Texte intégral
STÉPHANE SOUMIER
François REBSAMEN, avec nous, le ministre du Travail. On parlait ensemble, avec François REBSAMEN, de LUCIBEL, formidable entreprise, François REBSAMEN, je suis ravi que vous la connaissiez. Donc ils voulaient s'installer, à Dijon, alors, je le dis d'un mot, il était avec nous lundi dernier, si vous étiez avec nous, c'était à 07h15, il avait d'ailleurs écrit une lettre à François HOLLANDE, dans laquelle il disait : « Ça ne va pas du tout, je m'en vais, je me barre en Chine », et puis il est revenu, alors, grâce à SCHNEIDER ELECTRIC, il reprend en Haute ou Basse Normandie, je ne sais jamais, je m'en excuse vis-à-vis des Normands, une vieille usine de, enfin, vieille usine, une usine que quitte SCHNEIDER ELECTRIC, avec le soutien de SCHNEIDER ELECTRIC, et il revient.
FRANÇOIS REBSAMEN
Et donc je lui avais proposé de venir à Dijon.
STEPHANE SOUMIER
D'accord.
FRANÇOIS REBSAMEN
Et j'avais proposé un environnement...
STEPHANE SOUMIER
Et vous aviez discuté avec lui.
FRANÇOIS REBSAMEN
Bien sûr, je l'avais vu, moi je connais bien les entreprises, contrairement à ce que j'entendais tout à l'heure, les Petites, les Moyennes entreprises, d'abord j'adore ça, et je connais ça, et LUCIBEL c'est une formidable réussite industrielle, avec le retour de Chine en France, et donc ça c'est quelque chose d'incroyable. Pour ça, faut l'accompagner.
STEPHANE SOUMIER
Ouais, mais vous l'avez entendu, il vous a dit : ça ne marche pas, ça ne va pas, qu'est-ce qui vous prend, qu'est-ce qui vous arrive, pourquoi est-ce que vous prenez les choses à l'envers ? En gros, son discours c'est de dire : « mais vous êtes en train de tuer mon envie d'entreprendre », vous l'avez entendu, ça.
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, mais moi, quand je l'ai reçu, il m'a dit : « Je vais montrer que l'on peut réussir en France. Et je vais vous dire, je reviens créer de l'activité qui était en Chine, je la ramène en France », et donc...
STEPHANE SOUMIER
Ouais, sauf qu'elle était d'abord partie. Et donc il a le sentiment d'un virage...
FRANÇOIS REBSAMEN
Ah oui, mais c'est bon signe, c'est bon signe si elle revient.
STEPHANE SOUMIER
Oui, mais alors il a le sentiment d'un virage.
FRANÇOIS REBSAMEN
Moi je crois qu'il va y avoir cette inversion profonde. Ça ne va pas se faire du jour au lendemain, mais le coût salarial va augmenter en Chine, le coût des transports va augmenter, et donc à terme, le décalage va être moins important, avec des pactes de compétitivité, avec des baisses de charges pour nos entreprises françaises, avec comment dire, une croyance dans l'entreprise française, on va y arriver, moi j'ai confiance.
STEPHANE SOUMIER
Il fait des Led, il fait les ampoules les plus modernes, voilà, je le dis juste d'un mot, parce que, elle vaut 14 quand même son ampoule, elle est magnifique, on est tous d'accord.
FRANÇOIS REBSAMEN
Elle dure très longtemps et elle consomme trois fois moins. C'est ça l'avenir.
STEPHANE SOUMIER
C'est ça.
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est de l'invention, c'est de l'innovation.
STEPHANE SOUMIER
Et c'est sortir par le haut, c'est-à-dire l'industrie elle sort par... voilà, il va nous la vendre à 14 .
FRANÇOIS REBSAMEN
Et la France c'est l'innovation. Vous savez qu'il a le marché avec AUDI, et c'est lui qui fait tout l'éclairage des voitures AUDI quand on les présente.
STEPHANE SOUMIER
Qu'est-ce qui vous a pris, François REBSAMEN, je suis désolé de le dire avec un tout petit peu de brutalité, mais 3 millions de chômeurs, c'est pas possible.
