Texte intégral
ARNAUD PONTUS
Votre invitée, Frédéric RIVIERE, vous recevez ce matin Annick GIRARDIN, secrétaire d'Etat française au Développement et à la Francophonie.
FRÉDÉRIC RIVIERE
Bonjour Annick GIRARDIN.
ANNICK GIRARDIN
Bonjour.
FREDERIC RIVIERE
Un premier cas de contamination par le virus Ebola en Europe a été constaté hier en Espagne, il s'agit d'une aide-soignante, est-ce qu'il faut craindre aujourd'hui que le virus ne se propage en Europe ?
ANNICK GIRARDIN
Eh bien écoutez, la mobilisation de la France, mais aussi de l'Europe, c'est justement de combattre le virus Ebola sur place, notamment pour la France en Guinée, mais au-delà, dans les trois pays les plus touchés, de manière à ce qu'on puisse ne pas ou le moins possible être touché, c'est cette mobilisation, d'un autre côté, on voit bien que la jeune femme qui a été soignée en France est sortie guérie, on peut guérir d'Ebola, le système français, comme la plupart des systèmes européens, comme d'ailleurs le système des Etats-Unis, puisque les Etats-Unis sont également touchés aujourd'hui, sont tout à fait prêts à répondre à ce type de maladie, on est prêt, on est prêt sur les évacuations, on est prêt sur les traitements, on est prêt sur les procédures. On l'a vu, et tant mieux d'ailleurs, et c'est un soulagement complet de voir cette jeune femme sortir, être guérie, et aujourd'hui, prendre des vacances. Moi, vous savez, je suis
FREDERIC RIVIERE
On a dit qu'elle avait bénéficié de traitements expérimentaux, est-ce que ça pourrait servir sur place, en Guinée par exemple ?
ANNICK GIRARDIN
Elle a bénéficié de traitements qui ont été autorisés par arrêté, il y a trois, aujourd'hui, traitements et ce sont des traitements effectivement qui ont pu lui permettre d'avoir la vie sauve, ce sont des traitements qui seront utilisés, parce qu'ils ont été autorisés par arrêté. Mais au-delà de ça, il faut se mobiliser aussi sur place, et c'est ce que nous faisons depuis juillet, avec l'ensemble des équipes de mon ministère ou de celui de la Santé, nous avons travaillé à mobiliser l'Europe sur ces questions, c'est pour ça que le 15 septembre dernier, avec Marisol TOURAINE, on s'est rendu à Bruxelles pour sensibiliser et coordonner surtout les actions de l'Europe. Moi, je suis une des ministres européennes, et la première des ministres européennes à m'être rendue sur place, parce que je crois qu'il faut montrer justement qu'on peut en guérir, et qu'on va réussir à le faire, à condition effectivement que nous puissions lutter tous ensemble, de manière coordonnée, notamment avec l'OMS et les Nations unies sur cette question, puisqu'il y a une mobilisation internationale forte. Et je crois qu'il faut justement continuer, comme le fait la France, à ouvrir des centres, et nous allons le faire en Guinée, début novembre, un centre de traitement, notamment en Guinée forestière, là où a commencé Ebola.
FREDERIC RIVIERE
Et dans lequel le traitement qui a été appliqué à cette infirmière française pourrait être proposé aux malades sur place ?
ANNICK GIRARDIN
Un certain nombre de traitements, est-ce que c'est celui-là exactement ? Vous me permettrez de ne pas répondre.
FREDERIC RIVIERE
Et le président de la République a annoncé, il y a quelques jours, le renforcement de sa lutte contre le virus Ebola, en Guinée justement, la forme concrète que ça va prendre, c'est ça, c'est l'ouverture de ce nouvel hôpital en Guinée forestière ?
ANNICK GIRARDIN
Oui, tout à fait, qui sera
FREDERIC RIVIERE
Il y a d'autres mesures ?
ANNICK GIRARDIN
Qui sera géré avec LA CROIX ROUGE, et donc c'est important de le signaler. Rappelons aussi que Médecins Sans Frontières est très présent sur le terrain, et moi, je peux, après la visite à Conakry que j'ai pu faire, largement vous dire combien il faut sans cesse rappeler leur courage et leur engagement sur le terrain, c'est grâce à des hommes et des femmes comme eux que, aujourd'hui, on va pouvoir réussir à maîtriser, avec l'effort international, cette épidémie. François HOLLANDE, le président de la République, a annoncé l'ouverture de ce centre, il devrait s'ouvrir dès début novembre, c'est l'un des centres, c'est le troisième centre, il en faudra d'autres en Guinée, comme ailleurs. Après, c'est aussi à plus court terme, à moyen terme, c'est le renforcement des systèmes de santé. Et là aussi, la France est présente à travers un certain nombre de soutiens financiers, il faut savoir qu'autour du sujet Ebola et des systèmes de santé, du renforcement des systèmes de santé, la France va mobiliser 70 millions d'euros. Il y aura aussi l'aide européenne et l'aide internationale. Donc on a vraiment à structurer ces systèmes de santé, on voit bien comment le Sénégal a pu traiter un cas, et ça a été correctement fait, on voit bien que ce système a résisté, parce qu'il est suffisamment fort, la Côte d'Ivoire est également largement prête ; il faut pouvoir conforter l'ensemble des voisins, de l'Afrique de l'Ouest, qui sont touchés par cette maladie.
FREDERIC RIVIERE
Dans un moment comme celui-là, face à une crise comme celle-là, la baisse de l'aide publique au développement de la France, qui est de l'ordre de 2,5%, n'est pas une difficulté pour vous ?
