Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invité ce matin est François REBSAMEN, ministre de l'Emploi et du dialogue social. Bonjour.
MONSIEUR LE MINISTRE FRANÇOIS REBSAMEN
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Nous avons eu le chiffre de l'INSEE il y a quelques minutes : croissance nulle en France au premier trimestre, zéro tout simplement. Avec une croissance nulle, on crée de l'emploi ?
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est une bonne question. Vous me permettez quelques commentaires ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y, allez-y.
FRANÇOIS REBSAMEN
Il était prévu. Les prévisions étaient de 0,1 pour le premier trimestre. Des commentaires vont être faits ou des annonces vont être faits dans les jours qui viennent par le FMI, et cætera et les prévisions de croissance qui concernent notre pays, 1 % pour cette année, seront confirmés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous pensez que le 1 % cette année sera tenu ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui. Déjà, il sera confirmé par les Instituts, OCDE et FMI, et ensuite tenu. L'année dernière, ça ne s'est pas vu. On ne peut pas faire que le commentaire quand c'est mauvais de 0,1 et ne pas le faire quand c'est positif de 0,1. L'année dernière s'est terminée sur un résultat de 0,3, + 0,3. En début d'année, il était prévu 0,1 et il y a eu au dernier trimestre un fort rebond d'investissement. Le premier trimestre au niveau des entreprises, il y a eu un léger recul de l'investissement, ce qui explique le 0 %.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Recul de l'investissement et recul de la consommation des ménages.
FRANÇOIS REBSAMEN
Et recul de la consommation. Il y a eu les élections. Je me permets de dire que les élections municipales où les élections en général, ce n'est jamais un bon moment pour la consommation, la cohésion nationale et le développement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est quand même pas la faute des élections si les gens ne consomment pas. C'est parce qu'ils n'ont pas de pouvoir d'achat.
FRANÇOIS REBSAMEN
0,1, c'est vraiment l'épaisseur du trait. L'engagement qui est pris de 1 % sera tenu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec 0 %, on ne crée aucun emploi, soyons clairs.
FRANÇOIS REBSAMEN
Avec 0 %, on ne crée pas d'emplois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On en perd.
FRANÇOIS REBSAMEN
On n'en perd pas forcément mais on n'en crée pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On n'en crée pas, ça c'est certain. On en crée entre 1,5 et 2 %.
FRANÇOIS REBSAMEN
Ça dépend de la nature de la croissance mais une fois qu'on a mis en place tous les dispositifs de lutte pour l'emploi ça, c'est mon travail après, il faut la croissance, c'est vrai. La vérité, on l'a vu dans les chiffres du chômage du premier trimestre, puisque mon prédécesseur avait commencé et j'ai continué, il y a eu un mois de mars qui était meilleur que le mois de février.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est donc la courbe de la croissance qui s'inverse, quoi !
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, non, non, non !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je dis ça comme ça. C'est un plaisir.
FRANÇOIS REBSAMEN
Sur la courbe du chômage, je n'en parle plus. Pourquoi ? Michel SAPIN avait promis l'inversion, il l'a inversée. Je le dis ici ce matin : il l'a inversée et puis ça stagne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça dépend des calculs mais on ne va pas discuter de ça.
FRANÇOIS REBSAMEN
L'INSEE a dit l'année dernière 0,1.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ne va pas discuter de ça !
FRANÇOIS REBSAMEN
Okay, mais
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous, vous allez considérablement l'inverser si j'ai bien compris puisque vous nous dites : « moins de trois millions de chômeurs à la fin du quinquennat ».
