Texte intégral
- Algérie -
Mesdames et Messieurs,
Je suis ravi de ce contact avec vous. Je suis extrêmement heureux d'être ici en Algérie et à côté de mon collègue et ami le ministre des affaires étrangères algérien. Je veux dire, à travers vous, aux autorités algériennes et au peuple algérien, l'amitié de la France, renouveler le salut du président de la République et du Premier ministre et confirmer ce que vient de dire mon collègue.
C'est une visite importante, à la fois de travail et d'amitié, qui fait suite à la visite exceptionnelle du président de la République française il y a maintenant un an et demi, à de nombreux échanges dans les deux sens et ceci vient avant d'autres déplacements - tu as fait allusion au grand comité qui devra réunir à la fin de l'année ou au début de l'année prochaine nos deux Premiers ministres et les membres du gouvernement.
Cette visite à la fois de travail et d'amitié a lieu dans un climat de relations entre l'Algérie et la France qui est au beau fixe. Lorsque je vois le chemin parcouru, l'analyse sur la plupart des grands sujets du monde, sur les sujets régionaux et surtout la volonté de travailler ensemble, je pense que nous nous situons vraiment dans un moment extrêmement positif de nos relations.
Grâce à l'hospitalité de nos hôtes algériens, quel sera l'ordre du jour de ces deux journées ?
D'une part, nous allons traiter des questions de politique générale et de sécurité. C'est l'analyse que nous avons commencé à faire.
Nous traiterons aussi de questions économiques - je suis accompagné d'une trentaine d'entrepreneurs français. Et nous aurons l'occasion demain de discuter avec le ministre des affaires étrangères, le ministre de l'industrie et des mines, et d'évoquer ce sujet avec le Premier ministre.
Nous traiterons également des échanges humains entre l'Algérie et la France puisque c'est le terreau de nos relations.
Je suis également accompagné des deux présidents des groupes parlementaires d'amitié entre l'Algérie et la France, de journalistes que je suis heureux de saluer et, bien sûr, de mes collaborateurs qui suivent jour après jour les dossiers.
Il est tout à fait exact, sur les questions régionales en particulier, que l'analyse de la France et de l'Algérie telle que je la comprends est une analyse convergente voire souvent identique.
Nous sommes des pays de paix, nous travaillons pour la sécurité et pour la paix.
Nous sommes attachés au développement de la sous-région et de l'ensemble de l'Afrique. Nous comprenons bien qu'aujourd'hui tout est lié et que le développement de l'Europe, du Maghreb, de l'Afrique, c'est une seule et même réalité.
Nous sommes très attachés à la sécurité, il n'y a pas de développement possible sans sécurité. Et, de ce point de vue, nous sommes côte à côte dans les épreuves difficiles de lutte contre les groupes terroristes. Nous avons une vision extrêmement commune, en particulier sur les sujets qui nous occupent actuellement, je pense à la Libye et au Mali. Et je rends hommage au rôle pacificateur que joue très utilement l'Algérie dans ce qui doit être fait au Mali.
D'une façon plus générale, nous voulons travailler ensemble sur la base d'un partenariat d'exception et d'égal à égal entre l'Algérie et la France.
Des progrès importants ont été faits dans différents domaines que j'ai cités, aussi bien sur le plan des échanges humains, de l'éducation, de la culture, des échanges économiques, beaucoup de choses ont avancé.
Mais nous voulons aussi, et ce sera je crois l'un des apports de cette visite, baliser le futur et voir comment, par rapport aux ambitions de développement qui sont celles de l'Algérie et celles de la France, nous pouvons conjuguer ces ambitions pour être plus présents, dans le cadre de partenariats, aussi bien en Algérie, en France.
En ce début de visite, il ne m'appartient pas d'anticiper sur ce que seront les résultats. J'aurai l'occasion de vous revoir avant la fin de la visite mais nous avons déjà identifié, avec mon collègue et ami, toute une série de champs qui peuvent être extrêmement utiles pour le futur.
Voilà l'esprit dans lequel je suis ici, très heureux d'être ici et, dans un instant, de répondre à vos questions.
Q - Des journaux sérieux algériens font état d'une opération de forces spéciales, opération conjointe entre Français et Algériens, peut-être même Américains, au sud de la Libye. Monsieur le Ministre, y a-t-il en ce moment une opération de soldats français au sud de la Libye ? Si c'est le cas, il faut que l'opinion française en soit informée.
R - Nous avons pris connaissance avec le même étonnement de ces allégations qui ne reposent sur aucune vérité.
Q - Concernant l'exploitation du gaz de schiste en Algérie qui pose problème, il y a polémique en France et je pense que l'opinion algérienne y est également hostile, selon les observateurs, les politiques français seraient en train de faire du lobbying pour total. J'aimerais avoir votre commentaire.
