veux d'ores et déjà cadrer les principes de ce plan d'action, au nombre de trois : transparence, prévention, sanction.
Nous allons rompre la loi du silence partout où elle subsisterait. Affirmer haut et fort la place des femmes au ministère de la défense, il nous faut veiller au respect de leurs droits, et au plus élémentaire d'entre eux qui est leur sécurité, dans les armées, dans les écoles, en opérations, dans les services centraux.
Nous avons une responsabilité collective à mener ce combat singulier, celui de la parité, celui de l'égalité entre les femmes et les hommes au sein de la société.
Mais il y a aussi une responsabilité individuelle, qui est à la fois le devoir de témoigner de ce que nous ne pouvons accepter, et le pouvoir, pour toutes ces femmes, de revendiquer leur réussite professionnelle, à l'instar des sept femmes que je suis heureux de distinguer maintenant, avec Najat Vallaud-Belkacem. Elles ont des profils et des parcours très différents, mais vous allez voir que chacune a fait ses preuves de la manière la plus forte.
Maitre-principal Marquier, votre parcours force l'admiration. Engagée dans la marine en 1985 comme matelot de deuxième classe, vous avez gravi les échelons un à un, par votre seul mérite.
Ayant obtenu, peu de temps après votre intégration, un brevet de contrôleur aérien, vous vous orientez rapidement vers le trafic mixte civil et militaire. Dans chacune de vos affectations, vous avez toujours brillé dans vos fonctions de contrôleur par votre rigueur et votre dévouement.
En juin 2008, survient un épisode emblématique de votre valeur : alors que vous êtes chef d'équipe de garde du centre de contrôle et de coordination marine de la Méditerranée, vous faites stopper des tirs de missiles au centre d'essais du Levant alors qu'un Mirage2000 venait de pénétrer dans cette zone de tir sans autorisation. Grâce à votre sang-froid, un accident qui aurait pu être dramatique a été évité.
Le dernier élément que je voudrais souligner, c'est évidemment votre participation à l'opération Harmattan durant l'été 2011 : tout au long des 155 sorties qui ont été effectuées en 17 raids nocturnes sur le territoire libyen, vous avez montré une endurance et une concentration exceptionnelles.
Pour toutes ces raisons, je suis très heureux de vous remettre la médaille militaire : à travers cette distinction, notre armée honore votre engagement comme vous lui avez fait honneur par votre dévouement.
Chère Françoise Gaudin, beaucoup ici vous connaissent comme haut-fonctionnaire à l'égalité des droits, et le travail que vous menez pour défendre la parité au sein du ministère. Mais c'est l'ensemble d'un parcours au service de l'État que je suis heureux de saluer, de vos débuts à la direction centrale du matériel de l'armée jusqu'aux fonctions éminentes que vous avez occupées à la direction du service national.
A tous les postes que vous avez occupés, vous vous êtes toujours distinguée par votre sens des responsabilités et en même temps par une grande attention portée à vos collègues.
Bien sûr, je veux insister sur la mission que vous remplissez actuellement. Je l'ai dit à l'instant, la promotion de l'égalité entre les femmes et les hommes est un engagement qui nous rassemble.
Par votre réussite personnelle, vous avez déjà contribué à changer les choses : la distinction que Najat Vallaud-Belkacem aura l'honneur de vous remettre en vous faisant officier de l'Ordre national du Mérite, a ainsi valeur d'exemple pour toutes les femmes de la Défense.
Médecin-chef Vidal, votre parcours commence à l'École du service des santés des armées où vous êtes une étudiante brillante. Promue médecin en 2001 et nommée docteur en médecine la même année,vous montrez d'emblée des qualités de générosité, de disponibilité et d'effort, que vos collègues comme vos patients saluent régulièrement.
Après une première expérience à Metz,vous effectuez une mission importante, en 2003, auprès du régiment de la légion étrangère à Mayotte. Au centre médical des armées de La Valbonne, puis à celui de Lyon Saint-Verdun, vous vous spécialisez notamment sur la traumatologie du sport.
Je voudrais également évoquer un épisode marquant de votre parcours, qui montre avec évidence vos compétences médicales, mais aussi votre courage. Le 21 juillet 2006, alors que vous participez à l'opération Baliste au Liban, vous vous retrouvez à soigner un militaire français blessé au cours de l'évacuation par hélicoptère. Cette manuvre fut périlleuse, menée de nuit sous de nombreux tirs. Le calme dont vous avez alors témoigné vous a valu une citation du chef d'état-major des armées.
