Texte intégral
PATRICK COHEN
Bonjour, Michel SAPIN.
MICHEL SAPIN
Bonjour.
PATRICK COHEN
Vous venez d'être nommé ministre des Finances et des Comptes publics. D'abord on va chercher à comprendre qui fait quoi dans ce gouvernement. Vous allez prendre possession de votre nouveau bureau ce matin, qui sera le patron de Bercy ?
MICHEL SAPIN
C'est la mauvaise question !
PATRICK COHEN
Ah désolé ! C'était la mienne !
MICHEL SAPIN
Parce que ce que recherche, non, mais vous avez parfaitement le droit de le faire. Pourquoi je dis : c'est la mauvaise question ? Parce que c'est une sorte de question interne, une sorte de question d'organisation administrative, de services, de bureaux. C'est très important pour le fonctionnement des bureaux, mais quelle importance ça a pour les Français ? Ce qui compte
PATRICK COHEN
C'est qui pilote ?
MICHEL SAPIN
Oui, mais ce qui compte c'est que ça marche, que ce soit cohérent, et que la France enfin, devienne de ce point de vue là, une nation comparable à d'autres. Comment ça se passe en Allemagne ? En Allemagne, vous avez depuis des années et des années, un ministre des finances qui s'appellent monsieur SCHAUBLE, il est respecté, il parle à Bruxelles, il parle avec les autres, il s'occupe de l'équilibre budgétaire, l'Allemagne aujourd'hui est quasiment en équilibre budgétaire
PATRICK COHEN
Donc ça, c'est vous, vous serez le SCHAUBLE français ?
MICHEL SAPIN
Vous avez de l'autre côté un ministre de l'Economie aujourd'hui, il s'appelle Sigmar GABRIEL, mais c'est comme cela depuis des années et des années, qui s'occupent de la force de cette industrie, qui est la force de l'Allemagne, qui fait que l'Allemagne est exportatrice, que l'Allemagne créait des emplois, c'est donc cela que nous .
PATRICK COHEN
Ca c'est Arnaud MONTEBOURG qui sera le GABRIEL français.
MICHEL SAPIN
Eh bien, vous avez parfaitement vu quels étaient les rôles des uns et des autres. Ce que l'Allemagne a su faire de ce point de vue là, nous saurons le faire en France dans les conditions françaises, avec un Arnaud MONTEBOURG à l'offensive, un Michel SAPIN à l'offensive et un gouvernement cohérent.
PATRICK COHEN
Avec un Arnaud MONTEBOURG au 5ème étage et vous au 6ème étage, ce sera votre bureau celui du patron, celui de l'Economie
MICHEL SAPIN
Mais qui sait qui se trouve au 6ème et au 5ème, nous serons tous les deux à Bercy.
PATRICK COHEN
Bah nous !
MICHEL SAPIN
Et Bercy sera piloté.
PATRICK COHEN
Et vous au 6ème ?
MICHEL SAPIN
Oui, je crois que c'est le 6ème étage, je m'en souviens même, ça n'a pas changé depuis 22 ans.
PATRICK COHEN
Qui va piloter le Commerce extérieur ?
MICHEL SAPIN
Ca c'est un débat qui est aussi très important, qui est un débat évidemment entre l'action à l'extérieur, la représentation de la France à l'extérieur, le rôle des ambassadeurs, et de l'ensemble des fonctionnaires français à l'extérieur, dans l'accompagnement des entreprises, bien entendu le Quai d'Orsay doit être à l'offensive. Une diplomatie moderne c'est bien sûr une diplomatie qui s'occupe de la paix, qui s'occupe des relations avec les uns et les autres, qui s'occupent des difficultés qu'il peut y avoir en Afrique, ou qu'il peut y avoir en Ukraine. Mais en même temps une diplomatie moderne, c'est une diplomatie qui se préoccupe de la place de la France. Là aussi vendre plus à l'extérieur, et c'est aussi évidemment la responsabilité au sein de notre ministère, au sein de Bercy d'Arnaud MONTEBOURG. Donc plutôt que de se poser des questions qui seront réglées, elles seront réglées par les elles seront réglées, mais comme toutes les questions de cette nature, elles seront réglées par les deux ministres concernés, Arnaud MONTEBOURG et Laurent FABIUS, elles seront réglées par
PATRICK COHEN
Et arbitrées par François HOLLANDE ou Manuel VALLS.
