Déclaration de M. Thierry Braillard, secrétaire d'Etat aux sports, sur la préparation des Jeux Olympiques de Rio de Janeiro de 2016, Paris le 11 septembre 2014.

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Circonstance : Optimisation de la préparation des Jeux Olympiques de Rio de Janeiro 2016 à Paris le 11 septembre 2014

Texte intégral


J'ai souhaité vous réunir aujourd'hui à deux ans des Jeux Olympiques et Jeux Paralympiques de Rio, plus précisément à 694 jours de l'ouverture des JO - il faut être précis quand il s'agit de sport de haut niveau - pour vous garantir tout mon soutien et tout l'appui des équipes du ministère des sports dirigé par Thierry MOSIMANN dans la préparation des équipes de France olympiques et paralympiques.

Beaucoup a déjà été fait. Je ne l'ignore pas.
Tout d'abord, les fédérations ont arrêté leur projet olympique. Il s'est matérialisé à travers les programmes d'excellence sportive. Les fédérations l'ont fait avec l'expertise, précieuse et incontestable, des directions techniques nationales.
Ensuite, au niveau ministériel, le bilan des jeux de Londres a permis d'engager depuis deux ans, une stratégie d'adaptation de la politique du haut niveau.
Elle peut se résumer simplement :
Premièrement : nous affichons notre ambition olympique. Etre durablement dans le TOP 5 olympique et le TOP 10 Paralympique.
Deuxièmement : nous avons énoncé quelques principes d'action simples et clairs :
-l'affichage d'un objectif de performance olympique pour chaque fédération. Je conçois les difficultés de l'exercice mais je vous demande de le faire.
- Le projet de performance doit concerner une élite clairement identifiée. Plusieurs fédérations ont d'ores et déjà durci les quotas de sélection de leurs sportifs. Là encore, il faut le faire. Car c'est le seul moyen d'identifier les sportifs capables de s'engager dans un projet de performance avec des chances réelles d'y réussir.
- l'évaluation du projet de performance doit être permanente et continue. Elle doit être mise en œuvre tout au long du déroulement du projet de performance. Cela est indispensable pour discuter des adaptations à mettre en œuvre pour faire aux aléas (blessures) ou à de mauvais résultats intermédiaires.

Troisièmement : nous avons pris, d'ores et déjà, quelques mesures concrètes pour mettre en œuvre les principes d'action que je viens d'énoncer et atteindre l'ambition collective que nous nous sommes fixée.
Ces mesures, vous les connaissez : c'est la mise en place de la MOP, c'est le grand INSEP ou encore de nouvelles instances de gouvernance du sport du haut niveau : la commission du sport de haut niveau, le bureau permanent du sport de haut niveau et le groupe technique permanent.
Vendredi dernier lors de mon déplacement à Toulouse, j'ai rencontré des jeunes SHN et l'un d'entre-deux m'expliquait comment il s'organisait, avec l'accompagnement du CREPS, pour conjuguer dans le même rythme ses entrainements et sa 4ème année d'études de médecine, avec une étonnante sérénité. Il témoignait avec toute l'énergie, l'engagement et la détermination qui font le sport et le haut-niveau.

Depuis cinq mois j'ai eu l'occasion à plusieurs reprises de rencontrer les sportifs de haut niveau, leurs entraîneurs et certains d'entre-vous.
Je le savais, mais j'en ai eu la confirmation, la performance sportive n'est pas le fruit du hasard. Elle nécessite la prise en compte de tous les facteurs qui la composent mais aussi de l'environnement du sportif.

La performance sportive se joue dans les détails, il en est de même pour l'organisation du sport de haut niveau. Il est essentiel pour la performance d'optimiser les dispositifs et les structures qui organisent le sport de haut niveau. Il est encore plus important de favoriser les liens entre les structures et les dispositifs.

C'est ce qui va guider mon action.
Et dans ce cadre, je vais d'abord vous présenter les mesures que j'ai décidé de mettre en place immédiatement dans la perspective déjà toute proche de Rio 2016, avant de vous présenter les mesures structurelles que nous mettrons aussi en place.
S'agissant des mesures immédiates :
1) Tout d'abord, je souhaite que les différentes structures fonctionnent encore mieux ensemble en développant les échanges, le partage de l'information, l'expertise et la mutualisation des moyens.
Pour ces raisons, nous souhaitons, avec le CNOSF, que puissent se rencontrer en un même lieu, à l'INSEP, l'ensemble des acteurs qui accompagnent le projet olympique et paralympique des fédérations. Dans cette logique, la mission olympique et haut niveau du CNOSF devrait s'installer à l'INSEP aux côtés de la MOP.

