Texte intégral
« Madame la Ministre, chère Aurélie,
Madame la Sénatrice, Messieurs les Sénateurs,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Président du Conseil d'Administration, mon général,
Monsieur le directeur général de la Mission du Centenaire, cher Joseph Zimet,
Monsieur le Professeur, cher Antoine Prost,
Chers amis,
Permettez-moi pour commencer de remercier Aurélie Filippetti d'avoir bien voulu nous accueillir aujourd'hui. Il est important que la mission du Centenaire, qui associe - cette assemblée en témoigne -, une variété d'acteurs considérable au service des commémorations de l'année 2014, puisse démontrer également son caractère interministériel. C'est bien, du côté de l'Etat, l'ensemble des ministres concernés par les commémorations, qui sont mobilisés. Et le fait que la ministre de la culture nous reçoive rue de Valois en est le témoignage.
Aurélie Filippetti a présenté ce qu'est l'implication du ministère de la Culture et des acteurs du monde culturel dans ces commémorations. Je ne vais donc pas y revenir en détail, si ce n'est pour dire que le vecteur des actions culturelles est par construction l'un de nos principaux outils pour faire vivre ces commémorations. Et lorsqu'on parle de culture, on en parle au sens le plus large qui soit, Madame la ministre.
Ce soir par exemple, France 2 diffusera le premier épisode d'Apocalypse, un documentaire en six parties qui constituera sans conteste un moment fort de cette année du Centenaire pour le grand public français, en offrant à nos concitoyens une analyse précise, documentée, sans concessions, de l'engrenage qui conduisit à la Première guerre mondiale, puis de son déroulement, des épreuves et des transformation qui y sont liées. Lundi prochain, nous serons ensemble Madame la Ministre, avec Jean-Yves Le Drian, à la Bibliothèque Nationale de France, pour l'inauguration d'une exposition qui fera date : « Eté 14 les derniers jours de l'ancien monde », qui nous permettra de toucher du doigt cette troublante sérénité d'une Europe au bord de l'abîme, au premier semestre 1914, mais aussi la rapidité de l'engrenage qui conduisit à la guerre, augmentée par l'aveuglement de certains et que la lucidité des autres ne permis pas d'arrêter.
Je pense ici à Jean Jaurès que nous aurons à cur d'honorer aussi en 2014, et cela a commencé par une belle exposition aux Archives nationales, soutenue par la Mission du Centenaire, et à travers elle par nous tous.
Je pense aussi, Madame la Secrétaire générale adjointe du ministère des Affaires étrangères, aux diplomates qui furent nombreux à l'été 14 à entrevoir que la mécanique infernale qui s'était mise en place conduirait à la guerre, malgré leurs tentatives. Ainsi Jules Cambon, Ambassadeur à Berlin, prévient-il en juillet que la France sera attaquée la première. Ainsi Alfred Dumaine à Vienne rend-il compte de l'état d'esprit du pouvoir austro-hongrois.
A ces grands formats culturels nationaux, aux grandes cérémonies de l'été et de l'automne 14, dont vous connaissez la liste et sur lesquels nous entrerons plus en détail dans un instant, le Gouvernement a souhaité également associer l'ensemble du territoire, et l'ensemble de la société française, dans sa diversité.
Vous savez que c'est un thème qui me tient à cur, et que c'est en particulier la raison pour laquelle j'ai voulu associer aussi étroitement que possible le monde du sport à nos actions : une première convention signée avec la Fédération Française de Rugby a conduit à une série d'actions spectaculaires comme cette minute de silence émouvante, du Stade de France dans son ensemble, en mémoire des soldats français et néo-zélandais tombés pendant la Première guerre mondiale. Nous travaillons également avec la Fédération Française de Tennis, autour de la figure de Roland Garros, avec l'UEFA de Michel Platini pour commémorer les matchs de Noël 14, qui virent fraterniser les soldats allemands, britanniques, belges et français.
Ce maillage est donc social j'y reviendrai mais aussi territorial. J'ai été frappé, je dois le dire, de l'enthousiasme des maires, à l'occasion du dernier congrès de l'Association des Maires de France, pour cette histoire qu'ils savent ancrée dans chaque commune de France. Je sais que les Départements sont mobilisés autour de la question chère à Aurélie Filippetti de la numérisation et de l'indexation des fiches signalétiques de l'ensemble des poilus de la Première guerre mondiale.
Enfin, la mission du Centenaire a travaillé au concept de lancements régionaux des commémorations. J'ai pu mesurer en Bretagne, en Midi-Pyrénées et bientôt dans le Nord-Pas-de-Calais et en Aquitaine la forte mobilisation de l'ensemble de nos concitoyens, et tout particulièrement de la jeunesse.
