Texte intégral
Je suis extrêmement heureux de vous accueillir Madame la Vice-Premier-ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président Mérieux, Président du comité des mécènes du 50e anniversaire,
Madame et Monsieur les Secrétaires généraux du dialogue de haut niveau franco-chinois sur les échanges humains,
Chers Amis Chinois et Français,
Madame la vice-Premier ministre,
Je veux tout d'abord vous remercier chaleureusement pour votre venue en France à l'occasion de cette première session du dialogue de haut niveau franco-chinois sur les échanges humains dont je suis heureux d'assurer à vos côtés la présidence.
La mise en place de ce dialogue a été décidée par le président chinois et par le président français lors de la visite d'État du président Xi Jinping en mars 2014. Je me souviens fort bien que c'est dans cette salle que le président Xi avait prononcé son allocution extrêmement importante.
Les deux présidents ont souhaité manifester tout le prix qu'ils attachent à cet exercice par un échange de messages à l'occasion de cette première session. Cela témoigne de la volonté de nos deux pays, portés au plus haut niveau, de bâtir ensemble un avenir commun, en multipliant les canaux d'échanges entre nos deux peuples.
Je veux remercier également, mais vous venez de le faire par vos applaudissements les artistes pour cette ouverture musicale absolument magnifique qui témoigne non seulement de l'amitié entre nos deux peuples, mais aussi de la richesse de nos cultures et de nos traditions artistiques.
C'est la première session du dialogue sur les échanges humains et nous le disions avec mon homologue, les échanges humains, c'est à la fois la base de tout et le but de tout. C'est pourquoi la création de ce dialogue est si importante.
Cette première session intervient en plein coeur des commémorations du cinquantième anniversaire de nos relations diplomatiques.
C'est pour moi l'occasion de rendre hommage à ceux qui ont eu cette idée visionnaire, il y a 50 ans maintenant, de l'établissement des relations diplomatiques : le président Mao et le général de Gaulle ; de rendre hommage à ceux qui ont rendu possible ce cinquantenaire extrêmement brillant dans les deux pays ; et, s'agissant de la France, de rendre un hommage particulier - sa modestie en souffrira mais ce ne sera que pour un instant - à Alain Mérieux qui a tant fait, comme président du comité des mécènes et à beaucoup d'autres titres, à la fois pour les relations franco-chinoises et pour le succès éclatant de ces commémorations. Merci beaucoup à vous, Cher Alain Mérieux.
Je suis heureux de voir parmi nous aujourd'hui des acteurs extrêmement nombreux et variés de notre relation. Chacun, chacune, dans votre domaine, vous illustrez un partenariat unique par sa richesse et par son dynamisme.
Nous sommes particulièrement touchés d'accueillir de jeunes étudiants chinois et français au Quai d'Orsay. Nous comptons sur elles et sur eux pour être, durant toute leur vie, les ambassadeurs de l'amitié franco-chinoise.
Nous allons maintenant avoir le plaisir d'écouter les deux secrétaires généraux de ce dialogue, Mme Anne-Marie Descôtes, directrice générale de la mondialisation, du développement et des partenariats de cette Maison et M. Hao Ping, vice-ministre chinois de l'éducation, qui ont préparé cette rencontre avec enthousiasme, avec énergie pour nous présenter les résultats extrêmement appréciables de leur travail.
Je m'efface maintenant devant ceux qui ont travaillé, c'est à vous deux que je demande de venir prendre ma place, Monsieur Hao Ping d'abord, et de nous dire la substantifique moelle. Merci.
Madame la vice-Premier ministre (Mme Liu Yandong) ;
Mesdames et Messieurs les Ministres ;
Mesdames et Messieurs les Parlementaires ;
Madame et Monsieur les Secrétaires généraux du dialogue de haut niveau franco-chinois sur les échanges humains (Mme Anne-Marie Descôtes et M. Hao Ping) ;
Mesdames et Messieurs, Chers Amis chinois et français ;
Tout d'abord, permettez-moi de vous dire le plaisir que j'ai d'accueillir aujourd'hui la première session du dialogue de haut niveau sur les échanges humains.
Pour les raisons que j'ai dites tout à l'heure, les échanges humains étant à la fois la base de tout et l'objectif de tous, nous sommes, Madame la vice-Premier ministre et moi-même extrêmement attentifs à cette dimension majeure du partenariat franco-chinois.
À vrai dire, les échanges fructueux dans ces domaines ont lieu depuis très longtemps. La qualité exceptionnelle du partenariat franco-chinois a été mise en valeur par la visite d'État très réussie du président Xi Jinping en mars 2014, est le résultat d'une longue amitié.
Nos échanges n'ont jamais cessé depuis que le roi Louis XIV a dépêché, au XVIIème siècle, des jésuites français à la cour de l'empereur Kangxi. Ces deux grands monarques, dont les dates de règne coïncident presque exactement, ont inauguré une ère de découverte mutuelle et de coopération magnifiquement illustrées par l'exposition en cours au Château de Versailles, si vous avez un instant de libre, courez-y, «La Chine à Versailles, art et diplomatie au XVIIIe siècle». Au fil des années et des décennies, les jésuites de la mission française de Pékin ont établi des liens fructueux avec les lettrés-savants chinois qui ont permis une fertilisation croisée de nos deux civilisations.
Ce qui est important à retenir, c'est que dès l'origine, notre relation a ainsi été marquée par la place donnée aux échanges intellectuels et à ce que l'on appellerait aujourd'hui, le mot n'était pas exactement le même à l'époque, la coopération scientifique et technologique.
Aujourd'hui encore, l'innovation technologique et le débat d'idées demeurent deux traits dominants des grandes nations et des grandes civilisations qui sont les nôtres.
Un second trait, apparu au XVIIIème siècle, reste d'actualité : l'inscription de notre relation dans une vision universaliste. C'est l'un des traits qui, lorsque nous discutons avec les autorités chinoises est toujours extrêmement présent.
En France, le Siècle des Lumières a été fasciné par la Chine. Les débats entre philosophes en témoignent tout comme le goût de ce que l'on appelait alors «chinoiseries» qui étaient largement répandues. Ce mouvement des Lumières a suscité en retour l'engouement des lettrés chinois pour la culture française au tournant du XXème siècle.
Je veux aussi rappeler un épisode important du début du XXème siècle : la venue de nombreux jeunes Chinois, étudiants et ouvriers. Certains sont restés en France et ont été à l'origine de ce qui allait devenir la première communauté chinoise d'Europe. D'autres sont rentrés pour contribuer au redressement et à la modernisation et à vrai dire à la révolution de la Chine mais ils ont porté la France dans leur coeur. Je sais, Madame la vice-Premier ministre, que vous vous rendrez demain à Montargis pour rendre hommage à l'un des plus prestigieux d'entre eux, Deng Xiaoping. Mais, en étant à Lyon, vous avez certainement eu connaissance non seulement de sa venue, mais de la venue d'autres grands personnages qui ont marqué l'Histoire chinoise et d'ailleurs l'Histoire tout court.