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais il faut bien se donner des objectifs. Pas un objectif mensuel, parce que les chiffres mensuels ils sont erratiques, ceux qui sont publiés, si vous voulez, je peux développer, mais il faut avoir un objectif de baisser, à terme, le nombre de chômeurs, en dessous des 3 millions de chômeurs, en dessous des 3 millions, de cette barre de 3 millions. Moi je me rappelle, c'est Martine AUBRY qui avait signé, en 1900... ça devait être en 93, en 93 la barre des 3 millions de chômeur avait été franchie. Entre temps, contrairement à ce que l'on dit, si on veut redonner confiance dans nos entreprises, dans l'économie française, il faut aussi dire des choses qui sont positives. Je vais en dire des choses positives. Entre temps, eh bien l'emploi salarié dans notre pays, il a progressé. Il a progressé. Il progresse, là en ce moment légèrement...
STEPHANE SOUMIER
Oui, il progresse.
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais il progresse chaque année l'emploi salarié, parce que nous, à la différence de l'Allemagne, mais on ne le dit jamais, nous avons à accueillir sur le marché du travail, chaque année, à peu près 120 000 nouveaux entrants.
STEPHANE SOUMIER
Absolument.
FRANÇOIS REBSAMEN
Donc il faut créer de l'emploi pour ces 120 000 et puis il faut en même temps diminuer pour ceux qui sont aujourd'hui sans emploi.
STEPHANE SOUMIER
Absolument.
FRANÇOIS REBSAMEN
Quand ça repart, ça repart. Donc, rappelez-vous les chiffres de l'assurance chômage, il y avait beaucoup de résultats il y a dix ans, et donc il n'y a pas de raison qu'on n'y revienne pas.
STEPHANE SOUMIER
Je comprends votre souci, mais 3 millions de chômeurs au moment de la présidentielle... Le Premier ministre, il nous a dit : « La parole politique est un langue morte », elle est forte cette phrase. Vous mettez 3 millions de chômeurs au moment de la présidentielle, vous y serez pas, François REBSAMEN, c'est mathématiquement pas possible !
FRANÇOIS REBSAMEN
Je sais les difficultés de la chose, on sera sur la pente des 3 millions de chômeurs, moi je l'assumerai. Je l'assumerai.
STEPHANE SOUMIER
Mais donc on n'est plus sur 3 millions de chômeurs, on n'est plus sur l'idée...
FRANÇOIS REBSAMEN
Il faut bien avoir des objectifs ambitieux.
STEPHANE SOUMIER
Mais s'ils sont irréalistes, s'ils sont irréalisables !
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais ce n'est pas irréaliste, ce n'est pas irréalisable. Il y a dans cette, dans notre économie il y a aujourd'hui des trésors de productivité à trouver, une confiance qui va revenir, la confiance dans l'entreprise. La confiance dans l'entreprise ça veut dire la confiance en qui ? Dans les salariés de l'entreprise, et dans le patron de l'entreprise. Moi je vais dire les choses comme ça, et je parle pas du patronat comme ça, je parle de l'entreprise, celle qui crée vraiment de l'emploi, ceux qui se démènent sur le terrain, ceux qui souvent en bavent, faut dire les choses comme ça, qui sont confrontés à une complexité, assez forte de notre société. On dit que c'est la qualité de cette société, mais elle est très complexe. Les normes sont là, et donc, l'entreprise de simplification, voulue par le président de la République, c'est pas n'importe qui, qui en est en charge, vous le savez, quand même, Guillaume POITRINAL, c'est un vrai libéral.
STEPHANE SOUMIER
Ah ça, il sait faire. Non non, il y a absolument aucun problème.
FRANÇOIS REBSAMEN
Moi je le connais très bien.
STEPHANE SOUMIER
Mais bien sûr, mais tout ça prend du temps. Non, encore une fois, on va fermer le chapitre, mais simplement, là, le président de la République, il va arriver avec le chiffre de François REBSAMEN qu'il va avoir collé sur le front, et il n'y sera pas, et en 2017 vous n'y serez pas sur les terminaux, et tout le monde vous le dira, on n'y est pas, on n'y est pas.