Huit années après cette expérience au Liban, qui reste comme l'un de vos plus forts souvenirs, je suis très heureux de vous nommer au grade de chevalier de l'Ordre national du Mérite.
Valérie Le Gleut, vous êtes une figure bien connue au sein du ministère de la Défense. Mais la richesse de votre parcours ici ferait presque oublier qu'il a commencé ailleurs, au sein du musée d'Orsay, puis à l'INSEE. Vous rejoignez finalement notre ministère en 1992, comme attaché d'administration centrale. Pendant douze ans, dans vos différentes affectations, vous faites preuve d'une maitrise technique remarquable sur des sujets aussi complexes que l'aménagement du territoire ou la gestion des effectifs.
Après un passage à l'ENA, vous rejoignez le corps des administrateurs civils. Je veux le souligner, car votre parcours montre que notre ministère peut être un levier de développement professionnel très efficace.
Après deux expériences hors-les-murs, c'est à nouveau le ministère qui profite de votre expertise, puisque vous êtes sous-directrice des relations sociales, des statuts et des filières au sein de la DRH-MD.
Dans votre réussite, je veux saluer votre courage, car je sais que vos responsabilités n'ont pas toujours été simples à concilier avec votre vie familiale. Ces difficultés, vous les avez brillamment dépassées, et c'est aussi pour cette raison que je suis heureux de vous nommer au grade de chevalier de l'Ordre national du Mérite.
Capitaine Villard, ce que vous avez accompli, comme pilote d'hélicoptère de 31 ans, est déjà exceptionnel : reçue à Saint-Cyr en 2004, vous officiez d'abord comme chef de patrouille d'hélicoptères de manuvre sur Puma au sein du 3e régiment d'hélicoptères de combat. Ayant réussi les évaluations des forces spéciales,vous êtes affectée depuis août 2012 au 4e régiment d'hélicoptères des forces spéciales de Pau.
Parmi les nombreuses missions que vous avez effectuées, je retiens le Tchad en 2010 sur Puma ; je pense à l'exercice amphibie interallié avec les États-Unis, Bold Alligator, en 2012 ; je pense aussi à votre engagement au Sahel, dans le cadre de l'opération Sabre, comme chef de patrouille sur Caracal.
Chacun le comprendra, il ne m'est pas possible d'entrer dans le détail de vos mérites. Je dirai simplement un mot de la formidable action que vous avez réalisée dans la nuit du 13 au 14 novembre 2013. Cette action vous a valu une citation du chef d'état-major des armées et la Croix de la Valeur militaire que je vais vous remettre dans un instant. Il s'agissait d'une opération de capture d'un groupe terroriste, et malgré le feu violent de l'adversaire, qui se trouvait à proximité, vous avez rempli votre mission avec un brio qui force le respect.
Capitaine Villard, la distinction que je vous remets aujourd'hui porte la reconnaissance de vos mérites ; mais c'est aussi un encouragement à poursuivre votre parcours déjà brillant sur cette même lancée.
J'en viens à une autre femme de l'armée de l'air, dont le parcours est tout aussi brillant. Lieutenant Kocher, vous êtes pilote de chasse, membre de l'escadron « Navarre ». La liste des distinctions que vous avez déjà reçues, en seulement sept ans de service, nous renseigne sur l'étendue de vos mérites. Parmi elles, je retiens la médaille commémorative française avec agrafe « Afghanistan » en 2011, la médaille commémorative française avec agrafe « Libye » en 2012, la Croix de la Valeur militaire avec étoile de bronze en 2013, dans le cadre de l'opération « Serval», ou encore la médaille d'outre-mer avec agrafe « Sahel », également en 2013.
Bien sûr, ces titres ne résument pas vos 1000 heures de vol et les 47 missions de guerre que vous avez déjà accomplies. Derrière les distinctions, il y a des efforts quotidiens pour répondre aux exigences très élevées qui sont celles des pilotes de chasse. Pour être à la hauteur, comme vous l'avez été le 17 novembre 2011 en secourant les troupes de nos alliés italiens attaqués par nos ennemis dans la région de Farahen Afghanistan, il faut notamment une maitrise de soi absolue.
A travers vous, c'est un soldat et un pilote exceptionnel que je suis heureux de distinguer ce soir, en vous remettant la Croix de la Valeur militaire.