FRANÇOIS REBSAMEN
Il faut bien donner un objectif quand même, un cap. D'abord, je n'aime pas qu'on parle comme ça du chômage. En réalité, derrière le terme de chômage ce sont des hommes et des femmes, des chômeuses et des chômeurs. Ce n'est pas à vous que je vais le dire puisque vous êtes vraiment ancré dans la réalité à travers toutes vos interviews, toujours. Ce sont des femmes, des hommes, qui demandent de l'emploi, qui cherchent du travail et c'est à ceux-là qu'il faut penser. 3 349 000 aujourd'hui, c'est vraiment quelque chose d'insupportable. Je voudrais diminuer le nombre de chômeurs, je dis les choses assez simplement, et le ramener le plus près possible des 3 millions de chômeurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais revenir aux solutions, au Pacte de responsabilité, les propos tenus hier par Pierre GATTAZ qui était à votre place, le président du MEDEF. Mais je voudrais regarder l'actualité du jour, le décret - on parle de patriotisme économique, de protectionnisme : un certain nombre d'investissements étrangers en France seront soumis à l'autorisation du gouvernement. Ça a été signé par le Premier ministre Manuel VALLS, Arnaud MONTEBOURG sera à votre place demain matin pour en parler. Est-ce que Bruxelles peut accepter un tel décret ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, oui. Il faut à un moment marquer
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est du protectionnisme, non ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non. C'est ce que font les Etats-Unis. Il ne s'agit pas de se protéger. Il s'agit de donner le droit à l'Etat, au gouvernement de la République, de prendre sa place à une table des négociations pour protéger les intérêts stratégiques de notre pays. Vous allez voir que cette décision qui a été prise par le gouvernement français commence à faire école ou à faire réfléchir dirons-nous. David CAMERON commence à s'agacer, on va dire les choses comme ça, de voir lui aussi que des entreprises américaines, de grandes entreprises pharmaceutiques, essayent de racheter de grandes entreprises anglaises. Il y a un moment où quand l'argent s'est concentré, le capital s'est concentré dans des pays prenons l'exemple de la Chine, prenons l'exemple des Etats-Unis. Demain, il y a des secteurs pour nous qui sont des secteurs essentiels, vitaux. Prenons l'énergie, l'eau en est un, les transports.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La santé, les communications. Ça fait beaucoup !
FRANÇOIS REBSAMEN
Bien sûr, bien sûr. C'est le coeur. On ne dit pas : « Il ne faut pas que des entreprises étrangères viennent, coopèrent, participent ». On dit : « L'Etat a son mot à dire ».
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire que l'Etat peut même interdire, peut dire non. Le veto de l'Etat.
FRANÇOIS REBSAMEN
Bien sûr. Oui, bien sûr c'est possible. Prenons l'exemple du nucléaire, prenons l'exemple de l'armement. D'ailleurs, ça avait été commencé en 2005, à l'époque je ne sais pas si c'était Nicolas SARKOZY.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'était Dominique de VILLEPIN.
FRANÇOIS REBSAMEN
C'était Dominique de VILLEPIN. Il y a eu une première avancée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Exact. Uniquement sur la Défense et la Sécurité.
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est tout à fait juste. On l'étend à des secteurs qu'on considère comme stratégiques aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors François REBSAMEN, ça veut dire veto dans l'affaire ALSTOM ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, ça ne veut pas dire veto ; ça veut dire droit de regard. Droit de regard, ça veut dire qu'il faut prendre la meilleure offre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que c'est l'Etat qui choisira la meilleure offre ? C'est l'Etat qui va choisir, sinon l'Etat dit : « Moi, je mets mon veto ».
FRANÇOIS REBSAMEN
Il dira sa préférence pour la meilleure offre. Ils en discuteront. Il faut en débattre avec l'Etat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est l'Etat qui doit choisir dans l'affaire ALSTOM ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, pas forcément mais l'Etat doit faire connaître sa position.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais l'Etat a déjà fait connaître sa position par l'intermédiaire d'Arnaud MONTEBOURG. Ça veut dire que l'Etat va plus loin, François REBSAMEN !
FRANÇOIS REBSAMEN
L'Etat, vous savez, ce gouvernement-là en l'occurrence, il a permis une chose. D'abord, il y a eu un délai d'un mois. Le délai d'un mois permet de voir d'autres offres qui peuvent arriver et éviter les
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est donc l'Etat qui choisira, François REBSAMEN ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non. L'Etat peut s'opposer, je le tourne dans l'autre sens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord. Ça veut dire que si l'Etat n'est pas content, il s'oppose, donc il choisit.
