Texte intégral
Je voudrais vous dire du fond du coeur, à toutes et à tous, en tant que Président du Rassemblement pour la République, un grand merci. Vous dire toute ma reconnaissance et toute mon admiration pour la manière dont vous avez organisé cette première convention de la jeunesse du Rassemblement pour la République.
Ces remerciements vont d'abord à notre Secrétaire général, Jean-François Mancel, auquel je veux dire ce matin mon amitié personnelle et ma confiance de Président du Rassemblement. J'ai été Secrétaire général avant lui, et je lui souhaite de faire un septennat puisque ce fut mon lot, mais je dois lui dire que c'était plus facile de mon temps que du sien. D'abord parce que moi j'avais un Président qui s'appelait Jacques Chirac et c'était beaucoup mieux qu'aujourd'hui bien sûr (il m'arrive d'être modeste), ensuite parce qu'il est beaucoup plus facile d'être le Secrétaire général d'un parti d'opposition que Secrétaire général d'un parti qui soutient le gouvernement. Il le fait avec une loyauté impeccable, avec un engagement et aussi une bonne humeur que vous appréciez tous. Il a su donner au Mouvement, dans cette période un petit peu difficile, toute sa cohésion et tout son enthousiasme et je crois que, vous comme moi, nous pouvons aujourd'hui lui en dire notre gratitude.
Ces remerciements vont aussi à l'équipe rapprochée du Secrétaire général qui est en charge des Jeunes au sein du Mouvement. A Philippe Briand dont nous connaissons tous le talent. Il l'a exprimé avec beaucoup de bonheur pendant la campagne présidentielle. Il continue à être dans notre groupe parlementaire et au sein du Mouvement, l'un des plus dynamiques et l'un des plus brillants.
A ses côtés, Nourdine Cherkaoui. Il vient me dire souvent qu'il va être frappé par la limite d'âge et qu'il faut préparer sa succession ; on verra cela. Quoiqu'il arrive en tout cas, son dynamisme, sa fidélité, son efficacité, font qu'il occupera en toute hypothèse de grandes responsabilités au sein du Mouvement.
Et puis autour de lui, tous ceux que je ne peux pas citer, toute l'équipe du Centre national dont je connais le dévouement, tous nos délégués jeunes dans chacune de nos fédérations. Là encore, je ne peux pas les citer toutes, alors je vais prendre un peu les deux bouts de la chaîne. L'outre-mer qui est présente ici parmi nous et qui a fait le voyage et puis beaucoup plus près, tout près de nous, la fédération de l'Aube qui a beaucoup travaillé pour la réussite de cette rencontre.
Vous avez apporté la réponse à la question que quelques observateurs me posaient au cours des derniers jours : « mais votre réunion là bas, c'est avec des jeunes, rien que des jeunes ? » Eh bien oui le RPR est un mouvement où les jeunes ont toute leur place, un mouvement qui attire les jeunes. Et puisqu'on parle de la jeunesse, je voudrais bien sûr terminer ces remerciements par celui qu'on appelle toujours le benjamin, le jeune maire de Troyes, François Baroin, qui a tout fait pour faciliter la réussite de cette Convention.
Je ne vous reparlerai pas dans ce bref propos de conclusion, de l'action du gouvernement. D'abord parce que François Baroin, précisément, a fait hier soir, dans un excellent discours, une bonne mise en perspective de ce que nous avons engagé depuis maintenant un peu plus d'un an. Ensuite parce que vous en avez longuement débattu dans vos forums. Une Convention des Jeunes RPR, c'est une fête, mais c'est en effet aussi un moment de réflexion auquel se sont associés beaucoup de ministres que je salue et que je remercie de leur présence, comme je remercie les parlementaires qui sont venus animer ces forums et Michel Péricard, le président de notre groupe, qui nous fait l'amitié d'être au premier rang ici aujourd'hui.