Brigadier-chef Pujapujane, je termine par vous. On ne compte plus les théâtres que vous avez traversés en près de quinze ans de service dans nos armées, depuis vos débuts au service médical du 11e régiment de chasseur. Au poste d'aide-soignante, vous vous êtes rendue en Guyane, au Kosovo, en Côte d'Ivoire à trois reprises, en Afghanistan, mais également au Gabon, au Niger comme auxiliaire sanitaire, et enfin au Burkina-Faso où vous étiez l'année dernière.
A l'occasion de ces missions, vous avez manifesté une attention hors pair aux blessés que vous deviez soigner, notamment ceux du 13e régiment de dragons parachutistes, où vous avez servi pendant de 2006 à 2011.
Au-delà de votre formation d'aide-soignante, vous avez toujours cherché à vous impliquer dans votre métier. Je pense ainsi au brevet parachutiste que vous avez obtenu tandis que vous étiez au 13e RDP.
La Croix de la Valeur militaire que je vous remets à présent, vous l'avez plus particulièrement méritée par le grand courage dont vous avez fait preuve, en affrontant directement des combattants djihadistes au Mali. Le 14 août 2013, alors que vous participiez à une reconnaissance dans le Timétrine, votre patrouille a essuyé le feu ennemi pendant plus de quarante minutes ; avec votre arme de bord, vous avez contribué par vos tirs à assurer les abords immédiats de votre véhicule et à permettre ainsi le déploiement de vos compagnons d'armes. Bravo pour cette action.
Il est temps maintenant de procéder à la remise de ces décorations.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 7 mars 2014
Monsieur le chef d'état-major des armées,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les officiers généraux, officiers et soldats,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d'être avec vous ce soir. Peu avant une journée importante, puisque ce sera celle des femmes, j'ai souhaité, comme je l'ai fait l'année dernière, marquer mon engagement en faveur des femmes de la Défense à l'occasion d'un hommage à sept d'entre elles, particulièrement méritantes.
Vous le savez, le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, et sa déclinaison dans la loi de programmation militaire, nous permettent aujourd'hui de préparer l'armée de demain. Cette armée fera face aux principaux défis de notre environnement stratégique. Elle devra être exemplaire, dans ses valeurs, dans ses pratiques, et notamment par sa capacité à intégrer les avancées de la société dont elle est le reflet et même à les favoriser. Pour cette raison, notre responsabilité est de veiller qu'au sein des armées, comme dans la société, les femmes aient toute leur place, et puissent mener des carrières professionnelles brillantes, sans craindre de discrimination.
Voilà un siècle que les femmes ont rejoint le ministère de la Défense. Un siècle de cheminement, patient mais obstiné, pour faire réussir la parité femmes-hommes et l'égalité professionnelle. A chaque étape, la féminisation des armées s'est accompagnée d'adaptations pour garantir aux femmes et aux hommes ayant fait le choix de servir leur pays par les armes, un égal épanouissement dans cette noble mission.
Je veux d'ailleurs saluer la présence parmi nous de madame le médecin général inspecteur Valérie André, première femme nommée officier général, en 1981, grand-croix des deux ordres nationaux.
Aujourd'hui, la féminisation des armées est une réalité forte. Hormis de très rares restrictions, les femmes de la Défense servent dans tous les domaines. Elles sont présentes partout, y compris sur les théâtres d'opérations extérieures. Près de 60 000 représentent 38 % du personnel civil et 15 % du personnel militaire. En quelques décennies, l'armée française est devenue l'une des plus féminisées au monde. Pour nous tous, c'est un vrai motif de fierté.
Les femmes de la Défense, c'est pour ma part une réalité vécue. Je les rencontre chaque fois que je me rends dans les forces, dans les unités et sur les théâtres d'opérations, hier en Afghanistan, aujourd'hui au Mali, en Centrafrique et au Liban. Qu'elles soient dans les forces, au sein de mon cabinet ou dans l'administration centrale, nombre d'entre elles jouent des rôles importants dans notre politique de défense.
Si la féminisation de la Défense est de longue date une réalité, des défis restent à relever. Depuis près de deux ans, je poursuis une politique volontariste en faveur de l'égalité professionnelle, à travers un plan que j'ai initié dès le premier comité interministériel aux droits des femmes. Pour piloter cette feuille de route, j'ai nommé dès septembre 2012 une haut fonctionnaire à l'égalité des droits, Françoise Gaudin, que j'aurai d'ailleurs le plaisir de féliciter dans un instant. Mais je sais aussi pouvoir m'appuyer sur des associations qui font ici un travail remarquable.
