Interview de M. Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, à "RTL" le 11 mars 2014, sur la vente de l'opérateur de téléphonie mobile SFR, sur la mise sur écoutes téléphoniques de Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy.

Prononcé le

Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour, Arnaud MONTEBOURG.
ARNAUD MONTEBOURG
Bonjour, monsieur APHATIE.
JEAN-MICHEL APHATIE
L'opérateur de téléphonie mobile SFR est à vendre, deux acheteurs se disent intéressés, la société NUMERICABLE d'autre part, et d'autre part, l'autre opérateur téléphonique le groupe BOUYGUES vous l'avez dit sans détour Arnaud MONTEBOURG, vous êtes favorable au rachat de SFR par BOUYGUES. Pourquoi ?
ARNAUD MONTEBOURG
Nous sommes surtout favorables à un retour à trois. C'est la question du débat important de savoir s'il fallait 4 opérateurs ou 3. En apparence ça n'intéresse pas beaucoup la population, mais ça a des conséquences. Parce que les consommateurs, ils nous demandent : des prix bas et des très bons services. C'est-à-dire beaucoup de quantités de données sur Internet à transférer sur des Smartphones et des mobiles. Et pour réussir ça, il faut investir 30 milliards d'euros dans la fibre, dans les réseaux, dans les années à venir. Et il faut en même temps, qu'il y ait une certaine concurrence pour éviter l'installation de rente, ce qui s'est passé, il y a 15 ans, il y a eu des condamnations entre les 3 opérateurs historiques. Donc aujourd'hui, les consommateurs se disent : mais est-ce que le retour à 3 ce n'est pas un problème ? Et nous, nous posons les mêmes questions que les consommateurs.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais vous, vous dites le retour à 3, c'est un bon point d'équilibre, on peut à la fois garantir la concurrence et permettre les investissements ?
ARNAUD MONTEBOURG
C'est à peu près ça. C'est-à-dire que nous voyons que si nous organisons, nous laissons s'organiser la guerre des prix, moi, je gère les plans sociaux. C'est quand même incroyable qu'en France, on a un secteur très en croissance, avec des plans sociaux partout ! Des destructions d'emplois ! Alors qu'un secteur en croissance devrait créer des emplois. Or ce n'est pas le cas.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et donc votre position ?
ARNAUD MONTEBOURG
Notre position…
JEAN-MICHEL APHATIE
Si ces 3 opérateurs, même pas, votre position à vous, Arnaud MONTEBOURG, c'est de dire, c'est donc il est naturel que ce soit BOUYGUES qui rachète SFR plutôt que NUMERICABLE, parce que NUMERICABLE ça resterait 4 opérateurs ?
ARNAUD MONTEBOURG
NUMERICABLE ce sont des dossiers industriellement totalement différents. NUMERICABLE laisse subsister le problème de la guerre des prix. Et le problème pour nous, notre crainte, c'est que soit BOUYGUES, soit FREE, sera ramassé à la petite cuillère avec des dizaines de milliers d'emplois derrière, avec les sous-traitants inclus. Moi, je passe ma vie sur ALCATEL, sur PHONE HOUSE, sur SFR et BOUYGUES a déjà eu des plans sociaux. Maintenant, le moment est venu d'organiser en quelque sorte, la renaissance du secteur des télécoms. Je ne crois pas que ça se fera au détriment des consommateurs. En vérité les prix ont baissé de 30 %, c'est un acquis réversible. D'ailleurs le fait que dans cette opération FREE sorte renforcé, continue à être le trublion, dont l'identité est quand même de faire baisser les prix et de servir les consommateurs et d'éviter les rentes est pour nous une garantie d'une concurrence saine et loyale. Mais ça va nous permettre quand même de fibrer la France. Est-ce que vous savez, qu'il y a deux citoyens en France dans la fracture numérique ? Il y a ceux qui auront la fibre et ceux qui ne l'auront jamais.
