Texte intégral
JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour François REBSAMEN.
FRANÇOIS REBSAMEN
Bonjour Jean-Michel APHATIE.
JEAN-MICHEL APHATIE
Le troisième sommet social du quinquennat s'ouvre aujourd'hui avec une menace de boycott de la CGT et de Force Ouvrière, ils vous reprochent d'avoir fait trop de cadeaux au MEDEF. Ce n'est pas terrible comme climat social, François REBSAMEN.
FRANÇOIS REBSAMEN
Il y a des postures, il y a de la tension avant une grande Conférence sociale.
JEAN-MICHEL APHATIE
Des postures, ce n'est pas sympa comme mot ça !
FRANÇOIS REBSAMEN
Si, parce que, vous savez
JEAN-MICHEL APHATIE
Il n'y a pas de sincérité ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Si, mais le dialogue social, il marche en France, il y a 40.000 entreprises qui ont passé des accords, et donc ça c'est la réalité du terrain, et puis après il y a les positions nationales, qui sont normales, compréhensibles, donc j'appelle tout le monde à venir, bien sûr, discuter, dialoguer, et surtout faire des propositions, parce que c'est ce que nous attendons.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais, quand un accord est passé, par exemple sur la pénibilité pour la réforme des retraites, c'est vous qui en suspendez l'application, du moins en partie. Alors du coup, par exemple la CFDT dit « non, ça ne va pas ça, on a un accord, le gouvernement ne l'applique pas », et CGT et Force Ouvrière c'est aussi la pénibilité d'ailleurs disent « attendez, arrêtez de faire des cadeaux au patronat. »
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais ce n'est pas des cadeaux au patronat, je voudrais le redire ici. Sur la pénibilité, soyons bien clairs. Il y a eu un accord qui ouvre des droits pour les travailleurs à compter du 1er janvier 2015, tout cela n'est pas remis en cause, les droits
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est reporté, nous dit-on.
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, les droits s'ouvriront au 1er janvier 2015.
JEAN-MICHEL APHATIE
Pas pour tout. Enfin, toutes les formes de pénibilité ne seront pas prises en compte à partir du 1er janvier 2015 contrairement à ce que disait l'accord.
FRANÇOIS REBSAMEN
Si, si, elles seront toutes prises en compte, puisque les droits sont ouverts pour les travailleurs, simplement il faut que ça marche, et pour que ça marche il faut que ça puisse s'appliquer réellement. Or, dans le domaine du bâtiment, dans les petites et moyennes entreprises, le compte pénibilité c'est quelque chose d'assez compliqué, donc on veut le simplifier pour qu'il soit efficace, pour que les travailleurs puissent en profiter. Donc ça, ça me permet de l'expliquer.
JEAN-MICHEL APHATIE
Quand vous dites assez compliqué, c'est un euphémisme !
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, c'était assez compliqué, c'est une fiche qui
JEAN-MICHEL APHATIE
Très compliqué.
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est une fiche qui avait été faite du temps de Xavier BERTRAND et qui a été reprise
JEAN-MICHEL APHATIE
Ah, c'est encore l'héritage !
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, c'était aussi déjà le fruit du dialogue social.
JEAN-MICHEL APHATIE
D'accord, donc c'est compliqué le dialogue social. On se demande à quoi ça sert quand même ces sommets sociaux. On voit bien les problèmes, de chômage de longue durée, d'apprentissage qui ne marche pas, mais enfin, ces sommets sociaux, c'est le troisième du quinquennat, n'aboutissent à rien.
