Texte intégral
THOMAS SOTTO
L'interview politique d'EUROPE 1, Jean-Pierre ELKABBACH, vous recevez ce matin, pour sa première interview, le nouveau ministre de l'Economie, Emmanuel MACRON. Messieurs, c'est vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Enfin vous voilà, la génération qui permet de parler sans langue de bois, bienvenu pour votre première. Emmanuel MACRON, bonjour.
EMMANUEL MACRON
Bonjour Jean-Pierre ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
24 voix de majorité, c'est mieux qu'une seule voix, mais c'est une majorité, je ne dis pas riquiqui mais fragile. Est-ce que vous êtes désormais, vous tous, en capacité de gouverner ?
EMMANUEL MACRON
Eh bien la réponse a été donnée hier. On peut débattre très longuement sur le nombre de voix, la réponse a été donnée, donc il n'y a pas d'autre choix qu'avancer. Ce qui importe, ce ne sont pas les commentaires sur les résultats de la veille, c'est ce qu'on veut faire aujourd'hui et demain, c'est la seule chose qui m'intéresse.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et qu'est-ce que vous voulez faire aujourd'hui et demain ? Il y a des projets ? Et est-ce que le président qui va s'adresser demain aux Français à travers la presse, a ou pourra réformer, présider et même prendre des initiatives, dans ce climat ?
EMMANUEL MACRON
Mais il n'y a pas d'autre choix. Ce climat, dont vous parlez, d'où vient-il ? D'abord parce que la France est malade, elle n'est pas bien, enfin je veux dire il faut nommer la situation dans laquelle on vit. Il y a une fièvre depuis plusieurs années dans ce pays, qui s'appelle le chômage de masse, on n'arrive pas encore à le régler, on s'y attèle, mais donc ce pays souffre, et à côté de ça il y a une crise politique. Alors, elle se nourrit sans doute de la crise économique, mais on le voit bien, il y a cette instabilité, ces commentaires permanents, ceux qui appellent à la crise institutionnelle. Mais qu'est-ce qu'il propose. Moi je ne l'ai pas vu, je ne l'ai pas entendu hier au Parlement, je ne l'ai pas entendu davantage ce matin à la radio. Donc il n'y a pas d'autre choix qu'avancer, agir, pour réformer l'économie et essayer d'aller plus loin.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous n'avez rien entendu hier par exemple, quand Christian JACOB vous a avertis : « Si le sort du gouvernement était entre les mains des Français, aujourd'hui vous seriez tous chez vous, et vos jours sont comptés ».
EMMANUEL MACRON
Je crois qu'il y a des institutions dans ce pays. Il y a un président de la République, qui a été élu par le peuple, et il a ce suffrage. Il y a une majorité qui a été élue par le peuple, qui a ce suffrage. On peut en redébattre tous les jours. La difficulté du moment, l'impopularité qui est la nôtre, il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt, c'est une impopularité qui est due à quoi ? Au manque de résultats. Pourquoi on manque de résultats ? Parce que sans doute on n'a pas été assez fort et assez loin les deux premières années, parce qu'on n'a pas réformé et parce qu'on paie cash, si je puis dire, une décennie perdue. Donc aujourd'hui nous n'avons pas d'autre choix qu'agir, continuer la réforme, pour le quotidien des Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce que la réforme c'est les résultats à terme ?
EMMANUEL MACRON
La réforme, c'est les résultats demain.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est ce que vous promettez.
EMMANUEL MACRON
Ce sont les résultats très vite. Moi je pense que l'on ne reconstituera les bases d'une vraie action politique, qu'avec des résultats.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Emmanuel MACRON, et qu'est-ce que vous dites aux frondeurs, lâcheurs, qui se sont arrêtés à l'abstention avec un votus interruptus et qui sont en train de proposer ou la 6ème ou la 4ème République ? Qu'est- ce que vous leur dites ?
EMMANUEL MACRON
D'abord, les parlementaires, qu'ils soient de droite ou de gauche, qui ne soutiennent pas, il faut les respecter. Ensuite, j'attends de voir ce qu'ils proposent d'autre. Je ne l'ai pas entendu. Si c'est plus de déficits publics, si c'est plus de dépenses, cette recette a été essayée depuis 20 ans, ça ne rend pas les gens davantage heureux, et d'ailleurs, je dois dire, elle a été très bien essayée entre 2007 et 2012, et elle explique une bonne partie de notre situation. Donc, aujourd'hui, ils ne proposent rien d'autre. Mais, l'abstention, dans la situation qu'ont vit, c'est presque voter contre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a 21 jours, le 26 août, où étiez-vous, Emmanuel MACRON, quand vous avez appris votre nomination à Bercy ?
