Interview de Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports à France 2 le 11 juillet 2014, sur la sécurité alimentaire dans un centre de vacances et le service civique.

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Média : France 2

Texte intégral


JEFF WITTENBERG
Bonjour Najat VALLAUD-BELKACEM, c'est d'abord en tant que ministre de la Jeunesse que je vais vous interviewer, puisque vous avez annoncé hier l'ouverture d'une enquête administrative après le drame survenu dans cette colonie de vacances de l'Ariège. Il est évidemment trop top pour connaitre les conclusions de cette enquête mais quelles sont les pistes envisagées, on a parlé, pour l'instant, d'un problème d'eau potable.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Plusieurs pistes sont envisages. Pour l'instant ce que je peux vous dire c'est que le Procureur a déterminé que la cause de la mort semblait être de nature digestive, donc il y a des échantillons et des prélèvements qui ont été pris à la fois sur l'eau, en effet, mais aussi sur la nourriture qui a été consommée par les enfants durant leur trajet et leur présence à Ascou. C'est en tout état de cause un drame et la mort d'un enfant c'est toujours insoutenable et je veux avoir une pensée pour ses parents bien sûr, pour ses proches, et pour le personnel éducatif qui était présent à ce moment-là. Une cellule psychologique a été mise en place d'ailleurs pour répondre à toutes leurs interrogations et à leurs besoins.
JEFF WITTENBERG
Manifestement l'eau était quand même déclarée non potable avant ce drame, comment dès lors la sécurité alimentaire n'a pas été renforcée, comment finalement on a pu laisser ouvert ce centre de vacances, pourquoi ne l'a-t-on pas fermé préventivement pour éviter ce risque ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Juste, soyons clairs, parce que je sais que beaucoup de choses ont circulé, la question de l'eau fait partie des pistes étudiées. C'est toujours comme ça que ça se passe, à partir du moment où on voit que c'est un problème de nature digestive…
JEFF WITTENBERG
On savait qu'il y avait un problème d'eau potable dans cette colonie de vacances…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bien sûr, on savait que l'eau en effet avait été contaminée récemment, et d'ailleurs des instructions avaient été données pour qu'elle ne soit pas servie aux enfants et aux personnes fragiles qui fréquentaient cet établissement. Et des bouteilles d'eau avaient été distribuées. Mais pour l'instant rien n'établit que ce soit l'eau qui ait été à l'origine du drame. Donc il y a une enquête, à la fois administrative et une enquête judiciaire qui sont ouvertes, on va avoir les résultats des prélèvements qui ont été analysés, qui commencent à être analysés d'ici mardi, et on pourra répondre. Mais en tout état de cause, vous savez je le disais c'est toujours un drame, c'est toujours insoutenable, il y a à peu près 3 millions d'enfants chaque année qui sont accueillis dans des accueils collectifs, soit avec hébergement, soit sans hébergement, ce type de drame reste exceptionnel, il faut le dire quand même aux parents qui s'interrogent parce que les normes de sécurité sont respectées dans les colonies de vacances.
JEFF WITTENBERG
Mais est-ce que les colonies de vacances sont contrôlées, est-ce que de ce drame justement vous allez décider un renforcement des contrôles des colonies de vacances, car même s'il y en a très peu, c'est toujours trop ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Les contrôles sont très nombreux sur les colonies de vacances. Je voudrais le redire ici, il y a des contrôles de nature administrative, règlementaires, mais aussi d'hygiène et de sécurité. Il y a des contrôles qui visent à vérifier que les encadrants, les personnels animateurs qui sont présents aient les bons diplômes, que le projet éducatif de la colonie soit un projet éducatif valable, que les enfants soient…
JEFF WITTENBERG
Peut-être que c'est sur la sécurité alimentaire alors qu'il faudrait aller plus loin.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Sur la question de la sécurité nous faisons beaucoup, il faudra, en fonction aussi des résultats de l'enquête d'ailleurs voir comment nous pouvons améliorer cela, mais je vous le redis malheureusement les décès d'enfants adviennent dans toutes les circonstances possibles. On sait qu'ils adviennent aussi sur leur lieu de vacances privées, on sait qu'ils adviennent sur les routes. Pour vous donner un ordre d'exemple, même si rien n'est jamais comparable, sur l'année qui vient de s'écouler, 2013, il y a 200 mineurs qui sont morts sur les routes, et il y en a eu 4 qui sont morts en accueil collectif de vacances. Donc c'est toujours terrible mais ça fait partie malheureusement du cours des choses.