FRANÇOIS REBSAMEN
On peut dire quand vraiment il n'est pas content, oui. C'est vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est l'Etat qui choisit, donc c'est du protectionnisme.
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, non, je récuse ce terme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous récusez ? D'accord. Patriotisme ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Patriotisme économique, ça me va. D'ailleurs, vous le direz à Arnaud MONTEBOURG demain.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, exactement. On va en parler, ça va être animé. Patriotisme économique, ce qui est extraordinaire c'est que parallèlement, puisqu'on parle beaucoup d'Europe en ce moment, l'Europe est en train de négocier des accords de libre échange avec les Etats-Unis. Est-ce que ce n'est pas contradictoire franchement ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non. Il faut du libre échange mais il faut du juste échange.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Du libre échange mais c'est l'Etat qui décide !
FRANÇOIS REBSAMEN
Il faut des négociations de libre échange mais il faut du juste échange. Quand on considère que les intérêts stratégiques d'un pays sont en cause, il faut les protéger.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça s'est bien passé au conseil des ministres hier ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, oui, ça s'est bien passé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'êtes pas macho, vous, François REBSAMEN ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, je ne dois pas être considéré comme quelqu'un de macho.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'êtes pas macho ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, non !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que vous avez vu ce qu'a dit votre collègue qui dit qu'elle est maltraitée. Vous pensez qu'elle est maltraitée dans ce gouvernement, Ségolène ROYAL ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non. Elle a toute sa place, elle est compétente dans son secteur, elle est reconnue
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même qu'elle est plus compétente que beaucoup. Vous avez vu ce qu'elle a dit ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Ça, je ne vais pas jusque-là. Je vous dis qu'elle est compétente.
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Si je suis là, c'est parce que je suis compétente. Peut-être plus compétente que les autres ».
FRANÇOIS REBSAMEN
Elle est compétente. C'est bien d'être compétent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord, d'accord. Elle pense peut-être, je ne sais pas, à François HOLLANDE qui a moins de titres de gloire qu'elle dans la compétence.
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, je ne pense pas. Je ne pense pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Enfin bon, je ne vais pas venir là-dessus, vous n'allez pas commenter. Mais vous trouvez malheureux ce genre de propos ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Sur sa propre compétence ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non. Je ne parle pas de sa compétence, je parle de ce qu'elle dit : qu'il y a un mépris vis-à-vis d'elle
FRANÇOIS REBSAMEN
Moi, je ne le ressens pas et je ne le pense.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et même sur ALSTOM, sa sortie sur GENERAL ELECTRIC. Non ? Ne faites pas de langue de bois, François REBSAMEN !
FRANÇOIS REBSAMEN
Tout à l'heure, le Premier ministre réunit tous les ministres. Ça, c'est quelque chose de nouveau pour conforter la solidarité gouvernementale. Il y a des échanges entre les ministres, entre nous, pour créer une position commune. Il doit y avoir de la solidarité gouvernementale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle a dérogé à la règle ? Franchement, sincèrement, sans langue de bois !
FRANÇOIS REBSAMEN
Je pense qu'elle n'a pas à intervenir sur des dossiers qui ne sont pas les siens, oui. On doit se limiter à ses dossiers.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle a dérogé à la règle. Elle a dérogé la règle, François REBSAMEN !
FRANÇOIS REBSAMEN
Vous ne pouvez pas dire ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Vous ne pouvez pas dire ça » mais c'est ce que vous pensez, alors vous pouvez le dire.
