Déclaration de Mme Hélène Conway-Mouret, ministre des Français de l'étranger, sur les relations franco-brésiliennes, à São Paulo le 17 mars 2014.

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Circonstance : Déplacement au Brésil du 17 au 21 mars-intervention devant la communauté française, à São Paulo le 17 mars 2014

Texte intégral

Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur le Consul général,
Mesdames et Messieurs les Élus,
Mesdames, Messieurs,
Chers Compatriotes,
Chers Amis brésiliens aussi, qui sont avec nous ce soir, aux côtés de deux grands amis de la France que je vais avoir le plaisir de distinguer dans quelques minutes,
J'ai beaucoup de plaisir à être parmi vous ce soir, à São Paulo, cette ville-monde électrisante.
Il était important pour moi de venir à votre rencontre, pour un moment de convivialité qui permet d'échanger en toute simplicité. Ces moments sont privilégiés : ils permettent de mieux comprendre vos aspirations, vos besoins. Car il est de la responsabilité de la France d'accompagner tous ceux qui font le choix de s'établir à l'étranger.
Plus de 10.000 Français sont inscrits dans la circonscription consulaire de São Paulo. Vous avez chacun vos parcours, vos métiers. Les raisons qui vous ont conduits au Brésil sont aussi diverses que vos trajectoires : elles sont professionnelles, familiales, touristiques, parfois même sentimentales.
Mais il y a deux choses au moins que vous avez en partage, et qui vous rassemblent par-delà la singularité de vos chemins.
La première, c'est l'amour du Brésil, ce pays de tous les superlatifs, si grand qu'il a l'immensité pour horizon, si richement doté par la nature que les Brésiliens ont peut-être raison quand ils affirment que Dieu est brésilien.
Georges Bernanos n'était pas loin de le croire lui-même dans Brésil, terre d'amitié : «Je ne voudrais pas dire de banalités sur le Brésil. L'admiration a ses raisons, mais non pas l'amour. J'ai aimé votre pays dès le premier regard que j'ai porté sur lui, par une radieuse matinée du mois d'août dernier, le jour de la Saint-Dominique. Depuis, il ne m'a pas déçu. Je suis sûr qu'il ne me décevra jamais».
L'histoire lui a donné et vous a donné raison : que de chemin parcouru depuis la fin de la dictature, de l'hyperinflation, des crises économiques et institutionnelles. Par l'énergie des Brésiliens, par leur optimisme et leur confiance en la démocratie, par le volontarisme aussi d'un homme d'État visionnaire - je pense bien évidemment au président Lula -, le pays est à la hauteur de ses promesses.
Bien sûr, d'immenses défis demeurent, logistiques, sociaux, économiques. Mais le Brésil, sûr de sa force et de son potentiel, peut regarder l'avenir avec confiance.
Très tôt, la France, les Français, nos entreprises ont cru dans ce pays.
Des intellectuels français comme Claude Lévi-Strauss ou Roger Bastide ont considérablement influencé l'Université brésilienne. Au point que la France demeure aujourd'hui encore le premier partenaire de l'Université de São Paulo, et que notre pays accueille la 2ème communauté d'étudiants brésiliens hors du Brésil.
Nos entreprises - je salue leurs dirigeants, cadres et salariés présents ce soir - ont été parmi les premières à investir et créer des emplois. D'autres ont suivi, au point qu'elles sont aujourd'hui plus de 600 dans tout le pays, dont 350 ici à São Paulo, qui emploient plus de 550.000 Brésiliens.
Nos investissements au Brésil sont équivalents à la somme cumulée de nos investissements dans trois autres BRIC incontournables: Chine, Inde et Russie. C'est dire l'importance du Brésil pour la France. C'est dire aussi la nature particulière de notre relation.
C'est ce qui donne tout son sens et sa dimension authentiquement stratégique au partenariat qui lie nos deux pays depuis 2006. C'est ce partenariat que le président de la République est venu renforcer lors de sa visite d'État. L'importance des accords et des contrats signés à cette occasion montre qu'il existe entre la France et le Brésil une volonté commune: celle d'être l'un pour l'autre un partenaire privilégié.
Cette volonté existe aussi au niveau des États de la Fédération. Dans celui de São Paulo en particulier, le plus riche et le plus peuplé du Brésil, avec lequel la France a institutionnalisé ses relations. La première réunion France - État de São Paulo a eu lieu, avec succès, il y a quelques jours à peine.
Mes Chers Compatriotes,
Avec l'amour du Brésil, une autre chose vous rassemble : c'est l'amour de la France. Certains prétendent que la distance distend les sentiments. Je crois au contraire, s'agissant de son pays, qu'on l'aime d'autant plus qu'on en est loin.
Pour sa part, la France n'a jamais été aussi proche et à l'écoute de ses compatriotes établis à l'étranger. Cela participe d'une conviction forte, partagée par le président de la République, le Premier ministre, le ministre des affaires étrangères : dans un monde global, les Français de l'étranger délimitent les nouvelles frontières de la France. À travers eux, nos intérêts, notre culture, nos valeurs sont portées et défendues. Il s'agit là d'ouverture, de tolérance et un sens achevé du partage pour pouvoir se rendre attractif, à l'échelle individuelle comme à l'échelle collective.
De ce point de vue, les Français du Brésil ont admirablement montré le chemin.
Vous êtes une communauté particulièrement bien intégrée, et il est de notre responsabilité, il est de ma responsabilité, de faciliter encore plus votre intégration, tout en conservant votre attachement à la France.