JEAN-MICHEL APHATIE
Qui ont la fibre et ceux qui ne l'auront pas.
ARNAUD MONTEBOURG
Il y en a même ceux qui ont trois réseaux et d'autres qui en ont zéro. Donc nous, on ne veut pas lever des impôts pour financer, on va demander aux opérateurs de financer ces investissements sur la base d'une rentabilité de très long terme.
JEAN-MICHEL APHATIE
Si VIVENDI propriétaire de SFR, qui vend SFR, la direction de VIVENDI se réunit vendredi, pour dire où va sa préférence, NUMERICABLE ou BOUYGUES, si VIVENDI choisit NUMERICABLE que faites-vous Arnaud MONTEBOURG ?
ARNAUD MONTEBOURG
D'abord c'est, vous avez raison de dire que ce n'est pas le gouvernement qui choisit. Ce n'est même pas seulement VIVENDI qui est propriétaire et qui vend, il y a aussi une Autorité de la Concurrence.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais VIVENDI peut exprimer une préférence ?
ARNAUD MONTEBOURG
VIVENDI va vendre, va choisir. Elle va vendre à qui elle veut. C'est quand même ça, une vente, mais nous, on a des préférences.
JEAN-MICHEL APHATIE
Si VIVENDI choisit NUMERICABLE, que faites-vous ?
ARNAUD MONTEBOURG
D'abord, on s'inclinera, mais il y aura une Autorité de la Concurrence qui posera un certain nombre de graves questions, y compris l'ouverture de la concurrence du câble, comme d'ailleurs l'Autorité de la Concurrence, monsieur LASSERRE qui est un homme honnête et indépendant a déclaré : nous, nous traiterons la question en terme de concurrence car c'est notre travail de protéger la concurrence saine sur les marchés et donc le consommateur. Donc il fera la même chose de l'autre côté. Voilà ! Nous, notre stratégie est quand même de dire, nous avons une préférence d'intérêt général, qui est de dire que la consolidation qui a commencé dans tous les pays européens est nécessaire pourquoi ? Parce que si nous restons dans la guerre des prix, la fracturation de tous les marchés, un nombre considérable d'opérateurs. Vous allez avoir des opérateurs étrangers qui vont venir faire leur shopping et l'Europe qui pour 300 millions de clients a quand même 120 opérateurs, les Etats-Unis pour 300-400 millions de clients, ils en ont 3. Vous voyez la différence. On va se retrouver la proie d'un certain nombre d'opérateurs qu'on ne contrôlera pas. Et c'est ça le problème.
JEAN-MICHEL APHATIE
Confirmez-vous que Martin BOUYGUES, propriétaire du groupe BOUYGUES a été reçu à l'Elysée, le 27 février en compagnie de François PINAULT, pour évoquer ce dossier, reçu par François HOLLANDE ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ecoutez, je ne sais pas ! Je ne sais pas avec qui, ni comment, mais je sais que les deux impétrants ont été reçus partout à Matignon, à l'Elysée, chez moi, nous les avons d'ailleurs…
JEAN-MICHEL APHATIE
Monsieur DRAHI a été reçu donc le patron de NUMERICABLE…
ARNAUD MONTEBOURG
Moi, je l'ai reçu pendant deux heures.
JEAN-MICHEL APHATIE
Non, non, le patron du NUMERICABLE a été reçu par François HOLLANDE ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ecoutez, je ne sais pas. Je sais qui moi, je reçois, parce que nous instruisons ce dossier, nous avons des choses à dire, nous avons demandé des engagements, nous avons d'un côté monsieur BOUYGUES qui nous dit : écoutez, moi, je m'engage à ne procéder à aucun licenciement collectif, aucun plan social, aucun plan de départ volontaire, c'est un engagement opposable devant les Français et qui aura valeur juridique dans les jours à venir si c'est lui qui est le propriétaire de SFR.
