Texte intégral
Merci infiniment Mary (Robinson, envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations unies) d'avoir eu la gentillesse d'être avec nous et bravo pour l'image de la responsabilité politique que tu donnes et merci à tous ceux qui se sont exprimés.
Il va y avoir cette réunion aux Nations unies, que l'on a appelée dans notre jargon le sommet de Ban (Ki-moon), car le Secrétaire général des Nations unis est très impliqué dans cette cause et c'est une excellente chose. Nous attendons de ce sommet qu'il y ait une prise de conscience générale aux niveaux politique, économique et de l'opinion publique. La France, par la voix du président de la République, apportera ses idées. Tout le monde sait que la COP21 aura lieu à Paris mais nous ne sommes pas encore en charge de ce dossier, car ce sont les Péruviens cette année et ils le font très bien. Il faudra que nous apportions ce que nous avons dit sans être arrogants.
Nous attendons beaucoup de cette réunion en septembre et tu as souligné, Mary, que l'une des difficultés ce sera le suivi de cette réunion. Je pense qu'un triangle entre nos amis péruviens, les Nations unies et nous pourrait faire vivre les choses. Si septembre est très important, la réunion de Lima au mois de décembre n'en est pas moins importante. Ce qui aura été avancé à Lima servira au succès de Paris en 2015.
L'une des raisons pour lesquelles le sommet de Copenhague a été un échec c'est que les choses ont été faites au dernier moment. À l'époque, on a cru que la présence des éminents responsables politiques permettrait de résoudre la question au dernier moment. Certes, ils se sont rencontrés et sont arrivés à quelque chose mais quand ils sont venus devant l'Assemblée générale avec leur motion, ce fut un refus. La préparation du sommet est très importante et nous devons en être les modestes artisans.
Point numéro deux, la France et l'Europe. Ségolène Royal, que je remercie beaucoup de son exposé très complet et de son action, a parfaitement défini le point de vue de la France. Si nous voulons faire passer un certain nombre d'idées pour ce sommet de Paris 2015, il faut que nous-mêmes soyons exemplaires. C'est ce qui est en train d'être fait. Ségolène, te connaissant, il faut que ton énergie soit aussi communiquée à l'Europe qui avance mais cela ne va pas aussi vite que nous le souhaiterions. Il y a un calendrier qui est très précis. Si, avant la fin de l'année, nous ne sommes pas capables de dire à quel niveau l'Europe a mis la barre, nous ne pourrons pas en imposer une à nos interlocuteurs. La France, à travers l'action que tu mènes, sera certainement au premier rang, en faisant attention aux équilibres, mais il faut que l'on arrive à communiquer notre énergie à l'Europe.
Troisième élément, quel type d'accord peut-on attendre de la COP 21 ? Il va falloir d'abord écouter, essayer de comprendre les positions des uns et des autres mais dans notre esprit, qui n'est pas encore formalisé, il est probable que nous arrivions à plusieurs choses dans une espèce d'alliance de Paris pour le climat. Il faut que nous obtenions un accord juridiquement contraignant. C'est l'objectif numéro un qui n'est pas facile. Après il y a les engagements des pays, puis toute la partie financière qui est essentielle comme le Fonds vert, le prix du carbone... Et, c'est nouveau et il faudra beaucoup de travail, il y a les engagements au niveau des communes, des régions, des entreprises... Je remercie et félicite M. Bruno Lafont, président de Lafarge, qui dans son secteur a obtenu un résultat remarquable avec une baisse des émissions de gaz à effet de serre.
Le sommet de Paris, ou plutôt du Bourget, réunira 50.000 personnes dont 25.000 délégués et il faut réussir. J'ai retenu ce que disait Nicolas Hulot : ce n'est pas une question pour après-demain. Ce n'est pas vrai et il ne faut pas que nous donnions le sentiment que c'est une affaire qui ne concerne que ceux qui vivront dans 50 ans. C'est vrai qu'il y a une dimension à long terme mais il y aussi une dimension immédiate et ce n'est pas la même chose pour les petites îles que pour les Français, même si en France nous ressentons les effets du dérèglement climatique. Ce n'est pas une affaire pour après-demain, c'est une affaire rapide, universelle et morale. C'est une affaire qui ne doit pas être présentée comme négative. Si nous laissons croire qu'aujourd'hui c'est difficile, demain ce sera pire et après-demain il vaut ne mieux pas en parler. Il faut positiver tout en étant lucides et en montrant que c'est une affaire décisive dès aujourd'hui, qui est moralement une exigence. De plus, cela peut être un outil de croissance qui pourrait créer des emplois, à condition qu'on le prenne de façon adéquate.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
On fait confiance à la diplomatie française pour permettre ce succès de Paris 2015. Pour convaincre les 198 pays de voter favorablement, il y a un réseau diplomatique - le troisième du monde - et il faudra, mais vous l'avez déjà fait, que vous preniez votre bâton de pèlerin pour aller expliquer aux autorités et aux opinions publiques que le Sommet de Paris doit aboutir à un succès. Vous allez, si ce vous ne l'êtes pas déjà, vous transformer en spécialiste de la question, et Ségolène Royal a eu raison de rappeler ce qu'étaient les gaz à effet de serre Quand il s'agira de convaincre un pays déjà convaincu cela sera assez facile. Mais pour nos ambassadeurs en Australie et au Canada le travail ne sera pas facile. C'est sur vos épaules que ce succès va largement reposer en nous aiguillant dans les négociations en prenant en compte les différents points de vue. C'est un travail passionnant. Je considère que dans le quinquennat diplomatique qui est le nôtre c'est certainement la tâche la plus importante que nous ayons à mener à bien.
Merci aux intervenants de nous avoir montré que l'on peut être à la fois compétents, passionnés et positifs.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 septembre 2014