Interview de M. Harlem Désir, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, avec RMC et BFM le 19 août 2014, sur la politique économique du gouvernement et l'Union européenne.

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Média : BFM - Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral


JEAN-JACQUES BOURDIN
L'Europe, on va beaucoup parler d'Europe ce matin, parce que l'Europe est au coeur de tous les débats. Harlem DESIR, bonjour.
HARLEM DESIR
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, mais avant de parler d'Europe ou de la situation internationale, une femme voilée sur la plage, assise, attendant que son mari ou compagnon se soit baigné, ça vous gêne ou pas ?
HARLEM DESIR
La plage, c'est un espace de liberté, et c'est vrai que c'est un endroit où l'on n'aime pas l'idée que quand un couple arrive, les deux membres de ce couple n'aient pas la même possibilité de profiter de cet espace de liberté. Donc j'ai bien vu que Nadine MORANO avait voulu se saisir d'une affaire de ce type, ce n'est pas une affaire d'ailleurs, mais d'une scène…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, ce n'est pas une affaire, d'une scène, oui…
HARLEM DESIR
A laquelle elle a assisté, et je peux comprendre sa réaction, mais ce que je voudrais dire, c'est que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si vous assistiez à la même scène, vous auriez la même réaction qu'elle ?
HARLEM DESIR
J'ai déjà assisté à ce type de situation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, j'imagine.
HARLEM DESIR
Pas seulement en France, aussi dans d'autres pays, et j'ai toujours trouvé cela aberrant, mais je veux dire aussi une chose, moi, je suis membre du gouvernement, madame MORANO est parlementaire, et donc…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Européenne…
HARLEM DESIR
Européenne, et c'est donc une parlementaire, et donc ce à quoi nous, nous devons être attentifs, c'est au respect des règles de droit, or, en l'occurrence, il y a une règle en France, et une loi qui interdit de voiler le visage, ça n'était pas le cas visiblement dans le cas qu'a rapporté madame MORANO. Donc je crois que, comme élus et comme responsables, soit, législatifs, soit de l'exécutif, nous devons nous garder aussi d'aller au-delà de ce qu'est le respect du droit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais la scène vous choque ou pas ?
HARLEM DESIR
Sur le plan personnel, moi, je considère qu'il n'y a rien qui puisse justifier qu'une femme n'ait pas les mêmes droits qu'un homme, mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc elle vous choque d'une certaine manière…
HARLEM DESIR
Mais c'est une affaire qui n'enfreint pas la loi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je comprends…
HARLEM DESIR
Donc s'il y a infraction à la loi, il faut intervenir, sinon, on voit bien qu'il y a la nécessité qu'il y ait une action de la société civile, en particulier pour se mobiliser, pour défendre l'égalité partout.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La France vit au-dessus de ses moyens ou pas ?
HARLEM DESIR
Eh bien, en termes de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Harlem DESIR, moi, c'est ce que j'ai entendu dans la bouche de Manuel VALLS…
HARLEM DESIR
Oui, en termes de dépenses publiques, la France dépense, mais parce qu'elle est attachée à un certain modèle social, davantage que ce qu'elle est capable de financer. Donc puisque nous sommes attachés…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est intenable, ça !
HARLEM DESIR
C'est intenable…
JEAN-JACQUES BOURDIN
De dépenser plus…
HARLEM DESIR
C'est intenable parce que ça signifie qu'on accroît notre endettement, on finance cela par du déficit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, évidemment…
HARLEM DESIR
Donc par de l'emprunt. Donc comme nous sommes attachés à être un grand pays, à être une puissance dont la voix compte dans le monde, qui a une politique par exemple de Défense, mais qui a aussi une politique culturelle, mais qui a aussi une politique d'Education, qui a aussi une politique de Santé publique, les Français sont attachés à l'accès aux soins gratuits pour tous, on ne demande pas la carte bleue à un citoyen, à un assuré social quand il vient à l'hôpital en France, contrairement à d'autres pays. Il faut que nous ayons les moyens de financer ce modèle social, ce statut, cette influence à laquelle nous sommes attachés. Donc il faut que la France crée plus de richesses, donc il faut que nous menions une politique de réformes, qui nous permette de redémarrer en termes de compétitivité, pour ne pas renoncer à ce à quoi nous sommes attachés…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va en parler, la France donc vit au-dessus de ses moyens, on est bien d'accord…
HARLEM DESIR
Donc il nous faut plus de moyens…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dépense plus que ce qu'elle n'encaisse.
