Texte intégral
THOMAS SOTTO
L'Interview politique d'EUROPE 1, Jean-Pierre ELKABBACH vous recevez ce matin Jean-Marie LE GUEN, secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement. Messieurs c'est à vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bienvenu, Jean-Marie LE GUEN bonjour.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour, merci.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est le 8ème jour de grève des pilotes d'AIR FRANCE, ils entravent l'économie et le commerce, l'Etat est actionnaire à 15 % et il ne fait rien, pourquoi ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Cette entreprise est indépendante, même si l'Etat est actionnaire, mais clairement aujourd'hui il faut que le travail reprenne, on le voit bien. Alors ce dossier est un peu compliqué, mais en gros il y avait deux dossiers sur la table : le dossier TRANSAVIA France et là, il semblerait quand même qu'aujourd'hui il y a un consensus pour dire qu'il faut aller dans le sens des propositions de la direction, qui ont été finalement acceptées par la plupart des acteurs
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et le deuxième point !
JEAN-MARIE LE GUEN
Le deuxième dossier c'est TRANSAVIA Europe qui crée un certain nombre de craintes, de problématique de délocalisation
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et il serait où, il serait où ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Au Portugal dit-on, et là-dessus je pense qu'il faut très rapidement que la direction apporte un certain nombre d'éclaircissements ; et en tout cas il faut que le travail maintenant reprenne. Je crois que le pays le demande et tous les acteurs doivent le comprendre, nous devons conclure dans les heures, dans les jours qui viennent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourquoi vous dites dans les heures, dans les jours qui viennent, vous avez des signes, des preuves, parce que l'agenda des grévistes est connu, ça ressemble d'ailleurs à une provocation, le mouvement est reconduit au moins jusqu'à vendredi.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez ! Je crois qu'il y a une réunion qui va commencer dans quelques minutes entre la direction et les syndicats, et il faut conclure maintenant. Je crois qu'il y a une attente très forte et chacun toutes les parties doivent le comprendre. Il faut que le travail reprenne à AIR FRANCE.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc on doit comprendre qu'à travers ce que vous dites, le gouvernement fait pression sur les deux côtés pour que ça se termine ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Le gouvernement exprime ce que disent nos compatriotes et ce qui est la réalité. Une semaine de conflit, c'est déjà beaucoup trop, maintenant il faut conclure.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et s'ils ne concluent pas, qu'est-ce que vous faites, est-ce que le gouvernement intervient de manière plus directe, est-ce que vous nommez un médiateur, est-ce que quoi ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez ! Je n'imagine pas que ce message ne soit pas entendu aujourd'hui par toutes les parties du conflit.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'autant plus que le leader CFTC disait tout à l'heure à Thomas SOTTO : AIR FRANCE est en danger.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, absolument et chacun doit le comprendre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce matin, on sait que le match HOLLANDE/SARKOZY est déjà et à nouveau engagé, c'est comme ça que vous le ressentez aussi ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez oui ! C'est en tout cas comme ça que veut s'adresser Nicolas SARKOZY, parce qu'il nous a parlés beaucoup de lui mais au-delà de tout ça, on sentait qu'il y avait l'esprit de revanche était présent à tous les moments de son intervention. Je pense que ceci devra forcément ne pas satisfaire ceux qui espèrent qu'un débat politique serein se fasse dans notre pays.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous pensez que le débat est à nouveau engagé ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ce débat est engagé, il l'est (j'allais dire) d'une façon un peu normale, c'est-à-dire qu'enfin on va avoir les vrais enjeux pour notre pays, ce que dit la droite, ce que dit la gauche, encore faudrait-il que Nicolas SARKOZY donne un certain nombre de pistes, ce qui n'a pas du tout été le cas. Il faudrait aussi qu'il revienne sur son propre bilan, parce qu'on ne pourra pas commencer sereinement une étude du projet d'avenir pour notre pays si d'abord n'a pas été mené et par Nicolas SARKOZY en premier le bilan de sa propre action pendant 5 ans. On se souvient qu'il y a eu 600 milliards de dette, de ce point de vue avant de donner des leçons à qui que ce soit, il faudra qu'il s'exprime sur son propre bilan.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous parlerez du vôtre, enfin si vous en avez un !
