Texte intégral
Monsieur le préfet,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Madame la conseillère régionale,
Monsieur le maire,
Messieurs les officiers généraux,
Madame la directrice générale de l'ONACVG,
Messieurs les présidents d'associations d'anciens d'Indochine,
Messieurs les porte-drapeaux,
Messieurs les Anciens combattants en Indochine,
Mesdames et Messieurs,
2014 va marquer pour notre pays un temps commémoratif exceptionnel des deux guerres mondiales, et j'aurai l'occasion de revenir sur ce cycle avec un certain nombre d'entre vous, en particulier les parlementaires.
Mais je suis venu vous dire, au-delà de la force de ces deux événements que sont le Centenaire de la Grande Guerre et le 70e anniversaire de la seconde guerre mondiale, qu'il me paraît indispensable et juste de préserver toute l'histoire de notre pays, la France, histoire qui fait sa grandeur et sa richesse.
C'est pourquoi, à l'aube d'une semaine commémorative, j'invite les Françaises et les Français, et je nous invite, à honorer la mémoire de nos soldats qui ont combattu en Indochine entre 1945 et 1954.
Au total, le corps expéditionnaire Français a compté jusqu'à 250 000 hommes durant les 8 années de guerre et autant de soldats des armées du Laos, du Cambodge et du Vietnam, aux ordres du général Leclerc puis du général De Lattre. Je n'oublie pas non plus les officiers généraux, je pense notamment au général Bigeard pour qui je suis venu ici, à Fréjus, aux côtés du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en novembre 2012. Certains d'entre vous ont été ses hommes.
A l'occasion de ce 60e anniversaire, j'ai tenu à revenir devant ce mémorial que Fréjus abrite depuis 1993, pour m'adresser aux Anciens combattants d'Indochine. Officiers, sous-officiers, soldats, vous avez fait la fierté et l'honneur de la France, vous lui avez été fidèles, vous avez été les combattants de la Nation et de la République. Aujourd'hui, c'est la République, à travers ma voix, qui vous témoigne de sa fidélité et de sa reconnaissance.
Ce sont deux événements majeurs qui ont projeté la France dans la guerre d'Indochine : le coup de force japonais le 9 mars 1945 et l'attaque des garnisons françaises par les troupes du Vietminh le 19 décembre 1946.
Dès l'automne 1945, le général de Gaulle envoie le corps expéditionnaire Français d'Extrême-Orient en Indochine. A partir de 1946, les effectifs augmentent. Les soldats de l'armée française, venus de métropole, d'Afrique du Nord et d'Indochine, tous iront jusqu'au bout de leur devoir pour la Nation et pour la République, en un mot pour la France.
C'est là le témoignage d'un véritable patriotisme, celui qui est « l'amour des siens », comme l'a si bien dit Romain Gary, compagnon de la Libération dont nous commémorons cette année le Centenaire de la naissance.
Cette guerre en Indochine fut trop longtemps oubliée.
La France oublia qu'elle put compter pendant 8 ans sur l'héroïsme et le professionnalisme de son armée, une armée de toutes les origines, de toutes les couleurs, de toutes les confessions. Elle oublia qu'elle put compter aussi sur le courage et la détermination d'hommes qui ont sacrifié leur jeunesse, qui ont donné leur vie.
Ils s'appelaient Pierre Joseph Duquenoy, né à Lille, « mort pour la France » le 6 novembre 1953 à Cho Gang au Nord Vietnam, Mohamed Amraoui, né à Oran en Algérie, « mort pour la France » le 6 avril 1950 à Tinh Tuy dans le Tonkin, Siu Teng, né à Pleiku en Indochine, « mort pour la France » le 10 octobre 1947 dans le secteur de Quang Tri.
Je viens d'évoquer à l'instant ce corps expéditionnaire Français dans sa diversité, dans ce que fut la France hier et dans ce qu'elle est aujourd'hui.
En l'évoquant, je ne peux oublier le 1er régiment de chasseurs parachutistes engagé en Indochine de 1947 à 1949. Il participe aux offensives au Tonkin à l'automne 1947 et aux opérations Léa et Ceinture. Je ne peux oublier le 10e bataillon de parachutistes chasseurs à pied envoyé en Indochine en 1950. Engagé dans le Tonkin, il s'illustre durant les batailles de Vinh Yen et de Nghia Lo.
Je ne peux oublier non plus les tirailleurs algériens. Ces hommes sont de tous les combats. Le 1er RTA participe à la bataille de Vinh Yen en janvier 1951 et le 7e RTA s'illustre dans la défense du camp retranché de Dien-Bien-Phu à la fin de l'année 1953.