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais si, mais si. Vous savez, un pays où il y a du dialogue social c'est un pays qui va bien et où la croissance va mieux. Je vais vous donner deux exemples de réussites très simples que les gens vont comprendre. A la première grande Conférence sociale a été pointé du doigt le problème de la compétitivité des entreprises, 12 ans que nos entreprises perdaient de la compétitivité, et il a fallu cette grande Conférence sociale pour décider d'un rapport, qui a été confié à monsieur GALLOIS, où on s'est aperçu effectivement que les entreprises avaient perdu de la compétitivité. Depuis des mesures ont été prises, c'est le crédit d'impôt qui a été mis à disposition des entreprises pour les aider à retrouver de la compétitivité. Et puis dans la deuxième grande Conférence sociale, eh bien il y a eu l'ouverture, la création, d'un compte personnel de formation pour chaque salarié, et ça c'est une avancée qui va entrer en vigueur au 1er janvier. Donc vous voyez, ça marche, et ça va marcher.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et cette année, vous attendez quoi alors ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Si vous me le permettez je vais faire une proposition aux partenaires sociaux.
JEAN-MICHEL APHATIE
Je vous en prie, avec plaisir.
FRANÇOIS REBSAMEN
Patronat et syndicats. Le chômage des jeunes, c'est la gangrène de notre société, et tout le monde dit l'apprentissage c'est formidable, alors si tout le monde est d'accord pour dire que l'apprentissage est formidable, que les partenaires sociaux se mettent d'accord, qu'ils nous fassent des propositions, demain, pour l'apprentissage, et le gouvernement prend l'engagement de prendre en compte leurs propositions.
JEAN-MICHEL APHATIE
Quels types de propositions ? Par exemple, le patronat dit zéro charge sur l'apprentissage.
FRANÇOIS REBSAMEN
Par exemple, mais il faut que ce soit accepté par les deux parties, la contrepartie c'est sûrement aussi que des métiers entiers s'ouvrent à l'apprentissage, vous savez. Si on veut atteindre les 500.000 apprentis, il faut que des métiers, qui aujourd'hui ne sont pas concernés, s'ouvrent aux apprentis, et il faut que les entreprises fassent des efforts pour prendre des apprentis à la rentrée de septembre.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il y a d'autres questions qu'on peut poser sur le champ social, certaines un peu abstraites, d'autres sans doute plus pratiques. Faut-il revoir le Code du travail ? 1,5 kilo, il pèse 1,5 kilo, il fait 3400 pages, il y a 4000 articles dedans, plus de la jurisprudence pour expliquer les 4000 articles. Je ne sais pas qui peut comprendre le Code du travail aujourd'hui en France !
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est compliqué, c'est compliqué, mais c'est aussi le produit de notre histoire sociale.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il faut l'alléger, le simplifier ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Tout le 20ème siècle s'est construit autour des grandes avancées collectives pour les travailleurs, des protections, des congés, qui ont été acquis par les travailleurs, et donc par les salariés on a donc un Code social qui a plusieurs origines et qui aujourd'hui est assez lourd, c'est vrai.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il faut l'alléger ?
FRANÇOIS REBSAMEN
On peut essayer de le simplifier, on peut essayer, mais
JEAN-MICHEL APHATIE
On peut le faire passer d'1,5 kilo à 1 kilo par exemple, c'est possible ça ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Ce n'est pas tâche facile parce qu'il y a plusieurs sources, bien sûr. Le dialogue social est une des sources, la jurisprudence en est une autre, et puis la loi en est une autre, donc il y a beaucoup de travail. Mais moi je suis pour essayer d'aller vers une simplification.
JEAN-MICHEL APHATIE
Je rappelle la phrase qu'a dite ici votre prédécesseur Michel SAPIN, qui est aujourd'hui aux Finances, il a dit « il suffit d'écrire plus petit pour qu'il soit moins gros. »
FRANÇOIS REBSAMEN
Il a beaucoup d'humour Michel SAPIN, mais
JEAN-MICHEL APHATIE
Un peu taquin, mais il faut faire autre chose !
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, là il faut être sérieux, là maintenant.