EMMANUEL MACRON
J'étais en famille, en vacances, dans le Pas-de-Calais.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce que vous faisiez ?
EMMANUEL MACRON
Vous voulez tout savoir ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. Oui oui oui.
EMMANUEL MACRON
Je faisais du vélo avec ma famille, dans le Pas-de-Calais, au Touquet, voyez.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous avez pris la nomination comme ça.
EMMANUEL MACRON
Je ne l'ai pas pris comme ça, j'ai été appelé, j'ai réfléchi en famille, le temps qu'il faut, et j'ai accepté cette proposition qui m'a été faite.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez eu droit tout de suite à une avalanche d'éloges, et même de critiques, on dit financier, philosophe, musicien, banquier d'affaires. Ce matin, qui est devant nous ?
EMMANUEL MACRON
Eh bien, les commentaires sur moi, je n'ai pas en plus à les commenter, donc c'est ça, ça m'importe peu, il y en a des élogieux, il y en a des blessants, qu'importe. A la rigueur, surtout ceux qui sont blessants ou désobligeants, me donnent encore plus d'énergie. Ce que je suis aujourd'hui, je suis juste quelqu'un à qui on a confié la tâche d'être ministre de l'Economie de ce pays, j'ai envie de faire ça, j'ai envie d'aider à avancer, d'agir et réformer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais qui est MACRON pour MACRON lui-même ?
EMMANUEL MACRON
Oh, écoutez, ne m'obligez pas à ce narcissisme qui n'intéresse pas les Français. Moi, ce que je veux, c'est bouger les choses, essayer d'ouvrir des fenêtres là où il en manque, de donner une énergie aux gens et de les mobiliser. Je voudrais que ça se réconcilie et qu'on puisse avancer ensemble.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ouvrir, vous dites ouvrir.
EMMANUEL MACRON
Déverrouiller.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Déverrouiller, débloquer, c'est ça ?
EMMANUEL MACRON
C'est l'objectif de la loi qu'on m'a confiée et c'est ça que je fais.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous arrivez en pleine tourmente, comme vous l'avez dit, on vous a peu vu et peu entendu, est-ce qu'il y a une méthode MACRON ?
EMMANUEL MACRON
Je ne sais pas s'il y a une méthode qui m'est propre, d'abord j'essaie d'être pragmatique, c'est-à-dire que je veux répondre aux problèmes qui se posent dans l'économie et pour les Français au quotidien, on y reviendra, ils sont nombreux. Moi je n'ai pas la réponse à tout, si on l'avait d'ailleurs ça se serait vu, et donc je pense qu'il faut beaucoup écouter et concerter. C'est ce que je compte faire là aussi sur chacun des sujets qui m'est donné. Et après je pense qu'il faut être transparent sur les informations qu'on a, sur ce que l'on veut faire. Je pense qu'il faut être clair, il faut dire ce que l'on fait et ce que l'on ne fait pas, très vite, et ensuite il faut trancher.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous vouliez réformer, est-ce que le MACRON qui est face aux réalités, peut être réformiste dans le climat d'aujourd'hui ?
EMMANUEL MACRON
Mais il n'y a pas le choix. Si on ne bouge pas, on échouera parce que, est-ce que vous trouvez que les Français au quotidien se sentent bien ? Est-ce que vous trouvez que les patrons de PME, les artisans
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais c'est vous qui gouvernez
EMMANUEL MACRON
se sentent bien ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais c'est vous qui gouvernez.
EMMANUEL MACRON
Non, mais je vous dis.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Rendez-les bien.
EMMANUEL MACRON
C'est précisément ça, donc on n'a pas d'autre choix que de faire cette série de petites réformes. Il n'y a pas je voudrais lever une ambigüité, il n'y a pas une grande réforme qu'il faudrait faire dans ce pays, et qui va tout résoudre, il n'y en a pas. Il y a une série de petites réformes, de petits déblocages, qu'il faut qu'on puisse conduire pour les aider au quotidien et leur redonner l'énergie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors on nous annonçait une loi pour stimuler la croissance, où est-elle ?
EMMANUEL MACRON
C'est précisément la loi que je suis en train de préparer, elle sera avant la fin d'année soumise au Conseil des ministres, et au Parlement en début d'année prochaine, ce sera une vraie loi, donc soumise à un débat. Qu'est-ce que c'est l'objectif de cette loi ? C'est de créer de l'activité dans ce pays. On parle d'emploi, de chômage de masse, il faut créer de l'activité partout où c'est possible. Et donc c'est une série de petits déverrouillages, sur plein de sujets, qui relèvent du travail, du quotidien, des règlementations.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce n'est pas du bricolage, ça ?
