Texte intégral
Q - Comment voyez-vous, Monsieur le Ministre, la nouvelle ère de coopération entre la Libye et la France ?
R - Je voudrais me réjouir d'être à Tripoli pour marquer en effet la volonté de nos deux pays d'avoir désormais une relation plus étroite, les conditions sont réunies et l'actualité internationale lui donne des raisons de plus pour vouloir cette coopération.
Au cours de ce séjour, j'aurai l'occasion de rencontrer un certain nombre de responsables libyens pour parler de l'actualité internationale, c'est en quelque sorte le dialogue politique entre les deux pays. Pour parler de coopération bilatérale, nous avons déjà, en envoyant un certain nombre de missions, identifier des thèmes de coopération privilégiée et j'aurai l'occasion d'en parler avec M. Mujber notamment. J'aurai l'occasion aussi de parler de la relation économique entre les deux pays, au lendemain d'une mission du patronat français. Je pense que cette question sera examinée au ministère de l'Economie où là je rencontrerai M. Al Jawer que je verrai d'ailleurs dès ce soir, pour voir comment là encore les entreprises françaises peuvent s'intéresser davantage à l'économie libyenne et puis nous parlerons de l'Afrique.
Le Guide manifeste depuis longtemps son intérêt pour le continent africain. La France, de son côté, a une relation ancienne avec l'Afrique et je pense que nous avons beaucoup de choses à nous dire à propos de l'Afrique.
Je n'oublie pas la Méditerranée et là encore j'espère avoir l'occasion de m'entretenir avec mes interlocuteurs libyens des questions méditerranéennes, là encore l'actualité nous y invite.
Je rappelle que c'est la première visite officielle d'un ministre français depuis presque dix ans. C'est Roland Dumas qui était venu en 1992 la dernière fois, c'est donc important.
Enfin, le président Jacques Chirac qui attache une attention particulière à cette relance de notre coopération m'a remis un message à l'intention de son excellence le colonel Kadhafi que j'espère bien pouvoir remettre en mains propres au Guide.
Q - Comment la France voit-elle l'idée de la concrétisation de l'Union africaine et que peut-elle mettre en place pour aider à l'édification de cette union et quelles sont les perspectives de coopération entre l'Union africaine et la France, d'une part ; l'Union africaine et l'Union européenne de l'autre ?
R - Je vais d'abord dire que la France a depuis quelques années entrepris de réformer sa coopération avec l'Afrique et désormais c'est avec toute l'Afrique que nous entendons coopérer mais pas seulement avec l'Afrique francophone.
Nous suivons avec beaucoup d'intérêt et de sympathie les efforts entrepris pour unifier les Africains, convaincus que cette unification peut servir à la fois la paix et le développement. C'est dire que nous avons accueilli, je le répète, avec beaucoup de satisfaction les grandes rencontres qui ont eu lieu à Syrte pour lancer en quelque sorte les bases de l'Union africaine.
Q - En ce qui concerne l'organisation de la Francophonie et la succession de l'Egyptien, M. Boutros Boutros-Ghali, on sait aussi que les Africains sont pour Henri Lopez, mais il y a également l'ancien président sénégalais Abou Diouf et l'écrivain camerounaise Céline Segara. Où en est-on à ce sujet ?
R - Le Sommet aura lieu à Beyrouth mais, pour des raisons qui tiennent essentiellement à l'actualité, la décision de le reporter a été prise, c'est donc probablement au mois de septembre 2002 que le Sommet aura lieu, mais à Beyrouth, j'y insiste. Nous comprenons la déception de nos amis libanais qui avaient beaucoup investi dans la préparation de ce Sommet. J'ai d'ailleurs rencontré le ministre Salamé il y a quelques jours à Paris, pour lui faire part de nos regrets.
A la question du renouvellement du Secrétaire général de la Francophonie, vous êtes bien informés car les noms que vous avez cités ont, en effet, été avancés mais puisque le choix du Secrétaire général est de la responsabilité du Sommet et que celui-ci est repoussé à l'an prochain, de fait, le mandat de M. Boutros Boutros-Ghali se trouve prolongé d'un an. Ce qui laisse tout le temps de préparer dans de bonnes conditions le choix de son successeur et nous verrons qui, parmi ceux que vous avez cité, a les meilleures chances.