Tous ces jeunes Chinois ont posé les fondements d'une amitié solide entre nos deux peuples.
Il y a cinquante ans, la France du général de Gaulle (dont j'ai dans mon bureau, un portrait magnifique dessiné par le fameux artiste Fan Zeng. Parfois un certain nombre de mes visiteurs lorsqu'ils entrent dans mon bureau et qu'ils voient ce portrait au premier plan sont un peu surpris. Est-ce parce que c'est un portrait d'un Chinois, est-ce parce que c'est le portrait du général de Gaulle, en tout cas, je leur dis à ce double titre, c'est naturel qu'il soit là.
Le général de Gaulle donc fut le premier grand dirigeant d'un grand pays du monde occidental à établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine. Cette décision visionnaire a donné son caractère unique à la relation franco-chinoise aujourd'hui enrichie par les multiples échanges humains. Ce qui fait la force de notre partenariat ne l'oublions jamais, ce sont d'abord les dizaines de milliers d'étudiants chinois en France et français en Chine, les centaines de milliers de Français d'origine chinoise, les milliers de chefs d'entreprise chinois et français qui s'engagent ensemble dans des aventures industrielles.
Les centaines d'artistes chinois et français engagés dans des collaborations au long cours, les millions de touristes chinois et français qui s'engagent dans une découverte réciproque, nous sommes assez fiers les uns et les autres que cette année, le nombre des visas délivrés à des Chinois pour venir en France ait augmenté de 62 %.
En bref, tout le bouillonnement né de la rencontre de deux grandes civilisations, de deux sociétés civiles dynamiques et tournées vers l'avenir.
Les commémorations du cinquantenaire, que nous avons lancées ici-même au début de cette année, illustrent (avec éclat) cet élan, tant par le nombre de manifestations organisées en France comme en Chine - plus de 800 - que par leur succès populaire. Je pense en particulier à l'exposition consacrée à Claude Monet à Shanghai, qui a accueilli plus de 350.000 visiteurs, ou à celle des «Dix chefs-d'oeuvre de la peinture française», inaugurée au Musée national de Chine en avril et qui a depuis rejoint Macao. Quant à l'exposition «Splendeurs des Han, essor de l'empire Céleste», qui ouvrira bientôt à Paris, au Musée Guimet, je ne doute pas qu'elle suscite auprès du public, français mais aussi étranger, un vif intérêt. J'espère qu'elle sera aussi l'occasion pour de nombreux Chinois de découvrir un des plus beaux musées du monde consacrés à l'Asie.
Au-delà des grandes expositions, les commémorations sont aussi l'occasion de présenter des spectacles innovants. Je pense en particulier à la présentation en octobre prochain à Pékin, j'y assisterai et j'espère qu'une très haute autorité chinoise ouvrira les yeux du Cheval-Dragon, spectacle de la compagnie nantaise La Machine qui, à n'en pas douter, sera magnifique et populaire.
Si nous avons voulu que ce cinquantenaire soit réussi et il l'est, nous avions à l'esprit que ce ne soit pas un aboutissement mais plutôt une manière d'ouvrir de nouvelles voies de coopération entre nos deux peuples. C'est l'objet du dialogue de haut niveau qui nous réunit aujourd'hui.
Il doit nous permettre de consolider, par nos échanges culturels au sens large, une meilleure reconnaissance de l'autre. Comme l'a rappelé le président Xi Jinping en mars ici même : «L'affinité culturelle est un atout particulier de la relation franco-chinoise». Et c'est vrai, nous sommes les uns et les autres les héritières de civilisations multimillénaires, le creuset d'identités culturelles fortes et nous y tenons, ancrées dans des territoires, un art de vivre, une langue, une certaine conception qui n'est pas partagée par tous de la place de la culture dans la société, mais aussi et c'est un point très important, toujours se voulant ouvertes sur le monde.
La connaissance de l'autre passe d'abord par l'apprentissage de la langue du partenaire. Le Français n'est pas si facile, le Chinois non plus. Mais, mais j'ai pour habitude de dire à des Français qui redoutent d'apprendre le Chinois, avec un trait d'esprit d'ailleurs assez galvaudé : il y a quand même de nombreux Chinois qui ont réussi à parler le chinois. Donc, il est probable que si nous commençons tôt, il n'y ait pas de raison pour ne pas y parvenir. Et l'inverse est vrai, y compris pour l'accord des participes passé.
Aujourd'hui, 50.000 jeunes Français apprennent le chinois et plus de 100.000 Chinois étudient la langue française. Nous nous mobilisons en France pour répondre à la demande croissante d'apprentissage du chinois. Vous m'avez fait, Madame le Premier ministre des suggestions fortes intéressantes. Le français, ouvre non seulement sur la France mais aussi le monde francophone qui comprendra d'ici quelques décennies probablement 800 millions de locuteurs français ; Nous savons par ailleurs que la Chine s'intéresse beaucoup avec raison à l'Afrique. C'est dans ce contexte porteur que le développement des sections internationales de français en Chine et de chinois en France apparait comme une priorité commune des deux gouvernements. Le futur lycée français de Pékin, dont je poserai bientôt la première pierre, devra aussi jouer un rôle de pont entre nos jeunesses.
Un autre vecteur de compréhension mutuelle qui mérite une attention particulière est le cinéma. Nous en avons longuement parlé avec Mme Liu et nous nous sommes accordés pour renforcer la coopération cinématographique. Celle-ci s'illustre d'ores et déjà par la co-production de films dont nous tirons une grande fierté, comme «Voyage en Chine» de Zoltan Mayer, qui sortira en salles en 2015, ou «Le Totem du Loup» de Jean-Jacques Annaud, qui a par ailleurs récemment signé avec la Chine un accord de coproduction pour deux autres films. D'autres films, je le sais sont en préparation. Nos deux cinématographies apportent une remarquable contribution à la diversité culturelle. Pour promouvoir cette diversité, il nous faut faire des efforts en faveur de leur diffusion et de leur visibilité dans nos deux pays. Actuellement, pour des raisons réglementaires, il y a quelques entraves et je disais en plaisantant à mon homologue que nous pourrions faire un concours amical de bureaucratie entre nos deux pays et je ne sais pas qui gagnerait. Nous sommes tous deux résolus et nos gouvernements avec nous à simplifier tout cela, à ouvrir tout cela pour que les films chinois soient largement diffusés en France et que les films français puissent être distribués largement en Chine.
Je souhaite que nous puissions enrichir l'offre cinématographique réciproque.
La France se réjouit, par ailleurs, de donner à voir sur son territoire de nombreuses chaînes de télévision chinoises. Nous souhaitons, toujours dans un esprit de réciprocité qui caractérise notre relation, que le partenariat que nous engageons aujourd'hui permette une plus large diffusion des chaines de télévision françaises et francophones en Chine, notamment France 24 et TV5 Monde qui fourmillent de projets pour et avec la Chine.