EMMANUEL MACRON
Ce n'est pas du bricolage. Là, encore une fois
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est, avec de petites choses, on arrive à de grands gains.
EMMANUEL MACRON
Complètement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
De grands résultats, c'est ça ?
EMMANUEL MACRON
On ne fera rien qui ne soit perceptible par les gens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On va prendre des exemples. Vos prédécesseurs voulaient rendre 6 milliards d'euros de pouvoir d'achat en mettant fin au monopole et aux rentes de professions réglementées, il y en a 37 ou même davantage. Est-ce que vous ferez la réforme ?
EMMANUEL MACRON
Alors, les professions réglementées, c'est un tout petit bout de cette réforme, pour l'activité de cette loi pour la croissance. On ne va pas résoudre le problème des Français en sacrifiant les notaires ou les pharmaciens, il ne faut pas raconter d'histoires. Ensuite, je ne vais pas dire qu'on rendra similaire du pouvoir d'achat aux Français, ça n'est pas vrai, c'est une illusion. Par contre, si réforme il y a, elle se fera avec ces professions. C'est des professions qui n'ont pas bougé depuis des décennies. Il ne faut pas le faire contre eux. La sécurité juridique, la sécurité sanitaire, le maillage de territoires, doivent être préservés, mais on peut créer de l'activité, redonner du pouvoir d'achat, redonner un petit peu d'oxygène à cette économie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Créer des emplois peut-être.
EMMANUEL MACRON
Et créer des emplois, en révisant certains tarifs. Je veux dire, le tarif des notaires, il n'est pas revu depuis 1978, me dit-on, j'avais un an, ça doit pas être un bon système.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui.
EMMANUEL MACRON
Aujourd'hui, vous avez des soyons très concrets. Le permis de conduire, aujourd'hui, dans ce pays, il coûte en moyenne 10 500 . Il faut attendre plusieurs mois, parfois plusieurs années avant de pouvoir le passer. Dans les sociétés qui nous sont données, sur les dossiers que j'ai, il y a la société GAD, vous savez, cet abattoir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui oui.
EMMANUEL MACRON
Il y a dans cette société, une majorité de femmes, il y en a qui sont, pour beaucoup illettrées, pour beaucoup on leur explique : vous n'avez plus d'avenir à GAD ou aux alentours. Allez travailler à 50 ou 60 km, ces gens-là n'ont pas le permis de conduire, on va leur dire quoi ? Il faut payer 1 500 , il faut attendre un an ? Voilà, ça ce sont des réformes du quotidien, et ça ce sont des réformes qui créent de la mobilité et de l'activité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans une demi- heure vous allez recevoir les huissiers qui sont en colère, cet après -midi les notaires vont manifester, vous ne leur dites pas « vous êtes intouchables » mais vous changerez les choses, si on vous écoute bien, avec eux.
EMMANUEL MACRON
Complètement. Je leur dis : en aucun cas vous êtes intouchable, et je leur dis, notre objectif n'est pas de casser votre profession, ça n'aurait pas de sens, mais notre objectif c'est avec vous, d'aider à moderniser et faciliter les choses dans cette économie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il n'y aura pas d'impôts nouveaux, Manuel VALLS vient de le dire, il y a un haut le coeur, d'ailleurs, qui la créé le haut le coeur fiscal ?
EMMANUEL MACRON
Le haut le coeur fiscal, il est pour partie de notre responsabilité et celle de nos prédécesseurs, il faut le reconnaitre. Alors, je vais vous dire, je ne vais pas m'engager sur quelque chose qui ne dépend pas de moi, je ne suis pas le ministre des impôts, mais ma forte recommandation c'est en effet qu'on ne touche plus du tout à la fiscalité, il faut de la stabilité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, vous avez dit le travail le dimanche, vous ferez quelque chose ? Et le soir ?
EMMANUEL MACRON
Bien sûr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, il y aura dans la loi d'activité.
EMMANUEL MACRON
Avec François REBSAMEN, il y a une concertation qui se fera avec les syndicats et une décision sera proposée, ensemble au Premier ministre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les seuils sociaux, il va y avoir un dialogue social, si ça ne marche pas, qu'est-ce que fait l'Etat ? Rien ou quelque chose ?
