Déclaration de Mme Annick Girardin, secrétaire d'État au développement et à la francophonie, sur les relations franco-malgaches, à Tananarive le 15 juin 2014.

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Circonstance : Déplacement à Madagascar, aux Comores et à l'Ile Maurice du 14 au 18 juin- rencontre de la communauté française de Madagascar, à Tananarive le 15 juin 2014

Texte intégral

Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs les Conseillères et Conseillers consulaires,
Chers compatriotes,
Chers amis,
Permettez-moi tout d'abord de vous dire que je suis très heureuse d'être avec vous ce soir.
C'est toujours un grand plaisir de rencontrer mes concitoyens lors de mes déplacements à l'étranger. Ça l'est à plus d'un titre.
Tout d'abord, j'ai le plaisir de m'adresser à vous en tant que secrétaire d'Etat au Développement.
Madagascar sort depuis peu de la longue crise politique qui avait miné sa croissance et son développement. Les perspectives qui s'offrent à ce grand pays de l'Océan Indien sont de nouveau ouvertes.
Des élections présidentielles et législatives ont eu lieu, les principales institutions sont installées. Leur reconnaissance par les Malgaches et par la communauté internationale leur donne une forte légitimité. On ne peut que s'en réjouir même si le principe de réalité doit conduire à programmer les efforts sur le long terme et admettre que les effets se feront sentir progressivement.
Dans cette voie, la France est aux côtés de Madagascar, notamment à travers sa politique de développement. Une politique de développement désormais rénovée, plus cohérente, plus efficace et plus transparente.
Avant l'été sera définitivement adoptée, pour la première fois sous la Vème République, une loi d'orientation et de programmation de la politique de développement et de solidarité internationale. Et Madagascar est tout particulièrement concernée : elle fait partie des 16 pays prioritaires identifiés dans le projet de loi, ceux en direction desquels la France concentre la moitié de ses dons et les deux tiers de ceux de l'AFD.
Ainsi, Madagascar a été en 2013, le pays au monde où l'AFD a décaissé le plus important montant de subvention bilatérale française (13 millions d'euros).
Naturellement, ce soutien va s'accroître et s'intensifier avec le renouveau politique actuel. Très concrètement, dès demain, je signerai des conventions portant sur 25 millions d'euros de nouveaux financements de l'aide française dans les domaines de l'éducation, de la santé, du développement urbain et de la microfinance. Je suis heureuse, en particulier, que des engagements français soient pris en faveur de la jeunesse de ce pays et en faveur de la ville durable, dans le contexte d'une expansion urbaine très rapide.
Je tiens à souligner que la diversité des acteurs de développement concernés par ces projets reflète la mobilisation collective pour la sortie de crise de Madagascar : Ministères aux niveaux centraux et déconcentrés (Education, Infrastructures, équipement et aménagement du territoire), Collectivités (CUA), Associations et ONG, entreprises (opérateurs de téléphonie et institutions de micro-finance).
Plusieurs autres engagements suivront d'ici à la fin de l'année, notamment dans la santé, l'agriculture, le financement des TPE et PME. C'est donc un soutien important de l'Etat français, parmi les autres partenaires internationaux, qui vient en temps opportun donner toutes ses chances à une sortie durable de crise pour Madagascar.
Je salue au passage l'engagement de l'Union européenne, signifié cette semaine, ici à Tana, par le Commissaire au développement Andris Piebalgs. Quand l'Europe engage plusieurs centaines de millions d'euros d'aide en faveur de Madagascar, la France peut être fière de rappeler que 20% de cette somme provient de sa contribution au Fonds européen de développement. L'aide européenne est aussi de l'aide française.
Cet engagement de la communauté internationale, qui est aussi celui des contribuables, ne peut exister que dans un climat de confiance, de transparence et de redevabilité mutuelle. Cela signifie que nous attendons de nos partenaires malgaches d'être efficaces et de tenir parole, et les bailleurs s'engagent à faire le même effort, en ne se contentant pas d'imposer leurs propres priorités en matière de développement. Ces priorités sont définies par le gouvernement malgache, et c'est pour cela qu'il était si important que la Grande île soit enfin dotée d'un gouvernement légitime.