HARLEM DESIR
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord ? Beaucoup de Français, eux…
HARLEM DESIR
Les administrations publiques, l'Etat, oui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais alors parallèlement, beaucoup de Français ont de moins en moins les moyens de bien vivre, c'est ça qui est absolument incroyable dans ce pays, Harlem DESIR.
HARLEM DESIR
Oui, parce que tout cela, en partie, ça a été financé par des hausses d'impôts, qui avaient commencé d'ailleurs en 2011, avant que nous arrivions, qui ont continué…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et que vous avez continuées…
HARLEM DESIR
Oui, parce que la dette avait atteint et a atteint des niveaux insupportables. Donc d'une part, il faut dépenser moins en frais de fonctionnement, c'est pourquoi il y a des mesures de simplification, il y a une réforme territoriale, il y a un certain nombre de réductions des dépenses publiques, pour pouvoir investir plus dans l'avenir, l'Education, c'est la rentrée scolaire, aujourd'hui, il va y avoir…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc dépenser plus…
HARLEM DESIR
Dans ce qui est indispensable pour l'avenir, pour la jeunesse et pour la compétitivité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc dépenser plus !
HARLEM DESIR
Non, mais dépenser mieux, donc par exemple…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais c'est quand même dépenser ! Pardonnez-moi, Harlem DESIR…
HARLEM DESIR
Oui, mais on ne va pas supprimer – on parlait de la rentrée scolaire – les aides aux familles, on ne va pas supprimer les postes d'enseignants…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord…
HARLEM DESIR
En revanche, on va peut-être éviter qu'il y ait dans notre organisation territoriale quatre échelons, un au niveau de la commune, un au niveau de la communauté d'agglos, un au niveau du département et un au niveau de la région, pour s'occuper des aides aux entreprises. Donc on va faire de la simplification, et c'est l'objet de la réforme territoriale. On va faire aussi, et on le fait, dans les administrations, parfois, une modernisation du fonctionnement de l'Etat, qui fait que certains services pourront fonctionner avec moins de fonctionnaires. Pourquoi ? Parce qu'il vaut mieux orienter aujourd'hui les moyens de l'Etat vers le soutien à la Recherche, à l'innovation, le soutien à l'investissement des entreprises, c'est le pacte de responsabilité, c'est-à-dire alléger de quarante milliards…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le pacte de responsabilité…
HARLEM DESIR
Alléger de quarante milliards les charges sociales et fiscales sur les entreprises, pour que nos entreprises retrouvent des marges, retrouvent de la compétitivité par rapport à leurs concurrentes allemandes par exemple, puissent investir, puissent innover, et puissent exporter nos produits, donc créer de l'emploi en France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le pacte de responsabilité, j'en parle juste au passage, janvier, il a été présenté en janvier dernier, vous vous souvenez, Harlem DESIR !
HARLEM DESIR
Par le président de la République…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous étiez à la tête du PS…
HARLEM DESIR
Oui, oui, absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Par le président, et nous sommes à la fin du mois d'août, et on parle encore de…
HARLEM DESIR
Et les mesures ont été votées par le Parlement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais d'accord, mais rien d'appliqué, rien pour l'instant…
HARLEM DESIR
Mais pas du tout, d'abord, il y a des choses qui s'appliquent, qui sont le crédit d'impôt compétitivité emploi, depuis le mois de mai…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le CICE…
HARLEM DESIR
Le CICE, qui avait été voté en 2012, et qui bénéficie d'ores et déjà aux entreprises, qui fait un allègement de fiscalité jusqu'à 2,5 smic, c'est très important, c'est une aide…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que ça a amélioré l'emploi ou pas ?
HARLEM DESIR
Oui, bien sûr, ça a un effet…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça a un effet sur l'emploi ?
