Texte intégral
Q - Première question, j'aimerais vous entendre sur cet ancrage résolument à l'Ouest de l'Ukraine, ce discours très ferme du président Porochenko tout à l'heure lors de son investiture. C'est l'ancrage européen ou rien, c'est ça, c'est non négociable ?
R - Analysant sa propre élection, le président Porochenko a estimé que les gens qui ont voté pour lui veulent un ancrage vers l'Union européenne. Et c'est indiscutable, j'en ai parlé avec lui et c'est une priorité, c'est la priorité. Nous, notre position est bien sûr de revendiquer aussi cet ancrage européen, mais aussi de dire que l'Ukraine n'a pas à être contre la Russie. Géographiquement, l'Ukraine est à la fois près de la Russie et près de l'Union européenne. Mais cet ancrage européen était manifeste dans son discours, vous avez raison.
Q - Est-ce de nature à maintenir l'apaisement qu'on avait senti depuis hier et un abaissement net de la tension dans ce dossier ?
R - Vous voulez parler du dialogue en Normandie. Je pense que c'est un dialogue qui a été extrêmement utile et nous l'avions envisagé lorsque le président français a invité le président Porochenko et le président Poutine. Même si on nous l'a reproché, nous avions cela en tête. Mais une chose est d'avoir cela en tête et une autre est de le réaliser. Finalement cela a pu être organisé. Je pense que cette rencontre entre les présidents russe et ukrainien avec le président français et avec Mme Merkel a été utile, même si cela a été assez rapide.
Maintenant quelle est la suite à donner ? Il y a la question du cessez-le-feu et on va commencer à en discuter dans les heures qui viennent. Il y a la question du traité d'association avec l'Union européenne. Là vous avez entendu le discours du président Porochenko qui veut le signer. Il y a la question de l'évolution de la Constitution et de la prise en compte des différentes régions. Et puis il y a la question, qu'ils vont devoir régler assez vite, des nouvelles élections pour avoir un Parlement qui correspond aussi à la nouvelle majorité. Cela fait beaucoup de choses. Il y a à la fois des problèmes extérieurs, les relations avec la Russie, et des problèmes intérieurs. Vous avez vu ce qu'a dit le président Porochenko sur la lutte contre la corruption et sur toute une série de de changements économiques, l'agenda est extrêmement ambitieux. Mais à la fois l'élection du président Porochenko et le dialogue diplomatique de Normandie, ce sont deux éléments qui vont évidemment dans le bon sens.
Q - Et comment l'Union européenne et la France peuvent aider ce tout nouveau président ukrainien à surmonter tous ces défis qui l'attendent ?
R - C'est vrai qu'il a beaucoup de défis. Et je lui ai dit que, bien sûr, la France était aux côtés de l'Ukraine démocratique. C'est cela notre ligne, être un facilitateur de paix. Concrètement, cela veut dire que nous allons continuer d'aider le dialogue entre l'Ukraine et la Russie. Deuxième point, au sein de l'Union européenne, il y a un soutien économique à apporter et, bien évidemment, nous participerons à ce soutien. Il y a aussi une aide technique sur les problèmes constitutionnels et juridiques. Et il y a notre propre influence en termes politiques pour dire que la voie à suivre, ce n'est pas l'Ukraine contre la Russie, ou l'Ukraine contre l'Union européenne, mais c'est l'Ukraine trouvant un accord avec les Russes et un accord avec l'Union européenne.
Q - Et la fermeté affichée lors de son discours d'investiture ne risque-t-elle pas de crisper la Russie ?
R - Je crois que les Russes sont assez avertis de ces choses pour savoir que précisément c'est un discours d'investiture dans une période qui est particulière. Mais on va voir ce qui se passe dans les prochains jours. En tout cas notre souhait, et notre travail, c'est la mise en application du dialogue auquel nous avons déjà contribué car, bien évidemment, il n'y a pas d'autres solutions que dans le dialogue. Lorsque nous l'avions dit, François Hollande et moi-même il y a quelques semaines, vous nous avez demandés quelle est notre attitude. Nous avons dit que c'est une attitude de fermeté et de dialogue, et cela continue à être le cas. On ne peut avancer que si on se parle, d'où l'importance de ce qui s'est fait hier en Normandie. Mais on ne peut progresser sur un certain nombre de principes que si on est unis.
Q - Donc depuis hier et ces rencontres normandes, vous diriez qu'on est rentré dans une phase d'apaisement nette dans ce dossier ukrainien.
