Texte intégral
JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour François REBSAMEN.
FRANÇOIS REBSAMEN
Bonjour Jean-Michel APHATIE.
JEAN-MICHEL APHATIE
Thomas THEVENOUD, éphémère secrétaire d'Etat, défraie toujours la chronique, après ses impôts on apprend qu'il ne payait pas ses loyers. Vous le connaissez bien, peut-être depuis longtemps, puisqu'il est élu de votre région, la Bourgogne, vous êtes surpris de ce qu'on apprend sur lui ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Je ne le connaissais pas bien, il est de Saône-et-Loire
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous êtes de Côte-d'Or.
FRANÇOIS REBSAMEN
Moi je suis de Dijon.
JEAN-MICHEL APHATIE
De Dijon, d'accord, disons-le.
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, je
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous le connaissiez quand même, vous vous fréquentiez ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, bien sûr, on est toujours ce n'est pas surpris, moi je suis abasourdi, sidéré.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il n'y avait pas de bruit, il n'y avait pas de rumeur, il n'y avait pas « tiens, THEVENOUD il vit un peu dans le désordre » ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Pas du tout. Je me méfie toujours des procureurs qui veulent laver plus blanc que blanc, or j'ai remarqué qu'il était toujours à la pointe de ses combats, et à chaque fois on se dit « voilà quelqu'un qui au moins est en clair avec lui-même », avec les impôts personne ne pensait pas. Mais, ce qu'on peut en tirer comme conclusion, c'est que finalement la transparence ça marche. On n'a pas attendu 6 mois, 8 mois, 1 an, pour découvrir cela, comme ça a pu se passer dans le temps.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais ça fait des dégâts !
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, bien sûr. Au bout d'une semaine
JEAN-MICHEL APHATIE
Les auditeurs de RTL ce matin appellent beaucoup en disant « scandaleux » « les hommes politiques, l'impunité »
FRANÇOIS REBSAMEN
Scandaleux. Pas les hommes politiques, il y a des brebis galeuses partout, là il y en a une, c'est vrai. Donc alors, il n'est plus au Parti socialiste, il n'est plus au groupe socialiste, après il sera redevable, puisque j'ai compris cela, il sera redevable devant ses électeurs, il ira voir, je ne doute pas du résultat.
JEAN-MICHEL APHATIE
On va peut-être, pour une fois, évoquer quelque chose qui est un peu positif, je vous lis le début d'une dépêche qui est tombée à 7H41, il est 7H51, donc il y a 10 minutes : malgré une croissance nulle, écrit l'AFP, l'économie française a recommencé timidement à créer des emplois au deuxième trimestre avec 8300 nouveaux postes, +0,1 %, dans le secteur marchand, essentiellement de l'intérim. Toujours des destructions d'emplois, d'après ces statistiques, dans l'industrie. Qu'est-ce qu'il faut en tirer comme conclusion, François REBSAMEN ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Dans l'industrie, depuis écoutez bien depuis le dernier trimestre 2001, il n'y a pas eu de créations nettes d'emplois. Donc on peut dire que depuis 13 ans, dans le secteur de l'industrie, qui est le pilier, quand même, d'une économie, il n'y a pas eu de créations nettes d'emplois. Et donc, dans le secteur de la construction, c'est depuis 2008, on voit que les tendances sont longues. Dans le tertiaire on crée de l'emploi, c'est dans le tertiaire, là, qu'on a créé de l'emploi.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il y a beaucoup d'intérim.
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est bon signe, mais il faut arrêter la destruction nette d'emplois dans le secteur industriel.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et ça on n'y est pas encore ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous partagez l'avis de Jean-Marc AYRAULT, qui l'a dit hier, « le regret que j'ai c'est qu'avec François HOLLANDE, pendant la campagne électorale » - parce qu'on nous promet toujours beaucoup de choses pendant les campagnes électorales « on n'ait pas assez informé les Français de l'état dans lequel se trouvait le pays. » Il a raison Jean-Marc AYRAULT ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, bien sûr, il a raison Jean-Marc AYRAULT. Non seulement pendant la campagne, électorale, mais même quand nous sommes arrivés, nous n'avons peut-être pas mesuré, moi je veux dire les choses encore plus clairement, le temps qu'il fallait pour arrêter l'air d'un bateau qui était en perte de compétitivité et qui prenait l'eau un peu de partout.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc on espère que c'est fini les campagnes électorales où on nous fera croire que les horizons seront radieux.
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, je pense que les horizons ne sont pas radieux
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est terminé ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Ce qu'il faut c'est se battre pour justement recréer de l'emploi, permettre aux entreprises de créer de l'emploi.
JEAN-MICHEL APHATIE
Justement, il y en a une qui se bat, Martine AUBRY, qui dit « je souhaite des inflexions dans la politique actuelle. »
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, Martine AUBRY, elle souhaite des inflexions, eh bien les inflexions elles sont là, le Pacte de compétitivité
JEAN-MICHEL APHATIE
Elle vous agace ! On le sent. Quand vous dites « oui, Martine AUBRY » - on sent que ça vous agace.