Pour répondre à la dernière de vos questions, « qu'attendez-vous de nous ? », je voudrais vous demander deux choses : je voudrais d'abord que vous soyez les ouvriers de la victoire. Et j'ai choisi ce mot à dessein, le mot « ouvriers ». Parce que des grands stratèges, des grands architectes, il y en a beaucoup. Ce dont nous avons besoin, c'est d'hommes et de femmes qui mettent la main à la pâte, d'ouvriers, d'artisans de la victoire, et vous devez être ceux-là. Nous aurons beaucoup d'ouvriers de la 25ème heure, je vous demande d'être les ouvriers de la 1ère heure, et cela commence aujourd'hui.
Et pour être de bons artisans, de bons ouvriers de la victoire, je vous demande à nouveau deux choses : d'abord de communiquer cet enthousiasme autour de vous. Je ne sais pas si ma formule sera très bonne pour l'équilibre de la Sécurité sociale mais je voudrais que vous soyez les antidépresseurs du moral des Français. Il y a certes aujourd'hui des Français dans la difficulté, des Français dans la peine, des Français au chômage et notre responsabilité de gouvernants, ou de militants politiques, c'est de penser d'abord à eux. Mais la meilleure manière de penser à eux c'est de faire en sorte de montrer que la France a les moyens, si elle en a la volonté, de les aider à s'en sortir parce que nous sommes un grand pays, un pays riche, un pays puissant, un pays qui peut être solidaire.
La victoire c'est donc l'enthousiasme mais la victoire c'est aussi l'union. Soyez de bons ouvriers de l'union. Je sais bien que chaque formation politique a d'abord tendance à dire qu'elle est la meilleure et à s'affirmer comme telle -s'agissant du RPR c'est vrai- mais réfléchissez aussi au fait que, depuis des décennies, nous avons toujours gagné et gouverné ensemble, le RPR et l'UDF, quelles qu'aient été les dénominations successives de nos formations politiques. Tout ce qui a été fait par la majorité l'a été fait ensemble. C'est pour cela que j'ai été heureux hier d'aller à La Baule saluer les universités d'été de l'UDF, où j'ai été accueilli avec sympathie et cordialité. Et c'est la raison pour laquelle aussi j'ai été heureux de voir que vous avez su exprimer à François Léotard, qui était des nôtres hier, votre sympathie et votre amitié. Je salue à nouveau tous les amis de l'UDF ou d'autres formations politiques qui sont venues participer à notre convention. Sous nos différences légitimes et qu'il est donc normal d'exprimer parfois, il y a un socle de convictions communes. Alors, en tant qu'artisans de la victoire, ne laissez pas et vous avez plus d'influence que vous ne le pensez à ce sujet là- ne laissez pas le petit jeu des ambitions contrarier ce qui est l'aspiration profonde des Françaises et des Français qui nous ont fait confiance : que nous gouvernions ensemble et que nous gagnions ensemble.
Ouvriers de la victoire, je voudrais aussi vous demander une deuxième chose : c'est d'être d'une certaine manière des inventeurs. Soyez les inventeurs du gaullisme de l'an 2000. Nous le disons souvent entre nous, le gaullisme n'est pas une doctrine. C'est d'abord un réalisme ou un pragmatisme. Mais notre souci de tenir compte des réalités ne doit pas nous dispenser d'affirmer des convictions qui sont nécessaires à l'action. Le gaullisme, c'est plus profond que la seule conformité aux réalités, si je puis dire. On a essayé bien des fois de le définir. J'ai tenté moi-même de le faire. Je dirai ce matin que c'est à la fois une sensibilité et un tempérament.
Si je dis sensibilité, c'est bien parce que le gaullisme c'est d'abord une corde sensible. Cela porte un nom : le gaullisme c'est l'amour de la France. Beaucoup, qui ne sont pas gaullistes, aiment la France, mais tout gaulliste ressent au plus profond de lui-même une sorte d'attachement presque charnel à la patrie, à son Histoire, à sa culture, à sa langue, à ce qu'elle représente. Les gaullistes croient profondément que le bonheur de chaque Française et de chaque Français passe par la force, par la puissance, par le rayonnement, par l'identité de la France. Jean-Louis Debré l'a dit hier, avec flamme, dans un beau discours.
