Texte intégral
Mesdames, Messieurs les élus,
Monsieur le préfet,
Monsieur le chef d'état-major,
Monsieur le gouverneur militaire de Paris,
Messieurs les officiers-généraux,
Mesdames, Messieurs les officiers, sous-officiers et soldats,
Mesdames et messieurs,
Je suis très heureux d'être avec vous aujourd'hui, à Bourges, pour cette troisième édition des Rencontres militaires blessures et sport.
En opérations comme à l'entraînement, la blessure est un risque inhérent au métier militaire. La Nation, qui est reconnaissante des souffrances consenties pour elle, a donc le devoir d'accompagner les militaires blessés à chaque étape de leur parcours de réadaptation et de réinsertion.
Depuis plus de deux ans, c'est pour moi une préoccupation personnelle. Comment améliorer le soutien et l'accompagnement de nos militaires blessés et de leurs familles ? La réponse à cette question, au sein du ministère de la Défense, fait l'objet d'une mobilisation exemplaire. Exemplaire parce qu'elle est collective. Exemplaire parce qu'elle est à la hauteur du défi, immense, posé par le retour à la vie normale de nos militaires blessés. Je veux saluer ici, en premier lieu, l'engagement exceptionnel des cellules d'aide aux blessés. Je salue également le service de santé des armées et l'Institution nationale des Invalides. Je pense enfin au secrétariat général pour l'administration et à la cellule de réadaptation et de réinsertion du blessé en opération, qui ont su faciliter les synergies entre les acteurs de l'accompagnement. Grâce à vous tous, nous avons pu, en deux ans, accomplir déjà de très belles avancées. Mais il ne faut pas s'en satisfaire, et aller plus loin encore.
Sur le droit à réparation, il y avait beaucoup à faire. On observait en effet des délais de traitement des dossiers trop longs, des problèmes dans le calcul des droits. Nous avons fixé un nouvel objectif. Il est simple : désormais, le délai de traitement des pensions d'invalidité ne doit pas dépasser les six mois. Les indemnisations ont été revalorisées et en même temps harmonisées, pour une plus grande justesse dans leur définition.
Sur le sujet de l'accompagnement des blessés et de leurs familles, là aussi, je crois que nous pouvons être fiers de notre mobilisation. En deux ans, nous avons mis en place un véritable parcours du blessé. Ce parcours suit un processus normé, utilisé par l'ensemble des acteurs. Il intègre des paramètres médicaux, sociaux, administratifs, juridiques, et de ressources humaines. C'est un parcours complet, cohérent, encadré par des aidants qui parlent dorénavant un langage unique. Pour en assurer le suivi, j'ai demandé aux cellules d'aide aux blessés de mettre en place un passeport du blessé unique, qui soit à même de recenser l'ensemble des actions d'accompagnement. Mais ce n'est pas tout : début 2015, l'Office national des anciens combattants et des victimes de guerre (ONAC-VG) signera, avec les états-majors, sous mon patronage et celui de Kader Arif, une convention pour assurer le suivi des blessés lorsque les cellules d'aide passent le relai à l'ONAC.
Devant la problématique de ce que l'on appelle les blessures invisibles, pour améliorer le soutien psychologique des militaires blessés et de leurs familles, j'ai chargé le Service de santé des armées (SSA) de mettre en uvre un plan de lutte contre le stress opérationnel et le stress post-traumatique. Je tiens à dire ici que le SSA, avec une compétence unique en France, a adapté son organisation à la prise en compte des blessures psychiques d'une manière remarquable. Depuis 2012, le numéro vert interne « Écoute défense », disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ainsi qu'un numéro destiné aux familles de militaires projetés, sont disponibles pour prendre en charge les souffrances qui peuvent se manifester. Par ailleurs, un label sera prochainement mis en place par le SSA pour référencer un réseau de psychologues civils.