HARLEM DESIR
Eh bien, quand on interroge les chefs d'entreprise qui en ont bénéficié, ils disent que oui, même si, là encore, en montée en puissance, parce que, pour dire les choses, techniquement, il y a un volume de vingt milliards d'euros concerné par cet allègement, pour l'instant, il y a sept milliards qui d'ores et déjà ont été mis à la disposition des entreprises. Donc les entreprises sont en train de commencer à bénéficier de ces mesures. Et puis, il y a les mesures du pacte de responsabilité, qui ont été annoncées par le président de la République au mois de janvier, comme vous le rappeliez, elles ont été votées au printemps quand Manuel VALLS a présenté les différentes dispositions d'allègements nouvelles, de cotisations, de charges fiscales, et ça, ça va commencer à s'appliquer le 1er janvier prochain, mais pour les ménages, il y a une disposition qui va commencer à s'appliquer dès le mois de septembre, puisqu'il y aura une baisse de 350 euros pour une personne qui est au niveau de 1,1 smic, jusqu'à 1,1 smic, donc 700 euros jusqu'à… pour un foyer fiscal qui est jusqu'à 2,2 smic, et cette baisse d'impôt, ça va être une aide au pouvoir d'achat et nous allons…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Harlem DESIR…
HARLEM DESIR
Puisque le Conseil constitutionnel – vous le savez – a supprimé, a censuré une mesure de baisse de cotisations des salariés, nous allons proposer dans les prochains jours une nouvelle mesure fiscale d'allègement des impôts des ménages modestes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Harlem DESIR, vous parlez, le gouvernement parle, mais…
HARLEM DESIR
Non, ça, ce sont des faits, ce sont des actions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça fait deux ans et demi que j'entends tellement de choses, la courbe du chômage qui devait s'inverser, la reprise de la croissance qui devait avoir lieu, le retournement, enfin, on entend tout et rien ne se passe, Harlem DESIR, vous comprenez l'impatience des Français ?
HARLEM DESIR
Je comprends…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous la comprenez cette impatience.
HARLEM DESIR
Je comprends l'impatience, parce que nous sommes au coeur d'une crise…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais une impatience parce que parfois, ils n'arrivent plus à boucler leurs fins de mois !
HARLEM DESIR
Oui, parce que la crise, elle touche tout le monde, et que c'est très dur…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et vous comprenez l'impatience des élus de gauche…
HARLEM DESIR
Elle touche les Français, elle touche à la fois les salariés et les employeurs qui voudraient aussi pouvoir faire redémarrer chez eux l'investissement et l'embauche…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr, bien sûr.
HARLEM DESIR
Bien. Donc nous avons pris des mesures. Il faut de la cohésion sur la ligne…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elles sont insuffisantes…
HARLEM DESIR
Il ne faut pas changer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut aller plus fort et plus vite !
HARLEM DESIR
Mais on ne va pas remettre en cause, comme vous le dites, ce qui a été annoncé au mois de janvier. La ligne qui a été fixée par le président de la République, c'est celle qui doit permettre à notre pays de retrouver de la compétitivité, et c'est celle qui doit lui permettre son redressement économique. C'est ce qui doit nous permettre de ne plus vivre, comme vous le disiez, au-dessus de nos moyens, mais de nous donner les moyens de vivre comme nous le souhaitons, c'est-à-dire d'être un grand pays qui a un modèle social de haut niveau, qui prépare l'avenir de ses enfants, et qui a des entreprises qui sont performantes, qui donnent de l'emploi, et qui gagnent des marchés, à la fois en France, en Europe, et à l'international…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Harlem DESIR, des mesures urgentes vont être annoncées, là ?
HARLEM DESIR
Oui, des mesures urgentes vont être annoncées parce qu'il y a notamment un domaine absolument décisif…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le logement…
HARLEM DESIR
Voilà, qui est le logement, dont on ne peut pas accepter qu'il reste en rade…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc des mesures dans les huit jours, mais peut-être demain, demain au Conseil des ministres, des mesures importantes concernant le logement seront annoncées ?
HARLEM DESIR
Nous verrons quand, mais sous quelle forme elles seront annoncées, et c'est évidemment au Premier ministre, au président de la République et aux membres du gouvernement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'allez pas me dire quelles sont les mesures, mais demain, il y aura des mesures importantes annoncées ?