S'agissant de la position de la France, nous avons toujours dit que s'il y avait consensus parmi les Africains pour choisir l'un des leurs. La France soutiendrait le candidat que les Africains proposeraient, je ne peux vous dire que cela. Vous-même rappeliez tout à l'heure qu'il y a plusieurs noms d'Africains, alors si les Africains se mettent d'accord pour l'an prochain, nous pourrions imaginer, en effet, qu'un Africain succède l'an prochain à M. Boutros Boutros-Ghali.
Q - Comment évaluez-vous l'actuelle politique des échanges et de la coopération entre Paris et Tripoli ?
R - C'est insuffisant, même si un certain nombre d'entreprises françaises participent déjà au développement de la Libye. On pourrait évoquer la présence de quelques-unes unes de nos entreprises.
Il y a d'autres secteurs où les entreprises françaises occupent une place d'excellence. Faut-il évoquer la question de l'eau, des transports, de l'énergie ? Je ne doute pas que les Libyens comme nous-mêmes souhaitent que davantage d'entreprises s'intéressent à la Libye. Mon voyage est aussi là pour faire avancer cette question de la coopération économique et industrielle.
Q - Que peut attendre la France de la Libye dans la phase actuelle après les derniers attentats ?
R - Je voudrais d'abord rappeler que mon voyage était programmé bien avant les attentats, mais il est vrai que les attentats donnent à la relation internationale en général une importance particulière et nous pensons en effet que la Libye doit être un acteur dans ce combat engagé contre le terrorisme international.
Nous avons observé que les autorités libyennes ont exprimé leur solidarité avec le peuple américain. Elles ont même d'ailleurs proposé leur aide. Nous savons que la Libye est soucieuse de voir les agissements du terrorisme international empêchés. La France, comme vous le savez, est solidaire du peuple américain et elle entend prendre toute sa place dans la lutte engagée, mais nous rappelons que l'action militaire ne saurait à elle seule éradiquer le terrorisme. Et nous considérons qu'il faut porter également la lutte au plan judiciaire, financier, et il y a besoin à cet égard d'une coopération internationale. Nous pensons que la Libye peut être, aussi, notre alliée dans ce combat.
Q - Quels sont les secteurs de coopération qui pourront être proposés par la France ?
R - Bien entendu, la recherche et l'exploitation pétrolière sont un des thèmes de notre coopération économique, le téléphone en est un autre, je le disais à l'instant, nos entreprises ont la compétence pour participer aux grands travaux que la Libye se propose d'engager.
Il y a la coopération culturelle, je pense en particulier à la coopération universitaire, à l'enseignement du français, à la coopération scientifique, le domaine de la télédétection de la météorologie a été particulièrement identifié, mais la recherche en sciences humaines a également fait l'objet d'une identification particulière. L'eau, l'environnement, sans faire une liste exhaustive, sont des dossiers sur lesquels nous pouvons coopérer.
J'ai compris aussi que les autorités libyennes aimaient que nous réfléchissions à une coopération en matière de santé, nous y sommes également ouverts.
Q - Est-ce que vous êtes porteur d'un message du président de la République pour le colonel Kadhafi ?
R - Oui, je suis en effet porteur d'un message du président Jacques Chirac que j'espère remettre en main propre à son excellence le colonel Kadhafi.
Q - Peut-on savoir quelle est la teneur de ce message ?
R - La teneur porte essentiellement sur la volonté de la France d'entretenir avec la Libye des relations plus étroites et de développer notre coopération.
Q - Etes-vous satisfait des relations franco-libyennes ?
R - Oui, mais c'est parce que nous considérons qu'elles pourraient être plus étroites. Nous sommes heureux que les conditions sont désormais remplies pour une reprise véritable de cette coopération.
La France porte à l'Afrique un intérêt particulier depuis très longtemps.
Je sais l'intérêt que de son côté le Guide attache au développement de l'Afrique, il y a là un sujet de coopération privilégié.
La France avec elle l'Europe, la Libye et l'Afrique peuvent nouer un dialogue particulièrement fécond.
Je trouve que pour nous, parce que la Libye est un pays méditerranéen, parce qu'elle est un pays arabe, l'actualité donne à ce dialogue un intérêt tout particulier.
Q - On voit s'accélérer les efforts pour lutter contre le terrorisme, mais la Libye est un des pays qui sont mentionnés, par les Etats-Unis, sur la liste des pays qui aideraient le terrorisme ?