Et puis, il ne faut pas oublier, parmi les domaines d'excellence et d'intérêt commun le sport qui est un lieu de partage et de transmission de valeurs, et qui, dans notre monde moderne fait échos auprès de toutes les populations et singulièrement des jeunes.
Nous souhaitons encourager les échanges sportifs à tous les niveaux : jeunes espoirs, sportifs confirmés, entraineurs, cadres techniques, experts, et tout simplement, comme moi-même spectateur notamment dans les disciplines populaires dans nos deux pays, comme le tennis de table et le football. Je me réjouis en particulier du rapprochement entre nos deux fédérations de sport universitaire sur le thème du football. Et je souhaite que la France, pays organisateur de l'Euro 2016, grand événement car je crois que c'est le troisième plus grand événement sportif à travers le monde par le nombre de ses spectateurs, je souhaite que nous puissions accueillir, à cette occasion, de nombreux touristes chinois qui, à défaut d'être supporters d'équipes engagés dans le tournoi, sont passionnés de football et dont j'espère qu'en finale, ils supporteront la France.
Ce dialogue doit nous aider à faciliter les déplacements, que ce soit pour de courts ou longs séjours, entre nos deux pays. La France accueille aujourd'hui 35.000 étudiants chinois, qui forment la première communauté étudiante étrangère ; 8.000 jeunes français étudient en Chine. Nous pouvons et devons faire beaucoup mieux.
Nous avons fixé l'objectif de 50.000 étudiants chinois accueillis en France et 10.000 étudiants français en Chine mais il n'est pas interdit de dépasser ces chiffres. Des projets de partenariats ambitieux viennent nourrir cette ambition, comme la constitution de l'Institut franco-chinois entre Aix-Marseille Université et l'Université de technologie de Wuhan, qui pourrait mener à terme à la création d'une université franco-chinoise. La création envisagée d'un label de qualité franco-chinois pourrait permettre de valoriser les nombreuses coopérations bilatérales d'excellence. Mais nous avons parlé, Madame la ministre, de ce que nous pourrions éventuellement faire pour le bac.
Si la croissance du nombre d'étudiants est la plus spectaculaire, les artistes, scientifiques, ingénieurs et hommes d'affaires chinois sont aussi de plus en plus nombreux à séjourner en France plusieurs années. Nous souhaitons qu'ils s'y sentent chez eux. Ce sont eux qui, avec les 50.000 Français installés en Chine, construisent la relation franco-chinoise au quotidien. C'est en leur assurant de bonnes conditions de vie dans notre pays que nous atteindrons notre objectif de de faire de la France la destination privilégiée des investissements chinois en Europe.
Enfin, nous sommes très attentifs aux touristes. On m'a moqué parfois, il y a de cela quelques mois, au moment même où le tourisme entrait dans les compétences de ce ministère parce que je m'étais rendu à Roissy très tôt le matin et que j'avais notamment accueilli des touristes chinois. Non seulement on avait tort de se moquer, mais on avait tort de ne pas soutenir ce que nous devons faire et ce que nous sommes en train de faire maintenant. Il est légitime, compte tenu de la qualité de nos relations et du nombre de Chinois qui viennent et qui viendront en France qu'ils soient accueillis, c'est un message que j'ai passé au président d'ADP, par une grande banderole qui dise bienvenue.
Mais, comme tous les Chinois ne sont pas agrégés de l'université, il est envisageable et envisagé, et cela sera fait dans les semaines qui viennent que la même bienvenue soit dite en caractère chinois. On peut d'ailleurs à l'occasion le dire en anglais et en espagnol et pourquoi pas dans d'autres langues.
En tout cas, il faut que la première expérience soit une expérience positive. En 2013, nous avons eu un million 700.000 Chinois qui ont visité notre pays. Je sais qu'en pourcentage c'est peu pour vous, mais en pourcentage et en valeur absolue, c'est beaucoup pour nous. Cela faisait 23 % de plus qu'en 2013. Mais nous devons et nous allons faire beaucoup plus et beaucoup mieux. C'est pourquoi le gouvernement français a fixé l'objectif d'accueillir 5 millions de visiteurs chinois dans l'avenir proche et nous le dépasserons.
Vous le disiez, vous-même, Madame, aujourd'hui, il y a je crois 150 millions de personnes originaire de Chine qui voyagent dans le monde mais vous citiez pour les années qui viennent 500 millions. Ces chiffres doivent tout de même résonner à notre esprit et il faut que nous soyons en situation de très bien les accueillir.
L'objectif essentiel de notre dialogue de haut niveau me semble devoir être de fluidifier ces échanges et trouver des solutions concrètes quand existent encore des obstacles.
Faciliter les échanges cela veut d'abord dire proposer des offres attractives. C'est tout particulièrement vrai pour les étudiants. C'est pourquoi un effort particulier est fait pour proposer aux étudiants chinois une mobilité d'excellence en France, orientée vers les niveaux master et doctorat. C'est aussi dans cet esprit que j'insiste pour qu'une plus grande attention soit portée à la formation des jeunes chinois à des métiers qui seront de plus en plus important dans notre société, dans notre économie, comme le tourisme, l'hôtellerie-restauration ou l'oenologie, où la France dispose d'une expertise unique au monde.
Se pose aussi la question des procédures, de visa notamment. Pendant des années, ces procédures ont, il faut le reconnaître, constitué un obstacle à la venue de nos amis chinois en France. Les procédures ont été considérablement simplifiées et facilitées, au point que, depuis le 27 janvier 2014, nos consulats en Chine délivrent, comme je m'y étais engagé, les visas en 48 heures maximum. Il reste encore beaucoup à faire toutefois, en France comme en Chine. Je pense en particulier nous en avons parlé à la question des visas pour des jeunes diplômés. De gros efforts ont été faits côté français pour permettre aux jeunes diplômés chinois d'avoir une première expérience professionnelle en France et c'est excellent. Il faut que nous trouvions des solutions homologues du côté chinois. Nous avons besoin, là comme ailleurs de développer les échanges.
L'accueil, enfin, est décisif. Accueil des étudiants notamment, je me réjouis à cet égard des progrès de la réflexion sur le projet de Maison de la Chine à la Cité internationale universitaire de Paris. Accueil des touristes. J'ai parlé de la signalétique, mais je parlerais aussi de l'amélioration des liaisons RER entre Paris et l'aéroport Charles de Gaulle, c'est la raison pour laquelle le gouvernement a décidé maintenant d'entamer la réalisation de ce que l'on appelle le «Charles de Gaulle express» Et il faut être très concret dans ces matières, pas seulement pour nos amis chinois mais pour tous ceux qui viendront désormais à Paris : la création au 1er janvier 2015 à la fois d'un couloir particulier pour ne pas perdre son temps dans les encombrements et - je suis encore plus concret - d'un forfait taxi entre l'aéroport et le centre-ville qui permettra de savoir exactement combien cela coûte et de ne pas être pénalisé. Le gouvernement français accorde également la plus grande importance à la sécurité des ressortissants chinois sur son sol. Et, en liaison avec le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, nous avons pris des dispositions qui s'avèrent déjà efficaces. Mais tout cela doit être encore renforcé, et c'est notre intention et c'est notre choix.
