Interview de M. Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social à I-télé le 26 février 2014, sur le chômage des jeunes, notamment dans le secteur de l'agriculture.

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Média : Itélé

Texte intégral


ANAÏS CASTAGNA
On prend tout de suite la direction du Salon de l'agriculture où nous attend le ministre du Travail, bonjour Monsieur SAPIN, merci d'être en direct sur I TELE.
MICHEL SAPIN
Bonjour.
ANAÏS CASTAGNA
On va parler du secteur agricole dans un instant, mais d'abord un mot sur le chômage. Les chiffres tombent ce soir à 18H00, est-ce que vous aurez le sourire, Monsieur le ministre, ce soir ?
MICHEL SAPIN
Vous verrez bien. Donc ils tombent ce soir à 18H00, c'est à 18H00 que vous les connaîtrez, c'est le principe même des chiffres du chômage, qui ne sont pas fabriqués par le gouvernement, ils sont le fruit d'un travail d'organismes qui sont indépendants et qui donneront les résultats de ce mois de janvier ce soir. Mais enfin c'est le premier mois, ce qui compte ce sont les tendances, les mois, le mois, ça n'a pas beaucoup d'intérêt, ce qui compte c'est ce qui se passe au cours d'un trimestre, je vous rappelle qu'au cours de l'année 2013 nous avons progressivement maîtrisé la hausse du chômage, il y avait 30 000 chômeurs de plus au début de l'année dernière, il y en avait 5000 de plus par mois à la fin de l'année dernière, c'est trop 5000, mais c'est déjà énorme que d'avoir réussi à faire reculer ainsi la montée du chômage.
ANAÏS CASTAGNA
Oui, mais Monsieur le ministre, là, vous les avez ces chiffres, vous les avez ce soir, quelle est la tendance, vous pouvez au moins nous donner cette tendance ?
MICHEL SAPIN
Ne me posez pas deux fois la question puisque par définition je ne peux pas vous donner le résultat.
CHRISTOPHE BARBIER
Quand on écoute, Michel SAPIN, les prévisionnistes européens, ils pensent que la France va s'installer à 11% de chômage jusqu'à la fin de l'année 2015, c'est ça la France, c'est un chômage de masse, stabilisé certes, mais qui ne reculera jamais ?
MICHEL SAPIN
Si vous étiez totalement dans une vision dans la durée vous diriez, vous auriez déjà dit, que les mêmes organismes prévoyaient pour cette année 11,2% de chômage, comme ils prévoyaient pour l'année dernière 11% de chômage, alors qu'il y en a eu moins, donc la réalité d'aujourd'hui c'est que la Commission européenne prévoit des chiffres inférieurs, meilleurs, que ceux qu'elle prévoyait l'année dernière. Ce qui prouve que, heureusement, il y a une différence entre des prévisions et le résultat de l'action. Nous sommes dans l'action pour faire en sorte que la situation, la réalité de la France, soit meilleure que celle qui est aujourd'hui prévue, c'est déjà ce que nous avons fait et c'est ce que nous allons continuer à faire.
CHRISTOPHE BARBIER
Mais à 1% de croissance, 1,5, même 1,7, on sait que notre économie ne créera pas assez d'emplois, il y a du fatalisme dans cette langueur.
MICHEL SAPIN
C'est vous qui le dites, mais pardon, aucune démonstration n'est faite. Vous dites avec beaucoup d'assurance « on sait que », non, ce n'est pas exact, on peut aussi savoir qu'aujourd'hui avec 1% de croissance il est possible, et un certain nombre d'économistes le démontre, de créer des emplois, heureusement. Il y a 20 ans il fallait 2% de croissance, il y a 10 ans il fallait 1,5% de croissance, heureusement, aujourd'hui, on a des croissances plus riches en emplois, c'est aussi un des enjeux des politiques d'aujourd'hui, faire en sorte qu'avec une croissance plus faible on ait plus d'emplois. Ça ne servirait à rien de faire 3% de croissance avec 0 emploi. Et je pense que, là aussi, nous pouvons, par l'action, faire en sorte que le chômage recule, avec une croissance de 1 à 1,5%, même si nous cherchons, évidemment, à avoir une croissance encore supérieure.
CHRISTOPHE BARBIER
N'êtes-vous pas déçu par les prévisions du Haut conseil du financement de la protection sociale, c'est-à-dire un pacte qui ne produira que 300 000 créations d'emplois maximum ?
MICHEL SAPIN
C'est 300 000 uniquement sur cet aspect-là des choses, c'est-à-dire la baisse des cotisations ou la diminution du coût du travail par le CICE, mais il y a tout un ensemble, c'est un entraînement. Au fond, et vous le savez bien, en 2014 c'est l'année de la bascule, c'est l'année où on peut basculer, où on peut passer d'une situation où nous étions à 0% de croissance depuis 5 ans, avec 0% de croissance depuis 5 ans, effectivement on détruit des emplois, mais si nous basculons vers la croissance, même à 1%, à 1,5%, alors la France peut s'en sortir, peut rebondir, c'est tout l'enjeu de l'année 2014, c'est tout l'enjeu de la réussite du Pacte de responsabilité.
ANAÏS CASTAGNA
La Commission européenne ne croit pas à l'inversion de la courbe du chômage, Monsieur le ministre, est-ce que vous, vous dites ce matin, c'est possible, c'est possible dans cette année ?
MICHEL SAPIN
Mais on n'est pas dans une église, on n'est pas là à croire ou à ne pas croire. La Commission européenne prévoit pour cette année 11% de chômage, elle prévoyait l'année dernière, pour la même année, je vais me répéter, 11,2% de chômage, comme quoi elle a modifié ses prévisions. Pourquoi a-t-elle modifié ses prévisions ? Parce que l'action menée par le gouvernement a fait en sorte que la réalité soit différente de sa décision. Donc elle, elle est, pour l'instant, dans la prévision, moi je suis dans l'action, et c'est cette action-là qui permet de faire reculer le chômage, qui va nous permettre de faire reculer le chômage.
GUILLAUME TATU
Monsieur le ministre, dernière question rapidement. Vous êtes au Salon de l'agriculture, pourquoi votre présence et quel est votre programme ce matin ?
MICHEL SAPIN
D'abord parce que j'y viens tous les ans depuis que j'ai l'âge de 3 ans, donc je ne vois pas pourquoi je m'en priverais le jour où je suis ministre. Je suis élu d'une région d'élevage, les limousines, et j'y viens vraiment tous les ans, je les connais, les uns et les autres, tous les éleveurs, depuis tellement longtemps. Et puis ensuite parce que l'agriculture c'est aussi un secteur qui peut redevenir créateur d'emplois, c'est un secteur où il y a de l'activité possible, et donc c'est aussi un des enjeux, aujourd'hui, de la reprise de l'activité économique.
ANAÏS CASTAGNA
Monsieur le ministre, est-ce que les agriculteurs ont une place dans le Pacte de responsabilité ?
MICHEL SAPIN
Evidemment, ce sont des exploitations, ce sont des entreprises, et les entreprises, lorsqu'elles ont des salariés, elles bénéficient des baisses du coût du travail, et elles pourront, grâce à cela, y compris embaucher plus qu'elles ne le faisaient jusqu'à présent.
GUILLAUME TATU
Merci beaucoup Michel SAPIN en duplex et en direct, bien sûr, pour I TELE, depuis le Salon de l'agriculture, ministre du Travail. Merci beaucoup Michel SAPIN.
MICHEL SAPIN
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 février 2014