Le gaullisme c'est aussi un tempérament. Un tempérament que je définirais par un mot : le caractère. On a dit que c'était la vertu des temps difficiles. C'est vrai que nous ne sommes pas peut-être bâtis comme d'autres. Le caractère cela ne veut pas dire l'intransigeance ou le sectarisme, cela ne veut pas dire que nous sommes toujours persuadés d'avoir raison. Mais le caractère c'est le courage, c'est la ténacité, c'est la capacité à dire non quand la petite voix du renoncement et de la facilité vous susurre au fond de l'oreille qu'il serait si commode de laisser tomber. Les gaullistes ne laissent pas tomber facilement quand ils croient à quelque chose, parce qu'ils ont du caractère.
Sur ces principes ou ces valeurs qui sont dans nos gènes, et qui sont aussi dans nos têtes et dans nos coeurs, il faut bâtir et adapter l'action. Une action adaptée, précisément, aux temps qui viennent, adaptée au 21ème siècle, c'est-à-dire un temps nouveau, un temps qui bouscule presque toutes les habitudes. C'est pourquoi je souhaiterais que vous essayiez d'inventer avec nous le gaullisme de l'an 2000, d'imaginer des réponses nouvelles à des questions qui nous dérangent parfois, mais qu'il serait imprudent d'éluder. Je voudrais en aborder rapidement deux ou trois.
D'abord la Nation. Nous en parlons beaucoup. Nous disons qu'elle est au coeur de notre engagement et de nos valeurs. Mais qu'est-ce que la Nation de demain ? Comment assurer sa pérennité et son épanouissement face à des évolutions qui pourraient, si nous n'y prenions garde, la dénaturer dans une Europe qui se construit. Alors Nation et Europe, où trouver le bon point d'équilibre ? Nation et mondialisation ? Comment la Nation peut-elle affirmer son identité face à quelque chose que nous ne pouvons nier, la mondialisation des échanges, de la communication de l'information ? Nation et flux migratoires ? Comment faire en sorte que la France demeure une terre d'accueil et d'asile, conformément à sa tradition sans pour autant que l'immigration illégale ne vienne fausser cette tradition ?
Voilà un certain nombre de questions et de réflexions. Les réponses ne sont pas simples et comme je souhaite que les jeunes RPR ne soient pas des jeunes qui éludent la réflexion, je voudrais que dans l'élaboration du projet du Rassemblement pour la République dont vous a parlé Jean-François Mancel tout à l'heure, vous essayiez de réfléchir à ce premier ensemble d'interrogations.
Deuxième ensemble d'interrogations : l'Etat. Les gaullistes ont toujours une conception exigeante de l'Etat. Tout simplement parce que nous savons que dans notre Histoire c'est l'Etat qui a incarné la Nation, peu à peu. Et quand nous aimons bien quelqu'un nous disons de lui « il a le sens de l'Etat ». Mais l'Etat lui aussi, comme la Nation, peut être remis en question dans les années qui viennent. Il l'est déjà. Comment trouver le bon point d'équilibre entre la nécessaire affirmation des libertés individuelles, l'autorité de l'Etat et le respect de procédures qui sont parfois incompréhensibles ? Sans esprit de polémique, croyez-le bien, je voudrais prendre quelques exemples. On ne comprend pas toujours bien comment l'autorité de l'Etat et le nécessaire respect des procédures judiciaires et légales peuvent arriver à une bonne solution, par exemple pour lutter contre le terrorisme en Corse. Parce qu'on ne comprend pas très bien pourquoi, quand on arrête quelqu'un contre lequel on a des charges précises, on le retrouve en circulation quelques heures après, parce que telle ou telle procédure n'a pas été respectée à la lettre. Cela pose un problème d'équilibre entre le rôle de l'Etat et la garantie des libertés individuelles.
Deuxième exemple, celui de l'immigration illégale. On voit des décisions qui consistent à dire « vous êtes en situation irrégulière, vous devez être reconduit à la frontière, mais vous avez été arrêté selon des procédures qui n'étaient pas parfaitement correctes et donc vous êtes relâché ». Je ne conteste pas, je le répète, que les procédures soient protectrices des libertés publiques et individuelles, mais enfin il y a une interrogation.