Comment oublier aussi l'engagement de la Légion étrangère ? Le 2e bataillon étranger de parachutistes débarque à Saïgon en février 1949 et intervient dans toute l'Indochine.
Après la bataille de la RC4, il est déployé au Tonkin aux côtés du 1er bataillon étranger reconstitué à Hanoï en 1951. Les deux bataillons étrangers passent au total plus de 6 ans en Indochine.
Aujourd'hui, 60 ans après, se souvenir est non seulement un devoir mais aussi une nécessité.
Devoir et nécessité envers les soldats morts pour la France qui firent de la terre d'Indochine leur tombeau.
Devoir et nécessité envers les 24 000 militaires et civils qui reposent ici, à la nécropole de Fréjus, aux côtés de leurs 34 000 camarades, pour certains disparus, dont le corps est resté en Indochine, dont l'âme est toujours présente, et dont les noms devant lesquels je m'inclinerai tout à l'heure resteront à jamais gravés dans nos mémoires.
Devoir et nécessité aussi envers ceux qui sont revenus, blessés dans leur corps et dans leur esprit et dont beaucoup sont parmi nous aujourd'hui.
Devoir et nécessité envers les prisonniers du Vietminh et leurs familles.
Devoir et nécessité enfin de rappeler que la France en Indochine, par l'héroïsme déployé de ses soldats, par le sang versé de ses combattants, par la volonté sans faille de ses chefs, a écrit une page importante de son histoire militaire.
C'est ce travail de mémoire que réalise le Comité national d'entente des anciens d'Indochine. Et je profite de l'occasion qui m'est donnée pour saluer le travail mené de concert par les différentes associations et rendre hommage à l'engagement du président du Comité d'entente, le contrôleur général Bonnetête et à son prédécesseur, le général Simon.
Hier, nos soldats ont répondu à l'appel de la France en Indochine, comme beaucoup y répondent encore aujourd'hui, en Afghanistan, au Liban, au Mali, en Centrafrique. La République se doit d'inscrire le souvenir de l'Indochine dans l'ensemble du territoire, dans chacune des communes de France, comme elle doit y inscrire le souvenir des conflits du temps présent.
C'est pourquoi je suis ici, à Fréjus, terre de mémoire, pour rappeler que la France est fière de son histoire. Pour dire aussi que la République s'est enracinée en surmontant les épreuves que le XXe siècle a mises sur son chemin.
L'Histoire de la France s'est construite dans la diversité des trajectoires et des origines. L'identité de notre Nation aujourd'hui est une richesse à l'image de cette mémoire collective que nous partageons, une mémoire vive, une mémoire riche, une mémoire plurielle. Elle incarne notre passé. Elle éclaire notre avenir.
En 1882, Ernest Renan écrivait : « Ce qui constitue une nation, ce n'est pas de parler la même langue, ou d'appartenir à un groupe ethnographique commun, c'est d'avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l'avenir ».
Par-delà ce qui fait la singularité de chacun d'entre nous, la France a toujours su se rassembler pour « faire de grandes choses dans le passé ». C'est pourquoi être patriote est l'affaire de chacun. Et c'est notre affaire à tous.
Ce qui nous rassemble aujourd'hui, ce qui fait la force de notre pays, c'est un patriotisme qui rassemble et non un patriotisme qui divise, c'est un patriotisme qui intègre et non un patriotisme qui exclut.
Mesdames et Messieurs,
Depuis près de deux ans, la fonction que j'occupe m'invite à revisiter, à redécouvrir et à revivre l'histoire de notre pays. Cette histoire s'est construite au fil du temps en dépassant ses querelles et ses divisions pour faire la France d'aujourd'hui.
L'Europe elle-même a su dépasser les épreuves terribles que furent les deux guerres mondiales pour se construire et devenir cet espace de paix dans lequel nous vivons aujourd'hui.
C'est ce qui m'amène à vous dire qu'il n'y a pas plus bel endroit que la France et l'Europe pour célébrer la paix et la liberté, pour dire que rien ne fait plus la force que l'unité, que rien ne fait plus la force que la fraternité, elle qui, incarnée il y a 60 ans dans celle des armes, est prête à tous les combats, elle qui est la garantie de la liberté et de l'égalité avec qui elle forme le triptyque de notre belle République.