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais bien évidemment, nous serons bilan contre bilan, projet contre projet. Il faut simplement que Nicolas SARKOZY ne se contente pas d'être animé par un esprit de revanche, ça n'intéressera pas les Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous avez une idée de la réaction du président de la République, s'il a vu l'émission, s'il pense comme vous, si vous pensez comme lui ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Le rôle du président de la République dans cette affaire et il a été très clair dans sa conférence de presse c'est de présider aujourd'hui notre pays. Il n'est pas candidat, Nicolas SARKOZY revient comme candidat à la présidence d'un parti, il a besoin d'abord de débattre avec ses challengers, que ce soit au niveau de la direction du parti ou ceux qui seront face à lui aux primaires : monsieur FILLON, monsieur JUPPE. Je constate d'ailleurs
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Aux primaires de 2016.
JEAN-MARIE LE GUEN
2016. Je constate qu'il les traite avec beaucoup de condescendance et là encore une fois, je pense qu'il y a un style SARKOZY qui va créer des divisions, de la difficulté dans son propre camp. Il prétend rassembler les Français, il divise son camp.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et il est possible qu'il n'ait pas écouté ou entendu François FILLON qui répète qu'il ne croit pas au culte des sauveurs qui agite l'UMP ; et Alain JUPPE qui disait sur EUROPE 1 « le match pour 2017 a commencé et j'irai vraiment jusqu'au bout ». Sur les affaires, il dit que s'il avait peur, il ne se lancerait pas dans ce retour : je n'ai pas peur. Vous qui savez, est-ce qu'il doit avoir peur ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne sais rien, ce que je constate c'est qu'il revient beaucoup plus vite qu'il ne l'avait véritablement programmé. La logique aurait voulu qu'il attende
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais sur les affaires, est-ce qu'il a peur
JEAN-MARIE LE GUEN
La crise mais je pense qu'une partie des
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il a raison d'avoir peur de ne pas avoir peur ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je pense que les Français regardent et attendent des réponses, je pense que la succession d'affaires auxquelles il est évidemment amené à donner un certain nombre de réponses
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Laquelle des affaires est la plus grave ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je pense que du point de vue du fonctionnement politique, l'affaire BYGMALION est une affaire dont il ne pourra pas s'abstraire, comme il l'a fait hier soir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et l'accusation du financement de sa campagne par les millions de KADHAFI ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez ! Je n'ai aucune information sur le sujet, la justice
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais alors pourquoi vous dites « les affaires », si vous n'avez pas d'information ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Parce que je constate que la justice n'arrête pas de poser un certain nombre de questions à monsieur SARKOZY, et qu'il y répond parfois, d'autres fois on ne voit pas véritablement la vérité poindre encore. Donc il faudra bien qu'il y ait des réponses et que la vérité apparaisse, en tout cas que les juges aillent jusqu'au bout de leur travail, ce qui est normal.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Marie LE GUEN : « si j'ai perdu, Nicolas SARKOZY, c'est ma responsabilité, on ne peut pas avoir raison seul, j'ai commis des erreurs ». Est-ce que cet exercice d'autocritique et d'humilité relative vous a convaincu ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non parce qu'immédiatement après évidemment, il est dans l'esprit de revanche, par exemple la litanie des anaphores qu'il critique tout de suite comme si c'était