R - Je crois que la relation entre les Etats-Unis et la Libye est, elle aussi, en train de se transformer. Le signe que nous pourrions donner à cela, c'est que nous comprenons que la Libye doit être réintégrée dans la communauté internationale. Nous devons savoir répondre à cette volonté, mais il est vrai que la participation de la Libye à la lutte contre le terrorisme international peut aider puissamment à sa réintégration dans la communauté internationale.
Q - Comment le gouvernement français voit-il aujourd'hui les positions onusiennes qui dénoncent le terrorisme et réclament également la tenue de la conférence internationale pour débattre, pour définir l'arrêt définitif du terrorisme ?
R - Nous savons la demande de la Libye de tenir cette conférence internationale pour définir, ce qui ne sera pas si facile, ce concept de terrorisme. Mais lorsqu'il s'est agi d'examiner au Conseil de sécurité la suspension des sanctions à l'encontre de la Libye, à la question précise de la relation entre la Libye et le terrorisme, nous avons exprimé notre conviction que la Libye avait donné des signes incontestables de renonciation au terrorisme. S'agissant en particulier de la question de M. Ben Laden, c'est dès 1995 que les autorités libyennes avaient souhaité qu'Interpol s'y intéresse.
Ce qui nous soucie en tous cas aujourd'hui, c'est le présent et plus encore l'avenir.
Q - Comment voyez-vous l'avenir avec la Libye alors qu'existe la loi d'Amato ?
R - Nous nous sentons pas forcément liés par la loi d'Amato. L'Europe définit librement sa politique commerciale avec le seul souci de respecter les règles de l'Organisation mondiale du commerce. Vous savez que l'Europe a de son côté défini des règles dans son commerce avec la Libye qui pour l'instant n'exclut que les matériels militaires et paramilitaires.
Je le répète, je ne peux que souhaiter que les conversations engagées en particulier entre la Libye d'une part, et les Etats-Unis, la Grande-Bretagne d'autre part, aboutissent favorablement afin que nous passions de la suspension des sanctions à l'arrêt des sanctions. C'est encore un peu trop tôt pour préjuger d'un résultat. Et il semble que le dialogue évolue favorablement.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 octobre 2001)
R - Je voudrais me réjouir d'être à Tripoli pour marquer en effet la volonté de nos deux pays d'avoir désormais une relation plus étroite, les conditions sont réunies et l'actualité internationale lui donne des raisons de plus pour vouloir cette coopération.
Au cours de ce séjour, j'aurai l'occasion de rencontrer un certain nombre de responsables libyens pour parler de l'actualité internationale, c'est en quelque sorte le dialogue politique entre les deux pays. Pour parler de coopération bilatérale, nous avons déjà, en envoyant un certain nombre de missions, identifier des thèmes de coopération privilégiée et j'aurai l'occasion d'en parler avec M. Mujber notamment. J'aurai l'occasion aussi de parler de la relation économique entre les deux pays, au lendemain d'une mission du patronat français. Je pense que cette question sera examinée au ministère de l'Economie où là je rencontrerai M. Al Jawer que je verrai d'ailleurs dès ce soir, pour voir comment là encore les entreprises françaises peuvent s'intéresser davantage à l'économie libyenne et puis nous parlerons de l'Afrique.
Le Guide manifeste depuis longtemps son intérêt pour le continent africain. La France, de son côté, a une relation ancienne avec l'Afrique et je pense que nous avons beaucoup de choses à nous dire à propos de l'Afrique.
Je n'oublie pas la Méditerranée et là encore j'espère avoir l'occasion de m'entretenir avec mes interlocuteurs libyens des questions méditerranéennes, là encore l'actualité nous y invite.
Je rappelle que c'est la première visite officielle d'un ministre français depuis presque dix ans. C'est Roland Dumas qui était venu en 1992 la dernière fois, c'est donc important.
Enfin, le président Jacques Chirac qui attache une attention particulière à cette relance de notre coopération m'a remis un message à l'intention de son excellence le colonel Kadhafi que j'espère bien pouvoir remettre en mains propres au Guide.
Q - Comment la France voit-elle l'idée de la concrétisation de l'Union africaine et que peut-elle mettre en place pour aider à l'édification de cette union et quelles sont les perspectives de coopération entre l'Union africaine et la France, d'une part ; l'Union africaine et l'Union européenne de l'autre ?