JEFF WITTENBERG
On va parler d'un autre sujet en tant que ministre de la Jeunesse, vous allez annoncer aujourd'hui une rallonge budgétaire en faveur du service civique qui victime de son succès ; 32 000 jeunes l'effectuent alors qu'il y a le double de demandes. Pourquoi ce succès et qu'allez-vous faire finalement pour y répondre ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Le service civique ça a été mis en place il y a donc maintenant près de cinq ans en 2010 avec cette volonté à la fois de permettre à des jeunes qui manifestaient une envie de s'engager au service d'un intérêt général, d'une opération caritative, d'une association, de le faire, et en même temps de répondre à leur manque d'autonomie parce que financièrement….
JEFF WITTENBERG
Il y a plus de candidats de prévu, plus de jeunes qui veulent le faire.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bien sûr, financièrement ces jeunes n'étaient pas en emploi, n'étaient pas en formation, donc on a finalement inventé un dispositif qui en effet a fait ses preuves d'une façon éclatante puisqu'il y a trois à quatre fois plus de candidats que de jeunes actuellement accueillis, ils sont quand même 35 000 accueillis aujourd'hui. Et c'est une formidable expérience qui permet pendant plusieurs mois de se mettre au service des autres, tout en se trouvant soit même.
JEFF WITTENBERG
Qu'est-ce que vous avez décidé aujourd'hui?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Donc nous allons décider de donner les moyens à ce service civique d'accueillir d'ici 2017 jusqu'à 100 000 jeunes, donc ça veut dire que c'est une part importante d'une génération qui se verra offrir cette chance de pouvoir concilier à la fois l'engagement et puis …
JEFF WITTENBERG
Donc c'est un crédit, c'est une enveloppe budgétaire, dans ce domaine-là au moins l'Etat ne fera pas d'économie ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, parce que la priorité de l'Etat ça reste la jeunesse, le président de la République l'a rappelé, c'est pour ça que nous sanctuarisons les crédits dans l'Education nationale, c'est pour ça que nous soutenons donc la montée en charge du service civique, c'est pour ça aussi, Manuel VALLS l'a indiqué mardi, que nous allons faire en sorte que 50 000 jeunes à partir de 2015, 100 000 en 2017 bénéficient de la fameuse garantie jeunes qui s'adresse à ces jeunes qui sont éloignés de tout, la scolarité, les stages, l'emploi, et qui ont vraiment besoin d'être accompagnés de façon intensive.
JEFF WITTENBERG
Najat VALLAUD-BELKACEM, il nous reste une minute, on sait que vous étiez une supportrice convaincue de l'équipe de France de football, qui en est restée au stade des quarts de finale, qu'est-ce qui lui manque pour être l'égal de l'Argentine ou de l'Allemagne qui vont se disputer la coupe du monde dimanche ? Qu'est-ce qu'il faudra pour qu'à l'Euro 2016 la France aille au-delà des quarts de finale ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je pense qu'elle a sans doute acquis dans ce mondial ce qu'il lui manquait pour pouvoir peut-être l'emporter à l'Euro 2016, c'est-à-dire une expérience, parce qu'on avait affaire à avec les Bleus à une équipe jeune, talentueuse, soudée, et en même temps à qui il manquait, contrairement à l'Allemagne en face d'elle, l'expérience d'une voire de plusieurs coupes du monde. Donc aujourd'hui j'ai l'impression qu'un collectif s'est créé, et qu'en 2016 on a de quoi rêver.
JEFF WITTENBERG
Qu'est-ce que l'Etat peut faire à sa place pour encourager cette équipe ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
A la place des Bleus, rien je vous le confirme, parce que dans le match France-Allemagne j'ai hésité à descendre le marquer moi-même ce but mais je vous confirme qu'on ne peut rien faire. En revanche ce qu'on peut faire c'est tout simplement créer les conditions d'un Euro 2016 qui soit extrêmement populaire et j'y travaille déjà. Créer de la ferveur, de l'engouement, dans la population. Je suis persuadée que les Bleus seront d'autant plus performants qu'ils se sentiront soutenus par tout un peuple et par tout un pays.
JEFF WITTENBERG
On vous a entendu, merci beaucoup Najat VALLAUD-BELKACEM.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 juillet 2014