Je sais l'intérêt que la communauté française porte à toutes ces perspectives. La communauté d'affaires y est naturellement très attentive mais, au-delà, ce sont tous les Français de Madagascar qui sont impatients de voir se redresser ce pays.
Je les comprends. Et je m'adresse aussi à vous en tant que secrétaire d'Etat de la République française.
Permettez-moi, à ce titre, de féliciter les cinq conseillers et conseillère consulaires nouvellement élus.
Depuis le 25 mai, ils et elles sont près de 450 à représenter, les Français et les Françaises de l'étranger. La période électorale n'est d'ailleurs pas tout à fait terminée puisque très prochainement, le 22 juin, 90 conseillers consulaires seront élus par leurs pairs pour siéger à l'Assemblée des Français de l'étranger.
La réforme du dispositif touche à sa fin. Elle avait notamment été marquée par l'élection, pour la première fois en 2012, de onze députés représentants les Français établis hors de France. Avec le renouvellement de la moitié des sénateurs des Français de l'étranger en septembre, la boucle sera bouclée et vous serez, mes chers compatriotes, efficacement représentés, tant au niveau local qu'au niveau national.
Outre les contacts quasi quotidiens entre vos élus de proximité et l'Etat, à travers l'ambassade et le consulat général, un rendez-vous biannuel essentiel a été instauré par la réforme sous la forme de conseils consulaires. Le premier se tiendra le 25 juin.
Ces instances aborderont tous les six mois un large spectre de domaines touchant directement aux intérêts de la communauté française : culture, éducation, enseignement, économie, sécurité, action sociale, emploi, formation, ....
Je sais que beaucoup ont à l'esprit le redimensionnement récent du réseau scolaire et du réseau consulaire. C'était une nécessité. Au-delà de la contribution à l'effort national en matière de maîtrise du budget de l'Etat, il y avait, s'agissant notamment des niveaux de la seconde à la terminale, une volonté affirmée d'offrir aux élèves une palette de choix digne de ce que l'on trouve en France. La dispersion des moyens ne le permettait pas.
C'est la raison pour laquelle les lycéens sont maintenant orientés vers deux pôles d'excellence, Tamatave et Tananarive. J'ai eu le plaisir de visiter ce matin le LFT, comme on appelle familièrement cet établissement, et j'ai été impressionnée par la qualité de ce qui est mis à la disposition des élèves. Je salue l'engagement des équipes enseignantes mais aussi des parents, qui contribuent beaucoup à ce que cela soit possible.
*
C'est ici que je tiens à m'adresser à vous en tant que secrétaire d'Etat à la francophonie.
Comment ne pas rappeler, quand on évoque notre réseau scolaire, le rôle fondamental qu'il joue dans le renforcement de la francophonie linguistique, mais aussi culturelle ? Comment ne pas mentionner le réseau des Alliances françaises qui est un atout de tout premier ordre ?
La maîtrise du français est à Madagascar un indéniable gage de réussite universitaire et professionnelle. Elle permet bien sûr une ouverture sur le monde francophone qui s'étend sur cinq continents mais d'abord dans le voisinage immédiat : La France, tout d'abord, avec l'île de la Réunion et Mayotte, mais aussi Maurice et les Comores.
Le réseau des Alliances françaises à Madagascar est le cinquième au monde.
La présence pérenne et la permanence très ancienne des 29 associations qui le constituent sont reconnues et appréciées de tous, notamment des autorités de ce pays qui leur ont accordé le statut d'association reconnue d'utilité publique. Je rends hommage à ceux qui, par leur engagement militant, font vivre l'enseignement de la langue française, la promotion de la lecture publique et le dialogue des cultures par le théâtre ou d'autres arts.
Voici ce que je souhaitais vous dire sous mes trois « casquettes » de secrétaire d'Etat.
Il me reste à formuler des vœux de réussite pour que Madagascar retrouve la vitalité et la croissance dont elle est capable. Et qu'elle mérite. La France, même dans les périodes les plus difficiles, a toujours été à ses côtés. Elle le restera. Comme elle l'est avec vous, vos élus, les entreprises et tous nos partenaires, pour que la communauté française établie à Madagascar continue de contribuer à la vitalité de notre économie et au rayonnement de notre culture et des valeurs qui sont les nôtres.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.ambafrance-mada.org, le 30 juillet 2014