FRANÇOIS REBSAMEN
Moi je vous dirais qu'à ce moment-là, si on n'y est pas, on y sera très prochainement, parce que la pente, elle sera marquée. Heureusement, sinon ce n'est pas la peine de faire un pacte de compétitivité, des allègements de charges, supprimer la CSSS, faire 41 milliards, 41 milliards au de charges en moins pour l'entreprise, alors ça c'est quelque chose qui ne s'est jamais vu. Ça va avoir un impact, j'y crois. Quant à l'UNEDIC.
STEPHANE SOUMIER
Oui, voilà, l'UNEDIC ne le voit pas, on vous rappelle le chiffre, 160 000 chômeurs supplémentaires d'ici fin 2015.
FRANÇOIS REBSAMEN
Sur deux ans.
STEPHANE SOUMIER
Sur deux ans.
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est clair. Est-ce que je peux faire un commentaire sur l'UNEDIC ?
STEPHANE SOUMIER
Oh, mais je vous en prie.
FRANÇOIS REBSAMEN
Alors, je vais vous expliquer. L'UNEDIC révise ses chiffres, régulièrement, tous les trois mois, et j'ai regardé les prévisions de l'UNEDIC de l'année dernière, j'ai regardé les prévisions de l'UNEDIC du mois de janvier. Et donc, à chaque fois l'UNEDIC, parce qu'il vaut peut-être mieux pour l'UNEDIC, faire des prévisions pessimistes, vous avez vu que la situation financière de l'UNEDIC va s'améliorer, grâce aux décisions qui ont été prises à travers l'assurance chômage et je le dis ici, que je vais valider, que je vais valider, donc que je vais agréer. Donc, l'année dernière, au mois de janvier l'année dernière, en quelques mots, l'UNEDIC prévoit un taux de chômage de 11 % à la fin de l'année 2013. On a fini à 9,8 %, et tout au long de l'année, l'UNEDIC a abaissé ses prévisions, en disant ça ne sera pas 11 ça sera 10,7, c'était au mois de mai ça sera 10,3, c'était au mois d'octobre. Ça sera... et finalement on a fini à 9,8. Donc cette année, au mois de janvier, l'UNEDIC a fait déjà des prévisions. Moi j'aime bien regarder les statistiques, c'est important et je suis bien obligé de le faire. Et donc, au mois de janvier, c'était 10,7 les prévisions, 10,7 à la fin de l'année, les prévisions de l'UNEDIC, et donc c'était 60 000 dans le premier semestre et 60 000 dans le second, c'était 120 000, on n'est à 100 000, on n'est plus à 10,7, on est à 10,1.
STEPHANE SOUMIER
Vous êtes en train de nous dire que l'UNEDIC doit revoir son appareil statistique, François REBSAMEN...
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, je suis en...
STEPHANE SOUMIER
En tout cas, jouer la politique du pire.
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, pas du tout, pas du tout. Je suis en train de dire que les prévisions de l'UNEDIC, qui vont s'ajuster, qui s'ajustent, sont souvent, souvent, en tous les cas depuis deux ans, sont régulièrement pessimistes et révisées à la hausse.
STEPHANE SOUMIER
Est-ce qu'elle ne vous envoie pas le signal, quand même, que l'accord, donc, justement, cet accord, il est peut-être insuffisant, parce que, alors, si on regarde ses prévisions, elle va ne cesser de se... vous dites la situation financière de l'UNEDIC va s'améliorer, ce n'est pas ce que dit l'UNEDIC...
FRANÇOIS REBSAMEN
Si si...
STEPHANE SOUMIER
L'UNEDIC dit... oui oui, non non mais...
FRANÇOIS REBSAMEN
4,4 milliards...
STEPHANE SOUMIER
Ça aurait été pire si on n'avait pas signé l'accord, mais elle ne va pas s'améliorer la situation financière.
FRANÇOIS REBSAMEN
Ah ben, quand vous avez 800 millions de moins, puisqu'il y a 800 millions d'économies qui ont été réalisées, après ça va très vite, vous savez. Quand l'emploi repart...
STEPHANE SOUMIER
S'il y a un retournement de l'emploi.
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, mais il y en aura un.
STEPHANE SOUMIER
On a l'impression que vous dites ça comme une incantation, François REBSAMEN, il y en aura un...
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, j'espère... Ecoutez, on a des...