HARLEM DESIR
Je ne peux pas vous dire quand elles seront annoncées, mais elles seront annoncées rapidement, parce que la relance de la construction de logements, c'est une priorité pour une double raison, la première, c'est qu'il faut des logements, on ne construit pas assez de logements pour satisfaire aux besoins des Français, aux besoins des ménages, deuxièmement, parce que c'est un secteur qui crée immédiatement de l'activité pour des PME, et donc de l'emploi, et en plus, des emplois non délocalisables, parce que les logements, il faut les construire ici avec les matériaux, on sait les construire ici. FIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce que la prime pour l'emploi va être revalorisée ?
HARLEM DESIR
Alors il y a une réflexion qui va déboucher sur une annonce…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous y êtes favorable ou pas ?
HARLEM DESIR
Je crois très rapidement pour, vous savez, compenser…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur la prime pour l'emploi, hein ?
HARLEM DESIR
Ca peut toucher la prime pour l'emploi, le RSA activité, mais ça c'est au Premier ministre de l'arbitrer et de l'annoncer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca va être aussi annoncé très vite ?
HARLEM DESIR
Puisque le Conseil constitutionnel a repoussé - et je le regrette - il y a eu une saisine par l'UMP du Conseil constitutionnel, une mesure qui était très bonne qui était de baisser les cotisations des salariés à partir du 1er janvier prochain, certaines cotisations, ça donnait du pouvoir d'achat. Il faut donc remplacer cette mesure, c'est ce qu'a annoncé le Premier ministre, pour le même volume, c'était 2,5 milliards…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc prime pour l'emploi revalorisée et le RSA…
HARLEM DESIR
Cela peut être cela ou une autre disposition !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aussi revalorisé…
HARLEM DESIR
Ce sera une aide…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Augmenté ?
HARLEM DESIR
Ce sera une aide qui jouera sur un mécanisme fiscal, les 2 dispositifs que vous avez cités, l'un est un mécanisme fiscal, l'autre est une aide au retour à l'activité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Un retour à l'activité.
HARLEM DESIR
Pour aider les ménages modestes, ceux qui travaillent…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, ça, ça va être annoncé rapidement ?
HARLEM DESIR
Pour relancer le pouvoir d'achat, parce qu'on a besoin que 2 moteurs de l'économie soient soutenus, celui de l'investissement et celui du pouvoir d'achat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Harlem DESIR, l'Europe, l'Europe. L'Europe nous impose une austérité budgétaire depuis plusieurs années, vous êtes bien d'accord avec ça ?
HARLEM DESIR
C'est ce que nous avons mis en cause et dénoncé !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien oui ! Ca suffit ?
HARLEM DESIR
Eh bien en tout cas le président de la République, vous l'avez vu, depuis 2 ans a imposé qu'il y ait un débat sur le soutien à la croissance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui, il a posé.
HARLEM DESIR
Oui ! Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il a posé le débat mais enfin il n'a rien imposé du tout ?
HARLEM DESIR
Si ! Il a obtenu d'avoir un pacte de soutien à la croissance en juin 2012 avec des mesures…
JEAN-JACQUES BOURDIN
120 milliards d'euros !
HARLEM DESIR
120 milliards d'euros.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! En juin 2012.
HARLEM DESIR
Oui ! Mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Au niveau européen, vous imaginez une goutte dans un océan…
HARLEM DESIR
Eh bien, écoutez, moi quand je vois les…
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'austérités, non ?
HARLEM DESIR
Mais ce n'est pas vrai ! Parce que quand je vois par exemple les moyens nouveaux de la Banque Européenne d'Investissement en France, ça veut dire – pour être très concret…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y !
HARLEM DESIR
Qu'auparavant elle investissait 4,5 milliards d'euros par an, maintenant c'est 7,8 milliards d'euros, et moi je suis allé par exemple à Aubervilliers voir comment ça permet de financer la construction d'un campus universitaire - il y en a 13 comme ça – il y a 450 équipements hospitaliers qui sont financés aussi grâce à ces financements européens, il y a ce qu'on appelle le…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon !
HARLEM DESIR
Le réseau de fibres optiques Actio (phon), c'est-à-dire concrètement financé l'équipement haut débit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais l'Europe est utile ?