EMMANUEL MACRON
Il y a une négociation qui est en cours, je pense que le plus vertueux, le plus respectueux des partenaires sociaux, parce que c'est ce que l'on fait depuis le début, c'est de leur faire confiance pour avoir des résultats et les transcrire dans la loi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En Allemagne, vous allez vous y rendre lundi avec le Premier ministre. Pourquoi ce ton pour lui demander de prendre ses responsabilités ? Est-ce que la France prend elle même ses responsabilités, est- ce qu'elle tient ses promesses ? Pour parler le langage de la rodomontade à l'égard de Berlin.
EMMANUEL MACRON
Vous ne m'avez jamais entendu tenir un tel discours. Moi je pense que le problème de la France, c'est d'abord elle -même et donc on ne sera plus grand, plus fort, que si on règle nos problèmes, et pour ça, il faut un peu de concorde, un peu de calme et de réconciliation. Une fois qu'on aura commencé à régler nos problèmes et qu'on aura montré à nos voisins qu'on sait le faire, on peut être exigeant avec eux, et c'est ce qu'on peut faire avec l'Allemagne, elle peut investir davantage et soutenir la demande au niveau de la zone euro, elle peut aller plus loin. Ce que je veux vous dire par là, c'est que la France ne réussira pas sans l'Allemagne, mais l'Allemagne ne réussira pas davantage sans la France, donc c'est ensemble que l'on fera de grandes choses.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous considérez vous aussi, Pierre GATTAZ, au lieu de créer des emplois, qu'il multiplie les provocations et les surenchères comme un partenaire ou une sorte d'adversaire social ?
EMMANUEL MACRON
Je n'ai pas à le considérer comme un adversaire. Il est là, tous les gens qui sont aux responsabilités au niveau des organisations syndicales ou patronales, sont et doivent être des partenaires pour travailler. Ce que l'on demande à Pierre GATTAZ, c'est de mener une négociation sociale, avec les organisations syndicales et d'obtenir des résultats, pas de faire des commentaires dans la presse. Ce qu'on demande à Pierre GATTAZ, c'est de prendre sa part de responsabilités, l'Etat a décidé un pacte de responsabilité et de solidarité, il a pris des engagements couteux politiquement, couteux budgétairement, maintenant à lui de tenir sa part de responsabilités, de donner de la transparence sur l'utilisation de cet argent et de tout faire pour que les entreprises créent de l'emploi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais est-ce tabou de vouloir assouplir les 35 heures ? Est-ce que c'est tabou de vouloir réduire les dépenses de la Sécurité sociale, de traquer les fraudeurs ? Est-ce que c'est tabou d'affirmer les impôts ça suffit, est-ce que c'est tabou de mieux utiliser les 33 milliards de la formation professionnelle ? On peut tout aborder.
EMMANUEL MACRON
Mais on peut tout aborder, il n'y a pas de tabou, simplement il ne doit pas y avoir de posture facile. Il ne s'agit plus de dire, maintenant, pour les Français, il s'agit de faire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est à vous de faire.
EMMANUEL MACRON
Les postures, elles crispent, et donc c'est à nous de faire, sans tabou, mais sans agiter, si vous voulez, des totems inutiles qui ne font pas avancer les choses.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous êtes neuf, sans être un bleu, en 21 jours, qu'est-ce que vous avez découvert ?
EMMANUEL MACRON
L'attente extraordinaire qu'ont les Français, en nous, et en même temps, la crispation extrême, à l'égard du politique. Les gens ne veulent plus écouter et ne croient plus beaucoup, donc il va falloir être fort, être décidé et y aller.
THOMAS SOTTO
Emmanuel MACRON, peut être une dernière question sur le mouvement de grève qui s'enlise à AIR FRANCE, vous comprenez ou vous condamnez les pilotes grévistes ?
EMMANUEL MACRON
Ecoutez, je pense que, hier, d'ailleurs plusieurs responsables politiques se sont exprimés, les Français ne comprennent plus quand les mouvements s'enlisent de cette façon, sans raison explicable, donc je crois qu'il y a un dialogue social qui est normal au niveau de l'entreprise, je pense que celle-ci doit trouver quelques concessions souhaitables, mais au-delà de ça on ne peut plus accepter qu'un pays soit bloqué par quelques- uns, et donc je pense que maintenant il faut qu'ils prennent leurs responsabilités.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous trouvez que c'est indécent.
THOMAS SOTTO
Donc la grève doit s'arrêter.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous trouvez comme Laurent BERGER, que la grève
EMMANUEL MACRON
Je pense que la grève doit s'arrêter, oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et que c'est indécent de continuer à faire cette grève.
