Texte intégral
- New York forum Africa -
Q - Bonjour Monsieur Laurent Fabius, vous participez donc à ce forum sur l'Afrique qui se développe. Quelle est le sens de votre présence ici aujourd'hui ?
R - C'est la première fois que je participe à ce forum et j'ai trouvé cela intéressant. Je trouve très positif qu'il y ait des occasions où l'Afrique parle à elle-même et au monde. Beaucoup de choses bougent en Afrique. Souvent on ne retient que l'aspect des crises et des violences qui existent dans quelques pays, mais il y a aussi des réussites absolument magnifiques.
Cela me donne aussi l'occasion de voir de nombreux amis africains et de rencontrer des chefs d'État, des Premiers ministres avec lesquels j'ai besoin de travailler.
(...)
Le Gabon est très proche de la France, les relations entre la France et l'Afrique sont vraiment exceptionnelles. Je sens dans tous les pays africains où je vais, qu'ils soient francophones, anglophones, lusophones, arabophones, une perception de l'action de la France qui est très positive. Il nous faut être à la hauteur.
- Mali -
(...)
Q - Dans votre intervention ce matin ici au New York forum Africa, vous avez dit qu'il ne pourrait pas y avoir de développement sans sécurité. Il y a le Mali avec à nouveau deux villes reprises par les rebelles, Faut-il répondre simplement par un appel au dialogue ? Ne doit-on pas aller plus loin ?
R - S'agissant du Mali, il faut conserver à l'esprit la situation où l'on se trouvait il y a un an et demi : les terroristes étaient sur le point de prendre tout le pays. Grâce à l'intervention de la France, aux renforts des Africains et à toute une série de pays, nous sommes parvenus à repousser les terroristes. Beaucoup d'entre eux ont été neutralisés. Des élections présidentielles et législatives se sont tenues, et les choses sont reparties dans le bon sens. Il est vrai que dans le nord, et notamment à Kidal, la situation reste difficile.
Il y a eu ces derniers jours des attaques extrêmement meurtrières, que nous condamnons évidemment. Au stade où nous en sommes, il faut maintenant appeler à ce que le MNLA libère toute une série d'emprises et, de plus, que des discussions se tiennent entre le gouvernement, puisque c'est son affaire, et les groupes non-terroristes du nord.
D'après les dernières nouvelles dont je dispose, je pense que les choses s'orientent en ce sens. Nous le souhaitons. C'est à la communauté internationale et, d'abord aux Maliens, de poursuivre cette voie. L'appel au calme et au dialogue, en particulier avec les groupes du nord, est la seule manière de s'en sortir.
(...).
- Nigeria -
Q - John Kerry, le secrétaire d'État américain a dit que les États-Unis étaient les seuls à agir pour la libération des lycéennes enlevées au Nigeria. Que lui répondez-vous ?
R - La situation de ces pauvres petites lycéennes est absolument abominable. Plusieurs pays, dont la France au premier rang, agissent pour essayer de les retrouver. À la demande du président du Nigeria, un sommet s'est tenu à Paris la semaine dernière, avec bien sûr le président français et d'autres chefs d'État.
S'agissant de la remarque de John Kerry, je dois dire qu'elle m'a fait sourire. Nous sommes bons amis. Mais je croyais que les États-Unis se singularisaient par leur capacité de renseignements. Or, leurs renseignements ne me semblent pas être tout à fait pertinents. Mon ami John Kerry doit en particulier se rappeler que notre base au Tchad accueille un certain nombre d'Américains pour des opérations au Nigeria.
Dans ces circonstances tragiques, il y a ce petit clin d'oeil. Je prends cela avec le sourire mais vous aurez compris quel est le fond de la réalité. La France est évidemment active pour essayer d'aider ces pauvres Nigérianes.
(...).
- République centrafricaine -
Q - Vous avez également rencontré Mme Samba Panza, la présidente de la République centrafricain. La situation reste relativement tendue dans ce pays. Que doit-on faire aujourd'hui ? Demander à la RDC de renforcer ses troupes sur place ?