Troisième exemple, et c'est peut être celui qui nous bouleverse le plus : celui du trafic de drogue. On arrête des trafiquants, on saisit de la drogue et puis on se rend compte que la procédure n'a pas été tout à fait ce qu'elle aurait dû être. Alors que se passe-t-i1 ? On relâche les trafiquants et on envisage de leur restituer la drogue. Alors là trop c'est trop et il y a quelque chose qui ne va plus. Il faut que nous nous interrogions sur ce que peut être, en cette fin du 20ème siècle, en ce début du 21ème siècle, le bon point d'équilibre entre les libertés individuelles et l'autorité de l'Etat.
Et puis troisième sujet de réflexion, la solidarité. La solidarité, le lien social, ce que nous appelons souvent, nous gaullistes, la participation. Là aussi, cette exigence de solidarité, sans laquelle il n'y a pas de Nation, sans laquelle il n'y pas de pacte républicain, est mise à mal ici ou là. Nous voyons, et cela n'a pas que des aspects négatifs, monter partout l'individualisme. D'abord parce que les hommes et les femmes du 21ème siècle sont mieux formés que ceux d'il y a trois siècles, en tout cas pour l'immense majorité d'entre eux. Ensuite parce que nous voyons se développer les technologies de la communication, qui débouchent sur le télé-travail, le télé-achat, bref, une civilisation dans laquelle, si on fantasme un peu, on pourrait se voir enfermer chacun dans son bureau, devant un écran d'ordinateur, avec certes de nouveaux moyens de communication mais une véritable négation du lien social. Si on ajoute à cela l'affaiblissement des liens communautaires traditionnels, la famille, les églises ou d'autres encore, comment, là encore, concilier l'affirmation de l'individu, de la personne, et la nécessité d'un pacte républicain sans lequel il n'y a plus de vie sociale ? Comment convaincre, -j'ai essayé de le faire à propos de la baisse des impôts-, comment convaincre tous les Français que c'est en libérant les forces vives qu'on crée du bien être pour tous, y compris pour les plus modestes ? Comment convaincre ceux qui ont du travail et de bons revenus qu'il faut partager avec ceux qui n'en ont pas, dans l'intérêt de tous et pour que la communauté nationale soit vivante ? Comment convaincre l'entreprise que son intérêt économique et financier lui dicte de s'associer davantage à la lutte contre le chômage en accueillant davantage de jeunes pour les former et les insérer dans la vie professionnelle ?
Vous allez me dire « ces questions sont naïves ». Non, ce sont je crois de vraies questions, qui peuvent dessiner une espérance de renouveau et peut être le rêve de cette France pour tous, promise par Jacques Chirac et qu'il nous appartient, qu'il vous appartient, de faire peu à peu réalité.
Vous le voyez, mes chers compagnons, ce à quoi je vous appelle n'est pas facile, ni même modeste. Mais si à 20 ans la facilité et la modestie étaient vos mots d'ordre, seriez-vous ce que vous êtes, c'est-à-dire les jeunes les plus sympathiques, les plus généreux, les plus ambitieux, les plus idéalistes, bref, les jeunes gaullistes ?
Vous avez joué un rôle important, peut-être même décisif dans la victoire de Jacques Chirac. Mais maintenant qu'il est à I'Elysée, moment n'est pas venu de vous reposer. Vous n'en n'avez pas fini avec votre action pour Jacques Chirac.
Il faut d'abord lui donner les moyens aujourd'hui, demain, après 98, et puis -je me laisse emporter par l'éloquence- après 2002, de mener à bien sa tâche sans être débordé par des blocages politiciens.
Il faut ensuite préparer l'avenir du gaullisme pour marquer notre fidélité à l'oeuvre accomplie par le général de Gaulle, Georges Pompidou, Jacques Chirac et la grande cohorte de ceux qui les ont entouré.