STEPHANE SOUMIER
On a des indicateurs d'activités qui sont tombés...
FRANÇOIS REBSAMEN
On a des divergences d'analyses, qui sont... oui, j'ai vu, j'ai entendu, bien sûr, je suis ça aussi comme vous...
STEPHANE SOUMIER
Ben évidemment.
FRANÇOIS REBSAMEN
Peut être pas tous les matins avec la même acuité, mais enfin je regarde ça tous les matins. Evidemment, et je m'aperçois de plusieurs choses : on n'a pas les mêmes analyses, par exemple avec l'UNEDIC, sur l'effet du pacte de stab... du pacte de responsabilité et de solidarité, excusez du lapsus.
STEPHANE SOUMIER
Mais je vous en prie.
FRANÇOIS REBSAMEN
Du pacte de responsabilité et des effets des allègements de charges. On na pas les mêmes analyses, et les analyses que nous, nous portons, qui me viennent du ministère de l'Economie et des Finances, c'est il y aura par exemple un effet pacte dès cette année, de 50 000 créations d'emplois, à travers le CICE, crédit d'impôt. L'UNEDIC, non, dit : ça sera beaucoup moins. En réalité, c'est deux prévisions, l'une contre l'autre. Vous avez remarqué que les prévisions, elles sont quand même réajustées assez souvent.
STEPHANE SOUMIER
Aucun problème.
FRANÇOIS REBSAMEN
Ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre.
STEPHANE SOUMIER
Aucun problème, je ne crois à aucune statistique, à moins de l'avoir falsifiée moi-même, disait CHURCHILL. Voilà, on en est toujours là.
FRANÇOIS REBSAMEN
Et même quand elle est publiée, elle est corrigée.
STEPHANE SOUMIER
Alors sortons des statistiques, la CFDT dit, le MEDEF est en train de trainer des pieds, Laurent BERGER dit hier à Reuters, Pierre GATTAZ ne joue pas franc jeu sur le pacte de responsabilité et dans les branches, on ne voit pas les négociations commencer, est-ce que ça inquiète le ministre du Travail ?
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est vrai que ça a trainé dans les branches, Laurent BERGER a raison, c'est vrai que ça traine dans les branches, mais moi j'ai bon espoir parce que j'ai rencontré le MEDEF, c'est mon rôle, plusieurs fois et je rencontre des chefs d'entreprise, ça y est les négociations se lancent. C'est normal que BERGER y mette aussi un peu la pression. Vous savez pourquoi je dis ça parce que, on demande aux ménages français de faire des efforts, ça c'est clair, on leur a demandé de faire des efforts, Nicolas SARKOZY plus François HOLLANDE, 30 milliards, 30 milliards, 60 milliards d'efforts. Ca ce n'est pas rien et donc là on leur en rend un petit peu pour soutenir le moral, l'encouragement, la consommation qui ne se porte pas si mal que ça. Et par ailleurs on dit, si vous faites des efforts c'est pour rendre aux entreprises la compétitivité, moi je pense qu'ils le comprennent. Il faut mieux l'expliquer peut-être mais ils savent très bien que ce sont, et je l'ai dit l'autre jour, ce sont les entreprises qui créent les emplois, il n'y a quelles qui créent des emplois. Nous, on peut créer l'environnement dans nos villes, dans nos communes, j'adore ça, on crée l'environnement, on est proche des chefs d'entreprise, on les accompagne, on les aide, on les soutient mais c'est eux qui créent l'emploi. Et donc les Français comprennent. On fait cet effort pour que les entreprises puissent créer de l'emploi. Et quand on voit que les négociations de branches trainent, ce qu'explique Laurent BERGER, ce n'est pas faux. Alors moi aussi j'ai mis un peu
STEPHANE SOUMIER
Qu'est-ce que vous avez fait, vous avez tapé du poing sur la table discrètement ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, je ne tape pas j'en appelle à leurs responsabilités, je préfère le faire comme ça, chacun le fait à sa manière.
STEPHANE SOUMIER
Et aujourd'hui encore là vous en appelez à leurs responsabilités ou les choses se sont améliorées ?
