Interview de M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du gouvernement à "Europe 1" le 3 avril 2014, sur le remaniement ministériel.

Prononcé le

Média : Europe 1

Texte intégral

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui Stéphane LE FOLL avec une responsabilité politique élargie. Bienvenue.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et bonjour. François HOLLANDE et Manuel VALLS ont donc remanié. Qu'est-ce qu'ils sont changé ?
STEPHANE LE FOLL
Il y a un changement de Premier ministre, vous l'avez dit vous-mêmes. Ce qui est déjà un signal important, et je tiens à saluer tout le travail qui a été fait par Jean-Marc AYRAULT. Et puis il y avait ce débat sur le nombre de ministres, aujourd'hui on a un gouvernement qui est compact, 16 ministres. Je crois que c'est pratiquement l'un des plus resserré de l'histoire. Donc compacte pour faire en sorte que l'action qui soit menée soit centrée sur les grands sujets qui concernent les Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors continuité dit Manuel VALLS hier sur TF1. Continuité avec le gouvernement qui a fait perdre 155 villes, eh bien ça fait peur ça ?
STEPHANE LE FOLL
On a perdu les Municipales, mais on avait même connu une défaite extrêmement sévère. On sait que dans cette défaite il y a des messages qui ont été passés par les Français. Et à la question du redressement d'un grand pays comme le nôtre, on a trop oublié le mot justice et justice sociale en particulier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce que vous croyez…
STEPHANE LE FOLL
Et dans le pacte de responsabilité il faut maintenant qu'il y ait des mesures qui puissent s'adresser en particulier sur le pouvoir d'achat aux couches et aux salariés de France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien, mais est-ce que vous êtes sûr, Stéphane LE FOLL que ce gouvernement nouveau mais pas tout à fait neuf correspond à l'abstention et au vote des deux dimanches.
STEPHANE LE FOLL
Je suis sûr d'une chose Jean-Pierre ELKABBACH que ce n'est pas un remaniement qui va répondre à la question posée par l'ampleur de l'abstention de dimanche dernier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et qui redonne confiance.
STEPHANE LE FOLL
C'est nécessaire parce qu'il faut qu'on redonne confiance.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, par exemple vous répétez à peu près tous, et hier Manuel VALLS : voici un gouvernement de combat. Pourquoi le précédent, c'était un gouvernement de laxistes amateurs, endormis, pourquoi ? Ou est-ce que c'est un nostra culpa ?
STEPHANE LE FOLL
Alors il n'y avait pas d'endormis, très beau mot ce matin de Jean-Pierre ELKABBACH je note, il n'y avait pas d'endormis avant. Il y avait, quand on arrive, beaucoup de choses qui ont été engagées. Le fait qu'il y ait un certain nombre de ministres, qu'il y a eu beaucoup de lois. On a couvert un champ qui était très large, de l'économique, du social, du sociétal. Aujourd'hui la nécessité, je l'ai dit au travers de ce gouvernement de compact comme l'a dit Manuel VALLS hier et de combat comme le souhaite le président de la République, c'est d'essayer d'aller à l'essentiel : l'économique, le social, le redressement et les résultats, parce que c'est cela le vrai enjeu, la vraie question : est-ce qu'il y aura de la confiance pour avoir de la croissance ? Eh bien il faut qu'on redonne de la confiance pour avoir la croissance.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Eh bien on va voir comment. Mais par exemple mardi, dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre est-ce qu'il va dire enfin le contenu des deux pactes de responsabilité et de solidarité, et d'autre part il va dire ce que représente les 50 milliards d'économies en trois ans. Il va le dire ça ?
STEPHANE LE FOLL
Dans son discours de politique générale il y a l'application de la feuille de route qui a été tracée par le président de la République donc ça sera la déclinaison des grands objectifs et dans ces grands objectifs il y a le pacte de responsabilité et avec son versus solidarité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le président de la République a fait entrer la garde fidèle de François HOLLANDE dans le gouvernement. Le Premier ministre lui une poignée d'amis. Est-ce que Manuel VALLS et comme dit LE POINT d'aujourd'hui co-président ou est-ce qu'il est captif des hollandais ?
STEPHANE LE FOLL
Manuel VALLS, je suis aussi là pour rappeler un certain nombre de choses, a été un des acteurs majeurs de la campagne présidentielle. Et on était ensemble, donc ça fait déjà longtemps que ses idées qui consistent à essayer de faire des classements ou de garder des histoires sont dépassés. La seule mission, le seul enjeu c'est réussir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, non mais il est peu prisonnier de vous tous là qui vous réunissez de temps en temps quand ça va mal les hollandais ?