HARLEM DESIR
Dans les régions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'Europe, les investissements, les investissements européens sont utiles ? Mais…
HARLEM DESIR
Absolument !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais…
HARLEM DESIR
Deuxièmement, là je voudrais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca suffit cette politique d'austérité ?
HARLEM DESIR
Mais, attendez, attendez, deuxième grand dispositif dans ce cadre que le président de la République a obtenu, ce qu'on appelle la garantie pour la jeunesse, c'est-à-dire un fonds de 6 milliards d'euros à l'échelle européenne qui maintenant est disponible en France – c'est un peu technique mais en France c'est 600 millions d'euros – et qui permet de financer le retour à l'emploi de jeunes qui étaient sortis du système de formation et qui étaient à la fois sans formation et sans emploi depuis plus de 4 mois ; et là aussi, moi concrètement, je suis allé voir dans des missions locales à Sarreguemines, à…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très bien ! Mais, Harlem DESIR…
HARLEM DESIR
Des jeunes qui en bénéficient, mais ce n'est pas suffisant, je suis d'accord avec vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Voilà, ce n'est pas suffisant. Alors aujourd'hui la croissance est à l'arrêt dans de nombreux pays européens, même en Allemagne, Harlem DESIR que se passe-t-il ? Est-ce que la France va prendre une initiative forte justement, peut-être avec l'Italie, pourquoi pas, pourquoi pas, pour obtenir une nouvelle orientation de la politique monétaire européenne ?
HARLEM DESIR
Bon, d‘abord, quelle est la situation ? Elle est celle que vous avez dite ! C'est à dire la croissance en Europe elle est maintenant arrêtée, même les pays qui croyaient pouvoir s'en sortir…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sauf la Grande Bretagne, mais qui n'est pas dans l'Europe.
HARLEM DESIR
Non ! Mais dans la zone euro, l'Allemagne moins 2 %…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans la zone euro, oui 0,2…
HARLEM DESIR
Au deuxième trimestre de cette année, moins, moins 0,2.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Moins 0,2.
HARLEM DESIR
Voilà ! L'Italie moins 0,2, la France c'est resté stable 0 %, donc…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! C'est stable, c'est nul, c'est nul...
HARLEM DESIR
Il y a quelques pays qui sont à 0,1, à 0,5.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tablent à 0, c'est nul.
HARLEM DESIR
Voilà ! Ca veut dire que la croissance est nulle elle est arrêtée, donc ça n'est pas une situation acceptable, parce que quand il n'y a pas de croissance ça veut dire qu'il n'y a pas de créations d'emploi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'il n'y a pas d'emploi…
HARLEM DESIR
Etc., or on a besoin de faire redémarrer le moteur. Donc, d'un côté il y a des réformes qui ont été engagées, mais elles ont été engagées maintenant dans tous les pays, il faut que de l‘autre côté l'Europe…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Non. Mais là est-ce qu'il va y avoir une initiative forte prise par François HOLLANDE ?
HARLEM DESIR
Oui ! François HOLLANDE a demandé à ce que la priorité soit mise au soutien à l‘investissement en Europe et donc vous avez vu là que Jean-Claude…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il l'a demandé mais est-ce qu'il…
HARLEM DESIR
Il a obtenu du conseil européen - j'y étais avec lui à Bruxelles les 27 et 28 juin – et il a obtenu que la priorité soit donnée par le conseil européen au soutien à l'investissement. Il y a 3 choses, 3 leviers sur lesquels il faut agir : il y a la politique monétaire, la Banque Centrale Européenne, avec Mario DRAGHI, a annoncé un certain nombre de mesures, mais je crois que non seulement il faut les mettre en oeuvre – et c'est ce qui est prévu au mois de septembre – pour aider au financement des petites et moyennes entreprises, mais qu'il faut même qu'elle fasse preuve d'audace et qu'elle sache racheter peut-être des emprunts par exemple en faveur des petites entreprises parce qu'il y a aujourd'hui un problème avec les grandes banques qui bénéficient des aides de la Banque Centrale Européenne mais qui n'aident pas suffisamment les petites et moyennes entreprises alors que la Banque Centrale Européenne leur pourvoit des prêts à taux quasiment nuls…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Quasiment nuls.