R - Quant à votre question sur le gaz de schiste, j'ai lu qu'il y aurait une demande d'intervention de la France auprès de telle ou telle entreprise pour exploiter le gaz de schiste en Algérie. Il n'en est absolument rien. D'abord, la capacité d'intervention de la France auprès de telle ou telle entreprise multinationale, date d'une époque assez lointaine, à supposer qu'elle ait jamais existé. La question du gaz de schiste est complexe. Le gouvernement algérien décidera ce qu'il faut faire. Il en est de même pour le gouvernement français et je n'ai pas à m'ingérer dans ce débat.
(...)
Q - Où en est la coopération entre l'Algérie et la France quant aux djihadistes qui ont quitté le nord du Mali et qui se sont réfugiés, pour certains en Algérie ?
R - En matière de lutte contre le terrorisme, je crois qu'il y a deux règles à respecter : l'efficacité et la discrétion. Si la lutte contre le terrorisme n'est pas efficace elle ne sert à rien. Si elle n'est pas discrète elle n'est pas efficace.
C'est vrai que l'Algérie et la France toutes les deux comprennent à quel point le terrorisme est un mal absolu. Tout d'abord parce que le moyen qu'il emploie est inacceptable, parce que très souvent les buts prétendument religieux ne sont que des prétextes, parce que cela cause du tort à de nombreux populations et parce que nous sommes maintenant dans une situation où les groupes ne sont pas isolables les uns des autres et les pays victimes non plus. Il faut que tous les pays qui partagent cette volonté de lutter contre le terrorisme puissent agir ensemble.
C'est le cas de l'Algérie qui a beaucoup souffert du terrorisme et l'attentat contre In Amenas c'était il n'y a pas très longtemps Vous vous rappelez ce qu'avait dit à l'époque le gouvernement français qui avait compris la lourdeur des dégâts.
Nous sommes aussi menacés. Vous avez vu les nombreux européens qui partent pour le prétendu djihad en Syrie et l'attentat contre le musée juif de Bruxelles. Quand nous voyons un pays comme l'Algérie dont la détermination est très ferme dans la lutte contre le terrorisme nous nous trouvons sur la même longueur d'onde.
(...)
Q - Sur le plan économique beaucoup de pays européens et les États-Unis souhaitent que l'Algérie révise la règle 5149. Vous êtes accompagné d'une forte délégation de chefs d'entreprise et j'aimerais savoir ce que la France va demander quant à la révision de cette règle notamment pour les PME-PMI ?
R - Je ne suis pas de formation de diplomate mais je l'apprends en étant à la tête du Quai d'Orsay. Si vous interrogez les membres de la délégation française ils iront plutôt dans le sens que vous avez indiqué. En tant que membre du gouvernement français, je n'ai pas à m'ingérer dans les choix souverains de l'Algérie. Ce qui est souhaitable c'est que l'on trouve des formes les plus souples de coopération et je vais en parler avec les président et Premier ministre algériens.
Il y a de nombreux investissements français en Algérie et aussi un début d'investissements algériens en France. Mais c'est loin de ce que nous souhaiterions et il faut retrouver les voies et moyens pour que les grandes entreprises et le PME travaillent davantage ensemble.
L'objectif est celui-là : que nous puissions être davantage présents en même temps que nous puissions travailler ensemble dans des pays tiers. Nous avons beaucoup de choses en commun. C'est beaucoup plus facile pour l'Algérie et pour la France de travailler ensemble que de travailler avec d'autres pays qui n'ont pas une même culture commune ni la proximité géographique. Il faut une certaine souplesse et c'est à l'Algérie de fixer les règles.
J'ajouterais moi-même un dernier élément. J'étais ministre des finances et ce qui m'a frappé c'est que ce que demandent les chefs d'entreprises. Certes, ils souhaitent des règles qui leurs soient favorables. Mais ils veulent surtout une certaine stabilité des règles et une certaine rapidité dans les décisions. Ce qui rebute souvent les responsables d'entreprise c'est quand les règles ne sont pas suffisamment claires ou quand les procédures sont longues. Le plus important c'est cette nécessité de la stabilité et de la rapidité et du respect des décisions.
- Libye -
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Q - Sur l'intervention française en Libye.
R - Quant à la Libye, la situation est complexe. Il est vrai qu'à l'époque, sous un président précédent en France, il y a eu une décision d'intervention mais je ne tairai pas nos responsabilités. À l'époque, nous étions dans l'opposition et nous avions approuvé cette intervention. On peut en discuter aujourd'hui. Une des fautes qui a été commise, me semble-t-il, c'est qu'une intervention, c'est une chose mais il y a le suivi de l'intervention. Et ce n'est pas parce que tel ou tel dictateur, qu'en l'occurrence personne ne veut soutenir, a en cette circonstance disparu que la situation a été rétablie. Il est vrai que la Libye est un pays mais ce n'est pas un État. Il y a des tribus, un armement considérable, des différences politiques...
