Conférence de presse de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur la lutte contre les dérèglements climatiques, à Paris le 10 juillet 2014.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Remise du rapport « Deep Decarbonization Pathways Project», à Paris le 10 juillet 2014

Texte intégral


Je veux remercier Laurence Tubiana, Jeffrey Sachs et Fatih Birol pour les paroles qu'ils viennent de prononcer. Il s'agit d'un élément positif tout à fait important dans la préparation de Paris-climat 2015.
Ils ont expliqué, en termes à la fois simples et justes, le contenu du rapport, résultat d'un travail scientifique collectif remarquable. Le sentiment que j'ai, en les écoutant, c'est que ce rapport apporte un élément d'optimisme face à ce qui est parfois un sentiment de climato-fatalisme.
Le rapport témoigne de la vitalité et de l'importance du travail de la communauté scientifique sur le thème du climat. Il montre qu'agir est possible, nécessaire et qu'une action ambitieuse est à notre portée. Il montre que, sous certaines conditions, nous pouvons atteindre notre but.
Le rapport montre que chaque pays a bien sûr des singularités, notamment s'agissant des enjeux de développement, économiques et de lutte contre la pauvreté. Mais il montre aussi que nous avons une communauté de destins face au dérèglement climatique et que nous sommes tous embarqués sur le même navire.
La décarbonisation des grandes économies est une nécessité absolue. C'est évidemment le mandat qui doit être respecté par la conférence de Paris en 2015. Cela demandera toute une série de conditions et en particulier, des outils financiers et technologiques sur lesquels nous devons travailler d'ici la réunion de la fin de l'année prochaine. L'objectif est que nous puissions trouver un accord juridique et universel qui permette une trajectoire d'émissions permettant de rester en dessous de deux degrés d'augmentation moyenne des températures.
Comme cela vient d'être souligné à l'instant par Fatih Birol, certains éléments de contexte sont positifs. Des décisions importantes ont été annoncées, notamment en Chine et aux États-Unis. On assiste à une prise de conscience de la gravité du phénomène et de l'importance d'y apporter des solutions.
Nous ne sommes pas encore sur la route de la limitation à deux degrés de la hausse des températures, mais nous pouvons et devons avancer dans la bonne direction. Ce rapport montre incontestablement le chemin.
C'est donc un travail utile et il faudra que, les uns et les autres, nous nous en inspirions dans les étapes que nous avons maintenant à franchir.
Q - Êtes-vous favorable à l'arrêt des subventions aux énergies fossiles en France ?
R - Comme je l'ai récemment rappelé à Aix-en-Provence, l'un des choix les plus importants que nous avons à faire au niveau mondial, c'est d'investir dans la transition énergétique.
J'ai été amené à aborder bien évidemment la question des subventions aux énergies fossiles. J'ai fait connaître l'orientation qui, à mon avis, doit être prise, et je vous réponds « oui ». Cette position demande bien sûr des conditions d'application, et cela vaut pour les différents pays.
Q - Ce rapport n'est pas le premier à construire des scénarios de long terme, l'AIE en fait notamment tous les ans, je voulais savoir quelle était la spécificité de ce rapport et comment comptez-vous l'utiliser politiquement ou techniquement ? Vous recevez demain les 17 plus grands pays pour le «forum des économies majeures», comment comptez-vous l'utiliser dans cette rencontre ?
R - Ce rapport est un élément complémentaire. Tous les travaux scientifiques sont les bienvenus.
Nous sommes effectivement très heureux de coprésider avec nos amis américains, demain à Paris, la réunion du «forum des économies majeures». À cette occasion, nous allons discuter de différents sujets de manière informelle, qui portent notamment sur la manière dont nous préparons l'échéance de la fin d'année. Les questions de technologie et de financement seront également évoquées. C'est une manière d'échanger sur les chemins divers que les uns et les autres peuvent prendre. C'est une bonne chose d'avoir des échanges libres.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 juillet 2014