Je pourrais évoquer nos efforts en matière de simplification administrative, de modernisation consulaire, de sécurité. À l'approche de la coupe du monde, cette dernière question se pose d'ailleurs avec une acuité particulière. J'ai rencontré aujourd'hui les autorités brésiliennes compétentes pour m'assurer que toutes les mesures seront prises pour assurer la sécurité de nos concitoyens pendant le Mondial. L'ambassade, les consulats seront mobilisés : je souhaite du fond du coeur remercier tous les agents ainsi que nos consuls honoraires dans les villes-match pour leur implication et leur dévouement.
Réfléchir au moyen de bien accompagner les Français de l'étranger amène naturellement à la question de l'éducation. Vous le savez, il nous tient à coeur d'offrir aux jeunes Français, mais aussi aux jeunes Brésiliens, un enseignement français d'excellence.
Au risque de le rendre victime de son succès. Nous veillons à ce que cela ne soit pas le cas au Lycée Pasteur, et étudions actuellement plusieurs options pour accroître les capacités d'accueil. J'en parlerai demain avec Gilberto Kassab, le président de la Fondation Pasteur, et tous les acteurs de notre lycée.
L'accompagnement des Français expatriés s'exerce aussi sur un plan social. Avec le soutien de nos entreprises et le travail de terrain de nos associations, comme l'association française de Bienfaisance - 14 juillet, l'association française de solidarité, dont je salue le dévouement exemplaire, mais aussi São Paulo-accueil, qui accompagne nos compatriotes dans leur démarches souvent complexes d'installation, il n'est guère de Français de São Paulo qui puisse se sentir délaissé et isolé.
À cet égard, je souhaite vous rappeler que les élections consulaires se tiendront le 25 mai. Vous élirez à cette occasion des conseillers consulaires, qui seront vos représentants et vos relais auprès des services de l'administration française dans votre circonscription.
Cette élection se tiendra le jour même des élections européennes : deux échéances qui influeront sur votre quotidien de Français expatrié et d'Européen. Ce sont des élections importantes, ne les négligez pas ! D'autant qu'il sera possible de voter de manière simplifiée, par voie électronique.
Exercer sa citoyenneté loin de la France, c'est une façon supplémentaire de se revendiquer Français, avec tout ce que cela appelle d'exemplarité en matière de droits et de devoirs.
À l'heure où le gouvernement est engagé dans un effort de redressement sans précédent, il est important à mes yeux de mentionner le soutien que notre pays apporte à ses entreprises, à ses investisseurs désireux de s'implanter au Brésil.
Je pense bien évidemment à l'action d'Ubifrance, d'Atout France, à l'Agence française pour les investissements internationaux, à l'AFD, à l'action de notre ambassade et de nos consulats généraux : chaque jour, tous oeuvrent à rendre nos entreprises plus prospères, plus compétitives. Ils contribuent aussi à attirer en France toujours plus de Brésiliens, entrepreneurs, investisseurs, chercheurs, touristes.
J'ai reçu tout à l'heure plusieurs entrepreneurs et acteurs économiques français installés au Brésil. Nous avons examiné ensemble les moyens de rendre la France plus attractive encore. Il est en effet essentiel, par tous les canaux dont la France dispose, de mieux valoriser nos atouts.
L'attractivité de la France ne saurait toutefois être tenue pour une seule équation économique. Pour se rendre attractive, la France doit pouvoir aussi compter sur la vitalité de sa culture, sur le rayonnement de ses idées.
Ce n'est pas le personnel des Alliances françaises qui me démentira, ni celui du réseau d'enseignement ou des services culturels. Tous, soyez remerciés pour le travail essentiel que vous accomplissez. L'intérêt des Brésiliens pour votre travail donnent la mesure de sa valeur.
Mes Amis,
En France, tout ce qui vient du Brésil suscite curiosité et engouement ; au Brésil, rien de ce qui est français ne laisse indifférent. La France attire. Pour l'image qu'elle véhicule, pour le patrimoine dont elle est l'héritière, pour le message qu'elle porte, d'ouverture et de tolérance. Mais chaque jour davantage, la France séduit aussi pour sa créativité, pour sa capacité à innover et à partager tout cela avec les Brésiliens.
Ce pouvoir d'attraction, chacun de vous en est le dépositaire. Vous en êtes les artisans et les promoteurs. Le succès de la France au Brésil, c'est avant tout à vous, Français du Brésil, que la France le doit.
Elle le doit aussi aux Brésiliens qui aiment notre pays. À ceux dont le parcours a été tracé, conçu dans une relation étroite avec la France. Je suis très heureuse d'en distinguer deux ce soir, MM. Roberto Lima et Welber Barral.
Mais avant de les inviter à me rejoindre, je ne peux résister au plaisir de convoquer l'esprit et le verbe de Jorge Amado, à travers qui nombre de Français ont découvert le Brésil. Dans Tereza Batista, l'écrivain fait dire à l'un de ces personnages : «Une conversation, pour être complète et bonne, doit être accompagnée de quelque chose à manger et à boire».
Je vois qu'un buffet a été préparé : j'en déduis que notre rencontre fut bel et bien ce moment privilégié que nous escomptions tous.
Je vous remercie, et prie donc MM. Lima et Barral de venir à mes côtés.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 mars 2014