FRANÇOIS REBSAMEN
J'ai souvent monsieur GATTAZ, heureusement d'ailleurs et les responsables du patronat, Jean-François PILLARD
STEPHANE SOUMIER
Absolument Jean-François PILLARD qui mène les négociations au sein du MEDEF, patron de l'UIMM.
FRANÇOIS REBSAMEN
Bien sûr, donc il le sait, il m'a dit les branches, ça va partir en juin, ça va y aller, les négociations vont avancer, je lui fais confiance et on marche à la confiance.
STEPHANE SOUMIER
Et vous parlez des salaires aussi avec Pierre GATTAZ, vous parlez
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui je parle des salaires, vous savez
STEPHANE SOUMIER
De la baisse des salaires, quand il dit il faut aller jusqu'au bout de la compétitivité et jouer sur les salaires ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, là c'est le chef, c'est le patron
STEPHANE SOUMIER
C'est le patron des patrons comme on disait.
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est le patron des patrons qui parlent. Je ne sais pas si on regardait dans son entreprise, si ça a toujours été le cas.
STEPHANE SOUMIER
Mais elle va bien son entreprise, François REBSAMEN.
FRANÇOIS REBSAMEN
Elle va très bien.
STEPHANE SOUMIER
Elle va très très bien, donc lui parle d'entreprises qui n'iraient pas aussi bien justement.
FRANÇOIS REBSAMEN
Il y a des entreprises qui ne vont pas bien, quand une entreprise ne va pas bien, on ne peut pas faire des augmentations de salaire inconsidérées, c'est évident. Il faut que tout le monde est solidaire dans une entreprise. Vous savez les salariés, ils font des efforts formidables des fois, quand ils voient certains patrons qui se prennent des primes incroyables et qu'eux, ils n'ont pas le droit à avoir même 1 % d'augmentation, il y a des choses qui sont aussi injustes, l'entreprise, il existe de tout dans les entreprises vous le savez aussi bien que moi.
STEPHANE SOUMIER
Il y a un dossier là qui, alors peut-être, d'ailleurs, de manière un petit peu irrationnelle, il se trouve, et je vais être en totale transparence avec vous, que j'en ai parlé hier avec un autre représentant du MEDEF, Thibault LANXADE, qui regarde ça, il y a peut-être un truc irrationnel, il dit « ça monte dans les territoires », c'est les nouveaux pouvoirs donnés aux inspecteurs du travail. Je le fais très très brièvement, le projet de loi, en gros, va donner une sorte de carnet à souches, c'est comme ça qu'il présente les choses, un peu comme un policier aujourd'hui peut vous verbaliser sur le coin de la route, qui permettra à l'inspecteur du travail, sous les 10.000 euros, boom, de verbaliser automatiquement toutes les entreprises dans lesquelles il verra la moindre infraction. On en est où exactement là-dessus, François REBSAMEN ?
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est assez étonnant, parce que la veille de la déclaration de monsieur LANXADE, j'ai lu une pleine page dans l'HUMANITE qui critiquait cette réforme en disant, c'est une réforme très libérale, pour les patrons, pour les chefs d'entreprise, et tout, une pleine page dans LIBE
STEPHANE SOUMIER
Dans l'HUMANITE.
FRANÇOIS REBSAMEN
Dans l'HUMANITE, et le lendemain pleine page dans LE FIGARO, parce qu'il y a eu aussi une page dans LE FIGARO, et ils disaient exactement l'inverse. Donc je me dis peut-être la réforme est juste. Cette réforme, elle met du collectif et une ambition collective pour l'ensemble de l'Inspection, là où chacun agissait individuellement, ce qui était effectivement une critique forte faite par les chefs d'entreprise, en disant « un jour il y a un inspecteur du travail qui vient, et il m'inspecte dans les moindres détails. » Maintenant on leur donne des priorités collectives. La priorité c'est la lutte contre la fraude. Cette lutte contre la fraude, notamment la fraude sociale, notamment la fraude aux travailleurs détachés, qui pèse sur nos entreprises, elle correspond à une demande du patronat, à une demande des salariés. Les chefs d'entreprise, allez, l'immense majorité, ils sont en conformité avec la loi, ils respectent la loi, et ils ne veulent pas qu'il y ait des brebis galeuses qui viennent leur tailler des croupières, excusez-moi de l'expression, sur des marchés, par des moyens détournés, par un salarié dégradé, par des conditions d'hébergement insupportables et par des salaires qui sont des salaires dignes du tiers monde, et donc ça, ça existe, et donc la priorité c'est la lutte contre ça, donc ça correspond à une demande des entreprises. Et aussi ça correspond à une demande des salariés, parce que c'est vraiment tirer vers le bas les conditions sociales dans la vie de nos entreprises. Donc, l'Inspection du travail elle a cette priorité collective, collective, elle ne l'avait pas avant, et c'est pour ça que l'HUMANITE dit on retire du pouvoir aux inspecteurs du travail.