Je veux préciser d'ailleurs que je n'ai pas attendu d'être à la tête de ce ministère pour m'intéresser à la cause des femmes. Je peux vous raconter une anecdote. Lorsque Caroline de Haas est venue me rencontrer, à l'initiative de Najat Vallaud-Belkacem, pour me sensibiliser sur le sujet, c'est moi qui l'ai surprise en lui racontant comment, élu de Bretagne, j'avais bataillé pour imposer des femmes comme conductrices de bus, notamment de bus à soufflet.
Pour revenir à la Défense et évoquer l'année 2014, j'ai souhaité mettre l'accent sur les parcours des femmes militaires, avec l'ambition de limiter les freins qu'elles pourraient encore rencontrer dans leur formation, dans leur carrière, dans leur engagement.
En un an et demi, des avancées concrètes ont été obtenues, mais il faut aller plus loin. En relation avec les travaux interministériels menés sur ce sujet, j'avais souhaité qu'un état de la féminisation de la Défense puisse être dressé. A cette fin, le contrôleur général Gilles Chevallier, que je salue parmi nous, a réalisé une enquête sur l'égalité des femmes et des hommes de la Défense. Ses résultats m'ont été transmis il y a quelques jours. De son côté, le Haut comité à l'évaluation et à la condition militaire (HCECM), que je salue également, a consacré son rapport 2013 aux femmes militaires. Enfin, en décembre dernier, l'observatoire pour la parité entre les hommes et les femmes au ministère a été installé.
Ces travaux se rejoignent. Je dois vous dire que leurs analyses et conclusions m'ont particulièrement interpellé, et une publication récente est allée dans le même sens. Outre l'égalité professionnelle, l'un des thèmes évoqués est la difficulté à appréhender les cas de harcèlement, agressions et violences sexuels subis par les femmes militaires. Cette difficulté doit être surmontée, car de tels agissements sont inacceptables. Ils le sont en général, et ils le sont en particulier dans une institution qui porte, aux yeux de la société, des valeurs et une exigence morales.
C'est pourquoi je veux solennellement rappeler qu'il existe un principe en la matière, au sein du ministère, dans chaque armée, c'est celui de la tolérance zéro.
A la suite de ces différents travaux, j'ai donné mandat à l'inspecteur général des armées Bolelli et à la contrôleuse générale Debernardy, qui sont avec nous ce soir, de poursuivre cette analyse et de me rendre leurs conclusions sous un mois. Je présenterai donc début avril un plan d'actions qui déploiera toute la fermeté nécessaire pour lutter contre ces violences.
Sans préjuger des recommandations qui me seront faites, je veux d'ores et déjà cadrer les principes de ce plan d'action, au nombre de trois : transparence, prévention, sanction.
Nous allons rompre la loi du silence partout où elle subsisterait. Affirmer haut et fort la place des femmes au ministère de la défense, il nous faut veiller au respect de leurs droits, et au plus élémentaire d'entre eux qui est leur sécurité, dans les armées, dans les écoles, en opérations, dans les services centraux.
Nous avons une responsabilité collective à mener ce combat singulier, celui de la parité, celui de l'égalité entre les femmes et les hommes au sein de la société.
Mais il y a aussi une responsabilité individuelle, qui est à la fois le devoir de témoigner de ce que nous ne pouvons accepter, et le pouvoir, pour toutes ces femmes, de revendiquer leur réussite professionnelle, à l'instar des sept femmes que je suis heureux de distinguer maintenant, avec Najat Vallaud-Belkacem. Elles ont des profils et des parcours très différents, mais vous allez voir que chacune a fait ses preuves de la manière la plus forte.
Maitre-principal Marquier, votre parcours force l'admiration. Engagée dans la marine en 1985 comme matelot de deuxième classe, vous avez gravi les échelons un à un, par votre seul mérite.
Ayant obtenu, peu de temps après votre intégration, un brevet de contrôleur aérien, vous vous orientez rapidement vers le trafic mixte civil et militaire. Dans chacune de vos affectations, vous avez toujours brillé dans vos fonctions de contrôleur par votre rigueur et votre dévouement.
