Interview de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, à France 2 le 24 juillet 2014, sur la disparition de l'avion d'Air Algérie.

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Média : France 2

Texte intégral

Q - Première question, d'abord, est-ce que l'appareil a été localisé comme semble l'affirmer le président malien ?
R - Non, nous ne l'avons pas encore localisé. Il y a eu cette expression du président malien et, en ce moment même, il y a des avions français qui sont bien sûr sur zone : nous avons à la fois un C130 et des hélicoptères. Mais la zone initiale qui doit être investiguée est très vaste et nous allons vérifier si l'information dont fait état une dépêche est exacte ou non. Évidemment, il importe de savoir ce qui s'est passé et de récupérer le plus vite possible les restes, puisque maintenant on sait que, très probablement, l'avion s'est écrasé.
Q - Oui, bien sûr. On sait que la zone est immense. On va parler des hypothèses dans un instant. Un mot des moyens, parce qu'on a entendu le chef de l'État dire que la France mettait en place de grands moyens. Y aura-t-il des moyens humains, des hommes au sol qui iront sur le terrain ?
R - Le président de la République a été très net en nous demandant de mettre tous les moyens civils et militaires. Du point de vue militaire, dans la journée, deux Mirage 2000 ont été engagés et, en ce moment même, un C130 et des hélicoptères qui peuvent voler la nuit survolent la zone. Il y a aussi des moyens terrestres.
La localisation sera soit très rapide - ce qu'il faut souhaiter - ou bien elle sera, compte tenu de l'étendue de la zone, plus difficile. En tout cas, tous les moyens - l'instruction est donnée - sont requis.
Q - Le chef de l'État a également évoqué une météo extrême.
R - Oui.
Q - Est-ce que c'est la piste ce soir privilégiée par les autorités françaises que vous représentez sur ce plateau ?
R - Je vais être très précis : ce que l'on sait, c'est que très tôt ce matin le pilote de l'avion a demandé un changement de direction compte tenu des très mauvaises conditions météorologiques. Ensuite, nous n'avons plus eu de nouvelles.
À partir de là, il y a plusieurs hypothèses. On pense que les conditions météorologiques, qui sont très difficiles là-bas en cette saison, peuvent être à l'origine de la catastrophe. Il y a cependant d'autres hypothèses et l'on ne doit en exclure aucune avant d'avoir tous les éléments.
Q - L'idée d'un acte terroriste est donc également envisagée ?
R - On ne peut exclure aucune hypothèse. La seule chose que nous sachions de manière certaine, c'est l'alerte météo.
Q - De quelle manière les familles victimes vont être prises en charge ?
R - Il y a eu beaucoup d'appels à la cellule de crise du quai d'Orsay, qui est faite pour cela. Toutes les familles ont été contactées. Elles vont être recontactées. Il y a cinquante et une victimes françaises et cela concerne vingt familles parce que ce sont des fratries. Ce sont en général des amis de l'Afrique qui étaient là-bas, soit des touristes, soit des humanitaires.
C'est très difficile psychologiquement, on peut le comprendre, mais dans ce genre de circonstances, il faut donner le maximum d'informations. Nous avons donc décidé de réunir toutes les familles samedi à Paris et toutes les informations qui seront à notre disposition leur seront données.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 juillet 2014