Entretien de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, avec TF1 le 13 août 2014, sur l'aide militaire de la France et de la communauté internationale aux Irakiens confrontés au groupe terroriste l'Etat islamique.

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Média : Site web TF1 - Le Monde - TF1

Texte intégral


Q - La France a envoyé un second avion d'aide humanitaire. Il est arrivé aujourd'hui à Erbil au Kurdistan avec à son bord vingt tonnes de médicaments, de nourriture et de vêtements destinés aux réfugiés. Bientôt, ce seront donc des armes qui devraient arriver. Le ministre des affaires étrangères est avec nous. Bonsoir Monsieur le Ministre, pouvez-vous nous dire avec précision de quel type d'armes il s'agit ?
R - J'ai discuté de cela très précisément avec le président Barzani dimanche lorsque je me trouvais à Erbil, puisque c'est une opération qui a été préparée, même si le chef de l'État, chef des armées l'a annoncée aujourd'hui.
Je ne vais pas vous donner le détail des armes parce qu'on ne livre pas le plan de la bataille de ses amis à leurs adversaires mais cela répond exactement aux besoins urgents des Kurdes.
Q - Y aura-t-il des armes lourdes, des tanks par exemple ?
R - Ce sont des armes sophistiquées et ce sera fait dans les toutes prochaines heures.
Q - C'est-à-dire ? Pouvez-vous être plus précis et nous donner le calendrier ?
R - Non, je ne souhaite pas être plus précis sur la nature des armes car je n'ai pas à donner d'indication aux adversaires terroristes des Irakiens et des Kurdes. Mais je vous précise que ce sera fait dans les toutes prochaines heures.
Q - Vous ne pouvez rien dire, ni sur le modèle, ni sur la quantité d'armes qui seront livrées ?
R - Non, je n'ai pas à vous donner ces précisions.
Q - Y aura-il une seule livraison ou bien se poursuivront-elles jusqu'à ce que les Kurdes remportent une éventuelle victoire face à l'État islamique ?
R - L'objectif est de rééquilibrer les forces parce que les terroristes ont des armes extrêmement sophistiquées qu'ils ont prises aux troupes irakiennes, ce sont des armes qui, à l'origine, étaient des armes américaines.
Nous ne voulons pas être des «Ponce Pilate», nous voulons aider les Kurdes, les Irakiens à éviter les massacres dont vous avez montré les images.
Pour cela, nous livrons des armes qui permettent aux combattants de combattre et nous l'espérons, de l'emporter.
Q - Est-il toujours exclu de participer aux frappes aériennes aux côtés des Américains ?
R - Ce n'est pas prévu actuellement. Là aussi, nous en avons discuté avec le président Barzani qui a remercié très chaleureusement la France de ce qu'elle fait sur le plan humanitaire et sur le plan des livraisons d'armements.
En ce qui concerne la participation à des opérations de bombardements directs, c'est aux Américains qu'il revient d'agir. Nous n'intervenons que si le Conseil de sécurité des Nations unies nous en a donné l'autorisation et si les conditions sont réunies, ce qui n'est pas le cas actuellement.
Permettez-moi d'ajouter un mot. La France a été en pointe dans tout cela dès le début. C'est sous notre intervention que le conseil de sécurité des Nations unies s'est réuni, c'est parce que nous l'avons demandé avec beaucoup de force que vendredi prochain à Bruxelles se réunissent l'ensemble des ministres européens.
La France fait son devoir en étant au secours de gens qui sont massacrés aujourd'hui. Mais nous ne secourons pas simplement les populations irakiennes, parce que c'est nous-mêmes, les pays d'Europe, qui sommes menacés par ces terroristes qui ne reculent devant rien.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 août 2014