MICHEL SAPIN
Ou le Premier ministre c'est le rôle du Premier ministre que d'arbitrer des sujets de cette importance.
PATRICK COHEN
Mais ce n'est pas tranché encore. Alors on en parle.
MICHEL SAPIN
Mais il y a une chose qui est certaine, c'est que les deux, là aussi seront à l'offensive, parce que nous avons un déficit de notre commerce extérieur contrairement à l'Allemagne qui a un excédent et qu'il faut lutter contre ce déficit du commerce extérieur à chaque fois qu'on définit le déficit du commerce extérieur, on augmente le nombre d'emploi en France.
PATRICK COHEN
Et vous nous confirmez que Fleur PELLERIN sera chargée de ce secteur auprès de Bercy ou auprès de ?
MICHEL SAPIN
Je n'en sais strictement rien. J'ai entendu la liste des 16 ministres, c'est ceux-là qui sont en place, je n'ai pas entendu le nom de secrétaire d'Etat.
PATRICK COHEN
Alors on va parler du fond et de la politique économique qui sera suivi, puisque c'est vous Michel SAPIN qui allez piloter le plan de 50 milliards d'euros d'économie et les discussions avec Bruxelles, sur la réduction du déficit au lendemain du second tour des municipales on a cru comprendre qu'il y aurait une inflexion de la politique économique Manuel VALLS n'en a pas parlé hier soir, vous continuez ou vous infléchissez ?
MICHEL SAPIN
Il y a une orientation qui a été fixée avant les élections municipales, par le président de la République qui porte un nom qui s'appelle le pacte de responsabilité. Il faut que ce ne soit plus un nom, une phrase, une juxtaposition de mots il faut que cela devienne une réalité. Parce que les Français, ils entendent le mot, mais ils ne comprennent pas la chose, ils veulent voir ! Là encore, ils veulent voir l'action, le résultat, c'est décisif, ça doit être fait très vite. On a beaucoup avancé, je dis « on » parce qu'il se trouve que dans la responsabilité qui était la mienne, il y a quelques jours ou il y a quelques heures, je participais autour du président de la République à l'élaboration de ce pacte de responsabilité. Qu'il s'agisse de la diminution du coût du travail, pour créer des emplois, ou qu'il s'agisse du financement de tout cela, par des économies, parce que nous ne financerons pas ce plan, par des augmentations d'impôts. Ca c'est terminé. Financer une dépense par une augmentation d'impôt, c'est terminé. Les dépenses nouvelles ou les diminutions de charges nouvelles seront financées par des économies. J'y ai participé, je crois que je connais déjà à peu près tous les détails de ce point de vue là, je n'ai pas besoin de me lancer dans des notes nouvelles, je suis directement opérationnel sur cela. Il faut que cela devienne une réalité très vite, c'est dans les jours qui viennent, que les derniers arbitrages seront rendus par le président de la République, que le Premier ministre présentera au Parlement, ce pacte de responsabilité, et qu'ensuite nous serons dans le concret, la réalisation.
PATRICK COHEN
Si je vous entends bien, Michel SAPIN, il n'y aura pas l'inflexion que réclamait Arnaud MONTEBOURG, il y a deux jours, il était à votre place, à ce micro sur FRANCE INTER, écoutez !
ARNAUD MONTEBOURG
Le choix de Manuel VALLS est d'un gouvernement de combat contre la crise, je crois que nous avons la possibilité de réussir. Réussir à réorienter l'Europe, parce que pour le moment c'est l'Europe qui nous réoriente, dans un sens austéritaire, dans un sens dogmatique, or nous avons besoin de pragmatisme et de faire évoluer les idées de la Commission dont je rappelle que les états de service sont quand même pas brillants !
PATRICK COHEN
Michel SAPIN vous pourriez dire cela : l'Europe austéritaire et dogmatique ?
