Texte intégral
La crise que traverse le continent européen est la plus grave depuis la fin de la guerre froide. L'occupation militaire de la Russie en Crimée menace les fondements de la paix et de la sécurité en Europe. L'annexion de ce territoire ukrainien est totalement contraire à l'Acte final d'Helsinki signé en 1975, au mémorandum de Budapest datant de 1994 et aux principes de toutes les organisations européennes dont la Russie est membre : Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, Conseil de l'Europe. Je veux redire ici combien la France, comme l'ensemble de l'Europe, juge inacceptable l'agression d'un territoire européen souverain par la Russie.
Je viens porter ici à Tallinn le message de solidarité et de fermeté de la France : la Russie ne peut attendre de notre part aucune reconnaissance de l'annexion de la Crimée. Avec mon homologue, nous tenons un langage de fermeté et nous voulons favoriser le dialogue pour permettre la désescalade de cette crise. A ce titre, nous soutenons les initiatives responsables du gouvernement ukrainien de ArseniIat seniouk pour garantir la pluralité de la société ukrainienne et la transition vers l'élection présidentielle du 25 mai. La France a activement contribué à éviter un conflit armé en Ukraine, par l'accord du 21 février, et continue de rechercher une solution dans tous les forums européens et internationaux.
Nous devons limiter les conséquences néfastes de cette crise sur la scène internationale. Nous devons être attentifs à ne pas enclencher une dynamique dont personne ne maîtriserait les enchaînements et les dérapages. Cela passe par le régime de sanction européen contre la Russie.
Je viens également porter un message de solidarité active et concrète à nos alliés et partenaires européens. La sécurité de l'Europe est notre bien le plus cher. La France est aux côtés de ses alliés. Je rappelle notre attachement à la défense collective de l'Alliance atlantique et à l'article 5. La solidarité au sein de l'Alliance repose sur cet engagement : une solidarité des 28 envers les 28.
Cette solidarité active s'est notamment illustrée par l'exercice OTAN Steadfast Jazz dont la France a été le premier contributeur avec 1200 militaires impliqués. Je m'étais moi-même rendu en Pologne à cette occasion, en octobre dernier.
Le Président de la République française m'a demandé de venir réaffirmer notre engagement aux côtés des Etats baltes et de la Pologne. C'est la raison de mon déplacement aujourd'hui en Estonie, en Lituanie et en Pologne. J'aurai très rapidement un contact avec mon homologue letton.
Cet engagement concerne la mission de l'OTAN de police du ciel dans les pays baltes, mission que la France a déjà assurée à quatre reprises. La France est, après l'Allemagne, le pays qui a le plus contribué à cette mission depuis 2004.
La France entend l'appel de ses Alliés. J'ai indiqué à mon ami et homologue que la France était disponible pour renforcer la mission de police du ciel dans les Etats baltes, si la décision en était prise, par l'envoi de quatre avions de chasse de l'armée de l'air française. La France entend ainsi marquer,concrètement, son engagement au profit de la sécurité européenne.
Ces mesures de réassurance militaire concernent également notre disponibilité pour participer aux missions de contrôle et de surveillance des espaces aériens alliés proches de la zone de crise, ainsi qu'au recueil de renseignement. Nous pouvons ainsi réaliser des vols réguliers d'avions AWACS français au-dessus de la Pologne et de la Roumanie à partir de leur base de métropole d'Avord.
La valeur des engagements politiques et l'intensité de notre solidarité se mesurent lors des périodes de crise.
J'ai également proposé à mon homologue et ami Urmas Reinsalu que la France assiste l'Estonie à titre bilatéral en matière de cyber défense. Ce soutien se fera dans le cadre du centre d'excellence de l'OTAN à Tallinn. Une feuille de route a été signée en décembre dernier entre nos deux ministères. Je veux ainsi souligner la relation de confiance que nouent nos deux pays dans ce domaine stratégique.
Cela se traduira notamment par l'échange d'informations et par d'autres actions que nous ne pouvons pas indiquer publiquement. Au moment où la menace cybernétique s'accentue, le Président François Hollande a voulu témoigner de la solidarité de la France envers ses alliés.
Je veux également remercier le gouvernement estonien pour sa contribution significative à la génération de force de l'opération EUFOR RCA, prochainement lancée en République centrafricaine pour contribuer à la sécurité de ce pays qui a failli basculer.
La sécurité au cur du continent africain concerne l'Europe. Alors que nous subissons une crise menaçante pour la sécurité européenne, je me réjouis de trouver en l'Estonie un partenaire de confiance. Aujourd'hui, je veux redire que ce qui se passe aux frontières de la Pologne et des pays baltes est un enjeu de sécurité pour l'ensemble de l'Europe. La solidarité des Européens doit être au rendez-vous. C'est le sens de ma présence aujourd'hui.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 25 mars 2014