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La litanie des mensonges.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, mais c'est une formule ça, ce qu'il nous répond parce que ce qui est certain, ce qui a déterminé les Français, ce n'est pas un échange dans un débat, c'était la réalité de son propre bilan. Et de ce point de vue, il essaie de s'abstraire en disant que c'est simplement une formule du mensonge. Donc il ne reconnaît pas véritablement sa défaite, d'ailleurs il minimise le résultat de l'élection. Fondamentalement, il n'a pas digéré ce moment et je pense que cela met en grande difficulté pour être capable de proposer et de rassembler demain.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La mode est de reconnaître ou faire semblant de reconnaître ses responsabilités, ses erreurs, est-ce que Nicolas SARKOZY ne vous contraint pas vous aussi à en faire autant ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais bien sûr que nous avons simplement nous attendons d'être jugés à la fin du quinquennat de François HOLLANDE. Mais en même temps, nous sommes prêts à rendre des comptes sur ce que nous avons fait, sur ce que nous faisons, c'est la démocratie. Mais de ce point de vue, il est temps d'ailleurs que la France examine la situation réelle du pays et, notamment, la manière dont Nicolas SARKOZY a laissé notre pays
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, ça fait 2 ans et demi
JEAN-MARIE LE GUEN
La dette, j'en parlais tout à l'heure, la compétitivité
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord
JEAN-MARIE LE GUEN
Bien sûr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça fait 2 ans et demi que vous êtes au pouvoir, vous ne croyez pas
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais le redressement mettra des années.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La longue litanie des mensonges va vous faire du mal auprès de l'opinion ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je ne le crois pas, je crois que les Français regardent comprennent d'abord la situation réelle, regardent un peu l'action des uns et des autres. Et ils ne sont pas dupes des formules de rhétorique, ni dans un sens ni dans un autre d'ailleurs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous pensez que comme il le dit, c'est lui qui promet de combattre Marine LE PEN sans complicité, qu'il va le faire et qu'il choisit de faire son premier meeting dans le Nord ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Il explique plus clairement qu'il ne l'a fait hier qu'il renonçait à son discours de Grenoble par exemple, première question : est-ce que oui ou non, il renonce au discours de Grenoble, est-ce qu'il accepte de dire qu'en faisant cela il a blessé de très nombreux français, il les a divisés mais il a aussi encouragé le Front National
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quand on vous entend, c'est la dernière remarque, quand on vous entend on a le sentiment que ça vous a tous redopés, ça vous a donné des vitamines, du président de la République au dernier des militants du PS.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ça remet les enjeux du débat véritable. Le débat, ce n'est pas entre la gauche et la gauche, c'est entre la gauche et la droite et l'extrême droite malheureusement aujourd'hui.
THOMAS SOTTO
Merci Jean-Marie LE GUEN d'être venu ce matin sur EUROPE 1. Merci Jean-Pierre ELKABBACH.Source : Service d'information du Gouvernement, le 10 octobre 2014
L'Interview politique d'EUROPE 1, Jean-Pierre ELKABBACH vous recevez ce matin Jean-Marie LE GUEN, secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement. Messieurs c'est à vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bienvenu, Jean-Marie LE GUEN bonjour.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour, merci.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est le 8ème jour de grève des pilotes d'AIR FRANCE, ils entravent l'économie et le commerce, l'Etat est actionnaire à 15 % et il ne fait rien, pourquoi ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Cette entreprise est indépendante, même si l'Etat est actionnaire, mais clairement aujourd'hui il faut que le travail reprenne, on le voit bien. Alors ce dossier est un peu compliqué, mais en gros il y avait deux dossiers sur la table : le dossier TRANSAVIA France et là, il semblerait quand même qu'aujourd'hui il y a un consensus pour dire qu'il faut aller dans le sens des propositions de la direction, qui ont été finalement acceptées par la plupart des acteurs
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et le deuxième point !