MICHEL SAPIN
Heureusement, chacun a ses mots et chacun sa personnalité, sinon vous vous ennuieriez
PATRICK COHEN
C'est un contenu politique, ce ne sont pas seulement des mots.
MICHEL SAPIN
Et notre gouvernement, celui-là n'aurait pas les colorations nécessaires pour représenter aussi une diversité de personnage et de pensée. Mais la cohérence est totale. Rien dans les préoccupations qui sont exprimées par Arnaud MONTEBOURG n'échappe à mes propres préoccupations. Oui, il faut qu'il y ait plus de croissance, pour qu'il y ait plus d'emploi. Et s'il y avait de l'austérité, et ce n'est pas l'austérité que nous voulons, il y aurait moins de croissance, on le sait bien. C'est tout le problème, c'est difficile, c'est extrêmement difficile mais
PATRICK COHEN
L'austérité provoque de la récession Michel SAPIN ?
MICHEL SAPIN
L'austérité dite comme ça provoque de la récession alors que nous avons besoin de croissance. Le sérieux budgétaire dit comme ça, après il faut rentrer dans les détails, ça permet de retrouver des marges de manoeuvre, de financer par exemple la baisse des charges, la baisse du coût du travail et de créer des emplois. Donc c'est un chemin étroit, c'est un chemin étroit.
PATRICK COHEN
Soyons concrets. Dans 15 jours, vous présenterez le programme, ce que l'on appelle le programme de stabilité. Irez-vous à Bruxelles avec l'intention de renégocier le calendrier de réduction du déficit français ? Ou est-ce que vous restez sur l'objectif de 3 % de déficit en 2015 ?
MICHEL SAPIN
Mais les objectifs sont des objectifs que nous tiendrons, ça fait partie du cap, ça fait partie des
PATRICK COHEN
On reste à 3 % ?
MICHEL SAPIN
Ca fait partie du cap, il n'est pas question de changer ce cap-là. Mais ce que je vais discuter
PATRICK COHEN
Le cap est le calendrier pardon
MICHEL SAPIN
Avec Bruxelles, comme on dit, mais il y a un côté, vous voyez, on a l'impression qu'on discute avec une sorte
PATRICK COHEN
La Commission européenne et les partenaires européens d'accord.
MICHEL SAPIN
D'hydre, de personnage absolument désagréable par principe. Mais ce n'est pas comme ça !
PATRICK COHEN
C'est un peu comme ce que l'on entend chez Arnaud MONTEBOURG notamment ?
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas comme ça que les choses se présentent. Qu'est-ce qu'il faut faire partager par nos partenaires ? Parce que l'Europe, Bruxelles, ce sont nos partenaires, c'est ceux qui par exemple partage avec nous la même monnaie. C'est quand même normal qu'ils se préoccupent de savoir ce qui se passe dans le deuxième grand pays qui porte la monnaie, l'euro, la monnaie commune, leur monnaie à eux. Donc que l'on discute avec d'autres, c'est parfaitement normal, mais il faut faire partager, il faut que nous partagions ensemble la seule préoccupation qui valle, pour toute la zone euro, qui est à peu près dans la situation de la France. Nous sommes grosso modo dans la moyenne de la zone euro. Plus de croissance pour plus d'emploi, en rééquilibrant progressivement nos finances publiques. Et c'est ensuite le chemin, c'est le rythme lui-même qui sera discuté dans un intérêt commun. Ce n'est pas la France
PATRICK COHEN
Le rythme sera discuté !
MICHEL SAPIN
Mais ce n'est pas la France qui arrive à genou en demandant, en implorant non, ce n'est pas ça ? C'est l'intérêt commun.
PATRICK COHEN
Mais vous souhaitez que l'on rediscute le rythme de réduction des déficits ?
MICHEL SAPIN
C'est l'intérêt commun de l'Europe de trouver le bon rythme. Le rythme adapté à la situation, le rythme qui nous permet d'atteindre en commun l'Europe, mais l'Europe charnelle, l'Europe incarnée, l'Europe des gouvernements, mais l'Europe des peuples, qu'on trouve le bon chemin et le bon rythme.
PATRICK COHEN
Michel SAPIN souhaitez-vous que l'on rediscute du rythme de réduction du déficit ?
