Texte intégral
Le président de l'UDF, François Bayrou, est reparti en campagne pour l'Elysée, hier dans le Loir et Cher. Entretien avec un "troisième homme" qui plaide pour une "troisième voie" et ambitionne de rassembler au-delà de son camp.
Pourquoi ce tour des régions à la rencontre des Français ? C'est du marketing politique, ou bien est-ce que vous ne connaissez pas leurs problèmes ?
François Bayrou : " C'est plutôt un " tour des Français ". Et c'est nécessaire. Pour beaucoup, la politique est devenue tellement loin C'est comme s'il y avait deux mondes qui ne se rencontrent plus. Les uns, les politiques, vivent dans un univers protégé, où ils se disputent entre eux et parlent un langage que personne ne comprend plus. Les autres, dans la vie de tous les jours, ont de graves questions, mais n'osent plus les exprimer. J'ai choisi un bus pour ce " tour des Français ", le moyen de transport le plus simple, pour les rencontrer " à hauteur d'homme ", et aborder avec eux, chez eux, toutes les questions, les plus graves, comme les plus terre à terre. "
Centriste et démocrate-chrétien de filiation, vous avez gouverné avec la droite - ministre sous Balladur et sous Juppé -, et aujourd'hui vous êtes sévère avec Jacques Chirac. C'est de la déception?
" Ce n'est pas le moment de la polémique électorale. Les sujets que nous avons à traiter sont trop graves. Mais c'est vrai que j'aspire à voir la France gouvernée autrement qu'elle l'a été ces vingt dernières années. Droite contre gauche, aller-retour et aucun problème n'a trouvé de solution. Regardez l'état de ces quartiers où la police et les pompiers n'osent pas entrer. Regardez le chômage qui repart. Pour réussir aujourd'hui, on ne peut pas se contenter de mobiliser un camp, il faut mobiliser la France. Et proposer des solutions simples et fortes et réunir tous ceux qui sont prêts à les soutenir, quelle que soit leur origine. "
Vous vous présentez comme le défenseur d'une troisième voie. La bipolarisation de la Ve République est-elle responsable de tous les maux et de toutes les impuissances ?
" Dans sept mois, les Français vont avoir le choix : ou bien on continue comme on a fait depuis vingt ans, ou bien on change. Depuis vingt ans, c'est tantôt les uns, tantôt les autres. Et quand les uns sont au pouvoir, les autres font tout pour les démolir. Ainsi les problèmes les plus profonds sont toujours en panne. Je propose une autre méthode : regardons sur quoi nous sommes d'accord et mettons-le en application. Je prends un exemple : il ne doit plus y avoir de quartier où les pompiers se fassent caillasser quand ils interviennent. Cela doit être purement et simplement impossible, et les sanctions doivent être sévères. Ce n'est ni une idée de droite, ni une idée de gauche, c'est une idée de bon sens. Si, pour y arriver, il faut réunir la droite et la gauche, je suis déterminé à le faire. "
Comment convaincre les Français que la France peut être gouvernée avec des majorités fluctuantes, composées de " socialistes raisonnables et d'hommes de droite ouverts " ?
" Je veux une majorité stable, mais plus large que celles que nous avons depuis vingt ans. Pour moi, un homme de droite et un socialiste raisonnable peuvent parfaitement s'entendre pour l'action. Résoudre le problème des cités, faire reculer la délinquance, l'illettrisme ou le chômage, c'est plus difficile que de faire la guerre aux taliban. Cela nécessite que nous sachions nous réunir, à condition d'avoir des idées assez fortes. "
D'autres avant vous ont tenté de faire renaître le centrisme comme force politique. Le Britannique Tony Blair et l'espagnol José Maria Aznar sont vos modèles ?
" Oui, je me reconnais en Tony Blair et José Maria Aznar. Chacun dans leur pays, ils sont plus modernes, plus ouverts que ceux qui les précédaient. L'un et l'autre ont compris que l'on doit viser plus large que son propre camp. Et que dépasser les limites de son camp, c'est réunir son pays. "
Aux élections européennes, vous avez obtenu 9,3 % des suffrages. Quel est votre objectif pour la présidentielle ? Et si vous ne parvenez pas à figurer au second tour, pour qui appellerez-vous à voter ?
" Mon objectif, c'est de changer la vie politique française. Par exemple, 80 % des jeunes s'en désintéressent. Cela, je ne l'accepte pas. Ils se fichent, des combats du passé. Ils veulent du concret, du courageux et du tolérant. C'est cela que je veux offrir, même si c'est très difficile. Et si j'y parviens, la question du second tour se posera d'une tout autre manière. Ce ne sera plus la question d'y figurer, mais la question de le gagner "
(Source http://www.udf.org, le 9 octobre 2001)
Pourquoi ce tour des régions à la rencontre des Français ? C'est du marketing politique, ou bien est-ce que vous ne connaissez pas leurs problèmes ?