JEAN-MARIE LE GUEN
Le deuxième dossier c'est TRANSAVIA Europe qui crée un certain nombre de craintes, de problématique de délocalisation
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et il serait où, il serait où ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Au Portugal dit-on, et là-dessus je pense qu'il faut très rapidement que la direction apporte un certain nombre d'éclaircissements ; et en tout cas il faut que le travail maintenant reprenne. Je crois que le pays le demande et tous les acteurs doivent le comprendre, nous devons conclure dans les heures, dans les jours qui viennent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourquoi vous dites dans les heures, dans les jours qui viennent, vous avez des signes, des preuves, parce que l'agenda des grévistes est connu, ça ressemble d'ailleurs à une provocation, le mouvement est reconduit au moins jusqu'à vendredi.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez ! Je crois qu'il y a une réunion qui va commencer dans quelques minutes entre la direction et les syndicats, et il faut conclure maintenant. Je crois qu'il y a une attente très forte et chacun toutes les parties doivent le comprendre. Il faut que le travail reprenne à AIR FRANCE.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc on doit comprendre qu'à travers ce que vous dites, le gouvernement fait pression sur les deux côtés pour que ça se termine ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Le gouvernement exprime ce que disent nos compatriotes et ce qui est la réalité. Une semaine de conflit, c'est déjà beaucoup trop, maintenant il faut conclure.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et s'ils ne concluent pas, qu'est-ce que vous faites, est-ce que le gouvernement intervient de manière plus directe, est-ce que vous nommez un médiateur, est-ce que quoi ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez ! Je n'imagine pas que ce message ne soit pas entendu aujourd'hui par toutes les parties du conflit.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'autant plus que le leader CFTC disait tout à l'heure à Thomas SOTTO : AIR FRANCE est en danger.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, absolument et chacun doit le comprendre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce matin, on sait que le match HOLLANDE/SARKOZY est déjà et à nouveau engagé, c'est comme ça que vous le ressentez aussi ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez oui ! C'est en tout cas comme ça que veut s'adresser Nicolas SARKOZY, parce qu'il nous a parlés beaucoup de lui mais au-delà de tout ça, on sentait qu'il y avait l'esprit de revanche était présent à tous les moments de son intervention. Je pense que ceci devra forcément ne pas satisfaire ceux qui espèrent qu'un débat politique serein se fasse dans notre pays.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous pensez que le débat est à nouveau engagé ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ce débat est engagé, il l'est (j'allais dire) d'une façon un peu normale, c'est-à-dire qu'enfin on va avoir les vrais enjeux pour notre pays, ce que dit la droite, ce que dit la gauche, encore faudrait-il que Nicolas SARKOZY donne un certain nombre de pistes, ce qui n'a pas du tout été le cas. Il faudrait aussi qu'il revienne sur son propre bilan, parce qu'on ne pourra pas commencer sereinement une étude du projet d'avenir pour notre pays si d'abord n'a pas été mené et par Nicolas SARKOZY en premier le bilan de sa propre action pendant 5 ans. On se souvient qu'il y a eu 600 milliards de dette, de ce point de vue avant de donner des leçons à qui que ce soit, il faudra qu'il s'exprime sur son propre bilan.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous parlerez du vôtre, enfin si vous en avez un !
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais bien évidemment, nous serons bilan contre bilan, projet contre projet. Il faut simplement que Nicolas SARKOZY ne se contente pas d'être animé par un esprit de revanche, ça n'intéressera pas les Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous avez une idée de la réaction du président de la République, s'il a vu l'émission, s'il pense comme vous, si vous pensez comme lui ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Le rôle du président de la République dans cette affaire et il a été très clair dans sa conférence de presse c'est de présider aujourd'hui notre pays. Il n'est pas candidat, Nicolas SARKOZY revient comme candidat à la présidence d'un parti, il a besoin d'abord de débattre avec ses challengers, que ce soit au niveau de la direction du parti ou ceux qui seront face à lui aux primaires : monsieur FILLON, monsieur JUPPE. Je constate d'ailleurs
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Aux primaires de 2016.