JEAN-MICHEL APHATIE
Votre position est celle du gouvernement ou il y a des divisions au sein du gouvernement ?
ARNAUD MONTEBOURG
Non, le gouvernement n'est pas lui-même la puissance qui choisit. Le gouvernement il observe, mais il exprime quand même un certain nombre de préférences.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais vous pesez de tout votre poids dans ce dossier, j'imagine que si les administrateurs de VIVENDI vous écoutent, ils doivent se dire, le gouvernement, il a une préférence ?
ARNAUD MONTEBOURG
Vous savez, gouverner c'est choisir. C'est exprimer des préférences voilà ! Et je n'oublie pas que NUMERICABLE est une holding au Luxembourg, cotée à la Bourse d'Amsterdam, avec une participation personnelle du principal dirigeant à Guernesey et qu'il est lui-même résident en Suisse. Donc évidemment ça créait quelques…
JEAN-MICHEL APHATIE
Dit comme ça, évidemment !
ARNAUD MONTEBOURG
Réactions de la part du ministre que je suis. Alors et c'est vrai on peut aimer ou pas aimer monsieur BOUYGUES, ça ce n'est pas le sujet. Nous n'avons pas à nous positionner autrement que par rapport à l'intérêt général. L'intérêt général, il y a des éléments qui sont sur la table.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il y a une autre question, Arnaud MONTEBOURG qui est celle des consommateurs, vous l'avez évoquée, vous en parlerez tout à l'heure avec les auditeurs de RTL…
ARNAUD MONTEBOURG
Bien sûr !
JEAN-MICHEL APHATIE
Le regroupement dans la téléphonie mobile affectera-t-il ou pas les prix et dans quel sens ? Vous serez interrogé à ce sujet. Si vous permettez, Arnaud MONTEBOURG deux questions d'actualité simple : l'avocat de Nicolas SARKOZY, maître Thierry HERZOG a été mis sur écoute, par des juges, il y a presqu'un an de cela, pour l'affaire du financement de la campagne électorale de Nicolas SARKOZY en 2007. Cela paraît excessif et déplacé à beaucoup d'avocats. Vous avez été avocat longtemps vous-même, que pensez-vous de cette mise sur écoute de Thierry HERZOG ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ecoutez, moi, je considère que dans la mesure où des juges considèrent qu'il y a des charges qui permettent finalement de mettre sur écoute et donc des présomptions de mettre sur écoute un avocat car la loi le permet. Il n'y a pas d'impunité des avocats…
JEAN-MICHEL APHATIE
Il n'y a pas d'impunité.
ARNAUD MONTEBOURG
Si les avocats ne sont pas contents, qui sont concernés ou les écouter, les personnes écoutées ne sont pas contentes, il y a des recours !
JEAN-MICHEL APHATIE
Ca ne vous choque pas ?
ARNAUD MONTEBOURG
Bah ! C'est la loi ! Heureusement d'ailleurs ! Imaginez que les avocats ne puissent jamais faire l'objet de poursuite, de perquisition ou d'écoute, ça voudrait dire que c'est un sanctuaire ! Ce n'est pas acceptable.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est la raison de la mise sur écoute de Maître Thierry HERZOG qui suscite beaucoup de réactions.
ARNAUD MONTEBOURG
Mais ça c'est au juge d'en débattre, il y a des voies de recours…
JEAN-MICHEL APHATIE
Et de s'en expliquer.
ARNAUD MONTEBOURG
Et madame la Garde des Sceaux a parfaitement raison de dire que l'indépendance de la justice est sacrée et cela fait partie de nos principes. Et donc il n'y a pas de manipulation à accepter. Les juges font leur travail et le font en toute indépendance.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce qui monte maintenant, c'est François HOLLANDE devait être au courant de la mise sur écoute de Nicolas SARKOZY depuis un an ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ecoutez, moi, ce que je sais, c'est que dans de nombreuses affaires, madame la Garde des Sceaux, Christiane TAUBIRA n'a pas les informations. Pourquoi ? Parce que nous avons décidé de rendre les Parquets et les Procureurs indépendants. C'est un acquis démocratique.
