Déclaration de M. Kader Arif, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, en hommage aux anciens combattants néerlandais du Débarquement de Normandie, à Arromanches le 6 juin 2014.

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Circonstance : Commémorations du 70e anniversaire du débarquement de Normandie-cérémonie franco-néerlandaise, à Arromanches (Calvados) le 6 juin 2014

Texte intégral


Sire,
Madame,
Monsieur le Premier ministre,
Madame la ministre,
Monsieur le maire,
Messieurs les officiers généraux,
Messieurs les vétérans qui nous faites l'honneur de votre présence,
C'est pour moi un véritable plaisir et un honneur d'être à vos côtés aujourd'hui pour rendre hommage aux combattants néerlandais engagés en Normandie il y a 70 ans.
Nous sommes ici à Arromanches, place du 6 juin 1944. Arromanches est l'un des grands symboles du débarquement de Normandie, de ce jour où près de 155 000 combattants venus des 4 coins du monde se sont unis dans un même sacrifice, dans un même serment de fraternité et au nom d'un même idéal : la Liberté.
Arromanches, ville symbole de l'Histoire. Arromanches, ville mémoire dont tant de visiteurs viennent se nourrir. C'est ici, à l'emplacement du port artificiel, que le Président René Coty inaugura en 1954 le premier musée consacré aux événements du 6 juin.
Pourquoi se réunir ici, Français et Néerlandais ? Non pas seulement pour vous dire la reconnaissance de la France, elle vous est acquise. Mais pour rappeler ce que fut votre engagement. Pour rappeler qu'il y a 70 ans jour pour jour, volaient au-dessus de nos têtes les pilotes néerlandais de l'escadron 3-21. Ce sont ensuite les escadrons 3-20 et 3-22 qui se sont engagés à compter du 10 juin. 8 de ces pilotes sont parmi nous aujourd'hui. Messieurs, en assurant la protection des plages sur lesquelles allait se jouait dans quelques heures le destin du monde, vous êtes entrés dans l'Histoire. Notre pays se souvient de ce jour avec émotion.
Mais la participation néerlandaise ne s'arrête pas là. Le 6 Juin n'est que le prélude à une bataille qui dura 78 jours et dans laquelle les Néerlandais ont joué un rôle décisif.
Le 7 août 1944, la brigade Princesse Irène composée de 1 205 hommes débarque ici, à Arromanches et à Courseulles-sur-mer avec à sa tête le Lieutenant-colonel Ruyter van Stevenick. 1 205 hommes et autant de parcours singuliers et de destins individuels mais 1 205 hommes tous prêts à livrer leur jeunesse, leur vie, leurs idéaux, leurs convictions, à l'épreuve de la guerre, pour la liberté de la France, pour le salut de l'Europe.
Ils participent à la libération de Cabourg, Dives, Deauville, Trouville, Honfleur aux côtés de la brigade belge Piron et de la 6e Airborne britannique. Le courage et l'esprit de solidarité de ces hommes venus d'ailleurs libèrent nos villes françaises. Les soldats néerlandais prennent le village de Pont-Audemer le 26 août. L'âme de votre pays habite aujourd'hui la ville normande.
7 combattants de la brigade Princesse Irène sont parmi nous aujourd'hui. Messieurs, vous avez marqué de votre empreinte l'histoire de la Libération française. Vous en gardez la fierté. Nous en gardons la reconnaissance.
La France honore aujourd'hui comme ses propres fils les soldats néerlandais tombés au cours de la bataille de Normandie. Certains le furent dès les premières heures du débarquement ; d'autres le furent en libérant les villes normandes, les villes de France, les villes d'Europe. Parmi eux, 20 combattants reposent aujourd'hui au cimetière d'Orry-la-Ville. Ce sacrifice fut une douloureuse épreuve sur le chemin de la conquête de la liberté.
La mémoire commune franco-néerlandaise s'est construite tout au long de la seconde guerre mondiale. Elle s'est construite à Londres où se sont réfugiés les autorités de la France Libre, ceux désirant poursuivre le combat ainsi que la reine Wilhelmine, le gouvernement néerlandais et 1 500 soldats qui deviennent « la Brigade Royale néerlandaise ».
Elle s'est construite à travers l'engagement de Néerlandais dans la Résistance – je pense à Yann Doornick, débarqué en France en décembre 1940 et fusillé au Mont Valérien le 29 août 1941.
Elle s'est construite aussi sur le sol néerlandais où nos soldats français sont tombés, en mai 1940 face à l'invasion ennemie puis en 1945 lorsque les hommes du commandant Kieffer ont participé à la libération de votre pays. 600 Français sont tombés au total. Cette mémoire s'est enfin forgée ici, en Normandie.
70 ans se sont écoulés… Que reste-t-il aujourd'hui sur ces lieux empreints d'émotion et de gravité? Il reste les survivants dont la présence est la plus belle expression de cette mémoire. Vous, soldats d'un idéal, la liberté, hommes humbles, venus revivre votre passé.
Messieurs, vous nous ouvrez aujourd'hui les portes de vos souvenirs, à nous, à nos enfants – et je salue la présence de 60 lycéens de France. Merci de faire en sorte que vive et nous survive le souvenir du 6 Juin !
Bedankt Nederland, bedankt nederlandse veteranen !
Vive les Pays-Bas !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-néerlandaise ! Vive l'Europe !
Source http://www.defense.gouv.fr, le 16 juin 2014