Permettez-moi de m'y attarder un instant. Ces commémorations ne seront réellement un succès que si elles permettent la mobilisation de tous, et en particulier de la jeunesse française, dans toute sa diversité. Elle est au rendez-vous. J'ai vu à Toulouse les jeunes d'un EREA, un Etablissement Régional d'Enseignement Adapté, réaliser un beau projet avec de jeunes belges et de jeunes italiens.
Je vois dans les listes de projets labellisés que nombreux sont les lycées professionnels à s'être approprié ces commémorations. Ce sont des choses importantes. Nous avons donc une occasion de faire de ces commémorations un moment de transmission, de partage, de cohésion.
Nous avons pour cela des interlocuteurs. Par exemple, François Chérèque et moi-même sommes convenus il y a quelques jours que l'Agence du Service Civique et la mission du centenaire travailleraient main dans la main pour permettre aux jeunes du service civique d'être des acteurs de ces commémorations.
Cette question de la cohésion nationale, autour des valeurs républicaines, elle me tient vous le savez particulièrement à cur. A cet instant, je voudrais que nous ayons une pensée pour un homme que nous connaissions tous, et qui vient de s'éteindre. Marc Blondel avait consacré les dernières années de sa vie à la cause des fusillés de 14-18 qu'il aurait voulu voir tous réhabilités, vous le savez. Vous savez aussi que nous n'étions pas tous nécessairement d'accord pour le suivre dans cette voie. Nous devons néanmoins, je crois, rendre hommage à un homme de conviction, qui défendait sa cause avec passion, avec culture, et avec respect.
Cette question de la cohésion républicaine, elle concerne deux sujets spécifiques, que vous connaissez, et sur lesquels nous avons agi avec le plein appui du président de la République. Il y a d'abord la question des femmes. Le 8 mars dernier, le chef de l'Etat a ainsi voulu un évènement, à l'Elysée, consacré à la mémoire des femmes dans la Grande guerre. Nous avons,au ministère de la Défense, multiplié les supports culturels sur cette thématique essentielle, avec en particulier la réédition d'un ouvrage remarquable « Françaises en guerre », qui constitue une référence.
Un autre sujet m'est particulièrement cher, celui de la reconnaissance de la diversité des contributions à la victoire de la République en 1918, comme à la restauration de la France en 1945. Le président de la République a bien voulu inaugurer le 18 février dernier un mémorial consacré aux soldats musulmans tombés pendant les deux guerres mondiales. Le ministère de la défense, l'office national des anciens combattants et la mission du Centenaire continueront pour leur part à soutenir les multiples initiatives qui ont vu le jour pour faire droit à cette mémoire.
Reconnaître ces apports multiples, c'est aussi reconnaître le rôle de nos alliés d'une part, et constater, pour nous en réjouir, le chemin que nous avons parcouru en termes de réconciliation, notamment sur le continent européen. Je serai dans quelques jours à Bruxelles pour des entretiens tant avec nos amis Belges qu'avec les institutions européennes intéressées par cette échéance majeure qu'est le Centenaire. A cet égard, je me réjouis que chacun des grands formats du second semestre 2014 ait un fort contenu international. Cela fait bien sûr sens, puisque c'est une guerre mondiale que nous commémorons, le Professeur Antoine Prost a eu l'occasion de nous le dire. Entre 70 et 80 pays défileront le 14 juillet prochain sur les Champs Elysées, ce sera un moment très fort. Parmi ces pays, certains viendront pour la première fois.
Je pense à l'Algérie, dont le Premier ministre m'a confirmé il y a quelques jours seulement que son pays serait bien présent à au défilé. Le 3 août sera une occasion pour parler du couple franco-allemand, le 12 septembre pour rendre un hommage, pas exclusif mais important à cette relation très spécifique qui nous unit depuis plus d'un siècle au Royaume-Uni.
Royaume-Uni dont la Reine a choisi de faire d'un autre temps fort mémoriel, le 6 juin prochain, le centre de sa visite d'Etat en France. C'est dire si ces questions de mémoire sont des questions profondes, qui touchent à l'amitié, aux relations entre nations. Le 11 novembre enfin l'hommage aux morts sera par définition international, avec cette idée magnifique d'un mur ne distinguant pas les soldats tombés par leur nationalité, leur grade ou leur origine.
Chers amis, cette Assemblée générale et ce Conseil d'Administration sont les premiers de l'année 2014. Ce qui nous attend est tout à fait considérable. Nous avons je crois collectivement réussi le lancement de ces commémorations à la fin de l'année 2013 et je compte sur chacun d'entre vous pour que ce qui a été bien commencé s'achève en un grand succès, que notre pays mérite. Dans ces temps de confusion, où certains croient devoir donner à la notion de patriotisme une tournure qui exclut, qui rejette, qui abaisse, je veux rappeler les mots simples de Romain Gary : « le patriotisme,c'est l'amour des siens, le nationalisme c'est la haine des autres ». Nous avons en cette année 2014, une belle occasion d'être de vrais patriotes. Je vous remercie ».
source http://www.defense.gouv.fr, le 19 mars 2014