Je souhaiterais aborder, avant de conclure, un dernier domaine de coopération particulièrement riche : les échanges scientifiques. Notre dialogue doit veiller à maintenir cette dynamique dans tous les domaines et à les renforcer particulièrement dans le domaine de la santé.
Je sais, Madame, que la consolidation du système de santé publique est une priorité du gouvernement chinois. La France et la Chine nourrissent de longue date, pour certains hôpitaux depuis un siècle, une coopération portant sur la formation des élites médicales chinoises, en particulier au travers des quatre filières de formation médicales francophones de Shanghai, Kunming, Chongqing et Wuhan, qui ont formé plusieurs milliers de médecins chinois. Et il est extrêmement émouvant, lorsque nous nous rendons en Chine, d'entendre ces médecins, qui sont parfois de très grands professeurs, faire référence à leur formation franco-chinoise. Cette coopération associe aussi depuis longtemps les entreprises françaises, qui sont désormais regroupées en Chine au sein d'un club santé, avec l'appui du fédérateur de la famille «santé», M. David Sourdive.
Deux enjeux en particulier - mais il y en a beaucoup d'autres - ouvrent des perspectives fructueuses de coopération. L'un touche à la question du vieillissement parce que la population chinoise, par son nombre et par son vieillissement qui est un fait, rend nécessaire toute une série d'efforts. L'ouverture au premier semestre 2015 d'une maison spécialisée franco-chinoise à Nanjing et le travail en cours sur un projet pilote de services médicalisés aux personnes âgées à domicile, sur lequel travaillent les équipes françaises et chinoises, constituent quelques-unes parmi beaucoup d'autres réalisations emblématiques qui vont avoir lieu dans ce secteur.
L'autre enjeu très important, dont la progression de l'épidémie d'Ebola vient nous en rappeler dramatiquement l'actualité, c'est la lutte contre les maladies infectieuses et émergentes. C'est un domaine où existent plusieurs coopérations importantes depuis la signature de l'accord intergouvernemental franco-chinois de 2004. Nous célébrons cette année le dixième anniversaire de l'Institut Pasteur de Shanghai qui, déjà fort de 23 équipes de recherche et de 250 personnes, vise un effectif de 400 collaborateurs à brève échéance. Dans quelques mois sera inauguré un laboratoire de haute sécurité biologique à Wuhan, premier laboratoire chinois de ce niveau, fruit d'une étroite collaboration entre des équipes françaises et chinoises. Les experts français et chinois de la surveillance et de la lutte contre l'épidémie d'Ebola ont eu récemment des échanges nourris et ont décidé de travailler davantage ensemble contre ce virus. Je pense que c'est très important à la fois par l'ampleur bien sûr de l'épidémie et par le fait qu'il s'agit de l'Afrique. La France est l'amie de l'Afrique. La Chine est de plus en plus présente en Afrique. Et le fait que les Français et les Chinois apportent un soutien à l'Afrique et de la santé du monde est un élément absolument essentiel. C'est sur cette base que j'ai proposé à Mme la vice-Premier ministre de faire du partenariat dans la lutte contre les maladies infectieuses, y compris pour agir vis-à-vis de pays tiers, un axe désormais structurant de la coopération franco-chinoise.
Je veux enfin souligner combien nos collectivités territoriales contribuent activement à renforcer les liens humains entre nos deux pays. Je me réjouis à cet égard de la tenue prochaine des quatrièmes rencontres de la coopération décentralisée franco-chinoise, qui auront lieu à Strasbourg les 6 et 7 novembre 2014. Cette forme de coopération permet d'associer pleinement les populations et de travailler très concrètement sur des projets qui relient le local et l'universel. C'est notamment le cas du projet d'éco-cité franco-chinoise de Wuhan porté par ma représentante spéciale pour la Chine, Mme Martine Aubry. Cette réalisation améliorera très concrètement la vie quotidienne des habitants de Wuhan et, au-delà, par son caractère pilote, de nombreuses mégalopoles chinoises et probablement à travers le monde. Il sera aussi une contribution importante à la lutte contre le dérèglement climatique, qui est aujourd'hui le plus grave défi auquel l'humanité doit faire face. Il se trouve que Paris accueillera en décembre 2015 la conférence mondiale contre le dérèglement climatique. Et la Chine et la France ont décidé de préparer cette importante échéance ensemble.
Afin de concrétiser ce dialogue, nous allons bientôt procéder à la signature d'une déclaration conjointe, qui sera la feuille de route des prochains mois. Seront aussi signés plusieurs accords sectoriels, qui montrent à quel point - et je remercie les équipes - un travail fructueux de préparation a été fait et qui sont autant d'étapes nouvelles dans notre relation d'une grande intensité. Et je disais en souriant à Mme la vice-Premier ministre, que si elle le souhaitait, nous pouvions très bien lui installer un bureau au Quai d'Orsay de la même façon que moi-même, qui en suis à ma huitième visite en Chine depuis que je suis là, dispose quasiment d'un bureau auprès du ministère de mon collègue et ami Wong.
Nous avons décidé avec Mme Liu Yandong de poursuivre ce dialogue sur une base annuelle. Je remercie Mme Liu pour son invitation à tenir le dialogue en Chine en 2015 et donne rendez-vous à beaucoup d'entre vous l'année prochaine. Je me réjouis de l'accord intervenu pour compléter notre agenda qui est déjà très riche lors de la prochaine session avec trois nouveaux sujets : les questions consulaires liées aux échanges humains puisqu'il faut qu'un certain nombre de procédures soient améliorées ; la jeunesse, et je salue la présence de jeunes français des sections internationales de chinois et aussi de jeunes étudiants chinois boursiers ; et un domaine sur lequel j'ai concédé que personnellement je partais un certain retard par rapport à mon homologue : les droits des femmes, sujet auquel nous accordons une grande importance. Et pour essayer de rattraper mon retard, nous voulons faire de notre dialogue un dialogue exemplaire dans ce domaine, puisque, si l'on veut que les choses avancent, il faut qu'elles soient faites sur une base de parité. Et, donc, nous aurons à la tête de ce dialogue, une femme et un homme. Et je suis sûr que nous agirons dans la même direction pour que la parité soit parfaite au sein de la présidence et de la coordination générale de ce dialogue Vous pourrez d'ailleurs constater la parité parfaite au sein de la présidence et de la coordination générale de ce dialogue !
