Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur l'attractivité internationale de l'enseignement supérieur, à Paris le 7 mai 2014.

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  • Laurent Fabius - Ministre des affaires étrangères et du développement international

Circonstance : Réception en l’honneur de l’Ecole européenne de droit de Toulouse, à Paris le 7 mai 2014

Texte intégral

Monsieur le Président, Cher Martin Malvy,
Monsieur le Maire,
Messieurs les Présidents,
Monsieur le Directeur,
Mesdames et Messieurs,

Cette rencontre a lieu au Quai d'Orsay parce que j'ai considéré qu'il fallait marquer d'une pierre blanche le lancement, en bon français, de l'«European School of Law». Je veux saluer notamment les membres du comité d'orientation stratégique qui sont présents aujourd'hui. Vous êtes ici chez vous.
Il y a de nombreuses raisons d'organiser ce lancement au siège du ministère des affaires étrangères et du développement international : la «Toulouse European School of Law» est une école de formation de juristes pour l'Europe. Il va s'agir par l'étude du droit européen et du droit de deux États membres au moins, de former des spécialistes qui seront capable de naviguer entre la diversité des systèmes juridiques caractéristiques de l'Union européenne.
C'est toute l'originalité de ce projet. Il ne s'agit pas d'enseigner le droit national puis d'y ajouter un zest de droit européen - je ne fais référence à rien d'existant - mais il s'agit d'une formation d'emblée transnationale. Le déroulement du cursus repose sur des doubles formations organisées en partenariat avec des universités de neuf pays. La formation sera plurilingue et les lauréats recevront un double diplôme de l'université partenaire et de l'université de Toulouse I.
Avec cette nouvelle école dont la région peut s'enorgueillir, vous allez renforcer et confirmer votre statut d'université international de premier rang. Déjà nous avons la «Toulouse School of Economic» qui est régulièrement classée parmi les dix premiers centres de recherche du monde en économie. L'université Toulouse I Capitole a obtenu en 2012 le label Centre d'excellence Jean Monnet de la Commission européenne ; son développement international est impressionnant, elle entretient des partenariats avec plus de 200 universités. Elle a signé des conventions bilatérales avec un nombre considérable de pays d'Amérique et d'Asie. Elle compte 20 % d'étudiants étrangers alors que la moyenne des universités françaises s'établit à 12,5 %. Vous êtes à tous égards très fortement au-dessus de la moyenne.
L'université de Toulouse I joue un rôle déterminant dans le rayonnement universitaire français. J'ai donc voulu saisir cette occasion pour lui rendre cet hommage.
Plus généralement, et le directeur nous en dira un mot dans un instant, l'attractivité en matière de formation universitaire et de recherche est un atout tout à fait décisif pour la France. Nous avons une tradition qui est excellente en la matière et, même si nous ne sommes pas dans tous les classements mondiaux parmi les premiers, la France fait partie des cinq premières destinations choisies par les étudiants internationaux en mobilité. Nous sommes à la troisième ou quatrième place des pays d'accueil. Ce qui est au moins aussi important, c'est que les étudiants, qui viennent chez nous, lorsqu'ils sont interrogés sont généralement satisfaits. Un récent sondage montrait que neuf étudiants étrangers sur dix recommandaient la France.
Dans un contexte de très forte concurrence pour attirer les talents internationaux, je pense que la France peut faire encore mieux et la création de formations d'excellence tournées vers l'extérieur, comme la «Toulouse European School of law», y participe.
Et de son côté, le gouvernement veille à simplifier les procédures. Il y a eu un très gros travail de Mme Geneviève Fioraso, pour faciliter la mobilité, améliorer l'accueil. Cela commence d'ailleurs pour une part dans les consulats pour la délivrance des visas que nous devons encore accélérer.
Tout cela est en cours et l'un des mots d'ordre qui doit être traduit dans les faits, c'est ce que l'on appelle l'attractivité universitaire.
À ce sujet et sans être long, je dirai un mot de la présence de nos étudiants à l'étranger. On entend de nombreuses erreurs à ce propos.
Je suis tout à fait partisan qu'il y ait beaucoup d'étudiants français à l'étranger. C'est une conception complétement dépassée de croire qu'il faut se renfermer comme une citadelle. Cela n'a absolument aucun sens. Il faut que beaucoup de Français aillent à l'étranger et que beaucoup d'étrangers viennent en France. C'est ainsi qu'une France puissante pourra se développer dans un monde ouvert.
Personnellement, en tant que chef de la diplomatie française, je suis très heureux d'avoir des ambassadeurs extrêmement efficaces qui sont nos étudiants, nos enseignants et nos chercheurs à l'étranger. En effet, ils acquièrent une ouverture sur le monde extraordinaire, parce qu'ils donnent de la science sous toutes ses formes et de nos disciplines une image très positive. Je ne peux donc qu'encourager cette dimension de réseau.
Et puisque je parle de réseau, je donnerai un chiffre qui n'est absolument pas connu du grand public : l'an passé, nous avons formé près de 300.000 étudiants étrangers. C?'est un atout extraordinaire pour la France car, de retour dans leur pays, ils seront, nos meilleurs ambassadeurs. L'autre jour, je me trouvais à Pékin pour une réunion avec des Chinois, qui avaient été étudiants en France, il y avait là le vice-président du Conseil d'État, le président de telle ou telle entreprise, il n'y a pas de meilleur ambassadeur pour la France.
Je voudrais que nous amplifiions encore ce mouvement et que nous soyons aussi performants que d'autres pays. Je pense notamment aux Américains mais pas seulement, dans les réseaux que l'on appelle les alumni. On a confié à Campus France le soin de reconsidérer tout cela.
Je souhaite également que cette nouvelle École constitue un réseau d'élèves, d'anciens élèves pour faire rayonner non seulement Toulouse et cette superbe école mais l'ensemble de notre pays. Je vous souhaite, Monsieur le Président, un immense succès.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 mai 2014