JEAN-MARIE LE GUEN
2016. Je constate qu'il les traite avec beaucoup de condescendance et là encore une fois, je pense qu'il y a un style SARKOZY qui va créer des divisions, de la difficulté dans son propre camp. Il prétend rassembler les Français, il divise son camp.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et il est possible qu'il n'ait pas écouté ou entendu François FILLON qui répète qu'il ne croit pas au culte des sauveurs qui agite l'UMP ; et Alain JUPPE qui disait sur EUROPE 1 « le match pour 2017 a commencé et j'irai vraiment jusqu'au bout ». Sur les affaires, il dit que s'il avait peur, il ne se lancerait pas dans ce retour : je n'ai pas peur. Vous qui savez, est-ce qu'il doit avoir peur ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne sais rien, ce que je constate c'est qu'il revient beaucoup plus vite qu'il ne l'avait véritablement programmé. La logique aurait voulu qu'il attende
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais sur les affaires, est-ce qu'il a peur
JEAN-MARIE LE GUEN
La crise mais je pense qu'une partie des
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il a raison d'avoir peur de ne pas avoir peur ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je pense que les Français regardent et attendent des réponses, je pense que la succession d'affaires auxquelles il est évidemment amené à donner un certain nombre de réponses
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Laquelle des affaires est la plus grave ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je pense que du point de vue du fonctionnement politique, l'affaire BYGMALION est une affaire dont il ne pourra pas s'abstraire, comme il l'a fait hier soir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et l'accusation du financement de sa campagne par les millions de KADHAFI ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez ! Je n'ai aucune information sur le sujet, la justice
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais alors pourquoi vous dites « les affaires », si vous n'avez pas d'information ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Parce que je constate que la justice n'arrête pas de poser un certain nombre de questions à monsieur SARKOZY, et qu'il y répond parfois, d'autres fois on ne voit pas véritablement la vérité poindre encore. Donc il faudra bien qu'il y ait des réponses et que la vérité apparaisse, en tout cas que les juges aillent jusqu'au bout de leur travail, ce qui est normal.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Marie LE GUEN : « si j'ai perdu, Nicolas SARKOZY, c'est ma responsabilité, on ne peut pas avoir raison seul, j'ai commis des erreurs ». Est-ce que cet exercice d'autocritique et d'humilité relative vous a convaincu ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non parce qu'immédiatement après évidemment, il est dans l'esprit de revanche, par exemple la litanie des anaphores qu'il critique tout de suite comme si c'était
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La litanie des mensonges.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, mais c'est une formule ça, ce qu'il nous répond parce que ce qui est certain, ce qui a déterminé les Français, ce n'est pas un échange dans un débat, c'était la réalité de son propre bilan. Et de ce point de vue, il essaie de s'abstraire en disant que c'est simplement une formule du mensonge. Donc il ne reconnaît pas véritablement sa défaite, d'ailleurs il minimise le résultat de l'élection. Fondamentalement, il n'a pas digéré ce moment et je pense que cela met en grande difficulté pour être capable de proposer et de rassembler demain.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La mode est de reconnaître ou faire semblant de reconnaître ses responsabilités, ses erreurs, est-ce que Nicolas SARKOZY ne vous contraint pas vous aussi à en faire autant ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais bien sûr que nous avons simplement nous attendons d'être jugés à la fin du quinquennat de François HOLLANDE. Mais en même temps, nous sommes prêts à rendre des comptes sur ce que nous avons fait, sur ce que nous faisons, c'est la démocratie. Mais de ce point de vue, il est temps d'ailleurs que la France examine la situation réelle du pays et, notamment, la manière dont Nicolas SARKOZY a laissé notre pays
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, ça fait 2 ans et demi
JEAN-MARIE LE GUEN
La dette, j'en parlais tout à l'heure, la compétitivité
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord
JEAN-MARIE LE GUEN
Bien sûr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça fait 2 ans et demi que vous êtes au pouvoir, vous ne croyez pas
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais le redressement mettra des années.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La longue litanie des mensonges va vous faire du mal auprès de l'opinion ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je ne le crois pas, je crois que les Français regardent comprennent d'abord la situation réelle, regardent un peu l'action des uns et des autres. Et ils ne sont pas dupes des formules de rhétorique, ni dans un sens ni dans un autre d'ailleurs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous pensez que comme il le dit, c'est lui qui promet de combattre Marine LE PEN sans complicité, qu'il va le faire et qu'il choisit de faire son premier meeting dans le Nord ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Il explique plus clairement qu'il ne l'a fait hier qu'il renonçait à son discours de Grenoble par exemple, première question : est-ce que oui ou non, il renonce au discours de Grenoble, est-ce qu'il accepte de dire qu'en faisant cela il a blessé de très nombreux français, il les a divisés mais il a aussi encouragé le Front National
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quand on vous entend, c'est la dernière remarque, quand on vous entend on a le sentiment que ça vous a tous redopés, ça vous a donné des vitamines, du président de la République au dernier des militants du PS.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ça remet les enjeux du débat véritable. Le débat, ce n'est pas entre la gauche et la gauche, c'est entre la gauche et la droite et l'extrême droite malheureusement aujourd'hui.
THOMAS SOTTO
Merci Jean-Marie LE GUEN d'être venu ce matin sur EUROPE 1. Merci Jean-Pierre ELKABBACH.Source : Service d'information du Gouvernement, le 10 octobre 2014