En juin 2008, survient un épisode emblématique de votre valeur : alors que vous êtes chef d'équipe de garde du centre de contrôle et de coordination marine de la Méditerranée, vous faites stopper des tirs de missiles au centre d'essais du Levant alors qu'un Mirage2000 venait de pénétrer dans cette zone de tir sans autorisation. Grâce à votre sang-froid, un accident qui aurait pu être dramatique a été évité.
Le dernier élément que je voudrais souligner, c'est évidemment votre participation à l'opération Harmattan durant l'été 2011 : tout au long des 155 sorties qui ont été effectuées en 17 raids nocturnes sur le territoire libyen, vous avez montré une endurance et une concentration exceptionnelles.
Pour toutes ces raisons, je suis très heureux de vous remettre la médaille militaire : à travers cette distinction, notre armée honore votre engagement comme vous lui avez fait honneur par votre dévouement.
Chère Françoise Gaudin, beaucoup ici vous connaissent comme haut-fonctionnaire à l'égalité des droits, et le travail que vous menez pour défendre la parité au sein du ministère. Mais c'est l'ensemble d'un parcours au service de l'État que je suis heureux de saluer, de vos débuts à la direction centrale du matériel de l'armée jusqu'aux fonctions éminentes que vous avez occupées à la direction du service national.
A tous les postes que vous avez occupés, vous vous êtes toujours distinguée par votre sens des responsabilités et en même temps par une grande attention portée à vos collègues.
Bien sûr, je veux insister sur la mission que vous remplissez actuellement. Je l'ai dit à l'instant, la promotion de l'égalité entre les femmes et les hommes est un engagement qui nous rassemble.
Par votre réussite personnelle, vous avez déjà contribué à changer les choses : la distinction que Najat Vallaud-Belkacem aura l'honneur de vous remettre en vous faisant officier de l'Ordre national du Mérite, a ainsi valeur d'exemple pour toutes les femmes de la Défense.
Médecin-chef Vidal, votre parcours commence à l'École du service des santés des armées où vous êtes une étudiante brillante. Promue médecin en 2001 et nommée docteur en médecine la même année,vous montrez d'emblée des qualités de générosité, de disponibilité et d'effort, que vos collègues comme vos patients saluent régulièrement.
Après une première expérience à Metz,vous effectuez une mission importante, en 2003, auprès du régiment de la légion étrangère à Mayotte. Au centre médical des armées de La Valbonne, puis à celui de Lyon Saint-Verdun, vous vous spécialisez notamment sur la traumatologie du sport.
Je voudrais également évoquer un épisode marquant de votre parcours, qui montre avec évidence vos compétences médicales, mais aussi votre courage. Le 21 juillet 2006, alors que vous participez à l'opération Baliste au Liban, vous vous retrouvez à soigner un militaire français blessé au cours de l'évacuation par hélicoptère. Cette manuvre fut périlleuse, menée de nuit sous de nombreux tirs. Le calme dont vous avez alors témoigné vous a valu une citation du chef d'état-major des armées.
Huit années après cette expérience au Liban, qui reste comme l'un de vos plus forts souvenirs, je suis très heureux de vous nommer au grade de chevalier de l'Ordre national du Mérite.
Valérie Le Gleut, vous êtes une figure bien connue au sein du ministère de la Défense. Mais la richesse de votre parcours ici ferait presque oublier qu'il a commencé ailleurs, au sein du musée d'Orsay, puis à l'INSEE. Vous rejoignez finalement notre ministère en 1992, comme attaché d'administration centrale. Pendant douze ans, dans vos différentes affectations, vous faites preuve d'une maitrise technique remarquable sur des sujets aussi complexes que l'aménagement du territoire ou la gestion des effectifs.
Après un passage à l'ENA, vous rejoignez le corps des administrateurs civils. Je veux le souligner, car votre parcours montre que notre ministère peut être un levier de développement professionnel très efficace.
Après deux expériences hors-les-murs, c'est à nouveau le ministère qui profite de votre expertise, puisque vous êtes sous-directrice des relations sociales, des statuts et des filières au sein de la DRH-MD.
Dans votre réussite, je veux saluer votre courage, car je sais que vos responsabilités n'ont pas toujours été simples à concilier avec votre vie familiale. Ces difficultés, vous les avez brillamment dépassées, et c'est aussi pour cette raison que je suis heureux de vous nommer au grade de chevalier de l'Ordre national du Mérite.