Madame la Vice-Premier ministre, Mesdames, Messieurs ce que j'ai voulu dire en quelques paroles, trop longues, trop courtes, c'est ce que nous célébrons aujourd'hui, ce n'est pas un aboutissement, c'est la promesse de beaucoup de réalisations dans le futur. Rien n'est plus important que des échanges humains. Et, parmi toutes les tâches qui nous sont confiées à vous comme à moi, je sais pour vous comme pour moi, la présidence de ce dialogue sera une des tâches les plus importantes. Merci beaucoup.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 septembre 2014
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président Mérieux, Président du comité des mécènes du 50e anniversaire,
Madame et Monsieur les Secrétaires généraux du dialogue de haut niveau franco-chinois sur les échanges humains,
Chers Amis Chinois et Français,
Madame la vice-Premier ministre,
Je veux tout d'abord vous remercier chaleureusement pour votre venue en France à l'occasion de cette première session du dialogue de haut niveau franco-chinois sur les échanges humains dont je suis heureux d'assurer à vos côtés la présidence.
La mise en place de ce dialogue a été décidée par le président chinois et par le président français lors de la visite d'État du président Xi Jinping en mars 2014. Je me souviens fort bien que c'est dans cette salle que le président Xi avait prononcé son allocution extrêmement importante.
Les deux présidents ont souhaité manifester tout le prix qu'ils attachent à cet exercice par un échange de messages à l'occasion de cette première session. Cela témoigne de la volonté de nos deux pays, portés au plus haut niveau, de bâtir ensemble un avenir commun, en multipliant les canaux d'échanges entre nos deux peuples.
Je veux remercier également, mais vous venez de le faire par vos applaudissements les artistes pour cette ouverture musicale absolument magnifique qui témoigne non seulement de l'amitié entre nos deux peuples, mais aussi de la richesse de nos cultures et de nos traditions artistiques.
C'est la première session du dialogue sur les échanges humains et nous le disions avec mon homologue, les échanges humains, c'est à la fois la base de tout et le but de tout. C'est pourquoi la création de ce dialogue est si importante.
Cette première session intervient en plein coeur des commémorations du cinquantième anniversaire de nos relations diplomatiques.
C'est pour moi l'occasion de rendre hommage à ceux qui ont eu cette idée visionnaire, il y a 50 ans maintenant, de l'établissement des relations diplomatiques : le président Mao et le général de Gaulle ; de rendre hommage à ceux qui ont rendu possible ce cinquantenaire extrêmement brillant dans les deux pays ; et, s'agissant de la France, de rendre un hommage particulier - sa modestie en souffrira mais ce ne sera que pour un instant - à Alain Mérieux qui a tant fait, comme président du comité des mécènes et à beaucoup d'autres titres, à la fois pour les relations franco-chinoises et pour le succès éclatant de ces commémorations. Merci beaucoup à vous, Cher Alain Mérieux.
Je suis heureux de voir parmi nous aujourd'hui des acteurs extrêmement nombreux et variés de notre relation. Chacun, chacune, dans votre domaine, vous illustrez un partenariat unique par sa richesse et par son dynamisme.
Nous sommes particulièrement touchés d'accueillir de jeunes étudiants chinois et français au Quai d'Orsay. Nous comptons sur elles et sur eux pour être, durant toute leur vie, les ambassadeurs de l'amitié franco-chinoise.
Nous allons maintenant avoir le plaisir d'écouter les deux secrétaires généraux de ce dialogue, Mme Anne-Marie Descôtes, directrice générale de la mondialisation, du développement et des partenariats de cette Maison et M. Hao Ping, vice-ministre chinois de l'éducation, qui ont préparé cette rencontre avec enthousiasme, avec énergie pour nous présenter les résultats extrêmement appréciables de leur travail.
Je m'efface maintenant devant ceux qui ont travaillé, c'est à vous deux que je demande de venir prendre ma place, Monsieur Hao Ping d'abord, et de nous dire la substantifique moelle. Merci.
Madame la vice-Premier ministre (Mme Liu Yandong) ;
Mesdames et Messieurs les Ministres ;
Mesdames et Messieurs les Parlementaires ;
Madame et Monsieur les Secrétaires généraux du dialogue de haut niveau franco-chinois sur les échanges humains (Mme Anne-Marie Descôtes et M. Hao Ping) ;
Mesdames et Messieurs, Chers Amis chinois et français ;
Tout d'abord, permettez-moi de vous dire le plaisir que j'ai d'accueillir aujourd'hui la première session du dialogue de haut niveau sur les échanges humains.
Pour les raisons que j'ai dites tout à l'heure, les échanges humains étant à la fois la base de tout et l'objectif de tous, nous sommes, Madame la vice-Premier ministre et moi-même extrêmement attentifs à cette dimension majeure du partenariat franco-chinois.
À vrai dire, les échanges fructueux dans ces domaines ont lieu depuis très longtemps. La qualité exceptionnelle du partenariat franco-chinois a été mise en valeur par la visite d'État très réussie du président Xi Jinping en mars 2014, est le résultat d'une longue amitié.
Nos échanges n'ont jamais cessé depuis que le roi Louis XIV a dépêché, au XVIIème siècle, des jésuites français à la cour de l'empereur Kangxi. Ces deux grands monarques, dont les dates de règne coïncident presque exactement, ont inauguré une ère de découverte mutuelle et de coopération magnifiquement illustrées par l'exposition en cours au Château de Versailles, si vous avez un instant de libre, courez-y, «La Chine à Versailles, art et diplomatie au XVIIIe siècle». Au fil des années et des décennies, les jésuites de la mission française de Pékin ont établi des liens fructueux avec les lettrés-savants chinois qui ont permis une fertilisation croisée de nos deux civilisations.
Ce qui est important à retenir, c'est que dès l'origine, notre relation a ainsi été marquée par la place donnée aux échanges intellectuels et à ce que l'on appellerait aujourd'hui, le mot n'était pas exactement le même à l'époque, la coopération scientifique et technologique.
Aujourd'hui encore, l'innovation technologique et le débat d'idées demeurent deux traits dominants des grandes nations et des grandes civilisations qui sont les nôtres.
Un second trait, apparu au XVIIIème siècle, reste d'actualité : l'inscription de notre relation dans une vision universaliste. C'est l'un des traits qui, lorsque nous discutons avec les autorités chinoises est toujours extrêmement présent.
En France, le Siècle des Lumières a été fasciné par la Chine. Les débats entre philosophes en témoignent tout comme le goût de ce que l'on appelait alors «chinoiseries» qui étaient largement répandues. Ce mouvement des Lumières a suscité en retour l'engouement des lettrés chinois pour la culture française au tournant du XXème siècle.
Je veux aussi rappeler un épisode important du début du XXème siècle : la venue de nombreux jeunes Chinois, étudiants et ouvriers. Certains sont restés en France et ont été à l'origine de ce qui allait devenir la première communauté chinoise d'Europe. D'autres sont rentrés pour contribuer au redressement et à la modernisation et à vrai dire à la révolution de la Chine mais ils ont porté la France dans leur coeur. Je sais, Madame la vice-Premier ministre, que vous vous rendrez demain à Montargis pour rendre hommage à l'un des plus prestigieux d'entre eux, Deng Xiaoping. Mais, en étant à Lyon, vous avez certainement eu connaissance non seulement de sa venue, mais de la venue d'autres grands personnages qui ont marqué l'Histoire chinoise et d'ailleurs l'Histoire tout court.