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais, je veux dire, s'il s'agit d'inflexions, à la limite, le débat parlementaire va permettre d'y répondre, c'est normal, entre une majorité et un gouvernement il y a des échanges et tout. Moi, ce que je veux dire, c'est que le Pacte de responsabilité, de solidarité, qui a été mis en ouvre par le président, qui n'a pas été voté que le 23 juillet, eh bien nous allons en faire un point cet après-midi avec ce qu'on appelle les branches, ce qui me permet d'expliquer quand même qu'une branche, dans le domaine économique, c'est l'ensemble des entreprises d'un secteur. On a parlé beaucoup de la chimie, puisqu'il y a eu un accord.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous réunissez syndicats et chefs d'entreprise de 50 branches, pour voir quelles contreparties il faut apporter au Pacte de responsabilité. Certains syndicats, la CFDT, disent « le MEDEF traîne des pieds, les patrons traînent des pieds », vous partagez ce sentiment François REBSAMEN ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Ça va être l'occasion de vérifier, puisque
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous n'avez pas de sentiment aujourd'hui, là ce matin, avant de rentrer dans la discussion ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Je pense que le patronat va jouer le jeu, je pense qu'il va jouer le jeu, et en tous les cas, s'il y a des branches, des secteurs, qui ne jouent pas le jeu, moi je suis là pour leur dire ça ne peut pas durer. Donc, on verra cet après-midi. C'est la première fois depuis 2009, depuis près de 5 ans, qu'on réunit les branches, comme ça, de notre économie, ça représente presque 12 millions de salariés, donc ce n'est pas rien. Il y a des accords qui sont en préparation, il y en a eu déjà de signés.
JEAN-MICHEL APHATIE
Peu, dans deux branches je crois.
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, il y en a un qui a été signé, il y en a un autre qui est en préparation, ça va être
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça va assez vite, c'est le rythme normal, vous souhaitez que les patrons aillent plus vite, c'est quoi votre sentiment ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Il faut qu'ils aillent plus vite, oui. oui, il faut qu'ils aillent plus vite, mais moi je suis persuadé qu'ils en ont pris conscience, et donc vous savez, le Pacte de responsabilité il va s'étaler sur 3 ans, c'est donc quelque chose qui est rythmé, la trajectoire est donnée, les entreprises ont besoin de cette stabilité, elles peuvent s'inscrire dans cette trajectoire, de baisse de leurs charges, et donc de regain de points de compétitivité, et il faut qu'elles les utilisent, pour l'emploi, pour l'apprentissage, pour la formation, pour l'égalité professionnelle, et les entreprises elles-mêmes, pour l'investissement.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc ça c'est des discussions que vous aurez cet après-midi, vous croyez que vous supprimerez les seuils sociaux et que ça créera des emplois ça, François REBSAMEN ? Puisque vous en avez parlé hier avec les syndicats et le MEDEF.
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, mais enfin, ils se sont réunis hier matin pour fixer leur agenda, leur calendrier, donc je leur ai envoyé un document d'orientation, dans lequel je demande de réfléchir à assurer une meilleure représentation des salariés, donc je vais les laisser discuter et débattre. Je pense qu'ils peuvent avancer ensemble, je pense qu'il n'y a rien de plus solide qu'un accord qui est passé, dans le cadre du dialogue, entre patronat et syndicats, donc je l'espère.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et d'ici la fin de l'année vous espérez que, peut-être, des expérimentations pourront avoir lieu, les seuils sociaux
FRANÇOIS REBSAMEN
J'espère qu'on va arriver à un accord entre les partenaires sociaux, si on n'y arrive pas, le gouvernement prendra ses responsabilités par une loi.
JEAN-MICHEL APHATIE
Je voudrais saluer votre métier, François REBSAMEN, parce qu'à l'occasion de, hop !, un raisonnement, vous avez un peu viré la question que je vous posais sur Martine AUBRY, c'est agaçant Martine AUBRY quand elle dit « il faut faire des inflexions à la politique » ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, ce n'est pas agaçant, on a l'habitude du débat au Parti socialiste, elle le fait avec les formes, ce qu'il faut c'est nous dire dans quels domaines il faudrait des inflexions.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il paraît qu'elle va le dire dans quelques jours. J'ai noté hier dans « Le Parisien » cette phrase de Christiane TAUBIRA, votre collègue garde des Sceaux, « malgré les difficultés actuelles ne peut-on pas », demande-t-elle, « en faire un peu plus pour les plus fragiles et les classes moyennes ? » Voyez, la contestation elle est également au sein du gouvernement.
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, on peut quand même dire ça. On en fait beaucoup, vous savez, on fait le maximum, tout en tenant le fil des économies et des réformes structurelles qu'on doit faire.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et certains ministres disent peut-être on n'en fait pas assez, puisqu'elle demande « est-ce qu'on ne peut pas en faire plus ? »
FRANÇOIS REBSAMEN
S'il y en a qui nous disent ça et les autres le contraire, c'est que la ligne est juste.
JEAN-MICHEL APHATIE
Non, ça ce n'est pas une réponse ça.
FRANÇOIS REBSAMEN
Si. Je pense qu'on en fait beaucoup, dans le domaine de la solidarité, il y en a qui disent qu'on peut faire plus, bien sûr qu'on aimerait faire plus, mais on fait avec ce qu'on dispose, dans les conditions où nous sommes arrivés, c'est-à-dire un pays où il n'y avait pas de marge et la priorité des priorités c'est de permettre aux entreprises de reconstituer leur compétitivité. Et pour ça parce que c'est l'emploi de demain et donc, pour cela, nous avons ce Pacte qui est là et dont ils doivent se saisir. Le volet solidarité, on s'en occupe.
JEAN-MICHEL APHATIE
François REBSAMEN, ministre du Travail, qui attend que Martine AUBRY lui dise un peu ce qu'il faudrait faire, c'est ça, j'ai bien compris ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais non, mais non.
JEAN-MICHEL APHATIE
Etait l'invité de RTL ce matin. Bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 septembre 2014