Capitaine Villard, ce que vous avez accompli, comme pilote d'hélicoptère de 31 ans, est déjà exceptionnel : reçue à Saint-Cyr en 2004, vous officiez d'abord comme chef de patrouille d'hélicoptères de manuvre sur Puma au sein du 3e régiment d'hélicoptères de combat. Ayant réussi les évaluations des forces spéciales,vous êtes affectée depuis août 2012 au 4e régiment d'hélicoptères des forces spéciales de Pau.
Parmi les nombreuses missions que vous avez effectuées, je retiens le Tchad en 2010 sur Puma ; je pense à l'exercice amphibie interallié avec les États-Unis, Bold Alligator, en 2012 ; je pense aussi à votre engagement au Sahel, dans le cadre de l'opération Sabre, comme chef de patrouille sur Caracal.
Chacun le comprendra, il ne m'est pas possible d'entrer dans le détail de vos mérites. Je dirai simplement un mot de la formidable action que vous avez réalisée dans la nuit du 13 au 14 novembre 2013. Cette action vous a valu une citation du chef d'état-major des armées et la Croix de la Valeur militaire que je vais vous remettre dans un instant. Il s'agissait d'une opération de capture d'un groupe terroriste, et malgré le feu violent de l'adversaire, qui se trouvait à proximité, vous avez rempli votre mission avec un brio qui force le respect.
Capitaine Villard, la distinction que je vous remets aujourd'hui porte la reconnaissance de vos mérites ; mais c'est aussi un encouragement à poursuivre votre parcours déjà brillant sur cette même lancée.
J'en viens à une autre femme de l'armée de l'air, dont le parcours est tout aussi brillant. Lieutenant Kocher, vous êtes pilote de chasse, membre de l'escadron « Navarre ». La liste des distinctions que vous avez déjà reçues, en seulement sept ans de service, nous renseigne sur l'étendue de vos mérites. Parmi elles, je retiens la médaille commémorative française avec agrafe « Afghanistan » en 2011, la médaille commémorative française avec agrafe « Libye » en 2012, la Croix de la Valeur militaire avec étoile de bronze en 2013, dans le cadre de l'opération « Serval», ou encore la médaille d'outre-mer avec agrafe « Sahel », également en 2013.
Bien sûr, ces titres ne résument pas vos 1000 heures de vol et les 47 missions de guerre que vous avez déjà accomplies. Derrière les distinctions, il y a des efforts quotidiens pour répondre aux exigences très élevées qui sont celles des pilotes de chasse. Pour être à la hauteur, comme vous l'avez été le 17 novembre 2011 en secourant les troupes de nos alliés italiens attaqués par nos ennemis dans la région de Farahen Afghanistan, il faut notamment une maitrise de soi absolue.
A travers vous, c'est un soldat et un pilote exceptionnel que je suis heureux de distinguer ce soir, en vous remettant la Croix de la Valeur militaire.
Brigadier-chef Pujapujane, je termine par vous. On ne compte plus les théâtres que vous avez traversés en près de quinze ans de service dans nos armées, depuis vos débuts au service médical du 11e régiment de chasseur. Au poste d'aide-soignante, vous vous êtes rendue en Guyane, au Kosovo, en Côte d'Ivoire à trois reprises, en Afghanistan, mais également au Gabon, au Niger comme auxiliaire sanitaire, et enfin au Burkina-Faso où vous étiez l'année dernière.
A l'occasion de ces missions, vous avez manifesté une attention hors pair aux blessés que vous deviez soigner, notamment ceux du 13e régiment de dragons parachutistes, où vous avez servi pendant de 2006 à 2011.
Au-delà de votre formation d'aide-soignante, vous avez toujours cherché à vous impliquer dans votre métier. Je pense ainsi au brevet parachutiste que vous avez obtenu tandis que vous étiez au 13e RDP.
La Croix de la Valeur militaire que je vous remets à présent, vous l'avez plus particulièrement méritée par le grand courage dont vous avez fait preuve, en affrontant directement des combattants djihadistes au Mali. Le 14 août 2013, alors que vous participiez à une reconnaissance dans le Timétrine, votre patrouille a essuyé le feu ennemi pendant plus de quarante minutes ; avec votre arme de bord, vous avez contribué par vos tirs à assurer les abords immédiats de votre véhicule et à permettre ainsi le déploiement de vos compagnons d'armes. Bravo pour cette action.
Il est temps maintenant de procéder à la remise de ces décorations.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 7 mars 2014