THOMAS SOTTO
Merci Emmanuel MACRON d'être venu pour votre première interview radio télé, ce matin, sur EUROPE 1, merci également à Jean-Pierre ELKABBACH.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 septembre 2014
L'interview politique d'EUROPE 1, Jean-Pierre ELKABBACH, vous recevez ce matin, pour sa première interview, le nouveau ministre de l'Economie, Emmanuel MACRON. Messieurs, c'est vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Enfin vous voilà, la génération qui permet de parler sans langue de bois, bienvenu pour votre première. Emmanuel MACRON, bonjour.
EMMANUEL MACRON
Bonjour Jean-Pierre ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
24 voix de majorité, c'est mieux qu'une seule voix, mais c'est une majorité, je ne dis pas riquiqui mais fragile. Est-ce que vous êtes désormais, vous tous, en capacité de gouverner ?
EMMANUEL MACRON
Eh bien la réponse a été donnée hier. On peut débattre très longuement sur le nombre de voix, la réponse a été donnée, donc il n'y a pas d'autre choix qu'avancer. Ce qui importe, ce ne sont pas les commentaires sur les résultats de la veille, c'est ce qu'on veut faire aujourd'hui et demain, c'est la seule chose qui m'intéresse.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et qu'est-ce que vous voulez faire aujourd'hui et demain ? Il y a des projets ? Et est-ce que le président qui va s'adresser demain aux Français à travers la presse, a ou pourra réformer, présider et même prendre des initiatives, dans ce climat ?
EMMANUEL MACRON
Mais il n'y a pas d'autre choix. Ce climat, dont vous parlez, d'où vient-il ? D'abord parce que la France est malade, elle n'est pas bien, enfin je veux dire il faut nommer la situation dans laquelle on vit. Il y a une fièvre depuis plusieurs années dans ce pays, qui s'appelle le chômage de masse, on n'arrive pas encore à le régler, on s'y attèle, mais donc ce pays souffre, et à côté de ça il y a une crise politique. Alors, elle se nourrit sans doute de la crise économique, mais on le voit bien, il y a cette instabilité, ces commentaires permanents, ceux qui appellent à la crise institutionnelle. Mais qu'est-ce qu'il propose. Moi je ne l'ai pas vu, je ne l'ai pas entendu hier au Parlement, je ne l'ai pas entendu davantage ce matin à la radio. Donc il n'y a pas d'autre choix qu'avancer, agir, pour réformer l'économie et essayer d'aller plus loin.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous n'avez rien entendu hier par exemple, quand Christian JACOB vous a avertis : « Si le sort du gouvernement était entre les mains des Français, aujourd'hui vous seriez tous chez vous, et vos jours sont comptés ».
EMMANUEL MACRON
Je crois qu'il y a des institutions dans ce pays. Il y a un président de la République, qui a été élu par le peuple, et il a ce suffrage. Il y a une majorité qui a été élue par le peuple, qui a ce suffrage. On peut en redébattre tous les jours. La difficulté du moment, l'impopularité qui est la nôtre, il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt, c'est une impopularité qui est due à quoi ? Au manque de résultats. Pourquoi on manque de résultats ? Parce que sans doute on n'a pas été assez fort et assez loin les deux premières années, parce qu'on n'a pas réformé et parce qu'on paie cash, si je puis dire, une décennie perdue. Donc aujourd'hui nous n'avons pas d'autre choix qu'agir, continuer la réforme, pour le quotidien des Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce que la réforme c'est les résultats à terme ?
EMMANUEL MACRON
La réforme, c'est les résultats demain.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est ce que vous promettez.
EMMANUEL MACRON
Ce sont les résultats très vite. Moi je pense que l'on ne reconstituera les bases d'une vraie action politique, qu'avec des résultats.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Emmanuel MACRON, et qu'est-ce que vous dites aux frondeurs, lâcheurs, qui se sont arrêtés à l'abstention avec un votus interruptus et qui sont en train de proposer ou la 6ème ou la 4ème République ? Qu'est- ce que vous leur dites ?
EMMANUEL MACRON
D'abord, les parlementaires, qu'ils soient de droite ou de gauche, qui ne soutiennent pas, il faut les respecter. Ensuite, j'attends de voir ce qu'ils proposent d'autre. Je ne l'ai pas entendu. Si c'est plus de déficits publics, si c'est plus de dépenses, cette recette a été essayée depuis 20 ans, ça ne rend pas les gens davantage heureux, et d'ailleurs, je dois dire, elle a été très bien essayée entre 2007 et 2012, et elle explique une bonne partie de notre situation. Donc, aujourd'hui, ils ne proposent rien d'autre. Mais, l'abstention, dans la situation qu'ont vit, c'est presque voter contre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a 21 jours, le 26 août, où étiez-vous, Emmanuel MACRON, quand vous avez appris votre nomination à Bercy ?