R - Je vais d'abord dire que la France a depuis quelques années entrepris de réformer sa coopération avec l'Afrique et désormais c'est avec toute l'Afrique que nous entendons coopérer mais pas seulement avec l'Afrique francophone.
Nous suivons avec beaucoup d'intérêt et de sympathie les efforts entrepris pour unifier les Africains, convaincus que cette unification peut servir à la fois la paix et le développement. C'est dire que nous avons accueilli, je le répète, avec beaucoup de satisfaction les grandes rencontres qui ont eu lieu à Syrte pour lancer en quelque sorte les bases de l'Union africaine.
Q - En ce qui concerne l'organisation de la Francophonie et la succession de l'Egyptien, M. Boutros Boutros-Ghali, on sait aussi que les Africains sont pour Henri Lopez, mais il y a également l'ancien président sénégalais Abou Diouf et l'écrivain camerounaise Céline Segara. Où en est-on à ce sujet ?
R - Le Sommet aura lieu à Beyrouth mais, pour des raisons qui tiennent essentiellement à l'actualité, la décision de le reporter a été prise, c'est donc probablement au mois de septembre 2002 que le Sommet aura lieu, mais à Beyrouth, j'y insiste. Nous comprenons la déception de nos amis libanais qui avaient beaucoup investi dans la préparation de ce Sommet. J'ai d'ailleurs rencontré le ministre Salamé il y a quelques jours à Paris, pour lui faire part de nos regrets.
A la question du renouvellement du Secrétaire général de la Francophonie, vous êtes bien informés car les noms que vous avez cités ont, en effet, été avancés mais puisque le choix du Secrétaire général est de la responsabilité du Sommet et que celui-ci est repoussé à l'an prochain, de fait, le mandat de M. Boutros Boutros-Ghali se trouve prolongé d'un an. Ce qui laisse tout le temps de préparer dans de bonnes conditions le choix de son successeur et nous verrons qui, parmi ceux que vous avez cité, a les meilleures chances.
S'agissant de la position de la France, nous avons toujours dit que s'il y avait consensus parmi les Africains pour choisir l'un des leurs. La France soutiendrait le candidat que les Africains proposeraient, je ne peux vous dire que cela. Vous-même rappeliez tout à l'heure qu'il y a plusieurs noms d'Africains, alors si les Africains se mettent d'accord pour l'an prochain, nous pourrions imaginer, en effet, qu'un Africain succède l'an prochain à M. Boutros Boutros-Ghali.
Q - Comment évaluez-vous l'actuelle politique des échanges et de la coopération entre Paris et Tripoli ?
R - C'est insuffisant, même si un certain nombre d'entreprises françaises participent déjà au développement de la Libye. On pourrait évoquer la présence de quelques-unes unes de nos entreprises.
Il y a d'autres secteurs où les entreprises françaises occupent une place d'excellence. Faut-il évoquer la question de l'eau, des transports, de l'énergie ? Je ne doute pas que les Libyens comme nous-mêmes souhaitent que davantage d'entreprises s'intéressent à la Libye. Mon voyage est aussi là pour faire avancer cette question de la coopération économique et industrielle.
Q - Que peut attendre la France de la Libye dans la phase actuelle après les derniers attentats ?
R - Je voudrais d'abord rappeler que mon voyage était programmé bien avant les attentats, mais il est vrai que les attentats donnent à la relation internationale en général une importance particulière et nous pensons en effet que la Libye doit être un acteur dans ce combat engagé contre le terrorisme international.
Nous avons observé que les autorités libyennes ont exprimé leur solidarité avec le peuple américain. Elles ont même d'ailleurs proposé leur aide. Nous savons que la Libye est soucieuse de voir les agissements du terrorisme international empêchés. La France, comme vous le savez, est solidaire du peuple américain et elle entend prendre toute sa place dans la lutte engagée, mais nous rappelons que l'action militaire ne saurait à elle seule éradiquer le terrorisme. Et nous considérons qu'il faut porter également la lutte au plan judiciaire, financier, et il y a besoin à cet égard d'une coopération internationale. Nous pensons que la Libye peut être, aussi, notre alliée dans ce combat.
Q - Quels sont les secteurs de coopération qui pourront être proposés par la France ?