HARLEM DESIR
A taux zéro… Voilà ! Donc, il faut...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les banques empruntent à des taux quasiment nuls…
HARLEM DESIR
Il faut que la Banque Centrale fasse preuve d'une politique beaucoup plus audacieuse...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon !
HARLEM DESIR
Non conventionnelle comme on dit, là elle a un rôle majeur à jouer ; Deuxièmement, il y a une certaine souplesse dans la coordination des politiques économiques, des politiques budgétaires, c'est ce que nous avons demandé, la flexibilité dans l'interprétation des règles…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Evidemment, eh bien évidemment oui, il y a 3 %...
HARLEM DESIR
Eh bien oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment les 3 %...
HARLEM DESIR
Voilà ! Ca veut dire qu'on relance…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Probablement nous serons à 5 %, donc...
HARLEM DESIR
Non ! Nous ne serons pas à 5 %, mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oh ! A 4,5 quoi…
HARLEM DESIR
On n'a pas à renoncer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Entre 4,5 et 5.
HARLEM DESIR
A la réduction des déficits…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il faut le faire dans la souplesse, voilà les règles ?
HARLEM DESIR
Dans la souplesse, c'est-à-dire à un rythme qui soit compatible avec le retour de la croissance, c'est la croissance qui permettra le mieux de résoudre les déficits et la dette ; et, troisièmement, il faut un grand plan d'investissement massif dans des secteurs d'avenir où nous avons intérêt à investir ensemble à l'échelle européenne : le numérique, les transports, l'énergie, la transition énergétique…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, là, il va y avoir une initiative prise ?
HARLEM DESIR
Oui ! Le président de la République l'a demandée, le nouveau président de la Commission qui va être investi, Jean-Claude JUNCKER – il a déjà été investi par le Parlement européen, maintenant il va présenter son équipe – a dit qu'il s'engageait à un plan de soutien de 300 milliards d'euros d'investissement publics et privés. Donc ce que nous demandons nous la France c'est maintenant que ce plan soit détaillé, c'est à dire que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'Allemagne augmente ses salaires aussi, hein ?
HARLEM DESIR
Par ailleurs, c'est vrai qu'il y a des pays qui ont fait des efforts avant nous et ils en tirent bénéfice maintenant, ils les ont fait dans les années 2002 – 2005, c'était l'époque de Gerhard SCHRÖDER en Allemagne, à l'époque nous ne l'avons pas fait ces réformes, donc ils ont des excédents commerciaux et ils ont une compétitivité qui est très élevée. Comme cela a été dit d'ailleurs par le président de la BUNDESBANK, la réserve…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Exactement !
HARLEM DESIR
La Banque Centrale Allemande, lui-même, il est normal que les salariés Allemands bénéficient de cette compétitivité et il est sain – ça été dit par un commissaire européen en charge de l'Emploi – qu'il y ait davantage de hausses de salaires et davantage d'investissements publics en Allemagne…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Parce que l'Euro a un niveau élevé…
HARLEM DESIR
Parce que ça contribuera à tirer l'économie européenne vers le haut…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien ! Bon.
HARLEM DESIR
Donc, il faut que chacun fasse effectivement sa part de travail. Mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Où en est-on de l'accord…
HARLEM DESIR
Mais je voudrais juste dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
HARLEM DESIR
On va s'en sortir collectivement en Europe…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
HARLEM DESIR
Le problème n'est pas de dire : on va s'en sortir contre les Allemands, on va allier toute l'Europe contre un pays, non, le problème est que dans ce dialogue que mène le président de la République, qu'il y a une bataille d'idées, mais où nous voulons entraîner l'ensemble de nos partenaires à être convaincus…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pour l'instant...
HARLEM DESIR
Qu'il faut cette politique d'investissement en Europe qui doit être le relais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Enfin pour l'instant vous n'avez rien en retour ?
HARLEM DESIR
Des réformes structurelles pour permettre la croissance et nous travaillons à cela avec la présidence italienne, avec nos amis socio-démocrates...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, justement…
HARLEM DESIR
Notamment ceux qui sont au gouvernement en Allemagne, parce qu'ils partagent la même conviction que nous : l'Europe ne s'en sortira que si elle redevient synonyme de croissance et d'emploi, c'est comme ça aussi qu'on regagnera la confiance des citoyens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Accord de libre échange entre l‘Europe et les Etats-Unis, ce fameux accord dont on ne connait rien ou presque rien, franchement secret, signature le 25 septembre c'est cela ?