R - S'agissant de la République centrafricaine, plusieurs aspects sont à prendre en compte. Sur le volet sécuritaire, les choses vont mieux dans une série de localités, en particulier à Bangui. Mais il reste des problèmes, notamment dans l'est du pays. Nous avons vu avec Mme Samba Panza comment essayer d'améliorer la sécurité. Vous savez qu'il n'y a pas seulement des troupes françaises, mais aussi africaines et internationales. L'ONU prendra le relais au mois de septembre.
Q - Comment pourrait-on améliorer cette situation ?
R - D'abord, il faut qu'il y ait, petit à petit et systématiquement, une reconquête du terrain ainsi qu'un désarmement. Le fait que désormais des troupes européennes soient arrivées et qu'elles s'occupent de l'aéroport va permettre aux forces françaises de se déployer. Elles ont commencé de le faire sur le reste du terrain.
De plus, il y a le traitement des rebelles de l'ex-Seleka, dans l'Est du pays qui est compliqué car, évidemment, on ne peut pas admettre la partition de la République centrafricaine. Il n'en est pas question. Il faut donc que des discussions se tiennent. Mme Samba Panza m'a confirmé qu'elle était prête à les mener.
Nous avons également parlé de l'aspect humanitaire, qui est très important. Nous avons évoqué le déploiement de toute une série d'organisations liées à l'ONU. Le FMI vient de dire qu'il pouvait intervenir.
Par ailleurs, nous avons également abordé l'aspect politique et le rôle des pays voisins. On pense notamment au Tchad, à l'Angola qui est active et dont le rôle peut jouer dans ces circonstances.
C'était donc une rencontre utile en effet.
(...).
- Rwanda -
Q - Vous avez, dit-on, rencontré le président du Rwanda, M. Kagamé. Cela veut-il dire que les relations sont désormais apaisées entre la France et le Rwanda ?
R - Je suis le chef de la diplomatie française et mon rôle est d'essayer d'apaiser les crises. C'est vrai qu'il y a eu un moment très difficile au moment de la commémoration de ce terrible événement qu'a été le génocide. Le président Kagamé a souhaité que l'on puisse se rencontrer et nous l'avons fait. Nous avons examiné toute une série d'aspects. J'espère qu'à partir de là, nos relations, c'est notre souhait, vont devenir comme elles doivent l'être entre deux grands pays comme la France et le Rwanda.
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source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 mai 2014
Q - Bonjour Monsieur Laurent Fabius, vous participez donc à ce forum sur l'Afrique qui se développe. Quelle est le sens de votre présence ici aujourd'hui ?
R - C'est la première fois que je participe à ce forum et j'ai trouvé cela intéressant. Je trouve très positif qu'il y ait des occasions où l'Afrique parle à elle-même et au monde. Beaucoup de choses bougent en Afrique. Souvent on ne retient que l'aspect des crises et des violences qui existent dans quelques pays, mais il y a aussi des réussites absolument magnifiques.
Cela me donne aussi l'occasion de voir de nombreux amis africains et de rencontrer des chefs d'État, des Premiers ministres avec lesquels j'ai besoin de travailler.
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Le Gabon est très proche de la France, les relations entre la France et l'Afrique sont vraiment exceptionnelles. Je sens dans tous les pays africains où je vais, qu'ils soient francophones, anglophones, lusophones, arabophones, une perception de l'action de la France qui est très positive. Il nous faut être à la hauteur.
- Mali -
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Q - Dans votre intervention ce matin ici au New York forum Africa, vous avez dit qu'il ne pourrait pas y avoir de développement sans sécurité. Il y a le Mali avec à nouveau deux villes reprises par les rebelles, Faut-il répondre simplement par un appel au dialogue ? Ne doit-on pas aller plus loin ?
R - S'agissant du Mali, il faut conserver à l'esprit la situation où l'on se trouvait il y a un an et demi : les terroristes étaient sur le point de prendre tout le pays. Grâce à l'intervention de la France, aux renforts des Africains et à toute une série de pays, nous sommes parvenus à repousser les terroristes. Beaucoup d'entre eux ont été neutralisés. Des élections présidentielles et législatives se sont tenues, et les choses sont reparties dans le bon sens. Il est vrai que dans le nord, et notamment à Kidal, la situation reste difficile.
Il y a eu ces derniers jours des attaques extrêmement meurtrières, que nous condamnons évidemment. Au stade où nous en sommes, il faut maintenant appeler à ce que le MNLA libère toute une série d'emprises et, de plus, que des discussions se tiennent entre le gouvernement, puisque c'est son affaire, et les groupes non-terroristes du nord.