Tous ces jeunes Chinois ont posé les fondements d'une amitié solide entre nos deux peuples.
Il y a cinquante ans, la France du général de Gaulle (dont j'ai dans mon bureau, un portrait magnifique dessiné par le fameux artiste Fan Zeng. Parfois un certain nombre de mes visiteurs lorsqu'ils entrent dans mon bureau et qu'ils voient ce portrait au premier plan sont un peu surpris. Est-ce parce que c'est un portrait d'un Chinois, est-ce parce que c'est le portrait du général de Gaulle, en tout cas, je leur dis à ce double titre, c'est naturel qu'il soit là.
Le général de Gaulle donc fut le premier grand dirigeant d'un grand pays du monde occidental à établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine. Cette décision visionnaire a donné son caractère unique à la relation franco-chinoise aujourd'hui enrichie par les multiples échanges humains. Ce qui fait la force de notre partenariat ne l'oublions jamais, ce sont d'abord les dizaines de milliers d'étudiants chinois en France et français en Chine, les centaines de milliers de Français d'origine chinoise, les milliers de chefs d'entreprise chinois et français qui s'engagent ensemble dans des aventures industrielles.
Les centaines d'artistes chinois et français engagés dans des collaborations au long cours, les millions de touristes chinois et français qui s'engagent dans une découverte réciproque, nous sommes assez fiers les uns et les autres que cette année, le nombre des visas délivrés à des Chinois pour venir en France ait augmenté de 62 %.
En bref, tout le bouillonnement né de la rencontre de deux grandes civilisations, de deux sociétés civiles dynamiques et tournées vers l'avenir.
Les commémorations du cinquantenaire, que nous avons lancées ici-même au début de cette année, illustrent (avec éclat) cet élan, tant par le nombre de manifestations organisées en France comme en Chine - plus de 800 - que par leur succès populaire. Je pense en particulier à l'exposition consacrée à Claude Monet à Shanghai, qui a accueilli plus de 350.000 visiteurs, ou à celle des «Dix chefs-d'oeuvre de la peinture française», inaugurée au Musée national de Chine en avril et qui a depuis rejoint Macao. Quant à l'exposition «Splendeurs des Han, essor de l'empire Céleste», qui ouvrira bientôt à Paris, au Musée Guimet, je ne doute pas qu'elle suscite auprès du public, français mais aussi étranger, un vif intérêt. J'espère qu'elle sera aussi l'occasion pour de nombreux Chinois de découvrir un des plus beaux musées du monde consacrés à l'Asie.
Au-delà des grandes expositions, les commémorations sont aussi l'occasion de présenter des spectacles innovants. Je pense en particulier à la présentation en octobre prochain à Pékin, j'y assisterai et j'espère qu'une très haute autorité chinoise ouvrira les yeux du Cheval-Dragon, spectacle de la compagnie nantaise La Machine qui, à n'en pas douter, sera magnifique et populaire.
Si nous avons voulu que ce cinquantenaire soit réussi et il l'est, nous avions à l'esprit que ce ne soit pas un aboutissement mais plutôt une manière d'ouvrir de nouvelles voies de coopération entre nos deux peuples. C'est l'objet du dialogue de haut niveau qui nous réunit aujourd'hui.
Il doit nous permettre de consolider, par nos échanges culturels au sens large, une meilleure reconnaissance de l'autre. Comme l'a rappelé le président Xi Jinping en mars ici même : «L'affinité culturelle est un atout particulier de la relation franco-chinoise». Et c'est vrai, nous sommes les uns et les autres les héritières de civilisations multimillénaires, le creuset d'identités culturelles fortes et nous y tenons, ancrées dans des territoires, un art de vivre, une langue, une certaine conception qui n'est pas partagée par tous de la place de la culture dans la société, mais aussi et c'est un point très important, toujours se voulant ouvertes sur le monde.
La connaissance de l'autre passe d'abord par l'apprentissage de la langue du partenaire. Le Français n'est pas si facile, le Chinois non plus. Mais, mais j'ai pour habitude de dire à des Français qui redoutent d'apprendre le Chinois, avec un trait d'esprit d'ailleurs assez galvaudé : il y a quand même de nombreux Chinois qui ont réussi à parler le chinois. Donc, il est probable que si nous commençons tôt, il n'y ait pas de raison pour ne pas y parvenir. Et l'inverse est vrai, y compris pour l'accord des participes passé.
Aujourd'hui, 50.000 jeunes Français apprennent le chinois et plus de 100.000 Chinois étudient la langue française. Nous nous mobilisons en France pour répondre à la demande croissante d'apprentissage du chinois. Vous m'avez fait, Madame le Premier ministre des suggestions fortes intéressantes. Le français, ouvre non seulement sur la France mais aussi le monde francophone qui comprendra d'ici quelques décennies probablement 800 millions de locuteurs français ; Nous savons par ailleurs que la Chine s'intéresse beaucoup avec raison à l'Afrique. C'est dans ce contexte porteur que le développement des sections internationales de français en Chine et de chinois en France apparait comme une priorité commune des deux gouvernements. Le futur lycée français de Pékin, dont je poserai bientôt la première pierre, devra aussi jouer un rôle de pont entre nos jeunesses.
Un autre vecteur de compréhension mutuelle qui mérite une attention particulière est le cinéma. Nous en avons longuement parlé avec Mme Liu et nous nous sommes accordés pour renforcer la coopération cinématographique. Celle-ci s'illustre d'ores et déjà par la co-production de films dont nous tirons une grande fierté, comme «Voyage en Chine» de Zoltan Mayer, qui sortira en salles en 2015, ou «Le Totem du Loup» de Jean-Jacques Annaud, qui a par ailleurs récemment signé avec la Chine un accord de coproduction pour deux autres films. D'autres films, je le sais sont en préparation. Nos deux cinématographies apportent une remarquable contribution à la diversité culturelle. Pour promouvoir cette diversité, il nous faut faire des efforts en faveur de leur diffusion et de leur visibilité dans nos deux pays. Actuellement, pour des raisons réglementaires, il y a quelques entraves et je disais en plaisantant à mon homologue que nous pourrions faire un concours amical de bureaucratie entre nos deux pays et je ne sais pas qui gagnerait. Nous sommes tous deux résolus et nos gouvernements avec nous à simplifier tout cela, à ouvrir tout cela pour que les films chinois soient largement diffusés en France et que les films français puissent être distribués largement en Chine.
Je souhaite que nous puissions enrichir l'offre cinématographique réciproque.
La France se réjouit, par ailleurs, de donner à voir sur son territoire de nombreuses chaînes de télévision chinoises. Nous souhaitons, toujours dans un esprit de réciprocité qui caractérise notre relation, que le partenariat que nous engageons aujourd'hui permette une plus large diffusion des chaines de télévision françaises et francophones en Chine, notamment France 24 et TV5 Monde qui fourmillent de projets pour et avec la Chine.