FRANÇOIS REBSAMEN
On s'arrête là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord, j'ai compris. Est-il vrai que François HOLLANDE l'a reçue après le conseil des ministres ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Ah, ça je ne sais pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne savez pas. Alors l'emploi. Parlons emploi parce que Pierre GATTAZ était là hier. « J'attends des félicitations parce que je me bats depuis vingt ans pour garder les emplois en France » ; vous le félicitez ? Vous félicitez le patronat ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Je dis une chose qui est simple. J'ai été reçu par le MEDEF mardi soir. Ça s'est bien passé, j'ai trouvé une bonne ambiance au sein des chefs d'entreprise. Ce sont eux qui créent les emplois dans notre pays et donc moi, je leur fais confiance et ils doivent savoir qu'ils ont la confiance du gouvernement. On dit qu'on a un patronat, je préfère dire des chefs d'entreprises, comme pour les chômeurs. On a des chefs d'entreprises sur le terrain qui se battent pour leurs salariés, qui se battent pour leur entreprise. Moi je l'ai vécu en tant que maire de Dijon pendant dix ans. Ce sont des gens formidables. Il n'y a pas cette opposition frontale contrairement à ce qu'on croit au niveau national. Les salariés, j'allais dire d'une boîte parce qu'on dit comme ça, les salariés d'une entreprise se battent pour leur entreprise, ils veulent qu'elle aille mieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
En modérant les salaires ? Vous êtes favorable à une modération des salaires ? C'est ce que dit Pierre GATTAZ. Il dit qu'il faut modérer les salaires fixes et favoriser absolument l'intéressement.
FRANÇOIS REBSAMEN
Alors il faut qu'il soit exemplaire lui aussi. Je me permets de le dire : il faut qu'il soit exemplaire. Il dit qu'il l'a été puisqu'il a baissé son salaire en 2002. Je veux bien mais il a une responsabilité plus grande que chef d'entreprise : il est le patron du MEDEF et donc, en tant que patron du MEDEF, il est plus regardé que les autres. Ses faits sont analysés non pas comme juste un chef d'entreprise qui réussit, puisqu'il dit, ce qui est vrai, que son entreprise réussit. Moi, j'ai confiance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Faut-il modérer les salaires ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Dans certains cas, oui. Je vais vous répondre que dans certains cas, oui. Il y a des négociations annuelles, il y a des négociations annuelles dans les entreprises.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que le CICE ne va pas servir à des augmentations de salaires ?
FRANÇOIS REBSAMEN
J'ai des exemples. Il arrive là, le CICE, jusqu'au 15 mai, c'est formidable. C'est la première fois quand même, il faut le rappeler, 20 milliards d'allègements de crédit d'impôt pour les entreprises.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est une bonne mesure applaudit par tout le monde. Mais à quoi va servir l'argent ?
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est la bonne question. J'ai rencontré par exemple les organisations syndicales, la CFDT, dans les entreprises où elles sont. Elles ont distribué à leurs représentants, aux représentants de la CFDT mais les autres organisations syndicales font pareil, une sorte de petit kit pour suivre ce qu'on fait du CICE, donc de ce crédit d'impôt. Il y a plusieurs possibilités. La première, c'est d'investir ou de faire de la formation pour les salariés, d'embaucher des apprentis - c'est très important, l'apprentissage ou d'augmenter les salaires, ou d'embaucher. Toute la palette est possible mais il doit y avoir des contreparties.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ne les voit pas les contreparties, parce que les négociations dans les branches ont à peine commencé mais timidement, doucement. Pierre GATTAZ le reconnaissait lui-même. Il est peut-être fautif, les syndicats de salariés sont peut-être fautifs, je ne sais pas.
FRANÇOIS REBSAMEN
Ça va se lancer. En juin, les discussions dans les branches vont décoller.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faudrait que ça décolle un peu plus vite.
FRANÇOIS REBSAMEN
J'en ai l'engagement du MEDEF et je le crois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord ! IPGT veut aussi débattre sur un SMIC intermédiaire avec les syndicats et avec vous. Vous êtes contre ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Je lui ai dit qu'on ne touchait pas au SMIC.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, pas de SMIC intermédiaire ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non. Je lui ai dit que dans notre pays, il y a des règles. D'ailleurs, au moment où l'Allemagne est en train de se mettre un peu plus aux normes européennes, ce qui va nous aider, en créant leur SMIC, et qu'on voudrait qu'il y ait un SMIC, je ne vais pas toucher au SMIC. J'ai compris ce que voulait dire Pierre GATTAZ.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est mettre au travail des salariés qui n'arrivent pas à trouver d'emploi.