ANNICK GIRARDIN
Alors, la baisse de l'aide, elle est réelle, le budget du développement et de la solidarité, comme tous les budgets de la France aujourd'hui ont fait un effort et devaient faire un effort pour lutter effectivement contre notre endettement, et faire des économies, c'est le souhait, nous y participons à hauteur de moins 1,51, tout simplement parce que la TTF, la Taxe sur les Transactions Financières, passera de 15%, enfin, une part de 15 à 25% supplémentaire pour le développement, donc on va réussir à garder notre ambition en matière de développement, en matière de soutien et de solidarité, y compris à travers Ebola. Vous savez, on a rapidement, là, mobilisé 70 millions, dans un même temps, la France garde son effort ambitieux en matière de développement, on a aussi participé à hauteur d'un milliard au fonds vert, le président de la République l'a annoncé à New York, parce que là, aussi, à travers le fonds vert, il y a de l'adaptation, et donc des actions concrètes en faveur des pays les plus défavorisés. Nous n'avons pas à rougir de notre aide au développement. Nous sommes aujourd'hui, certes, le cinquième pays en volume, mais l'aide, elle n'est pas que financière, nous cherchons aussi à soutenir l'ensemble des pays qui sont aujourd'hui nos partenaires, à mobiliser leurs ressources nationales, ce qui n'est pas aujourd'hui suffisamment fait, à lutter contre les paradis fiscaux
FREDERIC RIVIERE
Est-ce qu'il va quand même falloir faire des choix ? Est-ce qu'il y a des programmes auxquels il va falloir renoncer par exemple ?
ANNICK GIRARDIN
Alors, on a fait des choix, on a fait des choix géographiques, puisque la France s'est dotée d'une loi en juillet dernier, qui précise que nous avons 16 pays prioritaires, les pays les plus aujourd'hui vulnérables, nous avons aussi fait un certain nombre de
alors, bien sûr, où c'est essentiellement d'aidant, nous avons aussi une politique de prêt à côté avec l'Agence française de développement, vous savez, c'est vingt milliards d'euros sur cinq ans, que nous allons consacrer à l'Afrique. L'idée, c'est aussi de travailler mieux et d'être plus efficace, être plus efficace, comment ? En ayant des actions que l'on puisse mener avec des partenaires, des partenaires européens, des partenaires internationaux, mais aussi des partenaires français qui n'ont peut-être pas suffisamment été mobilisés jusqu'à aujourd'hui. Le partenaire classique du développement, c'est l'ONG, c'set aussi les collectivités territoriales, il faut aujourd'hui que l'on sache travailler avec les entreprises qui sont aussi des leviers possibles pour intervenir et pour la lutte contre la pauvreté, puisque c'est bien l'objectif principal.
FREDERIC RIVIERE
Annick GIRARDIN, depuis le départ des Verts, le PRG le Parti radical de gauche est le seul allié du PS au sein du gouvernement, où siègent trois de ses membres, Sylvia PINEL au Logement, Thierry BRAILLARD aux Sports, et vous-même donc, Jean-Michel BAYLET, le président du PRG, n'a pas du tout digéré sa défaite aux sénatoriales, dont il tient le PS pour responsable. Il rencontre aujourd'hui même le Premier ministre et le président de la République, la question du départ du gouvernement est posée, a-t-il dit. Est-ce que vous êtes prête à partir, autrement dit ?
ANNICK GIRARDIN
Alors, il y a effectivement un débat au sein du PRG, il y a un accord électoral national entre le PRG et le PS, qui touchait ou qui ciblait également les sénatoriales, et sur le terrain, parce qu'il y a eu des dissidences à gauche, un certain nombre de sénateurs PRG, non pas que Jean-Michel BAYLET, nous avons perdu donc quatre sièges sur dix aux sénatoriales. Donc les militants sont mécontents, certains élus également, parce que tout simplement, non pas que, il y a une divergence sur la ligne politique, parce qu'on vient de participer à ce nouveau gouvernement VALLS 2, que les parlementaires viennent de voter la confiance, mais plutôt sur la difficulté à faire tenir des accords nationaux sur le terrain, je crois qu'il est là le vrai débat, que devront avoir aujourd'hui le PS et le PRG. Maintenant, en ce qui me concerne, j'ai des missions qui m'ont été confiées par le Premier ministre et par le président de la République, vous l'avez dit, la lutte contre Ebola, la question, bien sûr, du climat, la question
FREDERIC RIVIERE
Donc si vous devez faire un choix, quitter le PRG ou quitter le gouvernement, vous ferez quoi alors ?
ANNICK GIRARDIN
Attendez, je termine, et moi, je suis concentrée sur mes actions, c'est ce que les Français attendent de moi, c'est ce que le gouvernement attend de moi. Ensuite, je crois aussi que nous avons des débats à avoir avec le Parti socialiste, nous, les PRG, parce qu'il y a des questions importantes de fin de vie, il y a des questions sur la réforme des institutions, il y a des questions sur la laïcité parce que, après la crèche Baby Loup, on n'a pas suffisamment aujourd'hui légiférer, ce ne sont pas que des problèmes électoraux sur lesquels nous devons débattre avec nos partenaires PS, c'est la position que j'ai aujourd'hui. Quant à votre question, vous me permettrez d'attendre la rencontre de Jean-Michel BAYLET avec le président de la République et le Premier ministre, mais surtout, les réunions du parti.
FRÉDÉRIC RIVIERE
Merci Annick GIRARDIN. Bonne journée.
ANNICK GIRARDIN
Merci.
ARNAUD PONTUS
Annick GIRARDIN, la secrétaire d'Etat française au Développement et à la Francophonie, invitée de Frédéric RIVIERE ce matin sur RFI.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 octobre 2014