Oui, mes chers compagnons, la tâche est devant nous et c'est ensemble que nous l'accomplirons.
Vive le Président de la République, vive la République et vive la France !
Ces remerciements vont d'abord à notre Secrétaire général, Jean-François Mancel, auquel je veux dire ce matin mon amitié personnelle et ma confiance de Président du Rassemblement. J'ai été Secrétaire général avant lui, et je lui souhaite de faire un septennat puisque ce fut mon lot, mais je dois lui dire que c'était plus facile de mon temps que du sien. D'abord parce que moi j'avais un Président qui s'appelait Jacques Chirac et c'était beaucoup mieux qu'aujourd'hui bien sûr (il m'arrive d'être modeste), ensuite parce qu'il est beaucoup plus facile d'être le Secrétaire général d'un parti d'opposition que Secrétaire général d'un parti qui soutient le gouvernement. Il le fait avec une loyauté impeccable, avec un engagement et aussi une bonne humeur que vous appréciez tous. Il a su donner au Mouvement, dans cette période un petit peu difficile, toute sa cohésion et tout son enthousiasme et je crois que, vous comme moi, nous pouvons aujourd'hui lui en dire notre gratitude.
Ces remerciements vont aussi à l'équipe rapprochée du Secrétaire général qui est en charge des Jeunes au sein du Mouvement. A Philippe Briand dont nous connaissons tous le talent. Il l'a exprimé avec beaucoup de bonheur pendant la campagne présidentielle. Il continue à être dans notre groupe parlementaire et au sein du Mouvement, l'un des plus dynamiques et l'un des plus brillants.
A ses côtés, Nourdine Cherkaoui. Il vient me dire souvent qu'il va être frappé par la limite d'âge et qu'il faut préparer sa succession ; on verra cela. Quoiqu'il arrive en tout cas, son dynamisme, sa fidélité, son efficacité, font qu'il occupera en toute hypothèse de grandes responsabilités au sein du Mouvement.
Et puis autour de lui, tous ceux que je ne peux pas citer, toute l'équipe du Centre national dont je connais le dévouement, tous nos délégués jeunes dans chacune de nos fédérations. Là encore, je ne peux pas les citer toutes, alors je vais prendre un peu les deux bouts de la chaîne. L'outre-mer qui est présente ici parmi nous et qui a fait le voyage et puis beaucoup plus près, tout près de nous, la fédération de l'Aube qui a beaucoup travaillé pour la réussite de cette rencontre.
Vous avez apporté la réponse à la question que quelques observateurs me posaient au cours des derniers jours : « mais votre réunion là bas, c'est avec des jeunes, rien que des jeunes ? » Eh bien oui le RPR est un mouvement où les jeunes ont toute leur place, un mouvement qui attire les jeunes. Et puisqu'on parle de la jeunesse, je voudrais bien sûr terminer ces remerciements par celui qu'on appelle toujours le benjamin, le jeune maire de Troyes, François Baroin, qui a tout fait pour faciliter la réussite de cette Convention.
Je ne vous reparlerai pas dans ce bref propos de conclusion, de l'action du gouvernement. D'abord parce que François Baroin, précisément, a fait hier soir, dans un excellent discours, une bonne mise en perspective de ce que nous avons engagé depuis maintenant un peu plus d'un an. Ensuite parce que vous en avez longuement débattu dans vos forums. Une Convention des Jeunes RPR, c'est une fête, mais c'est en effet aussi un moment de réflexion auquel se sont associés beaucoup de ministres que je salue et que je remercie de leur présence, comme je remercie les parlementaires qui sont venus animer ces forums et Michel Péricard, le président de notre groupe, qui nous fait l'amitié d'être au premier rang ici aujourd'hui.
Pour répondre à la dernière de vos questions, « qu'attendez-vous de nous ? », je voudrais vous demander deux choses : je voudrais d'abord que vous soyez les ouvriers de la victoire. Et j'ai choisi ce mot à dessein, le mot « ouvriers ». Parce que des grands stratèges, des grands architectes, il y en a beaucoup. Ce dont nous avons besoin, c'est d'hommes et de femmes qui mettent la main à la pâte, d'ouvriers, d'artisans de la victoire, et vous devez être ceux-là. Nous aurons beaucoup d'ouvriers de la 25ème heure, je vous demande d'être les ouvriers de la 1ère heure, et cela commence aujourd'hui.
