Texte intégral
Monsieur le Premier Ministre,
Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs,
C'est un grand honneur pour moi de vous recevoir ici aujourd'hui, dans le cadre dé votre visite officielle en France.
Comme vous le savez, Monsieur le Premier Ministre, il y a quelques semaines à peine, j'ai eu le plaisir de me rendre en Slovaquie et de vous y rencontrer. Vous m'avez dit alors que vous attendiez avec impatience ce déplacement à Paris. Votre dernier séjour, m'avez-vous raconté, avait été interrompu par le déclenchement, à Prague, de la "révolution de velours", qui vous a fait retourner d'urgence dans votre pays. Vous êtes de nouveau en France, dans des circonstances tout à fait différentes. Je ne doute pas que votre visite sera une étape importante qui permettra de faire progresser les relations franco-slovaques. Elle est particulièrement opportune dans le contexte international difficile dans lequel nous nous trouvons et dont vous aurez l'occasion de parler avec le Premier ministre et le Président de la République.
Monsieur le Premier ministre,
La date de votre séjour coïncide avec le quatre-vingtième anniversaire de la disparition du Général Stefanik. Hier, à Meudon, vous avez, en compagnie de notre ministre de la Défense, M. Alain Richard, inauguré une statue à la mémoire de ce grand Slovaque qui est en même temps un grand Français. Le général Stefanik, co-fondateur, avec Masaryr et Benes, de la Tchécoslovaquie, a trouvé l'appui nécessaire à sa cause dans sa seconde patrie, la France, pour la liberté de laquelle il a aussi combattu, durant toute la Première guerre mondiale. Car les valeurs pour lesquelles il combattait, celles de la liberté et de la démocratie, étaient et restent partagées par nos deux pays, comme allaient le rappeler, durant la Deuxième guerre mondiale, les volontaires français de la brigade portant le nom du Général Stefanik, et qui ont participé, aux côtés des Slovaques, au soulèvement de 1944.
Après avoir lié son destin à celui de la République tchèque, la Slovaquie a choisi depuis 1993, de le vivre seule. Dans toutes ces circonstances, votre pays a pu compter sur l'amitié et l'appui de la France, et aujourd'hui, nous nous réjouissons particulièrement que vous ayez retrouvé, après quelques années difficiles, la voie de la démocratie, et celle de l'intégration aux structures euro-atlantiques. Du temps a été perdu, il faut maintenant le rattraper. Le Sommet de Washington, en ce qui concerne l'OTAN, a été une première étape.
Le Conseil européen d'Helsinki est, pour votre adhésion à l'Union européenne, un rendez-vous très attendu. L'élection démocratique d'un président démocrate, d'ici la fin de ce mois, et l'adoption d'une législation sur la langue des minorités, constitueront des éléments importants pour le rapport que la Commission européenne présentera au Conseil. Il y a aussi la tâche, dont nous ne méconnaissons ni l'ampleur ni la difficulté, que représente l'adaptation de votre législation et de votre réglementation interne en vue de rejoindre l'Union européenne. Vous savez que la France est prête, comme ses partenaires de l'Union, à vous aider, en mettant son expérience et son savoir-faire à votre disposition, autant que vous le souhaiterez. Nous voulons tout faire pour que le retard pris, pour des raisons circonstancielles, soit comblé, le plus vite et le mieux possible. Il en est de même pour votre candidature à l'OCDE, qui vous tient particulièrement à coeur, et que nous accueillons, vous le savez, dans un esprit très positif.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, votre visite vous a donné et vous donnera encore, dans les entretiens importants que vous aurez cet après-midi avec le Premier ministre, Lionel Jospin, et le président de la République, Jacques Chirac, l'occasion d'évoquer avec les autorités françaises la crise du Kosovo, qui nous préoccupe beaucoup. Votre pays s'est rangé, de façon courageuse, aux côtés de l'OTAN. Votre ministre des Affaires étrangères, M. Kukan, vient d'être nommé par le Secrétaire général de l'ONU en tant que représentant spécial pour l'ex-Yougoslavie. Au-delà de la reconnaissance des qualités éminentes de M. Kukan, le fait que cette mission délicate lui soit confiée montre la contribution particulièrement judicieuse que votre pays, de par sa position géographique, ses liens historiques avec l'ex-Yougoslavie, ses très bonnes relations avec toutes les parties, peut apporter dans la résolution de cette crise. Pour notre part, vous le savez, nous continuons de penser que l'opération décidée avec nos partenaires de l'OTAN était malheureusement la seule option que nous laissait la politique suivie avec constance par M. Milosevic envers le Kosovo. Nous n'en espérons pas moins que celui-ci accepter rapidement les conditions posées.