Ce dont il s'agit maintenant, c'est d'essayer de trouver des solutions : une solution politique parce, même s'il y a des aspects de sécurité, on ne règle pas tout par des aspects de sécurité ; et éviter que ce que ce qui se passe en Libye ait une contagion sur les pays voisins. Et, de ce point de vue-là, nous approuvons parfaitement ce qui est fait par nos amis algériens pour éviter la contagion. Nous ne parlons pas que de l'Algérie mais nous parlons aussi de la Tunisie. Quand on voit le nombre de Libyens qui se réfugient en Tunisie, c'est une charge extrêmement lourde.
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Q - Existe-t-il une initiative algéro-française pour sauver la Libye ?
R - Il y a sûrement une approche commune qui est la suivante : il faut que l'on arrive à avoir une certaine stabilité et une représentativité de la Libye. De plus, il y a des difficultés pour appliquer des décisions qui ont été prises au niveau central. Et il y a des régions qui ne sont pas sous le pouvoir du contrôle central. Il faut clarifier cette situation.
Il faut être très attentif aux questions de sécurité, il y a des groupes terroristes dans certaines parties de la Libye ce qui entraîne des risques d'instabilité en Libye mais aussi sur les pays voisins Et nous sommes d'accord sur la nécessité de trouver une solution politique et de ne pas permettre des débordements sécuritaires.
- Syrie -
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Q - Dernièrement, on a appris que la France avait interdit aux Syriens résidant en France d'aller voter. Ne pensez-vous pas que, pour un pays démocratique comme la France, c'est une façon de décrédibiliser les présidentielles syriennes d'emblée ?
R - Concernant les élections, vous donnez la réponse dans votre question. Le fait qu'il n'y ait pas eu de possibilité de vote en France sur les élections syriennes ne décrédibilise-t-il pas, avez-vous dit, ces élections ?
Mais ces élections étaient décrédibilisées dès le début, c'est une mascarade tragique. Pourquoi ? Parce que, comme vous le savez, malheureusement, le pays est en état de guerre ; parce que seuls étaient autorisés à voter ceux qui résidaient depuis dix ans ; parce que le choix était entre M. Bachar Al-Assad et M. Bachar Al-Assad.
Donc, en application même de la Convention de Vienne, lorsqu'une élection n'a aucun caractère démocratique, elle ne peut pas, de notre point de vue, se prévaloir de ses résultats. C'est la raison pour laquelle la France, comme d'ailleurs d'autres pays en Europe - nous n'avons pas à nous ingérer dans ce que décident d'autres pays bien sûr - nous avons estimé qu'il n'y avait pas lieu de faciliter cette mascarade tragique.
Politique étrangère - Afrique -
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Q - Il y a eu trois interventions françaises. La première, c'était en Libye d'une part - et en ce moment, c'est vraiment le chaos - ; au Mali d'autre part, le Mali ne s'en porte pas mieux non plus ; troisièmement, il y a l'opération en Centrafrique avec l'opération Sangaris qui, de l'avis des observateurs, n'a fait qu'exacerber les divergences confessionnelles.
R - Dans votre seconde question, vous laissez peu d'espace à une opinion qui serait différente de la vôtre. La mienne sera différente.
En peu de mots, vous avez dit qu'il y avait eu trois interventions françaises : en Libye, avez-vous dit, c'est une catastrophe, au Mali, c'est la même chose et en RCA, vous avez été un peu plus loin en disant que l'intervention française avait augmenté les différends religieux. Chère Madame, je ne suis pas d'accord.
(...)
La France n'a aucune vocation à être le gendarme de tel ou tel pays. Mais la France est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Et lorsqu'il y a une demande des Nations unies, pour qu'un pays intervienne, au sacrifice de ses soldats, il n'y a pas beaucoup de pays qui se lèvent à part la France...
Cela dit, la solution n'est pas celle-là à moyen terme, et nous avons eu l'occasion, par le passé, d'en parler avec nos amis algériens. Nous souhaitons que l'Afrique s'organise pour qu'elle dispose elle-même d'une force de sécurité, capable de prévenir les crises et d'intervenir si ces crises ont lieu. Et si cette force existe, vous verrez qu'elle sera capable d'intervenir et finalement de prévenir les crises.
D'ailleurs, lorsqu'au Sommet de l'Élysée que nous avions organisé l'année dernière, toute une série de pays d'Afrique se sont réunis, c'est cette conception-là qu'ils ont mise en avant : une force qui serait bien équipée et capable d'intervenir. À partir de ce moment-là, la France, l'Europe ou d'autres pays seront parfaitement favorables pour apporter une formation mais nous n'aurons pas à exposer directement nos armes.