JEAN-MICHEL APHATIE
Seuils sociaux. Vous êtes un ardent partisan de la suspension des seuils sociaux par expérimentation durant 3 ans, et, on peut le dire comme ça François REBSAMEN, vous êtes le seul ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, pas du tout, parce que moi, on retient ça de mes propos parce que, je pense qu'il faut expérimenter, tout doit être expérimenté aujourd'hui pour lutter contre le chômage et favoriser l'emploi. Quand je dis ça, je pense aussi à des améliorations de la représentation des salariés. Et pourquoi on n'aurait pas une représentation des salariés dans les entreprises de moins de 50 ? Et pourquoi on n'aurait pas un administrateur, aujourd'hui, dans les conseils d'administrations des entreprises de plus de 1000, alors qu'il faut aller plus loin pour avoir cette représentation ? Donc, toujours voir le côté négatif de la chose. Moi, ce que je souhaite c'est que, on ait une meilleure représentation des salariés, mais qu'on n'ait pas de blocage. Vous savez, il y a 34 obligations qui peuvent créer des blocages pour certains chefs d'entreprise, on le sait en réalité, ceux qui sont à 48, 49, des fois ils se disent je ne vais pas passer à 50 parce que c'est lourd, surtout quand c'est en période de croissance faible. Donc, pourquoi ne pas essayer ? C'est ce que je disais, mais c'est sur la table. Evidemment, il faut des contreparties, du donnant-donnant. Le dialogue social c'est du donnant-donnant.
JEAN-MICHEL APHATIE
Si la CGT et Force Ouvrière ne participent pas aux tables rondes demain, votre sommet social est à l'eau ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Moi je les appelle à participer, bien évidemment, mais vous le savez
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais la menace ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Je pense qu'ils vont venir. Ecoutez, ces tables rondes nous les avons montées, on peut dire, établies avec ces organisations syndicales, et donc leur place est là, pour l'éducation, pour le chômage des jeunes, pour l'apprentissage, pour l'Europe, pour la politique sociale. Il y aura cet après-midi l'ouverture, qui va être faite, par Louis GALLOIS, au titre justement de la lutte contre l'exclusion, donc on attend que les organisations syndicales
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous avez bon espoir qu'ils participent ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, bien sûr.
JEAN-MICHEL APHATIE
Les taxes sur les séjours dans les hôtels, il faut supprimer ? C'est un débat qui agite. On dit que le gouvernement devrait
FRANÇOIS REBSAMEN
Le plafond a été remonté, elle n'est pas mise en place, c'est le plafond qui est remonté
JEAN-MICHEL APHATIE
Le plafond, oui c'est ça.
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est donc la possibilité
JEAN-MICHEL APHATIE
La possibilité donnée, aux collectivités
FRANÇOIS REBSAMEN
Cela dit, c'est un grand bon d'un seul coup, il faut quand même, je pense, être un peu plus raisonnable.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc il faut revenir un peu en arrière.
FRANÇOIS REBSAMEN
Il faudrait peut-être abaisser un peu le plafond, oui.
JEAN-MICHEL APHATIE
J'aimerais que vous commentiez une nouvelle pour terminer François REBSAMEN. On a appris qu'Arnaud MONTEBOURG allait faire jeudi un grand discours, un discours de politique générale économique à Paris, en présence de chefs d'entreprise, de responsables syndicaux. En fait c'est ça la lumière qui nous manque, un grand discours d'Arnaud MONTEBOURG et puis tout ira mieux, on aura quelques solutions.
FRANÇOIS REBSAMEN
Je ne sais pas si ça sera un grand discours, mais
JEAN-MICHEL APHATIE
Si si, c'est un grand discours de politique générale économique, un grand discours.
FRANÇOIS REBSAMEN
En tous les cas il va parler d'économie, il agit pour l'économie, il agit pour l'emploi, et moi je soutiens Arnaud MONTEBOURG.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça ne vous agace pas un peu
FRANÇOIS REBSAMEN
Pas du tout.
JEAN-MICHEL APHATIE
Qu'on dise « je vais faire un grand discours » quand est-ce que vous allez faire un grand discours ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Chacun met les adjectifs qu'il veut à ses propos.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est quand votre grand discours ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Moi c'est surtout la grande Conférence sociale qui m'intéresse.
JEAN-MICHEL APHATIE
François REBSAMEN, qui ne fait pas des grands discours, était l'invité de RTL. Bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 juillet 2014