FRANÇOIS REBSAMEN
Est-ce qu'on peut activer des dépenses passives, disons de l'assurance-chômage, pour compléter un effort qui serait fait par les employeurs ? Ces idées-là sont à étudier et je dis : « Oui, ça c'est intéressant ».
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un SMIC intermédiaire ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, non, non ! Pas un SMIC intermédiaire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors un salaire moindre avec un abondement de l'Etat, voilà ce qu'il veut.
FRANÇOIS REBSAMEN
Un salaire qui est du niveau du SMIC. Il ne peut pas y avoir autre chose que le SMIC.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas autre chose, on est bien d'accord. Est-ce qu'il faut autoriser l'ouverture des commerces le week-end et après 21 heures sur la base du volontariat ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Laurent FABIUS est intervenu sur ce sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Il dit oui.
FRANÇOIS REBSAMEN
Je lui ai dit qu'il y aurait avant la fin de l'année sûrement une loi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Attendez, je m'arrête là ! Il y aura une loi sur ce sujet avant la fin de l'année ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, oui. Bien sûr, bien sûr. Il faudra légiférer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est important, ça.
FRANÇOIS REBSAMEN
Il faut prendre son temps, il faut regarder où on en est dans les situations précises. Aujourd'hui, il y a la possibilité c'est un maire qui connaît qui vous parle il y a la possibilité par exemple d'ouvrir cinq dimanches par an.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est suffisant ou pas ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Ecoutez, là il y a eu un accord entre les organisations patronales et syndicales, le ministre du dialogue social en est content, dans ma ville qui dit deux dimanches sur cinq. Ils se sont mis d'accord sur deux dimanches sur cinq.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il faut élargir l'ouverture des commerces le dimanche ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, pas forcément. Il faut légiférer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous le faites à Dijon !
FRANÇOIS REBSAMEN
Il y en a deux sur cinq. Il y a deux dimanches sur cinq où c'est ouvert. Laissons le dialogue se faire. Mais il y a des cas particuliers, il y a des zones ultra-touristiques. Dans ces zones ultra-touristiques, sur la base du volontariat moi, je vais dire les choses clairement sur la base du volontariat, sur la base d'une revalorisation salariale on ne travaille pas le dimanche sur les mêmes bases mais je pense qu'il faut étendre la possibilité d'ouverture de ces commerces dans ces zones-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, dans ces zones-là. Donc la loi avant la fin de l'année.
FRANÇOIS REBSAMEN
La loi, ce n'est pas l'extension généralisée du travail le dimanche. C'est non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est un assouplissement.
FRANÇOIS REBSAMEN
Dans les zones ultra-touristiques, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr, un assouplissement. C'est très intéressant. Pierre GATTAZ m'a beaucoup parlé hier, il a dit énormément de choses. On a parlé aussi d'écotaxe, on a parlé de tout avec lui. Tiens ! à propos d'écotaxe, pas d'abandon ? Abandon ou pas abandon ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Je vais attendre de voir quelle est la position du gouvernement. Vous savez que quand j'étais parlementaire, président du groupe au Sénat, j'avais demandé à ce que soit posée une commission d'enquête sur les conditions de la création de la société ECOMOUV et comment elle s'était installée dans notre pays. Ce qui est sûr, c'est qu'il faut trouver une manière - je ne vais pas aller plus loin aujourd'hui, ce n'est pas mon secteur mais il faut trouver une manière de faire participer les transporteurs routiers, notamment étrangers, à la construction des infrastructures qu'ils utilisent. C'était quand même assez simple de penser ça et absolument indispensable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
François REBSAMEN, est-il vrai que vous vouliez devenir ministre de l'Intérieur ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Ecoutez, je vais vous dire la vérité parce que j'ai l'habitude de vous la dire. C'était vrai en 2012, je m'étais préparé à ça en 2012, et c'est pour cela en 2012 que j'ai refusé de rentrer au gouvernement. J'ai eu une proposition du président de la République, j'ai refusé en 2012. Cette fois-ci, quand il m'a proposé d'être ministre du Travail, de l'emploi et du dialogue social, je vais vous dire, j'étais fier et heureux. Je l'ai dit dans la transmission.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Vous ne demandiez pas cette fois à être ministre de l'Intérieur.