JEAN-MICHEL APHATIE
On peut ignorer quand on est au gouvernement que l'ancien président de la République est sur écoute, on peut l'ignorer ?
ARNAUD MONTEBOURG
Mais bien entendu !
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous ne le saviez pas ?
ARNAUD MONTEBOURG
Personnellement non. Et d'ailleurs je pense, je fais tout à fait confiance aux autorités politiques membres du gouvernement pour refuser finalement d'entrer dans ce type de procédure. Parce que c'est une atteinte à l'indépendance, et c'est très embêtant.
JEAN-MICHEL APHATIE
Arnaud MONTEBOURG sera tout à l'heure à 8 heures 15 avec les auditeurs de RTL.
LAURENT BAZIN
On peut parler téléphonie pardon, on peut parler également nucléaire, évidemment si vous le souhaitez avec Arnaud MONTEBOURG, c'est le jour de la commémoration du séisme et aussi de la catastrophe de Fukushima. Vous savez que c'est un partisan du nucléaire. C'est aussi un débat qui l'intéresse.
(RTL – 8h19)
LAURENT BAZIN
Arnaud MONTEBOURG est donc votre invité ce matin, Jean-Michel APATHIE on va prendre le temps d'un petit correctif juste avant.
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui ! J'ai dit tout à l'heure dans l'interview avec Arnaud MONTEBOURG que Maître Thierry HERZOG avait été mis sur écoute dès le printemps 2013…
LAURENT BAZIN
L'avocat de Nicolas SARKOZY !
JEAN-MICHEL APHATIE
En fait il a été écouté quand il conversait avec Nicolas SARKOZY, ce qui n'est pas la même chose, il n'a pas été mis sur écoute mais il a été écouté.
LAURENT BAZIN
Précision faite. On vous écoute maintenant, au bon sens du terme. Bonjour Laurent, d'Obernai.
LAURENT, AUDITEUR D'OBERNAI
Oui ! Bonjour à tous, bonjour aux auditeurs de RTL et bonjour à monsieur le ministre.
ARNAUD MONTEBOURG
Bonjour monsieur.
LAURENT
Bonjour. Ma question est… Voilà, je suis responsable d'une agence NUMERICABLE en Alsace, et ma question est la suivante : comment vous pouvez expliquer aux auditeurs de RTL qu'il y a quelques années on a créé un quatrième opérateur – qui a d'ailleurs contribué à la baisse des prix et donc à un intérêt certain pour le consommateur – comment vous pouvez expliquer maintenant à ces auditeurs-là que vous vous voulez revenir sur un système à trois opérateurs avec donc cette situation de monopole qui peut en découdre ?
ARNAUD MONTEBOURG
Merci de votre question, monsieur. Il n'y a pas de monopole dans un retour à trois ! D'abord, tous les pays européens aujourd'hui se posent la question, pourquoi ? Parce que quatre opérateurs ce sont des opérateurs qui sont fragiles, c'est le risque de perte de contrôle du système des télécom avec un étranger qui viendrait faire son shopping en Europe et nous avons besoin que ces grandes entreprises croissent, se renforcent pour investir dans la fibre. La fibre, c'est trente milliards d'euros sur dix ans, c'est ce qui va permettre qu'en Alsace, en Bourgogne, dans les Pyrénées on soit traiter de la même manière et qu'on puisse accéder à internet – ce qui est un problème aujourd'hui puisque nous avons une fracture numérique qui empêche les citoyens d'accéder à internet – et donc de travailler au pays, comme on dit souvent.
LAURENT BAZIN
Mais, Arnaud MONTEBOURG, c'est à quel prix ? C'est… Restez-là Laurent, je ne vous chasse pas bien évidemment, mais j'ai une question SMS au 64.900 code matin de Sophie : comment pouvez-vous dire que les consommateurs ne seront pas touchés, il y aura moins de concurrence, donc il y aura des hausses de tarif ? On n'est pas idiots ! Ecrit Sophie.