D'après les dernières nouvelles dont je dispose, je pense que les choses s'orientent en ce sens. Nous le souhaitons. C'est à la communauté internationale et, d'abord aux Maliens, de poursuivre cette voie. L'appel au calme et au dialogue, en particulier avec les groupes du nord, est la seule manière de s'en sortir.
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- Nigeria -
Q - John Kerry, le secrétaire d'État américain a dit que les États-Unis étaient les seuls à agir pour la libération des lycéennes enlevées au Nigeria. Que lui répondez-vous ?
R - La situation de ces pauvres petites lycéennes est absolument abominable. Plusieurs pays, dont la France au premier rang, agissent pour essayer de les retrouver. À la demande du président du Nigeria, un sommet s'est tenu à Paris la semaine dernière, avec bien sûr le président français et d'autres chefs d'État.
S'agissant de la remarque de John Kerry, je dois dire qu'elle m'a fait sourire. Nous sommes bons amis. Mais je croyais que les États-Unis se singularisaient par leur capacité de renseignements. Or, leurs renseignements ne me semblent pas être tout à fait pertinents. Mon ami John Kerry doit en particulier se rappeler que notre base au Tchad accueille un certain nombre d'Américains pour des opérations au Nigeria.
Dans ces circonstances tragiques, il y a ce petit clin d'oeil. Je prends cela avec le sourire mais vous aurez compris quel est le fond de la réalité. La France est évidemment active pour essayer d'aider ces pauvres Nigérianes.
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- République centrafricaine -
Q - Vous avez également rencontré Mme Samba Panza, la présidente de la République centrafricain. La situation reste relativement tendue dans ce pays. Que doit-on faire aujourd'hui ? Demander à la RDC de renforcer ses troupes sur place ?
R - S'agissant de la République centrafricaine, plusieurs aspects sont à prendre en compte. Sur le volet sécuritaire, les choses vont mieux dans une série de localités, en particulier à Bangui. Mais il reste des problèmes, notamment dans l'est du pays. Nous avons vu avec Mme Samba Panza comment essayer d'améliorer la sécurité. Vous savez qu'il n'y a pas seulement des troupes françaises, mais aussi africaines et internationales. L'ONU prendra le relais au mois de septembre.
Q - Comment pourrait-on améliorer cette situation ?
R - D'abord, il faut qu'il y ait, petit à petit et systématiquement, une reconquête du terrain ainsi qu'un désarmement. Le fait que désormais des troupes européennes soient arrivées et qu'elles s'occupent de l'aéroport va permettre aux forces françaises de se déployer. Elles ont commencé de le faire sur le reste du terrain.
De plus, il y a le traitement des rebelles de l'ex-Seleka, dans l'Est du pays qui est compliqué car, évidemment, on ne peut pas admettre la partition de la République centrafricaine. Il n'en est pas question. Il faut donc que des discussions se tiennent. Mme Samba Panza m'a confirmé qu'elle était prête à les mener.
Nous avons également parlé de l'aspect humanitaire, qui est très important. Nous avons évoqué le déploiement de toute une série d'organisations liées à l'ONU. Le FMI vient de dire qu'il pouvait intervenir.
Par ailleurs, nous avons également abordé l'aspect politique et le rôle des pays voisins. On pense notamment au Tchad, à l'Angola qui est active et dont le rôle peut jouer dans ces circonstances.
C'était donc une rencontre utile en effet.
(...).
- Rwanda -
Q - Vous avez, dit-on, rencontré le président du Rwanda, M. Kagamé. Cela veut-il dire que les relations sont désormais apaisées entre la France et le Rwanda ?
R - Je suis le chef de la diplomatie française et mon rôle est d'essayer d'apaiser les crises. C'est vrai qu'il y a eu un moment très difficile au moment de la commémoration de ce terrible événement qu'a été le génocide. Le président Kagamé a souhaité que l'on puisse se rencontrer et nous l'avons fait. Nous avons examiné toute une série d'aspects. J'espère qu'à partir de là, nos relations, c'est notre souhait, vont devenir comme elles doivent l'être entre deux grands pays comme la France et le Rwanda.
(...).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 mai 2014