MICHEL SAPIN
Je vous vois venir avec vos gros sabots, que vous utilisez plusieurs fois de suites. Et je vais vous répondre avec la même subtilité que je vais là-bas, pour trouver le chemin de l'intérêt commun. Ce n'est pas un pays qui implore les autres, c'est la France respectée par les autres.
PATRICK COHEN
C'est un chemin qui peut bouger un petit peu ?
MICHEL SAPIN
C'est la France respectée par les autres parce qu'elle donne, elle donne tous les arguments pour être respectée. Que serait l'Europe d'aujourd'hui, dans une France qui se porte mieux ? C'est une Europe qui ne se porte pas suffisamment bien. L'Europe se portera mieux quand la France se portera mieux.
PATRICK COHEN
Les 50 milliards d'euros d'économie sur les trois prochaines années, vous les avez, elles sont identifiées, elles sont localisées, les aides aux logements, les collectivités locales, la Sécurité sociale ?
MICHEL SAPIN
Le travail est en cours, tout ceci sera précisé, sera dit. C'est ça, aussi le financement du pacte de responsabilité, mais il ne faut pas, comment dire, là encore, c'est un peu, on parle de la Commission, on a une sorte de chiffre, 50 milliards à faire peur à tout le monde. Mais enfin l'objectif ce n'est pas de faire peur ! C'est au contraire de redonner confiance. Première des confiances, nous ne financerons pas, je le répète, nous ne financerons pas toute nouvelle dépense ou toute diminution de cotisations par exemple par des impôts nouveaux. Que chacun l'entende ! Ca a été fait pendant 4 ans de suite. 30 milliards par la droite, 30 milliards par nous. Nous ne pouvions pas faire autrement pour faire face un déficit monstrueux. Là on change, de ce point de vue là, il y a un changement, ce n'est pas par des augmentations d'impôts. Donc c'est par des économies, puisqu'il faut diminuer notre déficit. Eh bien, nous faisons ce travail. J'y ai participé, je sais ce qu'il est possible de faire, par exemple, dans un domaine sur lequel j'ai travaillé très précisément, qui était celui de ma responsabilité dans le domaine du travail et de l'emploi. Je sais ce qu'il est possible de faire aussi, mais il faut rentrer ensuite dans le concret, parce que si on casse, si on diminue, pour diminuer, on peut aussi casser les ressorts de la croissance, qui sont aujourd'hui en train de s'allumer mais qui sont trop faibles et qu'il va falloir là aussi accélérer.
PATRICK COHEN
Dernière question avant la pause, de quelle ampleur sera le geste pour les ménages, évoqué par François HOLLANDE il y a quelques jours. C'est-à-dire la baisse des cotisations salariales ?
MICHEL SAPIN
Oui, mais j'ai vu des chiffres qui sont de l'ordre de la grandeur, mais je ne vais pas vous donner un chiffre ce matin. Nous allons travailler là-dessus. Mais qu'est-ce qui est important ?
PATRICK COHEN
Ce sera pour les bas salaires ? Ce sera sur les bas salaires ?
MICHEL SAPIN
Alors il y a deux choses. Il y a une question s'agissant de la baisse des cotisations, ou la baisse ce que l'on appelle les charges dans les entreprises, faut-il que ça porte plutôt sur les bas salaires que sur d'autres ? Il faut un équilibre entre les deux, mais ensuite, ce qui est très important, ce que j'ai entendu de la bouche du président de la République et du Premier ministre, c'est qu'il ne peut pas y avoir simplement une baisse pour les entreprises en faveur de l'emploi, il faut aussi que les Français retrouvent du pouvoir d'achat. Et derrière ce pouvoir d'achat, il y a aussi de la croissance, la consommation est très faible, la consommation est un moteur d'une croissance retrouvée, à laquelle il faut faire attention. Donc oui, il y aura des gestes forts en faveur du pouvoir d'achat, des plus faibles évidemment, parce que c'est là aussi que se trouve et la justice et l'efficacité économique.
PATRICK COHEN
Michel SAPIN nouveau ministre des Finances et qui veut bien parler rythme à Bruxelles.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 avril 2014
Bonjour, Michel SAPIN.