Et je vous remercie de m'avoir donné l'occasion aujourd'hui de venir rappeler cela devant vous.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 6 mai 2014
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Madame la conseillère régionale,
Monsieur le maire,
Messieurs les officiers généraux,
Madame la directrice générale de l'ONACVG,
Messieurs les présidents d'associations d'anciens d'Indochine,
Messieurs les porte-drapeaux,
Messieurs les Anciens combattants en Indochine,
Mesdames et Messieurs,
2014 va marquer pour notre pays un temps commémoratif exceptionnel des deux guerres mondiales, et j'aurai l'occasion de revenir sur ce cycle avec un certain nombre d'entre vous, en particulier les parlementaires.
Mais je suis venu vous dire, au-delà de la force de ces deux événements que sont le Centenaire de la Grande Guerre et le 70e anniversaire de la seconde guerre mondiale, qu'il me paraît indispensable et juste de préserver toute l'histoire de notre pays, la France, histoire qui fait sa grandeur et sa richesse.
C'est pourquoi, à l'aube d'une semaine commémorative, j'invite les Françaises et les Français, et je nous invite, à honorer la mémoire de nos soldats qui ont combattu en Indochine entre 1945 et 1954.
Au total, le corps expéditionnaire Français a compté jusqu'à 250 000 hommes durant les 8 années de guerre et autant de soldats des armées du Laos, du Cambodge et du Vietnam, aux ordres du général Leclerc puis du général De Lattre. Je n'oublie pas non plus les officiers généraux, je pense notamment au général Bigeard pour qui je suis venu ici, à Fréjus, aux côtés du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en novembre 2012. Certains d'entre vous ont été ses hommes.
A l'occasion de ce 60e anniversaire, j'ai tenu à revenir devant ce mémorial que Fréjus abrite depuis 1993, pour m'adresser aux Anciens combattants d'Indochine. Officiers, sous-officiers, soldats, vous avez fait la fierté et l'honneur de la France, vous lui avez été fidèles, vous avez été les combattants de la Nation et de la République. Aujourd'hui, c'est la République, à travers ma voix, qui vous témoigne de sa fidélité et de sa reconnaissance.
Ce sont deux événements majeurs qui ont projeté la France dans la guerre d'Indochine : le coup de force japonais le 9 mars 1945 et l'attaque des garnisons françaises par les troupes du Vietminh le 19 décembre 1946.
Dès l'automne 1945, le général de Gaulle envoie le corps expéditionnaire Français d'Extrême-Orient en Indochine. A partir de 1946, les effectifs augmentent. Les soldats de l'armée française, venus de métropole, d'Afrique du Nord et d'Indochine, tous iront jusqu'au bout de leur devoir pour la Nation et pour la République, en un mot pour la France.
C'est là le témoignage d'un véritable patriotisme, celui qui est « l'amour des siens », comme l'a si bien dit Romain Gary, compagnon de la Libération dont nous commémorons cette année le Centenaire de la naissance.
Cette guerre en Indochine fut trop longtemps oubliée.
La France oublia qu'elle put compter pendant 8 ans sur l'héroïsme et le professionnalisme de son armée, une armée de toutes les origines, de toutes les couleurs, de toutes les confessions. Elle oublia qu'elle put compter aussi sur le courage et la détermination d'hommes qui ont sacrifié leur jeunesse, qui ont donné leur vie.
Ils s'appelaient Pierre Joseph Duquenoy, né à Lille, « mort pour la France » le 6 novembre 1953 à Cho Gang au Nord Vietnam, Mohamed Amraoui, né à Oran en Algérie, « mort pour la France » le 6 avril 1950 à Tinh Tuy dans le Tonkin, Siu Teng, né à Pleiku en Indochine, « mort pour la France » le 10 octobre 1947 dans le secteur de Quang Tri.
Je viens d'évoquer à l'instant ce corps expéditionnaire Français dans sa diversité, dans ce que fut la France hier et dans ce qu'elle est aujourd'hui.
En l'évoquant, je ne peux oublier le 1er régiment de chasseurs parachutistes engagé en Indochine de 1947 à 1949. Il participe aux offensives au Tonkin à l'automne 1947 et aux opérations Léa et Ceinture. Je ne peux oublier le 10e bataillon de parachutistes chasseurs à pied envoyé en Indochine en 1950. Engagé dans le Tonkin, il s'illustre durant les batailles de Vinh Yen et de Nghia Lo.
Je ne peux oublier non plus les tirailleurs algériens. Ces hommes sont de tous les combats. Le 1er RTA participe à la bataille de Vinh Yen en janvier 1951 et le 7e RTA s'illustre dans la défense du camp retranché de Dien-Bien-Phu à la fin de l'année 1953.