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, d'abord, je crois qu'il ne faut pas considérer que quand il y a trois opérateurs il n'y a plus de concurrence, ce qui est vrai c'est que nous avons eu un phénomène d'entente – qui a été condamné par l'Autorité de la concurrence…
LAURENT BAZIN
Donc, ils peuvent s'en…
ARNAUD MONTEBOURG
Il y a eu cinq cents millions…
LAURENT BAZIN
On s'entend plus facilement à trois qu'à quatre ?
ARNAUD MONTEBOURG
Mais on peut avoir… mais on peut avoir une entente à quatre et de la concurrence saine au profit du consommateur à trois - et c'est d'ailleurs ce que pense l'Autorité de la concurrence – et pourquoi nous avons confiance dans le fait que la baisse des tarifs de 30% est un acquit irréversible pour le consommateur ? Parce que FREE est encore là et que FREE dit : « nous, on va continuer, c'est notre identité, c'est notre ADN, à lutter pour des prix bas et accéder… et permettre au consommateur d'accéder à des forfaits quand il ne veut pas payer plus cher tout simplement, il faut que le consommateur ait le choix ». Je regarde ce qui s'est passé en Autriche...
LAURENT BAZIN
Oui ! + 17%.
ARNAUD MONTEBOURG
Non ! Non, non. L'Autriche vient de passer de quatre à trois, nous avons fait étudier très précisément les choses par notre ambassade qui se trouve à Vienne, d'abord la quasi-totalité des tarifs, y compris en bas de gamme et low-cost-, sont inchangés et deux opérateurs sur trois offrent toujours des forfaits inchangés à vingt euros ; Il y a eu des hausses de deux euros, par exemple on est passés de vingt à vingt-deux euros, mais avec des augmentations de capacités.
LAURENT BAZIN
Donc, vous garantissez qu'il n'y aura pas de hausse des prix ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je ne garantis pas ! Pour une raison simple, c'est que je ne suis pas… ce n'est pas une économie administrée et les prix sont libres, mais nous avons confiance dans le fait que la concurrence à trois elle est plus de solidité et, en même temps, un acquit préservé pour les consommateurs qui ont quand même vu les prix baisser de 30%. Il n'y a pas de raison que ça remonte, pour une raison simple, c'est que les économies d'échelle vont pouvoir permettre de financer à la fois les emplois qui vont être préservés, les investissements considérables à faire et que si les prix ne baisseront plus je pense qu'ils ne remonteront plus et en Autriche ce qui s'est passé, là où il y a eu des augmentations de prix de deux euros, trois euros - n'exagérons rien – c'est en contrepartie d'une augmentation du service. Parce que qu'est-ce qu'ils veulent les consommateurs ? Ils ne veulent pas avoir des forfaits pas chers, ils veulent aussi avoir de la donnée…
LAURENT BAZIN
Du service !
ARNAUD MONTEBOURG
Et du service.
LAURENT BAZIN
Et du service, et du service…
ARNAUD MONTEBOURG
Ils veulent qu'ils puissent…
LAURENT BAZIN
C'est ce que nous disent régulièrement les auditeurs de RTL.
ARNAUD MONTEBOURG
Je voudrais juste vous donner un exemple ! A New-York.
LAURENT BAZIN
Je voudrais, moi, vous faire écouter quelqu'un…
ARNAUD MONTEBOURG
A New-York, à 19 h, quand tout le monde regarde la télévision sur internet avec Netflix, etc., eh bien vous ne pouvez plus accéder à internet, ce n‘est plus possible, pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas la fibre ! Donc, le service ça compte et les investissements sont importants.
LAURENT BAZIN
Et vous dites il faut garantir l‘emploi, on entendait ce matin sur RTL l'inquiétude de cette salariée de SFR.