En résumé, quand nous intervenons, nous le faisons à la demande des pays concernés, de l'Union africaine, de l'Organisation des Nations unies. Et nous le faisons pour la sécurité et pour la paix.
- Mali -
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Q - Le Mali ne se porte pas mieux après l'intervention française ?
R - Au Mali, en janvier 2013, j'étais dans le bureau du président français, c'était un lundi, après-midi. Il y a eu un coup de téléphone du président de transition du Mali, M. Traoré, qui souhaite que les soldats français puissent intervenir : «des groupes terroristes sont à 300 kilomètres de Bamako. Si vous n'intervenez pas, demain, le Mali sera aux mains des groupes terroristes et je serai mort.»
La France a pris la bonne décision. Là encore, avec le soutien des Nations unies, et de l'Union africaine. Les Français sont intervenus avec les Africains et cela a permis : un, de chasser les groupes terroristes ; deux, de faire que quelques mois plus tard une élection démocratique ait lieu dans ce pays ; trois, qu'une Assemblée nationale puisse être constituée ; quatre, que des crédits substantiels soient attribués à ce pays pour lui permettre de se remettre.
Qu'il y ait encore des difficultés, bien sûr. Mais la France n'a pas à se substituer à la politique intérieure au Mali. La France peut aider, comme aussi l'Algérie. Nous savons bien que si nous voulons aller au bout du processus, il faut qu'il y ait une discussion entre Bamako, les autorités légitimes du Mali et les groupes du Nord.
C'est un sujet qui a existé avant. Et qui continue d'exister.
Mais encore, une fois, la France, à la demande des communautés internationales, a fait son devoir. Et j'étais personnellement très touché, pour ne pas dire très ému lorsque, me trouvant dans telle ou telle enceinte africaine, à la fin de cette réunion, où l'on parlait de l'intervention du Mali, la quasi-totalité des responsables qui sont intervenus, des différents pays d'Afrique, aient terminé en disant : «Merci à la France.». (...)
Cela rejoint une question sur le Mali. Toute décision est très difficile à prendre et souvent on a du mal à expliquer une décision politique. Si la décision est bonne à 100 % elle se prend d'elle-même mais la responsabilité du politique c'est de mesurer le coût de la décision et celui de la non-décision. Quand nous avons décidé d'intervenir au Mali à la demande des Nations unies et des Maliens nous savions que cela avait un coût humain, y compris pour des soldats français qui sont morts là-bas. Mais la non-décision voulait dire que pour la première fois des groupes terroristes prenaient l'ensemble d'un pays. Imaginez ce que cela aurait donné si Al Qaïda avait mis la main sur le Mali ! Nous avons estimé, et je pense que c'était un choix qu'il fallait faire, que même si la décision comportait des conséquences difficiles nous ne pouvions pas accepter, au nom de nos idéaux, la non-décision. (...)
Q - Il y a quelques semaines la CEDEAO a réaffirmé le rôle de Ouagadougou dans la médiation dans la crise malienne. Les groupes du nord Mali étaient à Alger il y a quelques jours. La France considère-t-elle que l'Algérie a pris la tête de la médiation dans la crise malienne ?
R - Sur le Mali il y a une nécessité, en vertu des accords de Ouagadougou, à ce que des discussions se tiennent entre le gouvernement malien et les groupes du Nord non-terroristes, qui ne se sentent pas pleinement intégrés dans le fonctionnement actuel du Mali. Cette nécessité existe, elle a été sanctionnée positivement par les accords de Ouagadougou. La France est dans la même disposition d'esprit. Elle cherche à favoriser ce dialogue. Celui-ci peut passer par trois canaux, la CEDEAO, le représentant spécial du président Keïta et un canal reconnu par les uns et par les autres, l'Algérie, qui est facilitateur de dialogue. Différents groupes se trouvent à Alger pour discuter et arriver à une plateforme préludant un accord. Une fois cette plateforme élaborée, il appartiendra au gouvernement malien d'en discuter. Cette plateforme devrait faciliter le chemin de l'accord. Cette procédure semble réaliste, conforme au droit et permettant une solution dans l'affaire du Mali.
- RCA -
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Q - Sur la RCA
R - La situation actuelle est difficile parce que nous avons là-bas des hommes et des femmes qui sont opposés en particulier sur le plan religieux. La tâche des soldats français et de leurs collègues africains, à la demande des Nations unies et de l'Union africaine qui ne sont pas les ennemis de la République centrafricaine, c'est d'essayer d'opérer le désarmement.
Nous travaillons à cela. Nous avons des victimes, bien sûr du point de vue militaire. Mais je reconnais avec vous que c'est très difficile.
En même temps, si la France n'avait pas été au rendez-vous à la demande des forces internationales, que ce serait-il passé ? 20.000 morts ? 50.000 morts ? 200.000 morts ? (...).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juin 2014