Et pour être de bons artisans, de bons ouvriers de la victoire, je vous demande à nouveau deux choses : d'abord de communiquer cet enthousiasme autour de vous. Je ne sais pas si ma formule sera très bonne pour l'équilibre de la Sécurité sociale mais je voudrais que vous soyez les antidépresseurs du moral des Français. Il y a certes aujourd'hui des Français dans la difficulté, des Français dans la peine, des Français au chômage et notre responsabilité de gouvernants, ou de militants politiques, c'est de penser d'abord à eux. Mais la meilleure manière de penser à eux c'est de faire en sorte de montrer que la France a les moyens, si elle en a la volonté, de les aider à s'en sortir parce que nous sommes un grand pays, un pays riche, un pays puissant, un pays qui peut être solidaire.
La victoire c'est donc l'enthousiasme mais la victoire c'est aussi l'union. Soyez de bons ouvriers de l'union. Je sais bien que chaque formation politique a d'abord tendance à dire qu'elle est la meilleure et à s'affirmer comme telle -s'agissant du RPR c'est vrai- mais réfléchissez aussi au fait que, depuis des décennies, nous avons toujours gagné et gouverné ensemble, le RPR et l'UDF, quelles qu'aient été les dénominations successives de nos formations politiques. Tout ce qui a été fait par la majorité l'a été fait ensemble. C'est pour cela que j'ai été heureux hier d'aller à La Baule saluer les universités d'été de l'UDF, où j'ai été accueilli avec sympathie et cordialité. Et c'est la raison pour laquelle aussi j'ai été heureux de voir que vous avez su exprimer à François Léotard, qui était des nôtres hier, votre sympathie et votre amitié. Je salue à nouveau tous les amis de l'UDF ou d'autres formations politiques qui sont venues participer à notre convention. Sous nos différences légitimes et qu'il est donc normal d'exprimer parfois, il y a un socle de convictions communes. Alors, en tant qu'artisans de la victoire, ne laissez pas et vous avez plus d'influence que vous ne le pensez à ce sujet là- ne laissez pas le petit jeu des ambitions contrarier ce qui est l'aspiration profonde des Françaises et des Français qui nous ont fait confiance : que nous gouvernions ensemble et que nous gagnions ensemble.
Ouvriers de la victoire, je voudrais aussi vous demander une deuxième chose : c'est d'être d'une certaine manière des inventeurs. Soyez les inventeurs du gaullisme de l'an 2000. Nous le disons souvent entre nous, le gaullisme n'est pas une doctrine. C'est d'abord un réalisme ou un pragmatisme. Mais notre souci de tenir compte des réalités ne doit pas nous dispenser d'affirmer des convictions qui sont nécessaires à l'action. Le gaullisme, c'est plus profond que la seule conformité aux réalités, si je puis dire. On a essayé bien des fois de le définir. J'ai tenté moi-même de le faire. Je dirai ce matin que c'est à la fois une sensibilité et un tempérament.
Si je dis sensibilité, c'est bien parce que le gaullisme c'est d'abord une corde sensible. Cela porte un nom : le gaullisme c'est l'amour de la France. Beaucoup, qui ne sont pas gaullistes, aiment la France, mais tout gaulliste ressent au plus profond de lui-même une sorte d'attachement presque charnel à la patrie, à son Histoire, à sa culture, à sa langue, à ce qu'elle représente. Les gaullistes croient profondément que le bonheur de chaque Française et de chaque Français passe par la force, par la puissance, par le rayonnement, par l'identité de la France. Jean-Louis Debré l'a dit hier, avec flamme, dans un beau discours.