HARLEM DESIR
Non !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah !
HARLEM DESIR
Ce qu'il va y avoir au mois de septembre c'est un nouveau cycle de négociations…
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord !
HARLEM DESIR
C'est-à-dire une nouvelle rencontre entre les négociateurs Européens et Américains. D'abord, nous, nous avons demandé que soit rendu public le mandat de négociations, même si aujourd'hui les Etats-Unis…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien oui ! On aimerait bien l'avoir.
HARLEM DESIR
Bien évidemment ! D'autant que, honnêtement, il a déjà été publié sur internet, donc…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
HARLEM DESIR
Nous ne voyons pas l'intérêt de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le cacher.
HARLEM DESIR
Mener cette négociation d'une façon cachée et que soient rendus publics à chaque état – les rencontres que vous évoquées, c'est-à-dire chaque cycle de négociations – les éléments de cette discussion. Cet accord de commerce, qui est en cours de négociation, qui va durer encore très longtemps, plusieurs mois, peut-être même davantage…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! En vigueur en 2016 dit-on.
HARLEM DESIR
On ne sait pas ! Parce que, pour qu'il soit en vigueur, il faudrait déjà que la négociation aboutisse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Théoriquement ! Bon. Oui, aboutisse.
HARLEM DESIR
Et il peut être intéressant pour nos entreprises pour leur permettre de mieux pénétrer le marché américain, peut-être pour nos produits agricoles par exemple en défendant nos appellations géographiques, le Champagne, que n'importe qui n'ait pas le droit de prendre nos noms, mais nous ne signerons que s'il y a des avancées économiques intéressantes pour l'Europe et pour les producteurs Français…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, je vous pose une question simple…
HARLEM DESIR
Et nous ne remettrons pas en cause nos règles et nos normes, par exemple l'interdiction des OGM, l'interdiction du boeuf aux hormones ou la protection de la diversité culturelle, nous avons d'ailleurs mis des lignes rouges.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Est-il vrai qu'une entreprise étrangère pourra poursuivre un état dans lequel elle a investi si elle estime que ce dernier prend des mesures discriminatoires à son encontre ?
HARLEM DESIR
Ce qui est vrai c'est que c'est une disposition qui est proposée par certains négociateurs ! C'est-à-dire qu'il y a…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable à cette… vous l'acceptez cette disposition ?
HARLEM DESIR
Personnellement je préfère les systèmes de règlement des différends tels qu'ils existent dans le…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous préférez ! Mais est-ce que vous accepteriez…
HARLEM DESIR
Non ! Je crois que nous ne l'accepterons pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous l'avez accepté avec le Canada !
HARLEM DESIR
Mais l'accord avec le Canada n'a pas du tout la même portée ! Puisqu'aux Etats-Unis…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Mais d'accord…
HARLEM DESIR
Le Canada, c'est un pays qui a des normes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, si vous l'avez accepté avec le Canada, vous l'accepterez avec les Etats-Unis ?
HARLEM DESIR
Il y a des dispositifs de ce type non seulement dans l'accord avec le Canada…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
HARLEM DESIR
Mais dans beaucoup d'autres accords, mais qui n'ont pas du tout l'ampleur du traité en négociation avec les Etats-Unis.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a danger, non, là ?
HARLEM DESIR
Moi, je crois que ça n'est pas sain qu'il y ait cette proposition d'un tribunal arbitral qui permettrait, comme vous l'avez dit, à des entreprises, de grandes entreprises, multinationales, de pouvoir éventuellement faire condamner un Etat, que ce soit d'ailleurs un Etat, l'Europe...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu'un Etat prend une décision…
HARLEM DESIR
L'Europe ou les Etats-Unis, parce qu'il a pris une décision qui est défavorable à l'investisseur, non, je crois que chacun des Etats en question, d'un côté, les Etats-Unis, de l'autre côté, les 28…
JEAN-JACQUES BOURDIN
La France s'opposera à ça ?