MICHEL SAPIN
Bonjour.
PATRICK COHEN
Vous venez d'être nommé ministre des Finances et des Comptes publics. D'abord on va chercher à comprendre qui fait quoi dans ce gouvernement. Vous allez prendre possession de votre nouveau bureau ce matin, qui sera le patron de Bercy ?
MICHEL SAPIN
C'est la mauvaise question !
PATRICK COHEN
Ah désolé ! C'était la mienne !
MICHEL SAPIN
Parce que ce que recherche, non, mais vous avez parfaitement le droit de le faire. Pourquoi je dis : c'est la mauvaise question ? Parce que c'est une sorte de question interne, une sorte de question d'organisation administrative, de services, de bureaux. C'est très important pour le fonctionnement des bureaux, mais quelle importance ça a pour les Français ? Ce qui compte
PATRICK COHEN
C'est qui pilote ?
MICHEL SAPIN
Oui, mais ce qui compte c'est que ça marche, que ce soit cohérent, et que la France enfin, devienne de ce point de vue là, une nation comparable à d'autres. Comment ça se passe en Allemagne ? En Allemagne, vous avez depuis des années et des années, un ministre des finances qui s'appellent monsieur SCHAUBLE, il est respecté, il parle à Bruxelles, il parle avec les autres, il s'occupe de l'équilibre budgétaire, l'Allemagne aujourd'hui est quasiment en équilibre budgétaire
PATRICK COHEN
Donc ça, c'est vous, vous serez le SCHAUBLE français ?
MICHEL SAPIN
Vous avez de l'autre côté un ministre de l'Economie aujourd'hui, il s'appelle Sigmar GABRIEL, mais c'est comme cela depuis des années et des années, qui s'occupent de la force de cette industrie, qui est la force de l'Allemagne, qui fait que l'Allemagne est exportatrice, que l'Allemagne créait des emplois, c'est donc cela que nous .
PATRICK COHEN
Ca c'est Arnaud MONTEBOURG qui sera le GABRIEL français.
MICHEL SAPIN
Eh bien, vous avez parfaitement vu quels étaient les rôles des uns et des autres. Ce que l'Allemagne a su faire de ce point de vue là, nous saurons le faire en France dans les conditions françaises, avec un Arnaud MONTEBOURG à l'offensive, un Michel SAPIN à l'offensive et un gouvernement cohérent.
PATRICK COHEN
Avec un Arnaud MONTEBOURG au 5ème étage et vous au 6ème étage, ce sera votre bureau celui du patron, celui de l'Economie
MICHEL SAPIN
Mais qui sait qui se trouve au 6ème et au 5ème, nous serons tous les deux à Bercy.
PATRICK COHEN
Bah nous !
MICHEL SAPIN
Et Bercy sera piloté.
PATRICK COHEN
Et vous au 6ème ?
MICHEL SAPIN
Oui, je crois que c'est le 6ème étage, je m'en souviens même, ça n'a pas changé depuis 22 ans.
PATRICK COHEN
Qui va piloter le Commerce extérieur ?
MICHEL SAPIN
Ca c'est un débat qui est aussi très important, qui est un débat évidemment entre l'action à l'extérieur, la représentation de la France à l'extérieur, le rôle des ambassadeurs, et de l'ensemble des fonctionnaires français à l'extérieur, dans l'accompagnement des entreprises, bien entendu le Quai d'Orsay doit être à l'offensive. Une diplomatie moderne c'est bien sûr une diplomatie qui s'occupe de la paix, qui s'occupe des relations avec les uns et les autres, qui s'occupent des difficultés qu'il peut y avoir en Afrique, ou qu'il peut y avoir en Ukraine. Mais en même temps une diplomatie moderne, c'est une diplomatie qui se préoccupe de la place de la France. Là aussi vendre plus à l'extérieur, et c'est aussi évidemment la responsabilité au sein de notre ministère, au sein de Bercy d'Arnaud MONTEBOURG. Donc plutôt que de se poser des questions qui seront réglées, elles seront réglées par les elles seront réglées, mais comme toutes les questions de cette nature, elles seront réglées par les deux ministres concernés, Arnaud MONTEBOURG et Laurent FABIUS, elles seront réglées par
PATRICK COHEN
Et arbitrées par François HOLLANDE ou Manuel VALLS.
