Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur l'aide de la communauté internationale en faveur de l'économie tunisienne, à Tunis le 8 septembre 2014.

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Circonstance : Conférence internationale "Investir en Tunisie – ‘Start up' démocratie", à Tunis du 6 au 8 septembre 2014

Texte intégral

Monsieur le chef du gouvernement Mehdi Jomâa,
Monsieur le Premier ministre Manuel Valls,
Messieurs les Premiers ministre,
Monsieur le Ministre Mongi Hamdi,
Monsieur le vice-président de la Commission européenne,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les représentants d'organisations internationales,
Mesdames et messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
La France a l'honneur de co-présider la Conférence de ce jour, fruit d'une collaboration menée tout au long des derniers mois. Il me tenait à cœur de voir la communauté internationale réunie autour de la Tunisie afin de concrétiser l'idée née lors de notre première rencontre, Monsieur le Ministre : mettre en évidence le soutien international au processus de transition politique et économique et créer un choc de confiance pour encourager la relance des investissements dans une Tunisie « start-up de la démocratie », pour reprendre la formule si juste de votre chef du gouvernement.
Démocratie, d'abord. La Tunisie a en 2011 ouvert une page révolutionnaire de son histoire en décidant de consacrer la souveraineté populaire. Les remous des lendemains postrévolutionnaires ont pu faire croire à certains, notamment en 2013, que le processus démocratique était en péril. Mais la Tunisie, par la force de sa société civile, par sa capacité au compromis et sa résilience, ainsi que grâce à son sens des responsabilités, a su contrer les présages funestes et poursuivre, à force de dialogue, le cap de la transition démocratique.
2014 est à n'en pas douter l'année charnière de la consolidation des acquis de 2011. Une Constitution consensuelle adoptée en janvier ouvre la voie à cette ère nouvelle. Dans les prochaines semaines, la souveraineté populaire s'exercera de nouveau, mais avec cette fois l'ambition de clore la transition politique et de se doter d'un gouvernement durable. Cet aboutissement sera aussi celui de ceux, responsables et citoyens, qui ont su conduire le destin de la jeune Tunisie démocratique ces dernières années.
La Tunisie est, dans cet arc incertain qui relie l'Atlantique à l'Asie centrale, une lumière d'espoir. Elle peut montrer, à l'encontre de tout fatalisme, que le projet commun des citoyens, celui de la démocratie et de la tolérance de toutes et tous, peut s'épanouir là où d'aucuns ne l'attendaient plus. Ainsi la Tunisie renoue avec son rôle historique de rayonnement civilisationnel.
« Start-up » ensuite, ou « jeune pousse » comme on pourrait le dire en français. Le cri d'appel des laissés-pour-compte de la Tunisie a été entendu et voix leur a été rendue dans la cité. Mais sans réponse rapide et durable aux attentes en matière d'emplois, d'accès aux services publics essentiels, en d'autres termes de développement économique et social, l'achèvement de la transition politique pourrait être mis en danger par les causes mêmes qui l'ont motivée. Car il n'est de sérénité politique et démocratique sans marche résolue vers la prospérité et le développement juste.
Quel projet d'avenir proposer à la jeunesse, richesse humaine de la Tunisie ? Quelle vision et quelles réformes pour renouveler la confiance entre la Tunisie et les investisseurs ? Quels grands projets pour structurer l'économie de demain ? Quels secteurs pour porter le renouveau de l'industrie tunisienne ? Ce sont ces questions que nous nous proposons de poser aujourd'hui. Ce sont des réponses que nous vous proposons de mettre en œuvre ensemble, acteurs publics et privés. Dès aujourd'hui, la Tunisie n'est plus seulement abordée sous l'angle de ses réussites récentes, mais sous celui de son potentiel d'avenir.
Pour toutes ces raisons, je souscris à l'idée d'une Tunisie « start-up ». Même s'il s'agit d'un vieux pays riche de son histoire, la Tunisie contemporaine a tous les atouts pour réussir : une population jeune et bien formée, un système politique démocratique en cours de stabilisation, mais surtout une volonté de créer les conditions d'un meilleur avenir pour les Tunisiens et les Tunisiennes.
Nous sommes réunis ici ce jour pour accompagner cette start-up, pour en quelque sorte valider le « business plan » qu'elle nous présente. Je souhaite que nos séances de travail nous permettent de définir les voies les plus constructives pour que la communauté internationale accompagne la Tunisie dans le passage de la transition politique à la transition économique.
Je vous remercie de votre présence et de votre mobilisation.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 septembre 2014