EMMANUEL MACRON
J'étais en famille, en vacances, dans le Pas-de-Calais.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce que vous faisiez ?
EMMANUEL MACRON
Vous voulez tout savoir ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. Oui oui oui.
EMMANUEL MACRON
Je faisais du vélo avec ma famille, dans le Pas-de-Calais, au Touquet, voyez.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous avez pris la nomination comme ça.
EMMANUEL MACRON
Je ne l'ai pas pris comme ça, j'ai été appelé, j'ai réfléchi en famille, le temps qu'il faut, et j'ai accepté cette proposition qui m'a été faite.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez eu droit tout de suite à une avalanche d'éloges, et même de critiques, on dit financier, philosophe, musicien, banquier d'affaires. Ce matin, qui est devant nous ?
EMMANUEL MACRON
Eh bien, les commentaires sur moi, je n'ai pas en plus à les commenter, donc c'est ça, ça m'importe peu, il y en a des élogieux, il y en a des blessants, qu'importe. A la rigueur, surtout ceux qui sont blessants ou désobligeants, me donnent encore plus d'énergie. Ce que je suis aujourd'hui, je suis juste quelqu'un à qui on a confié la tâche d'être ministre de l'Economie de ce pays, j'ai envie de faire ça, j'ai envie d'aider à avancer, d'agir et réformer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais qui est MACRON pour MACRON lui-même ?
EMMANUEL MACRON
Oh, écoutez, ne m'obligez pas à ce narcissisme qui n'intéresse pas les Français. Moi, ce que je veux, c'est bouger les choses, essayer d'ouvrir des fenêtres là où il en manque, de donner une énergie aux gens et de les mobiliser. Je voudrais que ça se réconcilie et qu'on puisse avancer ensemble.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ouvrir, vous dites ouvrir.
EMMANUEL MACRON
Déverrouiller.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Déverrouiller, débloquer, c'est ça ?
EMMANUEL MACRON
C'est l'objectif de la loi qu'on m'a confiée et c'est ça que je fais.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous arrivez en pleine tourmente, comme vous l'avez dit, on vous a peu vu et peu entendu, est-ce qu'il y a une méthode MACRON ?
EMMANUEL MACRON
Je ne sais pas s'il y a une méthode qui m'est propre, d'abord j'essaie d'être pragmatique, c'est-à-dire que je veux répondre aux problèmes qui se posent dans l'économie et pour les Français au quotidien, on y reviendra, ils sont nombreux. Moi je n'ai pas la réponse à tout, si on l'avait d'ailleurs ça se serait vu, et donc je pense qu'il faut beaucoup écouter et concerter. C'est ce que je compte faire là aussi sur chacun des sujets qui m'est donné. Et après je pense qu'il faut être transparent sur les informations qu'on a, sur ce que l'on veut faire. Je pense qu'il faut être clair, il faut dire ce que l'on fait et ce que l'on ne fait pas, très vite, et ensuite il faut trancher.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous vouliez réformer, est-ce que le MACRON qui est face aux réalités, peut être réformiste dans le climat d'aujourd'hui ?
EMMANUEL MACRON
Mais il n'y a pas le choix. Si on ne bouge pas, on échouera parce que, est-ce que vous trouvez que les Français au quotidien se sentent bien ? Est-ce que vous trouvez que les patrons de PME, les artisans
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais c'est vous qui gouvernez
EMMANUEL MACRON
se sentent bien ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais c'est vous qui gouvernez.
EMMANUEL MACRON
Non, mais je vous dis.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Rendez-les bien.
EMMANUEL MACRON
C'est précisément ça, donc on n'a pas d'autre choix que de faire cette série de petites réformes. Il n'y a pas je voudrais lever une ambigüité, il n'y a pas une grande réforme qu'il faudrait faire dans ce pays, et qui va tout résoudre, il n'y en a pas. Il y a une série de petites réformes, de petits déblocages, qu'il faut qu'on puisse conduire pour les aider au quotidien et leur redonner l'énergie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors on nous annonçait une loi pour stimuler la croissance, où est-elle ?
EMMANUEL MACRON
C'est précisément la loi que je suis en train de préparer, elle sera avant la fin d'année soumise au Conseil des ministres, et au Parlement en début d'année prochaine, ce sera une vraie loi, donc soumise à un débat. Qu'est-ce que c'est l'objectif de cette loi ? C'est de créer de l'activité dans ce pays. On parle d'emploi, de chômage de masse, il faut créer de l'activité partout où c'est possible. Et donc c'est une série de petits déverrouillages, sur plein de sujets, qui relèvent du travail, du quotidien, des règlementations.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce n'est pas du bricolage, ça ?