STEPHANE LE FOLL
Mais Jean-Pierre ELKABBACH vous connaissez bien Manuel VALLS, même en le disant vous souriez, je le dis pour les auditeurs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais donc vous ne croyez pas…
THOMAS SOTTO
Qui peuvent vous voir sur europe1.fr.
STEPHANE LE FOLL
Et qui peuvent nous voir sur europe.fr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous ne croyez pas qu'il sera coprésident ? Il y a un président et un…
STEPHANE LE FOLL
Il y a un président et un Premier ministre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La presse ici et à l'étranger se lance dans un début de « valsamania », je ne sais pas comment le dire. François HOLLANDE est-ce qu'il va en prendre ombrage qu'on parle tellement, bientôt de Manuel VALLS ou est-ce qu'il va récolter la distance et la hauteur pour la fonction présidentielle ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense que François HOLLANDE est président de la République, il a nommé un Premier ministre qui, je le disais…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais il va lui donner l'oxygène parce qu'il va s'occuper d'autres problèmes, d'au-dessus, des problèmes…
STEPHANE LE FOLL
Il y a suffisamment de problèmes, on l'a vu encore hier avec les relations Europe – Afrique. Et Manuel VALLS, comme il l'a dit, il y a cette énergie qu'il va mettre, que nous allons mettre au service de la confiance.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors un certain nombre de questions très précises, Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Allez-y !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourquoi la santé qui concerne des millions de Français n'est pas placée sous l'autorité d'un ministre plein, un.
STEPHANE LE FOLL
Parce que l'ensemble des affaires sociales dans lequel la santé est pleinement l'enjeu…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais il y en aura un…
STEPHANE LE FOLL
Il y aura surement à mettre en place bien sûr quelqu'un de spécifiquement attaché à cette question-là. Je le rappelle Marisol TOURAINE avait dans ses compétences la santé, elle les a.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le gouvernement VALLS reviendra-t-il sur la réforme des rythmes scolaires ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne crois pas, les rythmes scolaires ça fait partie de l'enjeu qui consiste à dire plus de temps à l'école pour apprendre. C'est la meilleure des solutions pour réussir ensuite.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A qui Bercy, MONTEBOURG ou SAPIN ?
STEPHANE LE FOLL
Ca c'est une, il faudrait regarder justement si vous parlez de la presse internationale en Allemagne aujourd'hui il y a un ministre de l'Economie, un ministre des finances.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui.
STEPHANE LE FOLL
Donc l'idée…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais là-bas ils s'entendent !
STEPHANE LE FOLL
Mais pourquoi vous ne vouliez pas qu'Arnaud MONTEBOURG et Michel SAPIN ne s'entendent pas. Je pars du principe qu'aujourd'hui il y avait 7 ministres avant, on a suffisamment entendu que c'était trop il y a en deux et on trouve toujours des choses à dire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous leur demandez de s'entendre pour éviter les couacs, les bévues, les coups tordus sinon la fessée, c'est ça ?
STEPHANE LE FOLL
Il faut s'entendre parce qu'il faut réussir, je crois que tout le monde y a intérêt.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A qui le commerce extérieur, MONTEBOURG ou FABIUS ?
STEPHANE LE FOLL
Ben écoutez, moi je ne vois pas commenter tout ça. La seule chose que je sais c'est que le commerce extérieur c'est un enjeu. Je l'ai vu moi pour ce qui concerne l'agroalimentaire. Alors c'est du domaine de l'international, maintenant.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Monsieur le porte-parole, à qui les transports ?
STEPHANE LE FOLL
Là il y avait dans la précédente organisation, écologie, énergie, transport. Mais Jean-Pierre ELKABBACH on va se parler tranquillement, il y a une semaine avant la désignation des secrétaires d'Etat, donc le porte-parole il n'est pas là pour vous donner déjà, je sais votre impatience, je la connais. Mais moi je n'ai pas les informations qui concernent les gens…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, pas tout, pas tout.
STEPHANE LE FOLL
Ben non.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous arrivez, c'est la première…
STEPHANE LE FOLL
J'arrive, on est jeudi matin. Je crois qu'on a été désigné hier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Déclaration.
STEPHANE LE FOLL
Voilà.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourquoi il faut faire confiance dans les compétences, l'énergie, la capacité de Ségolène ROYAL, elle peut imposer une vraie stratégie verte ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense qu'elle a déjà montré, je le sais au niveau de sa région et dans les engagements qui ont été les siens, même au moment où elle était candidate à la présidentielle qu'elle avait une fibre sur les grandes questions posées par l'écologie et l'énergie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc on peut faire de l'écologie sans le petit parti écologiste ?