Je suis ravi que le CNOSF porte avec nous ce projet. Tout n'est pas réglé. Mais les travaux préparatoires à ce déménagement sont engagés.

Cela permettrait de créer entre la direction des sports, l'INSEP (MOP et mission Grand INSEP), l'ASDTN et la mission olympique et Haut niveau du CNOSF, une cellule opérationnelle de la performance. Son nom de baptême n'a pas encore été trouvé mais cela ne tardera pas.

La direction des sports sera bien évidemment sollicitée et viendra donc s'adjoindre à cette cellule opérationnelle, en tant que de besoin.

Cette cellule complète les précédentes instances de gouvernance du sport de haut niveau que je vous connaissez tous. Il manquait, pour préparer RIO de façon optimale, un échelon directement opérationnel. Cette lacune sera donc corrigée.

Il est essentiel que les acteurs qui suivent les 250 médaillables et organisent logistiquement la délégation aux jeux olympiques puissent travailler de concert.

Cette « cellule de la performance » vous accompagnera dans vos missions de préparation des équipes pour conquérir dans les meilleurs conditions l'or olympique et paralympique à Rio, vous accompagner d'ores et déjà dans la préparation de Tokyo 2020, et apporter une attention particulière aux sportifs engagés dans ces deux échéances.

2) Ensuite, je souhaite que l'on prenne encore plus en compte l'individu et le sportif au-delà de sa performance sportive.

Les médaillables sont identifiés. La MOP suit bien évidemment leur performance pour s'assurer qu'elle demeure de niveau mondial et olympique. Mais il faut faire plus. J'ai donc également confié à la MOP le suivi individualisé des sportifs qui joueront la médaille à Rio.

La grille de performance des sportifs sera complétée par des éléments liés à l'environnement du sportif. Je souhaite connaître, pour chacun d'entre eux, leur statut et leur environnement social. Dominique Latterrade, directeur de la MOP vous sollicitera et je compte sur vous, pour mutualiser ces informations et être ainsi au plus près des sportifs.

En effet, même si c'est d'abord aux DTN de se préoccuper de ce sujet pour l'ensemble des SHN de leurs fédérations, la MOP doit suivre cela de manière attentive. Elle doit vous conseiller, vous préconiser des mesures d'adaptation en cas de problème sur la performance comme sur le suivi socio professionnel.
Sur ces 250 sportifs, je souhaite du cousu main.

3) Par ailleurs, je rencontrerai l'ensemble des équipes de France olympiques et paralympiques et leur encadrement techniques régulièrement afin de partager cette aventure qui nous mènera à Rio.

4) S'agissant de l'accompagnement des athlètes et des équipes de France, je souhaite vous dire un mot du Grand INSEP.

Ce projet permet, parallèlement à la décentralisation des CREPS, d'ancrer les CREPS dans la politique de l'excellence sportive.

L'INSEP pilote le réseau des établissements du sport du haut niveau, Il lui faudra identifier et mutualiser les compétences de chacun de ces acteurs de la performance.

A terme, l'INSEP doit concevoir puis mettre en œuvre un label « INSEP » ainsi que ses modalités d'attribution pour passer de l'INSEP Paris à un « Grand INSEP ».

Dans l'immédiat, j'ai souhaité que l'on attribue une carte « Pass Grand INSEP » aux sportifs listés par la MOP, pour leur faciliter l'accès aux services haut niveau des établissements du réseau « Grand INSEP ». Je remettrai cette carte d'ici la fin de l'année aux sportifs.
Après ces mesures qui doivent permettre d'ajuster au mieux la préparation de cette olympiade, je souhaite développer avec vous des pistes pour l'avenir.
1) Tout d'abord, le Grand INSEP n'est pas un projet isolé, il s'inscrit dans un mouvement d'ensemble de réforme de notre organisation. Un mot donc sur la décentralisation des CREPS.

Ce chantier sera engagé au plus vite puisque le gouvernement déposera un amendement dès cet automne au projet de loi organisation territoriale de la République.

Mais c'est un chantier structurel qui produira ces effets sur le long terme.

Vous connaissez l'importance des collectivités et des régions dans la politique sportive. Vous connaissez de nombreux élus locaux en raison de vos responsabilités. L'Etat et les collectivités travaillent aujourd'hui de manière non coordonnée.