EMMANUEL MACRON
Ce n'est pas du bricolage. Là, encore une fois
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est, avec de petites choses, on arrive à de grands gains.
EMMANUEL MACRON
Complètement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
De grands résultats, c'est ça ?
EMMANUEL MACRON
On ne fera rien qui ne soit perceptible par les gens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On va prendre des exemples. Vos prédécesseurs voulaient rendre 6 milliards d'euros de pouvoir d'achat en mettant fin au monopole et aux rentes de professions réglementées, il y en a 37 ou même davantage. Est-ce que vous ferez la réforme ?
EMMANUEL MACRON
Alors, les professions réglementées, c'est un tout petit bout de cette réforme, pour l'activité de cette loi pour la croissance. On ne va pas résoudre le problème des Français en sacrifiant les notaires ou les pharmaciens, il ne faut pas raconter d'histoires. Ensuite, je ne vais pas dire qu'on rendra similaire du pouvoir d'achat aux Français, ça n'est pas vrai, c'est une illusion. Par contre, si réforme il y a, elle se fera avec ces professions. C'est des professions qui n'ont pas bougé depuis des décennies. Il ne faut pas le faire contre eux. La sécurité juridique, la sécurité sanitaire, le maillage de territoires, doivent être préservés, mais on peut créer de l'activité, redonner du pouvoir d'achat, redonner un petit peu d'oxygène à cette économie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Créer des emplois peut-être.
EMMANUEL MACRON
Et créer des emplois, en révisant certains tarifs. Je veux dire, le tarif des notaires, il n'est pas revu depuis 1978, me dit-on, j'avais un an, ça doit pas être un bon système.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui.
EMMANUEL MACRON
Aujourd'hui, vous avez des soyons très concrets. Le permis de conduire, aujourd'hui, dans ce pays, il coûte en moyenne 10 500 . Il faut attendre plusieurs mois, parfois plusieurs années avant de pouvoir le passer. Dans les sociétés qui nous sont données, sur les dossiers que j'ai, il y a la société GAD, vous savez, cet abattoir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui oui.
EMMANUEL MACRON
Il y a dans cette société, une majorité de femmes, il y en a qui sont, pour beaucoup illettrées, pour beaucoup on leur explique : vous n'avez plus d'avenir à GAD ou aux alentours. Allez travailler à 50 ou 60 km, ces gens-là n'ont pas le permis de conduire, on va leur dire quoi ? Il faut payer 1 500 , il faut attendre un an ? Voilà, ça ce sont des réformes du quotidien, et ça ce sont des réformes qui créent de la mobilité et de l'activité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans une demi- heure vous allez recevoir les huissiers qui sont en colère, cet après -midi les notaires vont manifester, vous ne leur dites pas « vous êtes intouchables » mais vous changerez les choses, si on vous écoute bien, avec eux.
EMMANUEL MACRON
Complètement. Je leur dis : en aucun cas vous êtes intouchable, et je leur dis, notre objectif n'est pas de casser votre profession, ça n'aurait pas de sens, mais notre objectif c'est avec vous, d'aider à moderniser et faciliter les choses dans cette économie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il n'y aura pas d'impôts nouveaux, Manuel VALLS vient de le dire, il y a un haut le coeur, d'ailleurs, qui la créé le haut le coeur fiscal ?
EMMANUEL MACRON
Le haut le coeur fiscal, il est pour partie de notre responsabilité et celle de nos prédécesseurs, il faut le reconnaitre. Alors, je vais vous dire, je ne vais pas m'engager sur quelque chose qui ne dépend pas de moi, je ne suis pas le ministre des impôts, mais ma forte recommandation c'est en effet qu'on ne touche plus du tout à la fiscalité, il faut de la stabilité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, vous avez dit le travail le dimanche, vous ferez quelque chose ? Et le soir ?
EMMANUEL MACRON
Bien sûr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, il y aura dans la loi d'activité.
EMMANUEL MACRON
Avec François REBSAMEN, il y a une concertation qui se fera avec les syndicats et une décision sera proposée, ensemble au Premier ministre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les seuils sociaux, il va y avoir un dialogue social, si ça ne marche pas, qu'est-ce que fait l'Etat ? Rien ou quelque chose ?