Et puis, il ne faut pas oublier, parmi les domaines d'excellence et d'intérêt commun le sport qui est un lieu de partage et de transmission de valeurs, et qui, dans notre monde moderne fait échos auprès de toutes les populations et singulièrement des jeunes.
Nous souhaitons encourager les échanges sportifs à tous les niveaux : jeunes espoirs, sportifs confirmés, entraineurs, cadres techniques, experts, et tout simplement, comme moi-même spectateur notamment dans les disciplines populaires dans nos deux pays, comme le tennis de table et le football. Je me réjouis en particulier du rapprochement entre nos deux fédérations de sport universitaire sur le thème du football. Et je souhaite que la France, pays organisateur de l'Euro 2016, grand événement car je crois que c'est le troisième plus grand événement sportif à travers le monde par le nombre de ses spectateurs, je souhaite que nous puissions accueillir, à cette occasion, de nombreux touristes chinois qui, à défaut d'être supporters d'équipes engagés dans le tournoi, sont passionnés de football et dont j'espère qu'en finale, ils supporteront la France.
Ce dialogue doit nous aider à faciliter les déplacements, que ce soit pour de courts ou longs séjours, entre nos deux pays. La France accueille aujourd'hui 35.000 étudiants chinois, qui forment la première communauté étudiante étrangère ; 8.000 jeunes français étudient en Chine. Nous pouvons et devons faire beaucoup mieux.
Nous avons fixé l'objectif de 50.000 étudiants chinois accueillis en France et 10.000 étudiants français en Chine mais il n'est pas interdit de dépasser ces chiffres. Des projets de partenariats ambitieux viennent nourrir cette ambition, comme la constitution de l'Institut franco-chinois entre Aix-Marseille Université et l'Université de technologie de Wuhan, qui pourrait mener à terme à la création d'une université franco-chinoise. La création envisagée d'un label de qualité franco-chinois pourrait permettre de valoriser les nombreuses coopérations bilatérales d'excellence. Mais nous avons parlé, Madame la ministre, de ce que nous pourrions éventuellement faire pour le bac.
Si la croissance du nombre d'étudiants est la plus spectaculaire, les artistes, scientifiques, ingénieurs et hommes d'affaires chinois sont aussi de plus en plus nombreux à séjourner en France plusieurs années. Nous souhaitons qu'ils s'y sentent chez eux. Ce sont eux qui, avec les 50.000 Français installés en Chine, construisent la relation franco-chinoise au quotidien. C'est en leur assurant de bonnes conditions de vie dans notre pays que nous atteindrons notre objectif de de faire de la France la destination privilégiée des investissements chinois en Europe.
Enfin, nous sommes très attentifs aux touristes. On m'a moqué parfois, il y a de cela quelques mois, au moment même où le tourisme entrait dans les compétences de ce ministère parce que je m'étais rendu à Roissy très tôt le matin et que j'avais notamment accueilli des touristes chinois. Non seulement on avait tort de se moquer, mais on avait tort de ne pas soutenir ce que nous devons faire et ce que nous sommes en train de faire maintenant. Il est légitime, compte tenu de la qualité de nos relations et du nombre de Chinois qui viennent et qui viendront en France qu'ils soient accueillis, c'est un message que j'ai passé au président d'ADP, par une grande banderole qui dise bienvenue.
Mais, comme tous les Chinois ne sont pas agrégés de l'université, il est envisageable et envisagé, et cela sera fait dans les semaines qui viennent que la même bienvenue soit dite en caractère chinois. On peut d'ailleurs à l'occasion le dire en anglais et en espagnol et pourquoi pas dans d'autres langues.
En tout cas, il faut que la première expérience soit une expérience positive. En 2013, nous avons eu un million 700.000 Chinois qui ont visité notre pays. Je sais qu'en pourcentage c'est peu pour vous, mais en pourcentage et en valeur absolue, c'est beaucoup pour nous. Cela faisait 23 % de plus qu'en 2013. Mais nous devons et nous allons faire beaucoup plus et beaucoup mieux. C'est pourquoi le gouvernement français a fixé l'objectif d'accueillir 5 millions de visiteurs chinois dans l'avenir proche et nous le dépasserons.
Vous le disiez, vous-même, Madame, aujourd'hui, il y a je crois 150 millions de personnes originaire de Chine qui voyagent dans le monde mais vous citiez pour les années qui viennent 500 millions. Ces chiffres doivent tout de même résonner à notre esprit et il faut que nous soyons en situation de très bien les accueillir.
L'objectif essentiel de notre dialogue de haut niveau me semble devoir être de fluidifier ces échanges et trouver des solutions concrètes quand existent encore des obstacles.
Faciliter les échanges cela veut d'abord dire proposer des offres attractives. C'est tout particulièrement vrai pour les étudiants. C'est pourquoi un effort particulier est fait pour proposer aux étudiants chinois une mobilité d'excellence en France, orientée vers les niveaux master et doctorat. C'est aussi dans cet esprit que j'insiste pour qu'une plus grande attention soit portée à la formation des jeunes chinois à des métiers qui seront de plus en plus important dans notre société, dans notre économie, comme le tourisme, l'hôtellerie-restauration ou l'oenologie, où la France dispose d'une expertise unique au monde.
Se pose aussi la question des procédures, de visa notamment. Pendant des années, ces procédures ont, il faut le reconnaître, constitué un obstacle à la venue de nos amis chinois en France. Les procédures ont été considérablement simplifiées et facilitées, au point que, depuis le 27 janvier 2014, nos consulats en Chine délivrent, comme je m'y étais engagé, les visas en 48 heures maximum. Il reste encore beaucoup à faire toutefois, en France comme en Chine. Je pense en particulier nous en avons parlé à la question des visas pour des jeunes diplômés. De gros efforts ont été faits côté français pour permettre aux jeunes diplômés chinois d'avoir une première expérience professionnelle en France et c'est excellent. Il faut que nous trouvions des solutions homologues du côté chinois. Nous avons besoin, là comme ailleurs de développer les échanges.
L'accueil, enfin, est décisif. Accueil des étudiants notamment, je me réjouis à cet égard des progrès de la réflexion sur le projet de Maison de la Chine à la Cité internationale universitaire de Paris. Accueil des touristes. J'ai parlé de la signalétique, mais je parlerais aussi de l'amélioration des liaisons RER entre Paris et l'aéroport Charles de Gaulle, c'est la raison pour laquelle le gouvernement a décidé maintenant d'entamer la réalisation de ce que l'on appelle le «Charles de Gaulle express» Et il faut être très concret dans ces matières, pas seulement pour nos amis chinois mais pour tous ceux qui viendront désormais à Paris : la création au 1er janvier 2015 à la fois d'un couloir particulier pour ne pas perdre son temps dans les encombrements et - je suis encore plus concret - d'un forfait taxi entre l'aéroport et le centre-ville qui permettra de savoir exactement combien cela coûte et de ne pas être pénalisé. Le gouvernement français accorde également la plus grande importance à la sécurité des ressortissants chinois sur son sol. Et, en liaison avec le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, nous avons pris des dispositions qui s'avèrent déjà efficaces. Mais tout cela doit être encore renforcé, et c'est notre intention et c'est notre choix.