HARLEM DESIR
Oui, la France a fait savoir qu'elle n'était pas favorable à ça, pourquoi ? Parce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais pas favorable…
HARLEM DESIR
Donc elle s'y opposera…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si les autres Européens, ils sont favorables…
HARLEM DESIR
Eh bien, dans les négociations de ce genre, quand vous dites que vous n'êtes pas favorable, ça veut dire que vous ne l'acceptez pas, ça veut dire que nous ne souhaitons pas que puisse être remise en cause la capacité normative, c'est-à-dire la capacité qu'a l'Union européenne avec le Parlement européen, etc., et puis chacun des 28 Etats membres à édicter, par nous-mêmes, les règles qui régissent le travail des entreprises, notamment les règles sanitaires, la protection de l'environnement, la protection des droits sociaux, donc ça n'est pas à un tribunal arbitral privé d'être demain le juge d'un éventuel différend qui existerait entre un investisseur et une des parties prenantes à cet accord.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai une dernière question concernant Pierre MOSCOVICI, qui va bientôt être nommé commissaire européen, désigné…
HARLEM DESIR
Il a été choisi par le président de la République…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il a été choisi…
HARLEM DESIR
Pour être le commissaire français…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Exactement. Alors, sera-t-il commissaire aux Affaires économiques et monétaires ?
HARLEM DESIR
Il sera, à ma connaissance, commissaire en charge d'un grand dossier économique…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lequel ?
HARLEM DESIR
Parce que c'est notre priorité, la priorité, c'est le soutien à la croissance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lequel ?
HARLEM DESIR
Eh bien ça, c'est une discussion qui a lieu actuellement entre le président de la République…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il sera commissaire aux Affaires économiques et monétaires ?
HARLEM DESIR
Je ne peux pas vous donner la réponse parce que c'est une…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si je vous dis non ?
HARLEM DESIR
Mais je ne le sais pas parce que la discussion a lieu entre le président de la République et le président désigné de la Commission, Jean-Claude JUNCKER, ce que je sais, parce que le président de la République l'a dit publiquement, mais il nous l'a dit aussi, c'est qu'il souhaite que le commissaire français soit en charge de questions qui sont liées à l'économie européenne, au soutien à la croissance, au soutien à l'investissement, et qu'il ait une vice-présidente…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sera-t-il commissaire aux Affaires économiques et monétaires ?
HARLEM DESIR
Mais je ne peux pas répondre à votre question, Jean-Jacques BOURDIN, parce qu'il n'y a qu'une personne…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et si je vous dis non, si je vous dis non ?
HARLEM DESIR
Mais parce qu'il n'y a qu'une personne qui peut y répondre, c'est le président de la Commission, Jean-Claude JUNCKER, il faut respecter son rôle, c'est lui qui va faire une proposition devant le Conseil européen le 30 août prochain, et le Conseil européen acceptera ou non cette proposition…
JEAN-JACQUES BOURDIN
S'il n'est pas commissaire aux Affaires économiques et monétaires, c'est un échec pour la France ?
HARLEM DESIR
Mais pas du tout, parce que le président de la République n'a jamais revendiqué une fonction de ce type…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que c'est une fonction la plus importante…
HARLEM DESIR
Non…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est le portefeuille le plus important…
HARLEM DESIR
Vous savez, il y a eu des périodes dans l'histoire de la Commission européenne où on pouvait penser que c'était cette fonction la plus importante, et puis on s'est rendu compte que c'était le commissaire à la concurrence qui avait la fonction la plus importante, ou c'était le commissaire aux marchés intérieurs, ou c'était le commissaire au commerce international. Donc ce qui compte, c'est ce que vont être les priorités pour les cinq prochaines années. Ces priorités, le président de la République les a fait adopter par le Conseil européen, c'est le soutien à la croissance et à l'investissement, c'est la transition énergétique, c'est-à-dire, c'est une Europe des projets, une Europe qui fait redémarrer son économie. Et ce que nous souhaitons pour le commissaire français, c'est une responsabilité qui permet de soutenir cette priorité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Harlem DESIR d'être venu nous voir ce matin.
HARLEM DESIR
Merci.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 août 2014