Le gaullisme c'est aussi un tempérament. Un tempérament que je définirais par un mot : le caractère. On a dit que c'était la vertu des temps difficiles. C'est vrai que nous ne sommes pas peut-être bâtis comme d'autres. Le caractère cela ne veut pas dire l'intransigeance ou le sectarisme, cela ne veut pas dire que nous sommes toujours persuadés d'avoir raison. Mais le caractère c'est le courage, c'est la ténacité, c'est la capacité à dire non quand la petite voix du renoncement et de la facilité vous susurre au fond de l'oreille qu'il serait si commode de laisser tomber. Les gaullistes ne laissent pas tomber facilement quand ils croient à quelque chose, parce qu'ils ont du caractère.
Sur ces principes ou ces valeurs qui sont dans nos gènes, et qui sont aussi dans nos têtes et dans nos coeurs, il faut bâtir et adapter l'action. Une action adaptée, précisément, aux temps qui viennent, adaptée au 21ème siècle, c'est-à-dire un temps nouveau, un temps qui bouscule presque toutes les habitudes. C'est pourquoi je souhaiterais que vous essayiez d'inventer avec nous le gaullisme de l'an 2000, d'imaginer des réponses nouvelles à des questions qui nous dérangent parfois, mais qu'il serait imprudent d'éluder. Je voudrais en aborder rapidement deux ou trois.
D'abord la Nation. Nous en parlons beaucoup. Nous disons qu'elle est au coeur de notre engagement et de nos valeurs. Mais qu'est-ce que la Nation de demain ? Comment assurer sa pérennité et son épanouissement face à des évolutions qui pourraient, si nous n'y prenions garde, la dénaturer dans une Europe qui se construit. Alors Nation et Europe, où trouver le bon point d'équilibre ? Nation et mondialisation ? Comment la Nation peut-elle affirmer son identité face à quelque chose que nous ne pouvons nier, la mondialisation des échanges, de la communication de l'information ? Nation et flux migratoires ? Comment faire en sorte que la France demeure une terre d'accueil et d'asile, conformément à sa tradition sans pour autant que l'immigration illégale ne vienne fausser cette tradition ?
Voilà un certain nombre de questions et de réflexions. Les réponses ne sont pas simples et comme je souhaite que les jeunes RPR ne soient pas des jeunes qui éludent la réflexion, je voudrais que dans l'élaboration du projet du Rassemblement pour la République dont vous a parlé Jean-François Mancel tout à l'heure, vous essayiez de réfléchir à ce premier ensemble d'interrogations.
Deuxième ensemble d'interrogations : l'Etat. Les gaullistes ont toujours une conception exigeante de l'Etat. Tout simplement parce que nous savons que dans notre Histoire c'est l'Etat qui a incarné la Nation, peu à peu. Et quand nous aimons bien quelqu'un nous disons de lui « il a le sens de l'Etat ». Mais l'Etat lui aussi, comme la Nation, peut être remis en question dans les années qui viennent. Il l'est déjà. Comment trouver le bon point d'équilibre entre la nécessaire affirmation des libertés individuelles, l'autorité de l'Etat et le respect de procédures qui sont parfois incompréhensibles ? Sans esprit de polémique, croyez-le bien, je voudrais prendre quelques exemples. On ne comprend pas toujours bien comment l'autorité de l'Etat et le nécessaire respect des procédures judiciaires et légales peuvent arriver à une bonne solution, par exemple pour lutter contre le terrorisme en Corse. Parce qu'on ne comprend pas très bien pourquoi, quand on arrête quelqu'un contre lequel on a des charges précises, on le retrouve en circulation quelques heures après, parce que telle ou telle procédure n'a pas été respectée à la lettre. Cela pose un problème d'équilibre entre le rôle de l'Etat et la garantie des libertés individuelles.
Deuxième exemple, celui de l'immigration illégale. On voit des décisions qui consistent à dire « vous êtes en situation irrégulière, vous devez être reconduit à la frontière, mais vous avez été arrêté selon des procédures qui n'étaient pas parfaitement correctes et donc vous êtes relâché ». Je ne conteste pas, je le répète, que les procédures soient protectrices des libertés publiques et individuelles, mais enfin il y a une interrogation.
