Texte intégral
Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Président de l'Institut français,
Cher Pierre Bergé,
Monsieur le Directeur général de la Fondation Bettencourt-Schuller,
Madame et Monsieur les Directeurs de la Villa Kujoyama que je viens de rencontrer et de saluer,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Après une année d'interruption de son programme de résidences pour permettre sa rénovation, la Villa Kujoyama, unique résidence d'artistes française en Asie, rouvrira bientôt ses portes. J'aurai le plaisir de l'inaugurer le 4 octobre prochain lors de ma visite au Japon.
Le Japon est un partenaire de premier plan pour la France. Parce qu'il est un grand pays démocratique, parce qu'il est, on l'oublie parfois, la troisième économie mondiale, parce qu'il est un des plus anciens amis de la France en Asie, parce que c'est un pays de grande culture, le président de la République a souhaité donner, insuffler à notre relation bilatérale une nouvelle dynamique et élever notre partenariat à un niveau exceptionnel. Cet élan s'est illustré notamment par la visite d'État au Japon du président Hollande en juin 2013 et par la visite en France du Premier ministre Abe en mai 2014.
La culture occupe une place tout à fait particulière dans cette relation. Je ne sais pas si on peut parler de «déclic» entre le Japon et la France, mais c'est au XIXème siècle qu'une richesse, une intensité nouvelle a pu être notée avec la fécondation mutuelle entre les peintres impressionnistes et les estampes japonaises. Depuis, nos échanges n'ont jamais cessé d'être stimulés par une curiosité et une admiration mutuelle entre deux civilisations qui se nourrissent l'une l'autre.
En 1924, Paul Claudel qui était notre ambassadeur et Aichi Shibusawa firent de la culture le socle de nos relations bilatérales en créant la Maison franco-japonaise dont nous célébrons cette année le 90ème anniversaire. Près de 250 manifestations artistiques organisées à cette occasion dans tout l'archipel témoignent de la vitalité de nos échanges.
Placée au cœur de ces célébrations, la Villa Kujoyama, symbole de notre diplomatie culturelle au Japon est un lieu historique, emblématique et qui est tout à fait unique.
Lieu historique : la Villa Kujoyama fut édifiée en 1991 sur le site de l'ancien Institut franco-japonais du Kansai, créé à l'initiative de Paul Claudel, alors ambassadeur de France au Japon. Son histoire illustre l'importance donnée de longue date aux échanges culturels dans les relations entre nos deux pays.
Lieu emblématique : elle a accueilli depuis sa création près de 300 résidents issus de toutes les disciplines.
C'est un lieu assurément unique et c'est l'une des raisons de cette unicité, il s'agit de la seule résidence française à l'étranger à être aujourd'hui administrée conjointement par un établissement de notre réseau culturel (l'Institut français du Japon) et notre opérateur pour l'action culturelle extérieure qui est l'Institut français, dont je tiens à saluer l'engagement du président, Xavier Darcos, auquel je donnerai la parole immédiatement après mon propos.
Après vingt années d'existence, des travaux de réhabilitation et une nouvelle gouvernance étaient nécessaires. Rénovée avec l'aide de Pierre Bergé, que je remercie vraiment chaleureusement, la Villa Kujoyama porte la tradition des échanges franco-japonais et se tourne vers l'avenir. Le mot d'ordre de cette nouvelle étape est l'ouverture.
Ouverture sur le Japon, c'est un duo franco-japonais qui a été nommé à la direction de l'établissement. Christian Merlhiot, au poste de directeur, et Sumiko Oé-Gottini, en tant que directrice du développement et des partenariats, auront la responsabilité d'œuvrer au rapprochement entre institutions françaises et japonaises et de multiplier les partenariats avec les milieux artistiques, scientifiques, universitaires et culturels.
Ils auront à cœur de faire de la Villa un outil essentiel de notre politique culturelle au Japon.
Pour la première fois, me semble-t-il, des créateurs japonais seront également accueillis en tandem avec un créateur français dans le cadre d'un nouveau programme intitulé «Kujoyama en duo».
Ouverture sur de nouvelles disciplines.
Si la Villa est appelée à poursuivre son programme d'excellence à destination des créateurs français dans tous les domaines - littérature, cinéma, arts visuels, musique, architecture, design, danse, théâtre -, son nouveau programme de résidence s'enrichit de nouvelles disciplines artistiques comme les arts numériques, les industries créatives porteuses d'influence économique, ou encore les métiers d'arts. Ces derniers représentent un point de rencontre privilégiée entre le Japon et la France, parce que nos deux pays attachent tous deux une attention particulière à la préservation et au développement de leurs savoir-faire ancestraux.
Ce projet qui est donc formidable n'aurait pas pu voir le jour sans l'aide de Pierre Bergé, que je remercie chaleureusement. Lorsque l'on fait appel à toi pour de bonnes causes, ce n'est jamais un mal.
De même, je tiens à saluer l'engagement de la Fondation Bettencourt-Schueller, qui assurera le financement des deux nouveaux programmes de résidence pour une durée de trois ans.
Je termine en soulignant l'importance que cette Maison attache à la création artistique et à la mobilité des artistes. Via notre opérateur, l'Institut français, et au moyen de nombreux dispositifs mis en place dans le monde, ce sont chaque année plus d'une centaine d'artistes - c'est un nombre considérable - qui développent un projet de création. En offrant aux créateurs de talent, déjà renommés ou en devenir, un lieu qui puisse enrichir leur créativité, la Villa Kujoyama illustre notre désir de placer les artistes au cœur de notre diplomatie culturelle.
Lorsque l'on parle de cette Maison maintenant, on a uniquement à la bouche la diplomatie économique et c'est très heureux que l'on en parle puisque je l'ai portée, mais c'est un peu lacunaire. Pour ma part, je ne sépare pas la diplomatie économique de la diplomatie culturelle, scientifique ou de la diplomatie stratégique. Tout cela représente une série de facettes qui composent l'influence française. Autant il serait impossible d'avoir une diplomatie vivante et rayonnante s'il n'y avait pas une force économique, autant la tradition de la France serait totalement perdue et pervertie s'il n'y avait pas une diplomatie culturelle fleurissante. Et c'est cela qu'incarne ce qui était hier un projet et aujourd'hui, grâce à la générosité et à l'engagement de ceux qui sont là, une réalité.
Aux vingt-trois lauréats de la promotion 2014, je souhaite l'épanouissement de leur créativité sous les cieux japonais, et j'invite chacun d'entre eux à investir pleinement ce nouvel espace de rencontre, et pour citer Michel Serres, à devenir, je le cite car il a toujours le mot juste et la formule percutante, «des échangeurs vivants et des bouquets de sens».
Président Darcos, l'Institut français est étroitement associé au renouveau de la Villa Kujoyama. Aussi, je vous invite avec plaisir à prendre la parole.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 septembre 2014