SALARIEE DE SFR – EXTRAIT INTERVIEW CE MATIN SUR RTL
Forcément il y aura de la classe quoi, c'est ce qu'on pense en tant que salariés SFR, en fait on ne sait pas du tout à quelle sauce on va être mangés, on craint pour notre emploi oui.
LAURENT BAZIN
Voilà ! SFR c'est le réseau qui est à vendre, hein…
ARNAUD MONTEBOURG
Exactement !
LAURENT BAZIN
Et que BOUYGUES et NUMERICABLE sont candidats pour acheter. Vous garantissez l'emploi ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ah ! Ce n'est pas moi qui vais le garantir, parce que le gouvernement n'est pas propriétaire d'aucune de ces entreprises…
LAURENT BAZIN
Vous allez imposer une garantie d'emploi ?
ARNAUD MONTEBOURG
Mais j'ai reçu une lettre de monsieur BOUYGUES hier qui explique un certain nombre de choses : « nous nous engageons, je cite - parce qu'après tout c'est lui qui prend l'engagement…
LAURENT BAZIN
Oui ! Oui.
ARNAUD MONTEBOURG
Il ne le prend pas devant, il le prend devant les Français et donc c'est bien que sur RTL on puisse lire sa lettre – nous nous engageons à investir deux milliards d'euros sur les réseaux fixe et mobile ; nous nous engageons à augmenter les capacités d'investissement dans les nombreuses start-up du numérique ; nous nous engageons – je cite – à ne procéder à aucun licenciement collectif, plan social, plan de départ volontaire dans le cadre de cette fusion ». Donc, il y a un engagement. Ca veut dire que…
LAURENT BAZIN
Donc, pour vous, pour vous…
JEAN-MICHEL APHATIE
Ca veut dire que… (brouhaha)… dans deux ans, qui ira lui ressortir cette lettre ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, écoutez, ça lui… ce que je veux vous dire, ça lui sera opposable et le gouvernement utilisera cet engagement pour ne pas homologuer les plans sociaux qui viendraient…
LAURENT BAZIN
Donc, pour vous, il y a…
ARNAUD MONTEBOURG
Qui viendraient et les...
LAURENT BAZIN
Pour vous, il y a de la part de BOUYGUES garantie d'emplois dans la lettre qui vous est adressée…
ARNAUD MONTEBOURG
Il y a une garantie ! Et je vais vous dire pourquoi…
LAURENT BAZIN
Et que vous révélez ce matin sur RTL ?
ARNAUD MONTEBOURG
Cette proposition est crédible, c'est parce qu'il y a tellement à investir dans la fibre, dans les réseaux pour moderniser la France et l'étendre à tous les territoires de notre beau pays qu'il y a du travail pour tout le monde. Ca ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de reconversion mais ça veut dire que personne ne perdra son emploi, et je comprends les syndicats quand ils nous posent ces questions, qui posent les questions, à chaque fois qu'il y a eu des fusions acquisitions ça s'est payé par de la casse, donc là le gouvernement lui il est attentif aux consommateurs, il est attentif à l'investissement et à la modernisation de notre pays et il est attentif aux employés et aux salariés de toutes ces entreprises. Ce n'est pas acceptable dans un secteur en croissance qu'on ait des plans sociaux, j'en ai assez, j'ai déjà les secteurs qui baissent mais dans les secteurs qui montent avoir des plans sociaux c'est de la folie.
LAURENT BAZIN
Une question que posait tout à l'heure au ministre du Redressement productif Dominique, qui nous appelait de Beauvais, c'était à 7 h 20.
