Déclaration de M. Jacques Dondoux, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur la politique économique du gouvernement, et l'atout des nouvelles technologies pour le commerce extérieur, notamment pour les PME, à la Rochelle le 21 septembre 1997.

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Circonstance : Université d'été du Parti radical socialiste (PRS), à la Rochelle, du 19 au 21 septembre 1997

Texte intégral

Mesdames,
Messieurs,
Chers Amis,
Vous avez peut-être noté comme moi, depuis quelques semaines, un certain regain d'optimisme dans le pays. Il est vrai que les perspectives économiques, y compris sur le plan international, sont aujourd'hui un peu plus favorables.
Mais il ne faut pas pêcher par excès de modestie. Si le sentiment se répand aujourd'hui pour dire que nous allons dans la bonne direction, rappelez-vous que l'humeur était bien différente au lendemain des élections. Que lisait-on dans les éditoriaux au début du mois de juin ? La monnaie unique est menacée. La gauche va casser la reprise. Il n'y aura pas d'état de grâce. Aucun cadeau ne sera fait au nouveau gouvernement. C'est cela que l'on entendait avant l'été.
Trois mois plus tard, l'humeur a changé. Nous avons pris un bon départ. Ce satisfecit mérite un coup de chapeau au Premier Ministre.
La force du gouvernement, dans les trois derniers mois, a d'abord été d'avoir su tirer, tous ensemble, dans la même direction. Pour une équipe qui réunit les principales composantes de la gauche française, ce n'était pas donné d'avance. Mais Lionel Jospin a laissé le temps à la réflexion et à la concertation au sein du gouvernement. Les différentes composantes de la majorité font entendre leur voix, c'est ce qui permet d'avoir aujourd'hui une équipe rassemblée autour d'objectifs partagés.
Mais au delà de la méthode, il y a une réussite de substance. Dominique STRAUSS-KAHN en a été la cheville ouvrière. Nous sommes en train de montrer qu'il y a un chemin pour concilier croissance et construction européenne, tenir les engagements de la campagne et réaliser la monnaie unique.
Un mot de l'Europe, donc, parce que cela s'impose. Nous allons faire l'Euro. Le doute n'est plus permis. Vous l'avez remarqué, le week-end dernier, les Ministres de l'Économie et des Finances européens ont décidé de fixer en mai prochain, c'est-à-dire demain, les parités entre les monnaies européennes qui feront partie de l'Euro au 1er janvier 1999. Ils ont aussi décidé de programmer une harmonisation fiscale pour éviter les distorsions de concurrence entre pays européens. Ce sont des décisions importantes, techniques certes, mais qui vont permettre à nos entreprises de profiter pleinement du marché unique.
La seconde priorité du Gouvernement que je voudrais évoquer concerne l'emploi des jeunes.
Au-delà des objectifs chiffrés, je voudrais insister sur la logique nouvelle du projet de Martine Aubry. Il ne s'agit pas, en effet, d'adopter une démarche étatique, centralisée, de création d'emplois, mais de promouvoir les initiatives locales.
La mobilisation des acteurs de terrain, associations et collectivités territoriales doit jouer un rôle essentiel. Elle seule permettra à ces emplois de répondre à de vrais besoins, en fonction de la diversité des situations. Cette démarche, qui a aussi ses exigences, correspond bien à l'approche de notre mouvement : il s'agit d'inverser la pyramide du pouvoir et de faire que le sommet soit au service de la base et non l'inverse.
J'entends, pour ma part, apporter la contribution qui me revient au Commerce Extérieur. Nos exportations sont en forte croissance, nous avons un excédent élevé et qui devrait le rester, même si la reprise se confirme et que nos importations redémarrent. Nos échanges contribuent largement à la croissance et à l'emploi. La compétitivité de nos entreprises est bonne, la reprise chez nos partenaires et la croissance des pays émergents, l'évolution du dollar et des monnaies européennes sont autant de raisons qui permettent d'espérer que nous sommes aujourd'hui en position de retirer, sur les marchés extérieurs, un surplus de croissance qui sera, lui aussi, appréciable.
Nos entreprises peuvent désormais raisonner sur la base d'un marché intérieur de 380 millions de consommateurs. C'est un atout important. Je veux les aider, surtout les PME/PMI pour qui l'exportation est un art peut être plus difficile, à utiliser le marché unique comme une plate forme élargie pour s'internationaliser.