R - Bien entendu, la recherche et l'exploitation pétrolière sont un des thèmes de notre coopération économique, le téléphone en est un autre, je le disais à l'instant, nos entreprises ont la compétence pour participer aux grands travaux que la Libye se propose d'engager.
Il y a la coopération culturelle, je pense en particulier à la coopération universitaire, à l'enseignement du français, à la coopération scientifique, le domaine de la télédétection de la météorologie a été particulièrement identifié, mais la recherche en sciences humaines a également fait l'objet d'une identification particulière. L'eau, l'environnement, sans faire une liste exhaustive, sont des dossiers sur lesquels nous pouvons coopérer.
J'ai compris aussi que les autorités libyennes aimaient que nous réfléchissions à une coopération en matière de santé, nous y sommes également ouverts.
Q - Est-ce que vous êtes porteur d'un message du président de la République pour le colonel Kadhafi ?
R - Oui, je suis en effet porteur d'un message du président Jacques Chirac que j'espère remettre en main propre à son excellence le colonel Kadhafi.
Q - Peut-on savoir quelle est la teneur de ce message ?
R - La teneur porte essentiellement sur la volonté de la France d'entretenir avec la Libye des relations plus étroites et de développer notre coopération.
Q - Etes-vous satisfait des relations franco-libyennes ?
R - Oui, mais c'est parce que nous considérons qu'elles pourraient être plus étroites. Nous sommes heureux que les conditions sont désormais remplies pour une reprise véritable de cette coopération.
La France porte à l'Afrique un intérêt particulier depuis très longtemps.
Je sais l'intérêt que de son côté le Guide attache au développement de l'Afrique, il y a là un sujet de coopération privilégié.
La France avec elle l'Europe, la Libye et l'Afrique peuvent nouer un dialogue particulièrement fécond.
Je trouve que pour nous, parce que la Libye est un pays méditerranéen, parce qu'elle est un pays arabe, l'actualité donne à ce dialogue un intérêt tout particulier.
Q - On voit s'accélérer les efforts pour lutter contre le terrorisme, mais la Libye est un des pays qui sont mentionnés, par les Etats-Unis, sur la liste des pays qui aideraient le terrorisme ?
R - Je crois que la relation entre les Etats-Unis et la Libye est, elle aussi, en train de se transformer. Le signe que nous pourrions donner à cela, c'est que nous comprenons que la Libye doit être réintégrée dans la communauté internationale. Nous devons savoir répondre à cette volonté, mais il est vrai que la participation de la Libye à la lutte contre le terrorisme international peut aider puissamment à sa réintégration dans la communauté internationale.
Q - Comment le gouvernement français voit-il aujourd'hui les positions onusiennes qui dénoncent le terrorisme et réclament également la tenue de la conférence internationale pour débattre, pour définir l'arrêt définitif du terrorisme ?
R - Nous savons la demande de la Libye de tenir cette conférence internationale pour définir, ce qui ne sera pas si facile, ce concept de terrorisme. Mais lorsqu'il s'est agi d'examiner au Conseil de sécurité la suspension des sanctions à l'encontre de la Libye, à la question précise de la relation entre la Libye et le terrorisme, nous avons exprimé notre conviction que la Libye avait donné des signes incontestables de renonciation au terrorisme. S'agissant en particulier de la question de M. Ben Laden, c'est dès 1995 que les autorités libyennes avaient souhaité qu'Interpol s'y intéresse.
Ce qui nous soucie en tous cas aujourd'hui, c'est le présent et plus encore l'avenir.
Q - Comment voyez-vous l'avenir avec la Libye alors qu'existe la loi d'Amato ?
R - Nous nous sentons pas forcément liés par la loi d'Amato. L'Europe définit librement sa politique commerciale avec le seul souci de respecter les règles de l'Organisation mondiale du commerce. Vous savez que l'Europe a de son côté défini des règles dans son commerce avec la Libye qui pour l'instant n'exclut que les matériels militaires et paramilitaires.
Je le répète, je ne peux que souhaiter que les conversations engagées en particulier entre la Libye d'une part, et les Etats-Unis, la Grande-Bretagne d'autre part, aboutissent favorablement afin que nous passions de la suspension des sanctions à l'arrêt des sanctions. C'est encore un peu trop tôt pour préjuger d'un résultat. Et il semble que le dialogue évolue favorablement.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 octobre 2001)