MICHEL SAPIN
Ou le Premier ministre c'est le rôle du Premier ministre que d'arbitrer des sujets de cette importance.
PATRICK COHEN
Mais ce n'est pas tranché encore. Alors on en parle.
MICHEL SAPIN
Mais il y a une chose qui est certaine, c'est que les deux, là aussi seront à l'offensive, parce que nous avons un déficit de notre commerce extérieur contrairement à l'Allemagne qui a un excédent et qu'il faut lutter contre ce déficit du commerce extérieur à chaque fois qu'on définit le déficit du commerce extérieur, on augmente le nombre d'emploi en France.
PATRICK COHEN
Et vous nous confirmez que Fleur PELLERIN sera chargée de ce secteur auprès de Bercy ou auprès de ?
MICHEL SAPIN
Je n'en sais strictement rien. J'ai entendu la liste des 16 ministres, c'est ceux-là qui sont en place, je n'ai pas entendu le nom de secrétaire d'Etat.
PATRICK COHEN
Alors on va parler du fond et de la politique économique qui sera suivi, puisque c'est vous Michel SAPIN qui allez piloter le plan de 50 milliards d'euros d'économie et les discussions avec Bruxelles, sur la réduction du déficit au lendemain du second tour des municipales on a cru comprendre qu'il y aurait une inflexion de la politique économique Manuel VALLS n'en a pas parlé hier soir, vous continuez ou vous infléchissez ?
MICHEL SAPIN
Il y a une orientation qui a été fixée avant les élections municipales, par le président de la République qui porte un nom qui s'appelle le pacte de responsabilité. Il faut que ce ne soit plus un nom, une phrase, une juxtaposition de mots il faut que cela devienne une réalité. Parce que les Français, ils entendent le mot, mais ils ne comprennent pas la chose, ils veulent voir ! Là encore, ils veulent voir l'action, le résultat, c'est décisif, ça doit être fait très vite. On a beaucoup avancé, je dis « on » parce qu'il se trouve que dans la responsabilité qui était la mienne, il y a quelques jours ou il y a quelques heures, je participais autour du président de la République à l'élaboration de ce pacte de responsabilité. Qu'il s'agisse de la diminution du coût du travail, pour créer des emplois, ou qu'il s'agisse du financement de tout cela, par des économies, parce que nous ne financerons pas ce plan, par des augmentations d'impôts. Ca c'est terminé. Financer une dépense par une augmentation d'impôt, c'est terminé. Les dépenses nouvelles ou les diminutions de charges nouvelles seront financées par des économies. J'y ai participé, je crois que je connais déjà à peu près tous les détails de ce point de vue là, je n'ai pas besoin de me lancer dans des notes nouvelles, je suis directement opérationnel sur cela. Il faut que cela devienne une réalité très vite, c'est dans les jours qui viennent, que les derniers arbitrages seront rendus par le président de la République, que le Premier ministre présentera au Parlement, ce pacte de responsabilité, et qu'ensuite nous serons dans le concret, la réalisation.
PATRICK COHEN
Si je vous entends bien, Michel SAPIN, il n'y aura pas l'inflexion que réclamait Arnaud MONTEBOURG, il y a deux jours, il était à votre place, à ce micro sur FRANCE INTER, écoutez !
ARNAUD MONTEBOURG
Le choix de Manuel VALLS est d'un gouvernement de combat contre la crise, je crois que nous avons la possibilité de réussir. Réussir à réorienter l'Europe, parce que pour le moment c'est l'Europe qui nous réoriente, dans un sens austéritaire, dans un sens dogmatique, or nous avons besoin de pragmatisme et de faire évoluer les idées de la Commission dont je rappelle que les états de service sont quand même pas brillants !
PATRICK COHEN
Michel SAPIN vous pourriez dire cela : l'Europe austéritaire et dogmatique ?