Troisième exemple, et c'est peut être celui qui nous bouleverse le plus : celui du trafic de drogue. On arrête des trafiquants, on saisit de la drogue et puis on se rend compte que la procédure n'a pas été tout à fait ce qu'elle aurait dû être. Alors que se passe-t-i1 ? On relâche les trafiquants et on envisage de leur restituer la drogue. Alors là trop c'est trop et il y a quelque chose qui ne va plus. Il faut que nous nous interrogions sur ce que peut être, en cette fin du 20ème siècle, en ce début du 21ème siècle, le bon point d'équilibre entre les libertés individuelles et l'autorité de l'Etat.
Et puis troisième sujet de réflexion, la solidarité. La solidarité, le lien social, ce que nous appelons souvent, nous gaullistes, la participation. Là aussi, cette exigence de solidarité, sans laquelle il n'y a pas de Nation, sans laquelle il n'y pas de pacte républicain, est mise à mal ici ou là. Nous voyons, et cela n'a pas que des aspects négatifs, monter partout l'individualisme. D'abord parce que les hommes et les femmes du 21ème siècle sont mieux formés que ceux d'il y a trois siècles, en tout cas pour l'immense majorité d'entre eux. Ensuite parce que nous voyons se développer les technologies de la communication, qui débouchent sur le télé-travail, le télé-achat, bref, une civilisation dans laquelle, si on fantasme un peu, on pourrait se voir enfermer chacun dans son bureau, devant un écran d'ordinateur, avec certes de nouveaux moyens de communication mais une véritable négation du lien social. Si on ajoute à cela l'affaiblissement des liens communautaires traditionnels, la famille, les églises ou d'autres encore, comment, là encore, concilier l'affirmation de l'individu, de la personne, et la nécessité d'un pacte républicain sans lequel il n'y a plus de vie sociale ? Comment convaincre, -j'ai essayé de le faire à propos de la baisse des impôts-, comment convaincre tous les Français que c'est en libérant les forces vives qu'on crée du bien être pour tous, y compris pour les plus modestes ? Comment convaincre ceux qui ont du travail et de bons revenus qu'il faut partager avec ceux qui n'en ont pas, dans l'intérêt de tous et pour que la communauté nationale soit vivante ? Comment convaincre l'entreprise que son intérêt économique et financier lui dicte de s'associer davantage à la lutte contre le chômage en accueillant davantage de jeunes pour les former et les insérer dans la vie professionnelle ?
Vous allez me dire « ces questions sont naïves ». Non, ce sont je crois de vraies questions, qui peuvent dessiner une espérance de renouveau et peut être le rêve de cette France pour tous, promise par Jacques Chirac et qu'il nous appartient, qu'il vous appartient, de faire peu à peu réalité.
Vous le voyez, mes chers compagnons, ce à quoi je vous appelle n'est pas facile, ni même modeste. Mais si à 20 ans la facilité et la modestie étaient vos mots d'ordre, seriez-vous ce que vous êtes, c'est-à-dire les jeunes les plus sympathiques, les plus généreux, les plus ambitieux, les plus idéalistes, bref, les jeunes gaullistes ?
Vous avez joué un rôle important, peut-être même décisif dans la victoire de Jacques Chirac. Mais maintenant qu'il est à I'Elysée, moment n'est pas venu de vous reposer. Vous n'en n'avez pas fini avec votre action pour Jacques Chirac.
Il faut d'abord lui donner les moyens aujourd'hui, demain, après 98, et puis -je me laisse emporter par l'éloquence- après 2002, de mener à bien sa tâche sans être débordé par des blocages politiciens.
Il faut ensuite préparer l'avenir du gaullisme pour marquer notre fidélité à l'oeuvre accomplie par le général de Gaulle, Georges Pompidou, Jacques Chirac et la grande cohorte de ceux qui les ont entouré.
Oui, mes chers compagnons, la tâche est devant nous et c'est ensemble que nous l'accomplirons.
Vive le Président de la République, vive la République et vive la France !