Déclaration de M. Kader Arif, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, sur le Centenaire de la Première Guerre mondiale, à Paris le 7 juillet 2014.

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Circonstance : Rencontre avec la jeunesse civile et militaire de 68 pays à l'Ecole militaire, à Paris le 7 juillet 2014

Texte intégral


Mesdames et messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Président de la mission du Centenaire, mon général,
Chers membres des délégations militaires,
Jeunesse représentante du monde entier,
Mesdames et messieurs,
Fait sans précédent, la France accueille aujourd'hui la jeunesse du monde. Jeunesse porteuse de l'histoire d'une guerre dont le temps nous a éloignés. Jeunesse témoin de tout ce que les femmes et les hommes de ce monde ont accompli depuis cette terrible épreuve. Jeunesse incarnant l'avenir d'un monde dont elle doit assurer le destin. Cette journée inaugure une semaine commémorative dédiée à la Grande Guerre. Elle fait de la France la terre d'accueil de près de 70 nations étrangères qui, ne cédant pas à l'oubli, sont venues exprimer leur fidélité à l'Histoire et leur ambition collective pour le monde.
Cette journée invite surtout la jeunesse civile et militaire à interroger la Grande Guerre :
- Aurait-elle pu être évitée, elle que les hommes n'ont pas voulue mais qu'ils ont pourtant faite ? ;
- Comment ont-ils supporté quatre années d'une guerre dont chacun espérait qu'elle fût la « Der des Der » ? En restant des hommes, tout simplement, et en offrant des sursauts d'humanité au quotidien. En assistant aussi à l'élan fraternel de peuples enquête de paix et de liberté.
Le documentaire d'Isabelle Clarke et Daniel Costelle que vous vous apprêtez à visionner nous offre des éléments de réponse. Il nous aide à élever nos consciences à la compréhension des destructions que l'Humanité est capable d'engendrer. « Apocalypse », comme son sens étymologique nous invite à le penser, est une révélation. Révélation sur une guerre qui obligea le monde à assister à son suicide. Révélation permise par le travail remarquable réalisé à partir de 500 heures d'archives dont beaucoup venaient du monde entier, de la Nouvelle-Zélande à la Norvège. Révélation enfin sur un pan de notre histoire qui passionne : près de 11 millions de Français ont vu au moins un épisode de la série documentaire.
Le premier épisode, « Furie », qui vous est projeté aujourd'hui, présente la guerre comme l'issue fatale à cette mécanique infernale des alliances que de nombreux diplomates avaient annoncée au début de l'été 1914. Ainsi Jules Cambon, Ambassadeur à Berlin, prévient-il en juillet que la France sera attaquée la première. Aussi, c'est une Europe au bord de l'abîme qui annonce la Grande Guerre le 28 juin 1914 à Sarajevo, jour de l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand.
Un mois plus tard, le tocsin retentit, donnant l'alerte d'un monde dont le destin est prêt à basculer, ici même, sur les terres d'Europe.
Tout au long de la semaine, vous serez invités, mesdames, mesdemoiselles et messieurs, à vivre le mémoire de la Grande Guerre : en visitant le musée de Meaux, le musée de l'Armée des Invalides. En vous rendant aussi à l'UNESCO auprès de qui les départements du Nord et de l'Est de la France et les régions belges portent un projet d'inscription au patrimoine mondial des principaux sites funéraires de la guerre de 1914-1918. Ce serait là la reconnaissance de l'universalité de ces sites et de l'immortalité du souvenir de la Grande Guerre.
Un Centenaire que vous vous apprêtez donc à vivre sur notre sol mais aussi dans vos pays respectifs dont vous portez la mémoire nationale. J'ai moi-même vécu le Centenaire depuis quelques mois au rythme de mes déplacements. Au Canada où j'ai eu l'occasion de visionner l'un des épisodes d'Apocalypse entouré de l'équipe de réalisateurs ; en Australie, devant le mémorial de Canberra ; au Maroc en découvrant l'exposition des élèves du lycée Lyautey ; aux États-Unis, en me recueillant au cimetière d'Arlington ; au Sénégal en déposant une gerbe à la mémoire des tirailleurs au cimetière de Bel Air.
Oui, c'est dans le monde entier que vit le Centenaire. Celui d'une Grande Guerre qui s'est jouée des tranchées de France aux fronts d'Orient en passant par l'Italie, les Dardanelles et la Macédoine. Celui d'une Grande Guerre qui s'est emparée du grand écran, dans tous les pays, des Croix de Bois aux Sentiers de la Gloire en passant par Les Derniers jours de Saint-Pétersbourg et Lawrence d'Arabie.
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, en défilant le 14 juillet prochain sur les Champs-Élysées, vous serez porteurs d'un message au monde entier : vous rendrez hommage à vos aînés, à ces millions de soldats morts dans la guerre dont la plupart n'étaient pas beaucoup plus âgés que vous ; aux 21 millions de blessés. Vous porterez aussi un message de fraternité en vous tenant côte à côte, sans plus aucune distinction qu'imposaient alors les armes et les uniformes.
Vous, jeunes militaires, incarneraient par votre présence cette continuité de l'engagement. 100 ans d'engagement au service de la paix et de la liberté. 100 ans d'une Histoire que vous continuez d'écrire à travers le monde. Une Histoire vers laquelle nous lèverons les yeux tout au long de la semaine pour avancer vers l'avenir avec confiance.
C'est des tranchées de14-18, des cimetières et champs de bataille que jaillirent la paix et les espaces où l'incarner : la Société des Nations, l'Europe, les Nations Unies. C'est de ces ruines, recouvertes de la nature renaissante, que naquit le monde d'aujourd'hui.
C'est pour cette raison que je vous remercie, très sincèrement, du chemin, parfois long, parcouru jusqu'à Paris pour faire de ce 14 juillet un événement d'une ampleur extraordinaire. Le Président de la République viendra dans quelques minutes vous exprimer très chaleureusement, sa reconnaissance et le sens qu'il donne à votre présence.
Pour conclure, ce Centenaire doit être celui de chacun de vos pays et il doit être celui du monde entier, de ces peuples debout réunis autour d'un message de paix.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 4 août 2014