Enfin, le retour à l'emploi du militaire blessé, qui est l'étape ultime de son parcours de réinsertion, a également vu quelques avancées majeures. Le ministère de la Défense prend désormais intégralement en charge le coût des prothèses de nouvelle génération, pour les blessés qui s'inscrivent dans un parcours de réinsertion professionnelle. Nous avons par ailleurs développé l'accompagnement personnalisé de reconversion. Auparavant limité à 3 ans, cet accompagnement est maintenant étendu à l'ensemble des blessés en opération, sans limite de temps. Dans quelques jours, je signerai en outre une ordonnance, avec l'objectif de renforcer le processus d'intégration et de permettre de nouvelles passerelles vers les fonctions publiques, pour nos soldats blessés en opérations. Je tiens à préciser que ce dispositif sera élargi à leurs conjoints.
Les avancées sont donc réelles. Surtout, elles sont appelées à se poursuivre. J'y veille personnellement.
Dans le parcours du blessé, dont je viens de parler, le sport qui nous rassemble aujourd'hui occupe une place fondamentale. Vous le savez, vous en faites l'expérience, c'est un formidable instrument de redécouverte du corps, qui favorise le dépassement de soi et cultive les liens sociaux. En permettant de repousser les barrières du handicap, qu'elles soient d'ailleurs physiques ou psychiques, le sport contribue à la reconstruction physique et mentale des blessés. Il le fait d'une manière décisive, car il rend possible ce que l'on croyait devenu impossible. Ce n'est pas un vain mot, comme nous venons d'en avoir la confirmation, il y a quelques instants, avec ces belles démonstrations sportives.
C'est pour cette raison que la Cellule d'aide aux blessés de l'armée de terre, la CABAT, a voulu créer ces Rencontres militaires blessures et sport, les RMBS. À travers une pratique sportive adaptée, qui permet une reconstruction à la fois physique et psychologique, les RMBS participent à la prise en charge thérapeutique globale du militaire blessé. Dans le même temps, elles constituent un temps d'échanges précieux, aussi bien pour les blessés que pour l'ensemble de l'encadrement.
Les deux premières éditions des RMBS ont été un succès. Cette année, j'ai donc souhaité pérenniser leur organisation en leur donnant un cadre administratif, juridique et financier adapté, et en formalisant les partenariats interministériels qui fondent leur réussite. C'est désormais une démarche interministérielle, puisque le ministère de l'Intérieur, le ministère chargé des Sports et le ministère chargé des Personnes handicapées, par l'accord-cadre du 4 mars dernier, ont rejoint le dispositif des RMBS.
Interministérielles, les RMBS 2014 sont également internationales. Pour la première fois, une délégation étrangère participe à cette rencontre, et je crois que nous sommes tous très heureux d'accueillir aujourd'hui à Bourges nos amis britanniques.
Les RMBS sont une réussite d'équipe. Et je veux saluer tous ceux qui ont contribué à les rendre possible. Le ministère chargé des Sports en est bien sûr un acteur primordial. Les acteurs locaux également, avec le pôle ressources national sport et handicap, la fédération française handisport, le centre régional jeunesse et sports d'Aubigny-sur-Nère, enfin le centre de ressources d'expertise et de performance sportives, qui nous accueille aujourd'hui. Au ministère de la Défense, le gouverneur militaire de Paris, les cellules d'aide, l'Institution nationale des Invalides, le SSA, la DICOD et bien sûr le centre national des sports de Défense, ont à nouveau fait la preuve de leur engagement sur cette thématique. Ensemble, vous avez bâti, pour chaque blessé, un programme riche et varié, adapté aux problématiques de chacun. Je vous en félicite.
Enfin, ces manifestations ne pourraient pas avoir lieu sans la générosité de leurs mécènes. Que vous veniez du monde associatif ou du monde de l'entreprise, votre engagement atteste de la solidarité de la communauté de défense et même, plus largement, de la communauté nationale autour de ceux qui ont trouvé des souffrances en défendant leur pays, sans jamais renoncer à la fierté qui est la leur.
Dans cet engagement, je vous l'ai dit, le ministère dont j'ai la charge prend toute sa part. Depuis 2012, nous avons déjà beaucoup travaillé pour que la reconnaissance de la Nation soit à la hauteur du dévouement de nos soldats. Dans le chemin qui reste encore à faire, je sais pouvoir compter sur vous tous. Aux militaires blessés, ainsi qu'à l'ensemble de l'encadrement, j'adresse mes meilleurs vux pour cette troisième édition des RMBS.Source http://www.defense.gouv.fr, le 26 juin 2014