MICHEL SAPIN
Heureusement, chacun a ses mots et chacun sa personnalité, sinon vous vous ennuieriez
PATRICK COHEN
C'est un contenu politique, ce ne sont pas seulement des mots.
MICHEL SAPIN
Et notre gouvernement, celui-là n'aurait pas les colorations nécessaires pour représenter aussi une diversité de personnage et de pensée. Mais la cohérence est totale. Rien dans les préoccupations qui sont exprimées par Arnaud MONTEBOURG n'échappe à mes propres préoccupations. Oui, il faut qu'il y ait plus de croissance, pour qu'il y ait plus d'emploi. Et s'il y avait de l'austérité, et ce n'est pas l'austérité que nous voulons, il y aurait moins de croissance, on le sait bien. C'est tout le problème, c'est difficile, c'est extrêmement difficile mais
PATRICK COHEN
L'austérité provoque de la récession Michel SAPIN ?
MICHEL SAPIN
L'austérité dite comme ça provoque de la récession alors que nous avons besoin de croissance. Le sérieux budgétaire dit comme ça, après il faut rentrer dans les détails, ça permet de retrouver des marges de manoeuvre, de financer par exemple la baisse des charges, la baisse du coût du travail et de créer des emplois. Donc c'est un chemin étroit, c'est un chemin étroit.
PATRICK COHEN
Soyons concrets. Dans 15 jours, vous présenterez le programme, ce que l'on appelle le programme de stabilité. Irez-vous à Bruxelles avec l'intention de renégocier le calendrier de réduction du déficit français ? Ou est-ce que vous restez sur l'objectif de 3 % de déficit en 2015 ?
MICHEL SAPIN
Mais les objectifs sont des objectifs que nous tiendrons, ça fait partie du cap, ça fait partie des
PATRICK COHEN
On reste à 3 % ?
MICHEL SAPIN
Ca fait partie du cap, il n'est pas question de changer ce cap-là. Mais ce que je vais discuter
PATRICK COHEN
Le cap est le calendrier pardon
MICHEL SAPIN
Avec Bruxelles, comme on dit, mais il y a un côté, vous voyez, on a l'impression qu'on discute avec une sorte
PATRICK COHEN
La Commission européenne et les partenaires européens d'accord.
MICHEL SAPIN
D'hydre, de personnage absolument désagréable par principe. Mais ce n'est pas comme ça !
PATRICK COHEN
C'est un peu comme ce que l'on entend chez Arnaud MONTEBOURG notamment ?
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas comme ça que les choses se présentent. Qu'est-ce qu'il faut faire partager par nos partenaires ? Parce que l'Europe, Bruxelles, ce sont nos partenaires, c'est ceux qui par exemple partage avec nous la même monnaie. C'est quand même normal qu'ils se préoccupent de savoir ce qui se passe dans le deuxième grand pays qui porte la monnaie, l'euro, la monnaie commune, leur monnaie à eux. Donc que l'on discute avec d'autres, c'est parfaitement normal, mais il faut faire partager, il faut que nous partagions ensemble la seule préoccupation qui valle, pour toute la zone euro, qui est à peu près dans la situation de la France. Nous sommes grosso modo dans la moyenne de la zone euro. Plus de croissance pour plus d'emploi, en rééquilibrant progressivement nos finances publiques. Et c'est ensuite le chemin, c'est le rythme lui-même qui sera discuté dans un intérêt commun. Ce n'est pas la France
PATRICK COHEN
Le rythme sera discuté !
MICHEL SAPIN
Mais ce n'est pas la France qui arrive à genou en demandant, en implorant non, ce n'est pas ça ? C'est l'intérêt commun.
PATRICK COHEN
Mais vous souhaitez que l'on rediscute le rythme de réduction des déficits ?
MICHEL SAPIN
C'est l'intérêt commun de l'Europe de trouver le bon rythme. Le rythme adapté à la situation, le rythme qui nous permet d'atteindre en commun l'Europe, mais l'Europe charnelle, l'Europe incarnée, l'Europe des gouvernements, mais l'Europe des peuples, qu'on trouve le bon chemin et le bon rythme.
PATRICK COHEN
Michel SAPIN souhaitez-vous que l'on rediscute du rythme de réduction du déficit ?