L'enjeu de la décentralisation des CREPS est de créer les conditions d'une meilleure articulation des politiques conduites par l'Etat et les régions dans le domaine du sport en général et du sport de haut niveau en particulier.

2) Les projets de performance des fédérations que vous avez soumis à la commission du sport de haut niveau et qui ont tous été validés, formalisent vos choix de structures qui accueillent les sportifs (les pôles) et les listes de sportifs de haut niveau. Nous devons aller plus loin et être plus exigeants en distinguant ce qui relève de l'excellence sportive et qui nécessite un accompagnement vers la performance de très haut niveau « une médaille olympique », de ce qui permet l'accès à l'excellence sportive. Les moyens qui doivent y être consacrés ne peuvent pas rester les mêmes.

Dans la continuité des travaux engagés par la commission du sport de haut niveau, je souhaite qu'une réflexion plus large soit menée sur les Parcours d'Excellence Sportive (PES) des fédérations pour que soit mieux pris en compte l'encadrement technique et l'accompagnement socio professionnel des sportifs de haut niveau. Nous devrons aussi nous attacher à revoir la durée des PES. D'une part parce que la performance se construit dans le temps et, d'autre part, pour garantir à nos partenaires des collectivités territoriales, et en particulier des Régions dans le cadre du projet de décentralisation des CREPS, une stabilité des investissements dans les équipements sportifs.

La réforme des listes des sportifs de haut niveau définira des critères objectifs « les résultats sportifs » dans les compétitions de référence. Cela renforcera la lisibilité des listes et permettra de mieux cibler l'accompagnement des sportifs de haut niveau qui sont engagés dans des projets différents selon qu'ils visent une médaille aux JO ou JP ou l'accession à l'équipe de France.

L'accompagnement socioprofessionnel et le statut du sportif sont une de mes principales préoccupations pour le sport de haut niveau.
La prise en compte de l'environnement de l'athlète est un élément déterminant de la performance sportive. Les carrières des sportifs sont de durées variables et se déroulent généralement durant la formation scolaire, universitaire ou la professionnalisation.

Les exigences du sport de haut niveau ne garantissent pas pour beaucoup d'entre eux les conditions d'une réussite professionnelle à l'issue de leur carrière. Les différences de revenus par sport ne permettent pas à tous de se consacrer totalement à l'entraînement et d'assurer leur avenir professionnel.

L'éducation pour les plus jeunes, la formation et la professionnalisation du sportif de haut niveau doivent se faire dans un cadre adapté aux exigences de son projet de performance sportive.
Les sportifs durant leur carrière sont parfois centrés sur leurs échéances sportives et ne perçoivent pas forcément les enjeux de leur avenir professionnel.
Je vous donnerai deux exemples de sportifs que j'ai rencontrés récemment :
- une sportive qui pour avoir un statut social s'est inscrite à des cours par correspondance, et perçoit une aide personnalisée minime pour vivre ;
- un sportif médaillable à Rio, père de deux enfants qui prend conscience qu'après sa carrière, les aides financières s'arrêteront.
Comment ces deux sportifs peuvent ils préparer les JO sereinement ?
3) Autre chantier pour l'avenir, le travail sur le statut du sportif. Le 15 septembre prochain je confierai à Jean Pierre KARAQUILLO une mission qui visera à sécuriser l'environnement et les pratiques du sportif. Cette mission sera complétée par une mission de l'Inspection Générale sur les aides personnalisées et une mission de recensement et d'analyse des dispositifs d'accompagnements socioprofessionnels des sportifs de haut niveau qui sera confiée à Isabelle SEVERINO, vice-présidente du CNOSF.
4) Enfin, une bonne nouvelle pour finir : Dans les prochains mois, vous serez mobilisés par la direction des sports pour l'élaboration des conventions d'objectifs.
Cette année est déterminante dans la recherche des quotas olympiques d'où votre participation accrue dans les compétitions internationales. Je mobiliserai une enveloppe spécifique de 500 000 euros pour accompagner le projet olympique et paralympique des fédérations vers Rio.
La DS, avec l'appui de la MOP réalisera avec vous une analyse des besoins qui seront pris en compte dans la construction des conventions d'objectifs pour cette année.
L'or à Rio sera le fruit de notre engagement à tous, de notre vigilance de chaque instant et de notre travail au quotidien de concert.
Dans cette recherche de la performance, vos compétences et votre mobilisation sont essentielles.
Je sais pouvoir compter sur vous.
Source http://www.thierrybraillard.fr, le 7 octobre 2014