Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur la situation en Irak, en Syrie et en Libye, à Tunis le 7 septembre 2014.

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Circonstance : Conférence "Investir en Tunisie/Start-up Democracy", à Tunis du 6 au 8 septembre 2014

Texte intégral

- Irak - Syrie -
(...)
Je ne peux pas ne pas dire un mot de ce qui se passe en Irak et en Syrie. Les groupes terroristes sont à chaque fois différents mais, en même temps, il y a malheureusement une inspiration commune et ce qui se passe en Irak, en Syrie, avec le développement et l'implantation du groupe «Daech», est évidemment extrêmement préoccupant. Je dis «Daech» parce que je considère comme une erreur d'appeler ce groupe : «État islamique». Ces deux mots constituent une double erreur. D'abord, parce qu'il ne s'agit pas d'un État : même si le mouvement «Daech » voudrait être un État, il n'en a absolument pas la légitimité et donc l'appeler ainsi, c'est lui accorder un crédit qu'il ne doit pas avoir. Il en est de même pour le terme «islamique» qui, en français, peut être perçu de façon extrêmement ambivalente. En fait, soyons plus clairs, il s'agit des assassins de «Daech».
Pour ma part, de même pour le président de la République, nous ne voulons pas donner à ces assassins un crédit qu'en aucun cas ils ne méritent. Vous me direz : «ce n'est pas une affaire de vocabulaire», bien sûr ce n'est pas une affaire de vocabulaire, mais quand on ne nomme pas comme il faut les choses, alors on commence peut-être à commettre une erreur. Nous étions avant-hier au Pays de Galles avec les membres de l'OTAN, et nous avons beaucoup discuté au sujet de «Daech». La veille, nous recevions à Paris des représentants de l'Arabie Saoudite. Et le président de la République et moi-même sommes en contact permanent avec les nouveaux responsables de l'Irak, au moment où doit être constitué un gouvernement inclusif qui intègre, nous le souhaitons, les différentes composantes de la société irakienne pour que ce soit le peuple irakien lui-même qui mène l'offensive avec notre soutien contre ces assassins de «Daech».
Par rapport à ces assassins, il n'y a pas d'autres objectifs possibles de la part de toutes celles et de tous ceux qui sont attachés à la liberté et à la démocratie, que de les neutraliser et de les abattre. C'est la détermination de la France. Et croyez-moi, lorsque nous entendons les populations musulmanes, puis l'ensemble des pays démocratiques, et finalement l'ensemble de la communauté internationale, se mobiliser à cette fin, nous pensons, et non seulement nous le pensons mais nous agissons dans ce sens, que c'est et que ce sera un des grands objectifs des mois qui viennent. Tout simplement parce que ces assassins ne menacent pas seulement les minorités là-bas en Irak ou en Syrie, mais l'ensemble de la région et finalement l'ensemble du monde. Car leur objectif, ils l'ont dit, est de supprimer toutes celles et tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Et par rapport à un tel objectif, à de telles méthodes, il n'y a pas d'autres attitudes possibles que la détermination. (...).
- Libye -
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J'ai dit «sécurité». C'est évidemment un point extrêmement important, qui est au centre de vos préoccupations, qui est au centre de nos préoccupations. Quand on regarde la situation de l'ensemble de la zone, et notamment ce qui se passe en Libye, et ce qui peut se passer aussi sur le sol tunisien, on comprend que la sécurité soit au tout premier rang des préoccupations du gouvernement. Je veux souligner à quel point la France est concrètement, j'insiste sur le mot «concrètement», aux côtés de la Tunisie pour cette question de la sécurité. Le président de la République, le Premier ministre et moi-même, dans chacune des réunions internationales, nous insistons sur cet aspect et en particulier sur les préoccupations, le mot est faible, que nous avons à l'égard de la Libye.
Il faut absolument qu'aussi bien les pays voisins que l'ensemble des pays du monde, attachés à la paix et à la stabilité, se préoccupent, et nous le faisons assurément, de la situation en Libye parce que dans l'anarchie qui malheureusement y règne, compte tenu des armes très nombreuses qui y sont implantées et des groupes terroristes qui y trouvent refuge, il n'est pas possible de laisser un territoire aussi important sans que tous les efforts soient faits pour ramener la stabilité. Et à partir du moment où cette stabilité aura été reconquise, évidemment cela ne pourra avoir que des conséquences positives sur la Tunisie elle-même. (...).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 septembre 2014