MICHEL SAPIN
Je vous vois venir avec vos gros sabots, que vous utilisez plusieurs fois de suites. Et je vais vous répondre avec la même subtilité que je vais là-bas, pour trouver le chemin de l'intérêt commun. Ce n'est pas un pays qui implore les autres, c'est la France respectée par les autres.
PATRICK COHEN
C'est un chemin qui peut bouger un petit peu ?
MICHEL SAPIN
C'est la France respectée par les autres parce qu'elle donne, elle donne tous les arguments pour être respectée. Que serait l'Europe d'aujourd'hui, dans une France qui se porte mieux ? C'est une Europe qui ne se porte pas suffisamment bien. L'Europe se portera mieux quand la France se portera mieux.
PATRICK COHEN
Les 50 milliards d'euros d'économie sur les trois prochaines années, vous les avez, elles sont identifiées, elles sont localisées, les aides aux logements, les collectivités locales, la Sécurité sociale ?
MICHEL SAPIN
Le travail est en cours, tout ceci sera précisé, sera dit. C'est ça, aussi le financement du pacte de responsabilité, mais il ne faut pas, comment dire, là encore, c'est un peu, on parle de la Commission, on a une sorte de chiffre, 50 milliards à faire peur à tout le monde. Mais enfin l'objectif ce n'est pas de faire peur ! C'est au contraire de redonner confiance. Première des confiances, nous ne financerons pas, je le répète, nous ne financerons pas toute nouvelle dépense ou toute diminution de cotisations par exemple par des impôts nouveaux. Que chacun l'entende ! Ca a été fait pendant 4 ans de suite. 30 milliards par la droite, 30 milliards par nous. Nous ne pouvions pas faire autrement pour faire face un déficit monstrueux. Là on change, de ce point de vue là, il y a un changement, ce n'est pas par des augmentations d'impôts. Donc c'est par des économies, puisqu'il faut diminuer notre déficit. Eh bien, nous faisons ce travail. J'y ai participé, je sais ce qu'il est possible de faire, par exemple, dans un domaine sur lequel j'ai travaillé très précisément, qui était celui de ma responsabilité dans le domaine du travail et de l'emploi. Je sais ce qu'il est possible de faire aussi, mais il faut rentrer ensuite dans le concret, parce que si on casse, si on diminue, pour diminuer, on peut aussi casser les ressorts de la croissance, qui sont aujourd'hui en train de s'allumer mais qui sont trop faibles et qu'il va falloir là aussi accélérer.
PATRICK COHEN
Dernière question avant la pause, de quelle ampleur sera le geste pour les ménages, évoqué par François HOLLANDE il y a quelques jours. C'est-à-dire la baisse des cotisations salariales ?
MICHEL SAPIN
Oui, mais j'ai vu des chiffres qui sont de l'ordre de la grandeur, mais je ne vais pas vous donner un chiffre ce matin. Nous allons travailler là-dessus. Mais qu'est-ce qui est important ?
PATRICK COHEN
Ce sera pour les bas salaires ? Ce sera sur les bas salaires ?
MICHEL SAPIN
Alors il y a deux choses. Il y a une question s'agissant de la baisse des cotisations, ou la baisse ce que l'on appelle les charges dans les entreprises, faut-il que ça porte plutôt sur les bas salaires que sur d'autres ? Il faut un équilibre entre les deux, mais ensuite, ce qui est très important, ce que j'ai entendu de la bouche du président de la République et du Premier ministre, c'est qu'il ne peut pas y avoir simplement une baisse pour les entreprises en faveur de l'emploi, il faut aussi que les Français retrouvent du pouvoir d'achat. Et derrière ce pouvoir d'achat, il y a aussi de la croissance, la consommation est très faible, la consommation est un moteur d'une croissance retrouvée, à laquelle il faut faire attention. Donc oui, il y aura des gestes forts en faveur du pouvoir d'achat, des plus faibles évidemment, parce que c'est là aussi que se trouve et la justice et l'efficacité économique.
PATRICK COHEN
Michel SAPIN nouveau ministre des Finances et qui veut bien parler rythme à Bruxelles.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 avril 2014