Je souhaiterais aborder, avant de conclure, un dernier domaine de coopération particulièrement riche : les échanges scientifiques. Notre dialogue doit veiller à maintenir cette dynamique dans tous les domaines et à les renforcer particulièrement dans le domaine de la santé.
Je sais, Madame, que la consolidation du système de santé publique est une priorité du gouvernement chinois. La France et la Chine nourrissent de longue date, pour certains hôpitaux depuis un siècle, une coopération portant sur la formation des élites médicales chinoises, en particulier au travers des quatre filières de formation médicales francophones de Shanghai, Kunming, Chongqing et Wuhan, qui ont formé plusieurs milliers de médecins chinois. Et il est extrêmement émouvant, lorsque nous nous rendons en Chine, d'entendre ces médecins, qui sont parfois de très grands professeurs, faire référence à leur formation franco-chinoise. Cette coopération associe aussi depuis longtemps les entreprises françaises, qui sont désormais regroupées en Chine au sein d'un club santé, avec l'appui du fédérateur de la famille «santé», M. David Sourdive.
Deux enjeux en particulier - mais il y en a beaucoup d'autres - ouvrent des perspectives fructueuses de coopération. L'un touche à la question du vieillissement parce que la population chinoise, par son nombre et par son vieillissement qui est un fait, rend nécessaire toute une série d'efforts. L'ouverture au premier semestre 2015 d'une maison spécialisée franco-chinoise à Nanjing et le travail en cours sur un projet pilote de services médicalisés aux personnes âgées à domicile, sur lequel travaillent les équipes françaises et chinoises, constituent quelques-unes parmi beaucoup d'autres réalisations emblématiques qui vont avoir lieu dans ce secteur.
L'autre enjeu très important, dont la progression de l'épidémie d'Ebola vient nous en rappeler dramatiquement l'actualité, c'est la lutte contre les maladies infectieuses et émergentes. C'est un domaine où existent plusieurs coopérations importantes depuis la signature de l'accord intergouvernemental franco-chinois de 2004. Nous célébrons cette année le dixième anniversaire de l'Institut Pasteur de Shanghai qui, déjà fort de 23 équipes de recherche et de 250 personnes, vise un effectif de 400 collaborateurs à brève échéance. Dans quelques mois sera inauguré un laboratoire de haute sécurité biologique à Wuhan, premier laboratoire chinois de ce niveau, fruit d'une étroite collaboration entre des équipes françaises et chinoises. Les experts français et chinois de la surveillance et de la lutte contre l'épidémie d'Ebola ont eu récemment des échanges nourris et ont décidé de travailler davantage ensemble contre ce virus. Je pense que c'est très important à la fois par l'ampleur bien sûr de l'épidémie et par le fait qu'il s'agit de l'Afrique. La France est l'amie de l'Afrique. La Chine est de plus en plus présente en Afrique. Et le fait que les Français et les Chinois apportent un soutien à l'Afrique et de la santé du monde est un élément absolument essentiel. C'est sur cette base que j'ai proposé à Mme la vice-Premier ministre de faire du partenariat dans la lutte contre les maladies infectieuses, y compris pour agir vis-à-vis de pays tiers, un axe désormais structurant de la coopération franco-chinoise.
Je veux enfin souligner combien nos collectivités territoriales contribuent activement à renforcer les liens humains entre nos deux pays. Je me réjouis à cet égard de la tenue prochaine des quatrièmes rencontres de la coopération décentralisée franco-chinoise, qui auront lieu à Strasbourg les 6 et 7 novembre 2014. Cette forme de coopération permet d'associer pleinement les populations et de travailler très concrètement sur des projets qui relient le local et l'universel. C'est notamment le cas du projet d'éco-cité franco-chinoise de Wuhan porté par ma représentante spéciale pour la Chine, Mme Martine Aubry. Cette réalisation améliorera très concrètement la vie quotidienne des habitants de Wuhan et, au-delà, par son caractère pilote, de nombreuses mégalopoles chinoises et probablement à travers le monde. Il sera aussi une contribution importante à la lutte contre le dérèglement climatique, qui est aujourd'hui le plus grave défi auquel l'humanité doit faire face. Il se trouve que Paris accueillera en décembre 2015 la conférence mondiale contre le dérèglement climatique. Et la Chine et la France ont décidé de préparer cette importante échéance ensemble.
Afin de concrétiser ce dialogue, nous allons bientôt procéder à la signature d'une déclaration conjointe, qui sera la feuille de route des prochains mois. Seront aussi signés plusieurs accords sectoriels, qui montrent à quel point - et je remercie les équipes - un travail fructueux de préparation a été fait et qui sont autant d'étapes nouvelles dans notre relation d'une grande intensité. Et je disais en souriant à Mme la vice-Premier ministre, que si elle le souhaitait, nous pouvions très bien lui installer un bureau au Quai d'Orsay de la même façon que moi-même, qui en suis à ma huitième visite en Chine depuis que je suis là, dispose quasiment d'un bureau auprès du ministère de mon collègue et ami Wong.
Nous avons décidé avec Mme Liu Yandong de poursuivre ce dialogue sur une base annuelle. Je remercie Mme Liu pour son invitation à tenir le dialogue en Chine en 2015 et donne rendez-vous à beaucoup d'entre vous l'année prochaine. Je me réjouis de l'accord intervenu pour compléter notre agenda qui est déjà très riche lors de la prochaine session avec trois nouveaux sujets : les questions consulaires liées aux échanges humains puisqu'il faut qu'un certain nombre de procédures soient améliorées ; la jeunesse, et je salue la présence de jeunes français des sections internationales de chinois et aussi de jeunes étudiants chinois boursiers ; et un domaine sur lequel j'ai concédé que personnellement je partais un certain retard par rapport à mon homologue : les droits des femmes, sujet auquel nous accordons une grande importance. Et pour essayer de rattraper mon retard, nous voulons faire de notre dialogue un dialogue exemplaire dans ce domaine, puisque, si l'on veut que les choses avancent, il faut qu'elles soient faites sur une base de parité. Et, donc, nous aurons à la tête de ce dialogue, une femme et un homme. Et je suis sûr que nous agirons dans la même direction pour que la parité soit parfaite au sein de la présidence et de la coordination générale de ce dialogue Vous pourrez d'ailleurs constater la parité parfaite au sein de la présidence et de la coordination générale de ce dialogue !
Madame la Vice-Premier ministre, Mesdames, Messieurs ce que j'ai voulu dire en quelques paroles, trop longues, trop courtes, c'est ce que nous célébrons aujourd'hui, ce n'est pas un aboutissement, c'est la promesse de beaucoup de réalisations dans le futur. Rien n'est plus important que des échanges humains. Et, parmi toutes les tâches qui nous sont confiées à vous comme à moi, je sais pour vous comme pour moi, la présidence de ce dialogue sera une des tâches les plus importantes. Merci beaucoup.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 septembre 2014