STEPHANE SOUMIER
Mais on leur donne davantage, ils auront la possibilité il y avait toujours un recours judiciaire, il n'y a plus de recours judiciaires sous les 10.000 euros ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Maintenant ce ne seront plus eux qui ça ce n'est pas facile à expliquer non plus qui mettront l'amende, l'amende elle sera mise par la DIRECCTE, par la DIRECCTE .
STEPHANE SOUMIER
Direction Régionale, c'est ça, la DIRECCTE il y a une régionalisation en fait !
FRANÇOIS REBSAMEN
Direction Régionale de l'Emploi, de la Concurrence et de la Consommation, et du Travail.
STEPHANE SOUMIER
Et ça aussi, d'ailleurs, le patronat le salue, parce que finalement on est plus proche des territoires, comme dirait Ségolène ROYAL.
FRANÇOIS REBSAMEN
Voilà. Oui, oui donc, la réponse elle est en proximité, et je suis sûr que alors, on leur a enlevé aussi les possibilités pénales, on est sur des recours administratifs, ça va plus vite. Donc, je voudrais rassurer Thibault LANXADE, et on a une réforme qui là, je vais en parler tout à l'heure avec les syndicats du ministère du Travail, dans une demi-heure, trois quarts d'heure, je peux vous assurer que la réforme elle ne passe pas si bien que ça, à la gauche de la gauche, on va dire les choses comme ça, donc ça ne veut quand même pas dire que c'est une réforme qui est faite pour embêter encore un peu plus les entreprises.
STEPHANE SOUMIER
Vous m'amenez à la dernière question justement, autour de la gauche de la gauche. Vous êtes cash avec la gauche de la gauche, François REBSAMEN, enfin j'ai rarement lu des déclarations aussi claires que celles que vous, vous avez faites, en disant « arrêtez de rigoler là, tous rentrez dans le rang, si vous pensiez que c'était facile, il ne fallait pas venir, et si vous pensiez que c'était facile, il ne fallait pas vous mettre derrière le président de la République, parce que c'est dur, mais il n'y a pas d'autre politique. » J'ai l'impression que c'est ça que vous dites là, il n'y a pas d'alternative, au virage qu'on est en train de prendre.
FRANÇOIS REBSAMEN
Il y a toujours d'autres politiques possibles, il peut y avoir une politique qui serait une politique de la relance, elle sera inconsidérée. Je veux dire que la politique de l'offre qu'on mène aujourd'hui, c'est la seule qui permette au pays de se redresser, elle n'est pas facile à faire accepter par la gauche, c'est vrai, ce n'est pas la tradition de la gauche, mais c'est une politique, j'allais dire c'est « le socialisme de la production », ce n'est pas « le socialisme de la redistribution », et ça c'est une culture qui change. Mais pourquoi ? Parce qu'il faut du pragmatisme. En économie, s'il n'y a qu'une règle à avoir, c'est le pragmatisme. En la matière, on devrait s'inspirer des anglo-saxons. Il n'y a pas d'idéologie en la matière, ce qu'il faut c'est être efficace, et pour être efficace, eh bien il faut écouter les chefs d'entreprise, il faut écouter ce qu'ils nous disent, là où ils ont des contraintes, il faut les écouter. Et puis après eux, ils le font en grande majorité, il faut qu'ils respectent les lois. Voilà. Et si on arrive à avancer sur nos deux pieds, moi je suis sûr qu'on va s'en sortir, ce pays a une potentialité incroyable, incroyable.
STEPHANE SOUMIER
François REBSAMEN, merci beaucoup d'être venu nous voir ce matin sur BFM BUSINESS.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 mai 2014