FRANÇOIS REBSAMEN
Je ne vis plus tourné vers le passé. C'est un beau poste d'être ministre de l'Intérieur aussi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est vrai que si vous étiez ministre de l'Intérieur, vous feriez une politique de gauche ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Si j'étais ministre de l'Intérieur ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, qu'est-ce que vous feriez ? Les mêmes choses ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais enfin, la gauche a fait de grandes choses, elle fait de belles choses. La première des choses aujourd'hui auxquelles je peux rendre hommage sur le travail qu'a fait Manuel VALLS comme ministre de l'Intérieur, c'est l'efficacité. L'efficacité, c'est de lutter contre notamment aujourd'hui l'explosion des vols, et cætera.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, même si les résultats sont difficilement quantifiables dans la délinquance, pardon.
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est vrai, c'est vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-il vrai que vous avez dit à François HOLLANDE : « Tant que tu ne m'expliques pas pourquoi je ne peux pas avoir l'Intérieur, je n'accepterai rien d'autre » ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, ça c'est des ragots.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'avez pas vu ?
FRANÇOIS REBSAMEN
J'ai vu, j'ai vu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-il vrai qu'il vous a répondu : « Manuel t'expliquera » ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non. Non, non. J'ai vu ça. Je pense que ça date plutôt d'un mélange de 2012.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aujourd'hui, est-ce que vous pensez que le président de la République est en état de faiblesse ? Vous êtes un proche de François HOLLANDE. Est-ce qu'il est en état de faiblesse par rapport à Manuel VALLS aujourd'hui ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non. Non, on peut considérer, je vais vous dire les choses, on peut considérer qu'on est en état de faiblesse quand on est bas dans les sondages et que son Premier ministre est haut dans les sondages mais ce n'est pas la même responsabilité. On ne peut pas comparer des choses qui ne le sont pas. D'abord, Manuel VALLS arrive au poste de Premier ministre ; le président assume aujourd'hui, il assume tout. Je pense que sa baisse dans les sondages est le résultat des élections municipales. C'est lui qui est considéré par les Français comme responsable de ce qui se passe dans ce pays. C'est une lourde responsabilité et c'est vraiment quelque chose qui pèse sur les épaules. Je le connais bien, je le vois souvent, je le rencontre, on parle en tête à tête. C'est vraiment une lourde responsabilité d'être président de la République et je vais le dire ici avec toute ma conviction et l'amitié qui me lie à lui : il est à la hauteur. Il est à la hauteur et j'espère pour notre pays que les résultats vont le montrer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. François REBSAMEN, j'ai deux questions toutes simples pour terminer et c'est un peu l'actualité aussi. Ce soir lors d'une émission de télévision, intervention de Dominique STRAUSS-KAHN sur l'Europe, sur l'euro, sur la politique conduite. Est-ce que vous souhaitez le retour de Dominique STRAUSS-KAHN en politique ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, je crois que c'est impossible.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Impossible ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Je crois que c'est impossible.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Impossible, pourquoi ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Je pense que pour la dignité, il y a des affaires judiciaires qui se poursuivent, je pense que ce n'est pas possible. J'allais presque dire que je le regrette parce que c'est quelqu'un qui a des talents, un talent d'économiste incroyable mais c'est impossible, impossible. On ne peut pas avoir fait ce qu'il a fait et vouloir revenir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci François REBSAMEN.
FRANÇOIS REBSAMEN
Merci Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 mai 2014