Vous-êtes venu en France, Monsieur le Premier Ministre, accompagné d'une importante délégation, qui reflète votre volonté, répondant à la nôtre, de développer les relations franco-sloyaques dans tous les domaines.
Votre ministre de l'Economie, votre ministre des Transports vous accompagnent. C'est avec eux que vous avez présenté, ce matin, au MEDEF-International les nouvelles mesures adoptées par votre gouvernement pour encourager les investissements étrangers qui contribueront à la croissance et à la prospérité de votre pays. Vous êtes aussi accompagné d'une délégation d'hommes d'affaires. Il y a un mois, mon collègue M. Dondoux, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, s'est rendu en Slovaquie le lendemain de ma propre visite, c'est dire avec quelle célérité j'ai relayé les impressions très sympathiques et positives que j'ai retirées de mon séjour parmi vous. M. Dondoux était lui aussi accompagné par des hommes d'affaires. Les échanges commerciaux ont été multipliés par 5 depuis 1993 et les investissements de nos entreprises dans votre pays approchent le milliard de francs. L'intérêt réciproque au développement de nos relations économiques ne fait aucun doute, il faut le soutenir et l'encourager, et je suis certain que votre visite sera comprise comme un signal fort en ce sens. Les chefs d'entreprise présents parmi nous témoignent eux aussi de cet intérêt.
Dans le domaine culturel, les perspectives sont également excellentes. Votre ministre de la Culture, M. Knazko, qui est présent parmi nous, connaît fort bien la France. Il a effectué, au mois de mars, un fructueux voyage à Paris, et nous nous apprêtons à renouveler, à la fin de ce mois notre programme de coopération culturelle, scientifique et technique pour les prochaines années. Les projets sont nombreux, car la Slovaquie possède en France beaucoup d'amis (certains d'entre eux sont parmi nous et je m'en réjouis). Ils sont prêts à s'impliquer avec un fort engagement personnel, et nous sommes heureux que la relation franco-slovaque puisse, ainsi bénéficier de relais dans les milieux les plus divers.
Monsieur le Premier ministre,
Je voudrais enfin saluer la candidature de la Slovaquie à la Francophonie : l'intérêt que vous manifestez de cette façon pour notre langue nous procure beaucoup de plaisir, car nous l'interprétons comme une confirmation de votre volonté de partager, au-delà du véhicule linguistique, les valeurs de notre culture et de celle des autres pays francophones. Nous en sommes d'autant plus touchés que, comme vous le savez, le français est l'une des langues de travail de l'Union européenne, une famille à laquelle vous allez très prochainement appartenir, à laquelle vous appartenez déjà par l'esprit. J'en profite pour saluer l'adoption, par votre gouvernement, d'un programme de formation des fonctionnaires à la langue française : vous savez, là aussi, que vous pouvez compter sur notre aide.
Au moment de lever mon verre, permettez-moi de formuler des voeux, en mon nom personnel et au nom du gouvernement français, pour le succès de l'action déterminée que vous avez entreprise depuis quelques mois, et dont nous espérons vous voir recueillir les fruits prochainement. Nous voulons que la Slovaquie soit forte et proche de nous, dans un destin européen partagé, qui sera désormais le cadre de relations franco-slovaques riches et dynamiques.
Vive la Slovaquie ! Vive la France!
Vive l'amitié franco-slovaque! ./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 mai 1999)