François Bayrou : " C'est plutôt un " tour des Français ". Et c'est nécessaire. Pour beaucoup, la politique est devenue tellement loin C'est comme s'il y avait deux mondes qui ne se rencontrent plus. Les uns, les politiques, vivent dans un univers protégé, où ils se disputent entre eux et parlent un langage que personne ne comprend plus. Les autres, dans la vie de tous les jours, ont de graves questions, mais n'osent plus les exprimer. J'ai choisi un bus pour ce " tour des Français ", le moyen de transport le plus simple, pour les rencontrer " à hauteur d'homme ", et aborder avec eux, chez eux, toutes les questions, les plus graves, comme les plus terre à terre. "
Centriste et démocrate-chrétien de filiation, vous avez gouverné avec la droite - ministre sous Balladur et sous Juppé -, et aujourd'hui vous êtes sévère avec Jacques Chirac. C'est de la déception?
" Ce n'est pas le moment de la polémique électorale. Les sujets que nous avons à traiter sont trop graves. Mais c'est vrai que j'aspire à voir la France gouvernée autrement qu'elle l'a été ces vingt dernières années. Droite contre gauche, aller-retour et aucun problème n'a trouvé de solution. Regardez l'état de ces quartiers où la police et les pompiers n'osent pas entrer. Regardez le chômage qui repart. Pour réussir aujourd'hui, on ne peut pas se contenter de mobiliser un camp, il faut mobiliser la France. Et proposer des solutions simples et fortes et réunir tous ceux qui sont prêts à les soutenir, quelle que soit leur origine. "
Vous vous présentez comme le défenseur d'une troisième voie. La bipolarisation de la Ve République est-elle responsable de tous les maux et de toutes les impuissances ?
" Dans sept mois, les Français vont avoir le choix : ou bien on continue comme on a fait depuis vingt ans, ou bien on change. Depuis vingt ans, c'est tantôt les uns, tantôt les autres. Et quand les uns sont au pouvoir, les autres font tout pour les démolir. Ainsi les problèmes les plus profonds sont toujours en panne. Je propose une autre méthode : regardons sur quoi nous sommes d'accord et mettons-le en application. Je prends un exemple : il ne doit plus y avoir de quartier où les pompiers se fassent caillasser quand ils interviennent. Cela doit être purement et simplement impossible, et les sanctions doivent être sévères. Ce n'est ni une idée de droite, ni une idée de gauche, c'est une idée de bon sens. Si, pour y arriver, il faut réunir la droite et la gauche, je suis déterminé à le faire. "
Comment convaincre les Français que la France peut être gouvernée avec des majorités fluctuantes, composées de " socialistes raisonnables et d'hommes de droite ouverts " ?
" Je veux une majorité stable, mais plus large que celles que nous avons depuis vingt ans. Pour moi, un homme de droite et un socialiste raisonnable peuvent parfaitement s'entendre pour l'action. Résoudre le problème des cités, faire reculer la délinquance, l'illettrisme ou le chômage, c'est plus difficile que de faire la guerre aux taliban. Cela nécessite que nous sachions nous réunir, à condition d'avoir des idées assez fortes. "
D'autres avant vous ont tenté de faire renaître le centrisme comme force politique. Le Britannique Tony Blair et l'espagnol José Maria Aznar sont vos modèles ?
" Oui, je me reconnais en Tony Blair et José Maria Aznar. Chacun dans leur pays, ils sont plus modernes, plus ouverts que ceux qui les précédaient. L'un et l'autre ont compris que l'on doit viser plus large que son propre camp. Et que dépasser les limites de son camp, c'est réunir son pays. "
Aux élections européennes, vous avez obtenu 9,3 % des suffrages. Quel est votre objectif pour la présidentielle ? Et si vous ne parvenez pas à figurer au second tour, pour qui appellerez-vous à voter ?
" Mon objectif, c'est de changer la vie politique française. Par exemple, 80 % des jeunes s'en désintéressent. Cela, je ne l'accepte pas. Ils se fichent, des combats du passé. Ils veulent du concret, du courageux et du tolérant. C'est cela que je veux offrir, même si c'est très difficile. Et si j'y parviens, la question du second tour se posera d'une tout autre manière. Ce ne sera plus la question d'y figurer, mais la question de le gagner "
(Source http://www.udf.org, le 9 octobre 2001)