EMMANUEL MACRON
Il y a une négociation qui est en cours, je pense que le plus vertueux, le plus respectueux des partenaires sociaux, parce que c'est ce que l'on fait depuis le début, c'est de leur faire confiance pour avoir des résultats et les transcrire dans la loi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En Allemagne, vous allez vous y rendre lundi avec le Premier ministre. Pourquoi ce ton pour lui demander de prendre ses responsabilités ? Est-ce que la France prend elle même ses responsabilités, est- ce qu'elle tient ses promesses ? Pour parler le langage de la rodomontade à l'égard de Berlin.
EMMANUEL MACRON
Vous ne m'avez jamais entendu tenir un tel discours. Moi je pense que le problème de la France, c'est d'abord elle -même et donc on ne sera plus grand, plus fort, que si on règle nos problèmes, et pour ça, il faut un peu de concorde, un peu de calme et de réconciliation. Une fois qu'on aura commencé à régler nos problèmes et qu'on aura montré à nos voisins qu'on sait le faire, on peut être exigeant avec eux, et c'est ce qu'on peut faire avec l'Allemagne, elle peut investir davantage et soutenir la demande au niveau de la zone euro, elle peut aller plus loin. Ce que je veux vous dire par là, c'est que la France ne réussira pas sans l'Allemagne, mais l'Allemagne ne réussira pas davantage sans la France, donc c'est ensemble que l'on fera de grandes choses.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous considérez vous aussi, Pierre GATTAZ, au lieu de créer des emplois, qu'il multiplie les provocations et les surenchères comme un partenaire ou une sorte d'adversaire social ?
EMMANUEL MACRON
Je n'ai pas à le considérer comme un adversaire. Il est là, tous les gens qui sont aux responsabilités au niveau des organisations syndicales ou patronales, sont et doivent être des partenaires pour travailler. Ce que l'on demande à Pierre GATTAZ, c'est de mener une négociation sociale, avec les organisations syndicales et d'obtenir des résultats, pas de faire des commentaires dans la presse. Ce qu'on demande à Pierre GATTAZ, c'est de prendre sa part de responsabilités, l'Etat a décidé un pacte de responsabilité et de solidarité, il a pris des engagements couteux politiquement, couteux budgétairement, maintenant à lui de tenir sa part de responsabilités, de donner de la transparence sur l'utilisation de cet argent et de tout faire pour que les entreprises créent de l'emploi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais est-ce tabou de vouloir assouplir les 35 heures ? Est-ce que c'est tabou de vouloir réduire les dépenses de la Sécurité sociale, de traquer les fraudeurs ? Est-ce que c'est tabou d'affirmer les impôts ça suffit, est-ce que c'est tabou de mieux utiliser les 33 milliards de la formation professionnelle ? On peut tout aborder.
EMMANUEL MACRON
Mais on peut tout aborder, il n'y a pas de tabou, simplement il ne doit pas y avoir de posture facile. Il ne s'agit plus de dire, maintenant, pour les Français, il s'agit de faire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est à vous de faire.
EMMANUEL MACRON
Les postures, elles crispent, et donc c'est à nous de faire, sans tabou, mais sans agiter, si vous voulez, des totems inutiles qui ne font pas avancer les choses.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous êtes neuf, sans être un bleu, en 21 jours, qu'est-ce que vous avez découvert ?
EMMANUEL MACRON
L'attente extraordinaire qu'ont les Français, en nous, et en même temps, la crispation extrême, à l'égard du politique. Les gens ne veulent plus écouter et ne croient plus beaucoup, donc il va falloir être fort, être décidé et y aller.
THOMAS SOTTO
Emmanuel MACRON, peut être une dernière question sur le mouvement de grève qui s'enlise à AIR FRANCE, vous comprenez ou vous condamnez les pilotes grévistes ?
EMMANUEL MACRON
Ecoutez, je pense que, hier, d'ailleurs plusieurs responsables politiques se sont exprimés, les Français ne comprennent plus quand les mouvements s'enlisent de cette façon, sans raison explicable, donc je crois qu'il y a un dialogue social qui est normal au niveau de l'entreprise, je pense que celle-ci doit trouver quelques concessions souhaitables, mais au-delà de ça on ne peut plus accepter qu'un pays soit bloqué par quelques- uns, et donc je pense que maintenant il faut qu'ils prennent leurs responsabilités.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous trouvez que c'est indécent.
THOMAS SOTTO
Donc la grève doit s'arrêter.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous trouvez comme Laurent BERGER, que la grève
EMMANUEL MACRON
Je pense que la grève doit s'arrêter, oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et que c'est indécent de continuer à faire cette grève.
THOMAS SOTTO
Merci Emmanuel MACRON d'être venu pour votre première interview radio télé, ce matin, sur EUROPE 1, merci également à Jean-Pierre ELKABBACH.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 septembre 2014