Comment oublier aussi l'engagement de la Légion étrangère ? Le 2e bataillon étranger de parachutistes débarque à Saïgon en février 1949 et intervient dans toute l'Indochine.
Après la bataille de la RC4, il est déployé au Tonkin aux côtés du 1er bataillon étranger reconstitué à Hanoï en 1951. Les deux bataillons étrangers passent au total plus de 6 ans en Indochine.
Aujourd'hui, 60 ans après, se souvenir est non seulement un devoir mais aussi une nécessité.
Devoir et nécessité envers les soldats morts pour la France qui firent de la terre d'Indochine leur tombeau.
Devoir et nécessité envers les 24 000 militaires et civils qui reposent ici, à la nécropole de Fréjus, aux côtés de leurs 34 000 camarades, pour certains disparus, dont le corps est resté en Indochine, dont l'âme est toujours présente, et dont les noms devant lesquels je m'inclinerai tout à l'heure resteront à jamais gravés dans nos mémoires.
Devoir et nécessité aussi envers ceux qui sont revenus, blessés dans leur corps et dans leur esprit et dont beaucoup sont parmi nous aujourd'hui.
Devoir et nécessité envers les prisonniers du Vietminh et leurs familles.
Devoir et nécessité enfin de rappeler que la France en Indochine, par l'héroïsme déployé de ses soldats, par le sang versé de ses combattants, par la volonté sans faille de ses chefs, a écrit une page importante de son histoire militaire.
C'est ce travail de mémoire que réalise le Comité national d'entente des anciens d'Indochine. Et je profite de l'occasion qui m'est donnée pour saluer le travail mené de concert par les différentes associations et rendre hommage à l'engagement du président du Comité d'entente, le contrôleur général Bonnetête et à son prédécesseur, le général Simon.
Hier, nos soldats ont répondu à l'appel de la France en Indochine, comme beaucoup y répondent encore aujourd'hui, en Afghanistan, au Liban, au Mali, en Centrafrique. La République se doit d'inscrire le souvenir de l'Indochine dans l'ensemble du territoire, dans chacune des communes de France, comme elle doit y inscrire le souvenir des conflits du temps présent.
C'est pourquoi je suis ici, à Fréjus, terre de mémoire, pour rappeler que la France est fière de son histoire. Pour dire aussi que la République s'est enracinée en surmontant les épreuves que le XXe siècle a mises sur son chemin.
L'Histoire de la France s'est construite dans la diversité des trajectoires et des origines. L'identité de notre Nation aujourd'hui est une richesse à l'image de cette mémoire collective que nous partageons, une mémoire vive, une mémoire riche, une mémoire plurielle. Elle incarne notre passé. Elle éclaire notre avenir.
En 1882, Ernest Renan écrivait : « Ce qui constitue une nation, ce n'est pas de parler la même langue, ou d'appartenir à un groupe ethnographique commun, c'est d'avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l'avenir ».
Par-delà ce qui fait la singularité de chacun d'entre nous, la France a toujours su se rassembler pour « faire de grandes choses dans le passé ». C'est pourquoi être patriote est l'affaire de chacun. Et c'est notre affaire à tous.
Ce qui nous rassemble aujourd'hui, ce qui fait la force de notre pays, c'est un patriotisme qui rassemble et non un patriotisme qui divise, c'est un patriotisme qui intègre et non un patriotisme qui exclut.
Mesdames et Messieurs,
Depuis près de deux ans, la fonction que j'occupe m'invite à revisiter, à redécouvrir et à revivre l'histoire de notre pays. Cette histoire s'est construite au fil du temps en dépassant ses querelles et ses divisions pour faire la France d'aujourd'hui.
L'Europe elle-même a su dépasser les épreuves terribles que furent les deux guerres mondiales pour se construire et devenir cet espace de paix dans lequel nous vivons aujourd'hui.
C'est ce qui m'amène à vous dire qu'il n'y a pas plus bel endroit que la France et l'Europe pour célébrer la paix et la liberté, pour dire que rien ne fait plus la force que l'unité, que rien ne fait plus la force que la fraternité, elle qui, incarnée il y a 60 ans dans celle des armes, est prête à tous les combats, elle qui est la garantie de la liberté et de l'égalité avec qui elle forme le triptyque de notre belle République.
Et je vous remercie de m'avoir donné l'occasion aujourd'hui de venir rappeler cela devant vous.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 6 mai 2014