STEPHANE LE FOLL
On doit faire de l'écologie sans le petit, vous dites, Europe Ecologie les Verts, on doit, parce que c'est une nécessité. La question du réchauffement climatique elle est posée pour tout le monde.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
L'objectif des 3% date de 1992 pour l'Europe, vous êtes, je veux dire en forme, pas fatigué par tout ce que vous avez vécu, non ?
STEPHANE LE FOLL
Moi ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui.
STEPHANE LE FOLL
Tout à fait, déterminé.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En 22 ans…
STEPHANE LE FOLL
Comme je le suis toujours.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
L'Europe et les 3%, en 22 ans la population de la France a gagné 9 millions d'habitants, traversée une crise mondiale, découvert les pays émergeants. La commission est passée de 17 à 28 et on en est toujours aux 3% de guillotine ; est-ce que votre gouvernement va essayer de les réajuster, de se battre s'il le faut pour les adapter ?
STEPHANE LE FOLL
François HOLLANDE dans son allocution a bien précisé que l'enjeu aujourd'hui à l'échelle européenne comme pour la France c'est la croissance. Et en même temps le sérieux budgétaire parce qu'on ne peut pas laisser penser qu'en laissant filer les déficits on réglerait le problème ni de la confiance ni de la croissance.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non vous iriez jusqu'à la confrontation ?
STEPHANE LE FOLL
On a à réaffirmer un choix simple pour que l'Europe sorte et des déficits et de l'endettement, il faut retrouver de la croissance et de la confiance.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous voulez le faire avant les élections européennes du 25 mai pour éviter la victoire des extrêmes de droite et de gauche et surtout la montée du populisme.
STEPHANE LE FOLL
Il faut le faire avec un enjeu, une idée, une ambition pour la France et pour l'Europe.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dernière question, est-ce que les principes sont les mêmes pour tous, le non cumul. Ségolène ROYAL peut-elle rester vice-présidente de la Banque d'Investissement et présidente de la région Poitou-Charentes ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense que les principes ont été énoncés et donc il faut que tout cela se mette en place.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc qu'elle renonce à la région Poitou-Charentes.
STEPHANE LE FOLL
Je vais répéter ce que je viens de dire, il y a des principes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien, merci…
THOMAS SOTTO
Merci.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour cette première déclaration du nouveau porte-parole du gouvernement, merci.
THOMAS SOTTO
J'ai une petite question pour vous, je ne sais pas si vous avez entendu tout à l'heure avec Dany COHN-BENDIT on parlait de Fleur PELLERIN qui va être nommée semble t-il secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, au tourisme et aux affaires européennes, et Dany s'étranglait un peu en disant que les affaires européennes ça mériterait un portefeuille, elles soient seules.
STEPHANE LE FOLL
Je pense que les affaires européennes méritent en tout cas qu'un gouvernement, un président de la République, un Premier ministre, un gouvernement dans son ensemble soit effectivement préoccupé par l'ensemble des questions européennes. Le ministre de l'Agriculture, je le dis au passage, il est très européen.
THOMAS SOTTO
Mais c'est un peu disparate là, oui ! Ca fait il me reste 200 grammes, je vous le mets quand même, non.
STEPHANE LE FOLL
Comment vous avez dit ?
THOMAS SOTTO
Il m'en reste 200 grammes je vous le mets quand même.
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est pas bien de dire les choses comme ça, l'Europe c'est très important.
THOMAS SOTTO
Non, non mais sérieusement. Oui mais si c'est très important ça ne mérite pas un portefeuille ?
STEPHANE LE FOLL
Oui mais ça vous êtes en train de me dire, vous avez une, je ne sais pas, c'est Dany COHN-BENDIT qui a dit ça ce matin.
THOMAS SOTTO
Oui, oui.
STEPHANE LE FOLL
Mais je sais que sur cette question au niveau européen l'engagement de tous doit être celui de chacun des ministres.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous voulez dire c'est ce qu'est en train de dire à Bruxelles puisqu'il n'est pas revenu à notre connaissance François HOLLANDE puisqu'il y ait, l'Europe…
STEPHANE LE FOLL
Il est encore à Bruxelles, il y avait un sommet…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
L'Europe, l'Europe.
STEPHANE LE FOLL
L'Europe, non pas l'Europe, l'Europe. C'est l'Europe tout simplement.
THOMAS SOTTO
Merci beaucoup Stéphane LE FOLL d'être venu…
STEPHANE LE FOLL
Et concrètement.
THOMAS SOTTO
Ce matin sur EUROPE 1. Merci à vous et bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 avril 2014