DOMINIQUE, AUDITEUR DE BORDEAUX – EXTRAIT INTERVIEW A 7 H 20 SUR RTL
Je fabrique exclusivement français, je n'achète que français, moi ce qui m'inquiète le plus si vous voulez c'est que je vois que j'ai des confrères qui ont licencié du personnel, font des prothèses par l'intermédiaire soit du Maroc, soit de la Chine, soit de la Turquie et autres, et, en dehors de ça, ce qui me gène le plus c'est que ces prothèses sont remboursées par la Sécu et par les mutuelles, c'est-à-dire que, à partir du moment où vous faites travailler un pays étranger - qui lui ne cotise pas pour la Sécu ou pour les mutuelles - je ne vos pas pourquoi ces prothèses seraient rembourser ?
LAURENT BAZIN
Il est prothésiste dentaire ! Est-ce que vous êtes favorable à un déremboursement partiel des prothèses qui ne seraient pas faites en France ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien nous avons d'abord une réglementation, une législation européenne qui doit traiter sur un pied d'égalité l'ensemble des offres industrielles, néanmoins ça n'empêche pas d'avoir des réflexes patriotiques, j'ai dans le projet de discuter avec l'ensemble des acheteurs publics dans les hôpitaux pour leur demander de faire évoluer leurs pratiques et il est vrai que c'est dix-huit milliards d'euros de dépenses liées à la Sécurité Sociale pour les hôpitaux et nous avons une quantité extraordinaire d'entreprises dans le domaine de la santé, très innovantes dans le domaine de l‘innovation technologique médicale, qui apportent des services considérables, qui disent : « moi je vends aux Etats Unis, au Japon, en Russie, au Brésil, partout, mais pas en France parce que la Sécurité Sociale ne veut pas », donc déjà soutenir nos pépites industrielles. Donc, ça, ça fait partie du travail que nous faisons avec Marisol TOURAINE.
LAURENT BAZIN
Dernière question de Jocelyne ! On est à quelque moins de cent jours de la COUPE DU MONDE au Brésil maintenant, bonjour Jocelyne…
JOCELYNE, AUDITRICE
Oui ! Bonjour Laurent, bonjour monsieur le ministre.
ARNAUD MONTEBOURG
Bonjour.
JOCELYNE
Monsieur le ministre, accepteriez-vous de vous faire photographier avec la tenue des joueurs de foot de la COUPE DU MONDE fabriquée à l'étranger, comme vous l'aviez fait avec la marinière d'ARMOR LUX ?
ARNAUD MONTEBOURG
Moi, je ne porte que des marinières fabriquées en France.
LAURENT BAZIN
Donc, on ne vous verra pas pendant la COUPE DU MONDE avec le maillot de l'équipe de France…
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, écoutez, je ne comprends pas…
LAURENT BAZIN
Parce qu'il est fabriqué à l'étranger ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je ne comprends pas comment on peut finalement aller faire fabriquer en Thaïlande ce qu'on fait très bien chez nous. Et je le demande, je dis… d'ailleurs ce patriotisme…
LAURENT BAZIN
Donc carton jaune à la Fédération Française de Foot ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je ne vais pas… ce n'est pas mon rôle de donner des cartons jaunes à ceux qui donnent des cartons jaunes habituellement, ce n'est pas mon rôle, mais je vais quand même dire que l'état d'esprit dans lequel nous retravaillons sur le made in France c'est de toutes les forces de la société, tout le monde s'y met, les Français dans leur vie quotidienne - à la mesure de leur moyen d'ailleurs, quand ils sont modestes ils font peu, on ne peut pas leur en vouloir d'ailleurs – les Français, quand ils ont beaucoup de moyens, ils doivent le faire - et une Fédération Française de Football a des moyens - donc moi, franchement, je ne suis pas content.
LAURENT BAZIN
Voilà Donc ce n'est pas un carton jaune mais c'est au moins un mauvais point. Merci Arnaud MONTEBOURG d'avoir répondu…
ARNAUD MONTEBOURG
Merci !
LAURENT BAZIN
Aux questions très nombreuses encore ce matin des auditeurs de RTL. Bonne journée à vous, monsieur le ministre.
ARNAUD MONTEBOURG
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 mars 2014