R - Dans une phase de désescalade, mais qui reste à confirmer.
Q - Merci beaucoup.
R - Merci à vous.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juin 2014
R - Analysant sa propre élection, le président Porochenko a estimé que les gens qui ont voté pour lui veulent un ancrage vers l'Union européenne. Et c'est indiscutable, j'en ai parlé avec lui et c'est une priorité, c'est la priorité. Nous, notre position est bien sûr de revendiquer aussi cet ancrage européen, mais aussi de dire que l'Ukraine n'a pas à être contre la Russie. Géographiquement, l'Ukraine est à la fois près de la Russie et près de l'Union européenne. Mais cet ancrage européen était manifeste dans son discours, vous avez raison.
Q - Est-ce de nature à maintenir l'apaisement qu'on avait senti depuis hier et un abaissement net de la tension dans ce dossier ?
R - Vous voulez parler du dialogue en Normandie. Je pense que c'est un dialogue qui a été extrêmement utile et nous l'avions envisagé lorsque le président français a invité le président Porochenko et le président Poutine. Même si on nous l'a reproché, nous avions cela en tête. Mais une chose est d'avoir cela en tête et une autre est de le réaliser. Finalement cela a pu être organisé. Je pense que cette rencontre entre les présidents russe et ukrainien avec le président français et avec Mme Merkel a été utile, même si cela a été assez rapide.
Maintenant quelle est la suite à donner ? Il y a la question du cessez-le-feu et on va commencer à en discuter dans les heures qui viennent. Il y a la question du traité d'association avec l'Union européenne. Là vous avez entendu le discours du président Porochenko qui veut le signer. Il y a la question de l'évolution de la Constitution et de la prise en compte des différentes régions. Et puis il y a la question, qu'ils vont devoir régler assez vite, des nouvelles élections pour avoir un Parlement qui correspond aussi à la nouvelle majorité. Cela fait beaucoup de choses. Il y a à la fois des problèmes extérieurs, les relations avec la Russie, et des problèmes intérieurs. Vous avez vu ce qu'a dit le président Porochenko sur la lutte contre la corruption et sur toute une série de de changements économiques, l'agenda est extrêmement ambitieux. Mais à la fois l'élection du président Porochenko et le dialogue diplomatique de Normandie, ce sont deux éléments qui vont évidemment dans le bon sens.
Q - Et comment l'Union européenne et la France peuvent aider ce tout nouveau président ukrainien à surmonter tous ces défis qui l'attendent ?
R - C'est vrai qu'il a beaucoup de défis. Et je lui ai dit que, bien sûr, la France était aux côtés de l'Ukraine démocratique. C'est cela notre ligne, être un facilitateur de paix. Concrètement, cela veut dire que nous allons continuer d'aider le dialogue entre l'Ukraine et la Russie. Deuxième point, au sein de l'Union européenne, il y a un soutien économique à apporter et, bien évidemment, nous participerons à ce soutien. Il y a aussi une aide technique sur les problèmes constitutionnels et juridiques. Et il y a notre propre influence en termes politiques pour dire que la voie à suivre, ce n'est pas l'Ukraine contre la Russie, ou l'Ukraine contre l'Union européenne, mais c'est l'Ukraine trouvant un accord avec les Russes et un accord avec l'Union européenne.
Q - Et la fermeté affichée lors de son discours d'investiture ne risque-t-elle pas de crisper la Russie ?
R - Je crois que les Russes sont assez avertis de ces choses pour savoir que précisément c'est un discours d'investiture dans une période qui est particulière. Mais on va voir ce qui se passe dans les prochains jours. En tout cas notre souhait, et notre travail, c'est la mise en application du dialogue auquel nous avons déjà contribué car, bien évidemment, il n'y a pas d'autres solutions que dans le dialogue. Lorsque nous l'avions dit, François Hollande et moi-même il y a quelques semaines, vous nous avez demandés quelle est notre attitude. Nous avons dit que c'est une attitude de fermeté et de dialogue, et cela continue à être le cas. On ne peut avancer que si on se parle, d'où l'importance de ce qui s'est fait hier en Normandie. Mais on ne peut progresser sur un certain nombre de principes que si on est unis.
Q - Donc depuis hier et ces rencontres normandes, vous diriez qu'on est rentré dans une phase d'apaisement nette dans ce dossier ukrainien.
R - Dans une phase de désescalade, mais qui reste à confirmer.
Q - Merci beaucoup.
R - Merci à vous.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juin 2014