Dans cette perspective, je pense plus particulièrement au secteur des technologies de l'information et de la communication, en forte croissance, fécond d'opportunités pour le développement des entreprises. On ne doit cependant pas négliger les écueils perçus par les citoyens et les entreprises, et il faut laisser se développer progressivement une conscience citoyenne des enjeux pour que notre société développe ensuite ses solutions et ses équipements. Vous connaissez mon attachement aux expériences que j'ai menées dans le domaine des inforoutes en Ardèche. Dans la révolution de l'intelligence à laquelle nous sommes confrontés, il est nécessaire d'être présent sur le terrain pour voir les véritables difficultés engendrées par la société de l'information, et dessiner des solutions viables et crédibles. Car le développement de la société de l'information ne peut pas laisser indifférent : cette révolution touche tous les citoyens, et il convient de veiller à ne pas laisser sur le bord du chemin certains d'entre eux pour des raisons financières ou géographiques.
Le commerce électronique sur Internet permet d'accéder au marché mondial avec des coûts de distribution faibles, qu'il s'agisse de prestations physiques ou de prestations intellectuelles. C'est cette opportunité que doivent saisir les P.M.E. françaises qu'il faut soutenir par une politique ambitieuse à l'exportation. Il est désormais indispensable que les P.M.E. disposent de leur place sur le Web, et qu'elles soient elles-mêmes convaincues que cela augmentera leur activité. Les P.M.E. peuvent être aidées dans leur démarche internationale par une utilisation plus large d'Internet, qui offre notamment un accès facile à l'information économique.
L'encouragement au développement de l'usage des technologies de l'information pour l'exportation dans les entreprises, ainsi qu'au sein de mon administration, sera par conséquent une priorité. Il est d'ailleurs au coeur des préoccupations du Gouvernement de Lionel Jospin. Ce sera un facteur non négligeable de la redéfinition du rôle de l'État afin qu'il serve mieux.
Il importe également de redéfinir le rôle de l'État afin qu'il serve mieux les intérêts collectifs. Je laisse Émile Zuccarelli en parler mieux que moi. Je vous dirai seulement, qu'en prenant mes responsabilités au Commerce Extérieur, j'ai été frappé par la diversité des réseaux publics ou parapublics d'appui aux entreprises en faveur de l'exportation.
L'État, les Chambres de Commerce, les Conseils Régionaux, les Conseils Généraux parfois, des associations ont créé un ensemble impressionnant de structures et de guichets au milieu desquels je crains que les PME, PMI, voire les contribuables, ne se retrouvent pas toujours.
La tentation naturelle de l'État face à cette diversité est d'imposer un modèle unique valable partout.
Ma conviction est différente : elle part du principe que ce qui convient à une région ne convient pas nécessairement à une autre. Je partirai donc d'analyses de terrain pour alléger ici ou renforcer là les moyens offerts aux entreprises. Pour cette tâche, j'ai besoin de vous. Vous êtes en contact avec des dirigeants ou des salariés d'entreprises. Ils vous parlent de leurs difficultés. C'est avec eux et avec vous que nous pouvons apporter des solutions et remédier aux dysfonctionnements. Je veux être aussi, dans ce Gouvernement, le relais des préoccupations de nos décideurs économiques. Je sais, pour avoir moi-même été de plein pied plongé dans le monde économique ce que sont les réalités et les contraintes d'une entreprise.
Ne nous y trompons pas. L'arrivée de la gauche au pouvoir nous confère une responsabilité historique face à nos concitoyens. Il nous appartient, chers amis, d'inventer une nouvelle gauche qui soit en phase avec les attentes des Français, dans le domaine de l'éducation, de la santé, du développement économique , comme de la culture. Aussi bien en ville que dans les zones rurales où nous pouvons apporter une nouvelle espérance.
Dans mon esprit, notre groupe parlementaire, RCV -Radical, Citoyen, Vert- est une bonne base de départ qui regroupe des sensibilités différentes.
Loin d'être un handicap, cette diversité doit être le creuset d'une nouvelle identité pour la gauche moderne. Cette gauche-là doit porter en elle les germes d'une espérance forte, humaniste, qui soit fidèle aux engagements pris, avec le souci constant de l'intérêt du pays. Cette gauche-là sera en effet capable de relever les défis de la troisième révolution industrielle qui se déroule sous nos yeux.
Sa constitution devrait donc permettre d'affermir l'encrage à gauche de la majorité politique du pays, et de participer dans les meilleurs conditions aux arbitrages préélectoraux.
J'exhorte donc chacun d'entre vous à être porteur d'espérance. Je souhaite que vous soyez des interprètes, des partenaires et des relais. Et que mission soit confiée au Président du Parti, Jean-Michel Baylet, de poursuivre dans la voie du rassemblement de la gauche moderne qu'il a jusqu'ici si heureusement empruntée.
Rien ne serait plus terrible à mon sens pour un peuple, notre peuple, que de se sentir incompris. A nous d'écouter nos compatriotes, de les comprendre et d'expliquer notre démarche et les engagements que nous prenons.
Je suis persuadé qu'ensemble, nous pouvons réussir.
(source http://www.minefi.gouv.fr, le 20 août 2002)