Texte intégral
BRUCE TOUSSAINT Jean-Marie LE GUEN, le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, est l'invité de I TELE ce matin, bonjour
BRUCE TOUSSAINT
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup d'être avec nous. Hier, dès hier, Manuel VALLS a prévenu que les chiffres du chômage annoncés ce soir à 18 h ne seraient pas forcément très, très bons, vous confirmez qu'il ne faut pas s'attendre à grand-chose ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Pas d'information particulière sur ces chiffres ! Mais on voit bien qu'on est dans une séquence où la croissance est encore très faible et, donc, on est sans aucun doute avec des chiffres qui ne sont pas excellents étant donné que le nombre de gens qui demandent du travail au sens de la démographie augmente, donc
BRUCE TOUSSAINT
Ca avait baissé en août ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Mais vous vous rappelez qu'on n'avait pas eu un discours très triomphant, c'est-à-dire qu'il y a des vaguelettes, d'une façon générale je pense d'ailleurs que notre pays gagnerait à ne pas avoir des commentaires tous les mois, tous les trois mois - ça irait très, très bien- parce qu'on ne peut pas dessiner véritablement une tendance mois par mois et puis il faudrait parler aussi d'autres chiffres qui peut-être nous remonteraient un petit peu le moral, c'est le nombre d'emplois net créés, c'est-à-dire que s'il ne faut pas oublier que si le chômage augmente malgré tout il y a une augmentation du nombre d'emplois créés, c'est-à-dire qu'une démographie qui est notre force - fait qu'il y a de plus en plus de demandeurs, de gens qui veulent travailler, mais, en même temps, un déficit.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, même si on calculait tous les trois mois, vous croyez que d'ici à la fin du quinquennat il y aura vraiment une inversion ? Vous y croyez encore ? Parce que bon le discours a été
JEAN-MARIE LE GUEN
Moi je pense
BRUCE TOUSSAINT
Voilà ! Ca été banni, tout ça, mais enfin bon on peut quand même en parler ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Mais je pense qu'il va y avoir des résultats, même il ne faut pas se le cacher
BRUCE TOUSSAINT
En matière de chômage, hein ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Oui, oui, en matière d'emploi il y aura des résultats. Mais nous sommes dans une situation où nous connaissons un chômage de masse depuis trente ans
BRUCE TOUSSAINT
Oui !
JEAN-MARIE LE GUEN
Donc, il va falloir que nous nous interrogions sérieusement sur cette question-là. Nous savons qu'il n'y aura pas une croissance à 4, 5 ou 6 % qui par ce biais de cette croissance viendrait éponger le problème de l'emploi, donc il va falloir que nous réfléchissions à comment gérer ce problème et, très sincèrement, les formations politiques n'ont pas encore posé un diagnostic très, très important sur le sujet, mais il faut le faire Un mot pour dire que ce que nous mettons en place, le redressement de notre pays, prendra des années, il y aura des résultats je l'espère dans quelques mois...
BRUCE TOUSSAINT
Donc, ça sera pour le successeur de François HOLLANDE en 2017 ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Eh bien, écoutez, ce sera sans doute François HOLLANDE qui sera là pour montrer la continuité et les résultats de la politique qu'il a menée.
BRUCE TOUSSAINT
Jean-Marie LE GUEN, RTL annonce ce matin que le gouvernement va créer cinquante mille Contrats aidés supplémentaires en 2015, cinquante mille Contrats aidés, dont quinze mille nouveaux Emplois d'avenir, est-ce que vous le confirmez ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Je ne suis pas en situation de vous le confirmer, il y a un ministre chargé de l'Emploi, François REBSAMEN, qui viendra quand ce sera nécessaire préciser exactement les efforts budgétaires qui sont faits. C'est vrai qu'il y a une mobilisation autour de l'emploi
BRUCE TOUSSAINT
Mais ça serait une bonne idée de booster encore ces Contrats aidés ?
JEAN-MARIE LE GUEN
C'est une bonne idée ! Mais moi je ne vais pas vous dire que c'est la solution aux problèmes que nous connaissons, c'est un moment, ça permet de passer un cap. Moi, à chaque fois qu'un jeune retrouve un emploi, fusse-t-il un Emploi aidé, je sais que ça donne le sourire à sa famille et c'est quelque chose, maintenant
BRUCE TOUSSAINT
En plus ça donnerait le sourire aux Frondeurs peut-être, non ? Ca serait peut-être un petit gage, comme ça, de
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, j'ai été de celui qui prônait les Emplois jeunes en 1997, donc je suis assez bien placé pour dire que je pense qu'il y a quand même des limites et qu'il faudrait peut-être renouveler notre pensée économique et en termes d'emploi, et, si mes amis qui contestent un peu la politique du gouvernement ont comme idée juste de faire des Emplois aidés, je leur suggère de renouveler un peu le stock d'idées.
BRUCE TOUSSAINT
On va reparler dans un instant du PS ! Mais je voudrais juste avoir votre sentiment aussi sur cette lettre envoyée par Bruxelles à la France, évidemment c'est toujours cette discussion concernant le budget, c'est quoi ? Comme le disait tout à l'heure Christophe BARBIER, dans son édito politique, c'est le début de la punition ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non !
BRUCE TOUSSAINT
Voilà ! C'est la première sommation la lettre ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Pas du tout, il y a des échanges, pas du tout, il y a des échanges. Vous savez la Commission de Bruxelles elle fait des commentaires, pas sur le budget français, sur les budgets des vingt-huit membres, elle dit des choses - qui peuvent être d'ailleurs y compris désagréables non seulement pour notre pays mais pour d'autres pays est-ce que c'est justifié ? Pas toujours ! Parce que je pense que Bruxelles a été marqué justement par une incapacité à dessiner une politique économique juste depuis la crise. Bien ! Mais je mets ça de côté. Mais il y a un dialogue qui va se faire, Paris va donner un peu plus de précisions, un peu plus d'explications, c'est une procédure normale, classique.
BRUCE TOUSSAINT
J'ai une question existentielle pour vous ce matin Jean-Marie LE GUEN, vous allez voir vous n'allez pas être déçu, c'est quoi être socialiste en 2014 ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Eh bien c'est ce à quoi nous invite Jean-Christophe CAMBADELIS, c'est à réfléchir sur cette question avec les Etats généraux de l'identité socialiste, et, cette question, elle se pose pour deux raisons : la première, c'est qu'on n'a pas beaucoup réfléchi ces dix dernières années, on a tenu pour acquis des choses d'hier ; deuxièmement, parce que le monde se bouleverse, je vois par exemple que l'idée du socialisme au début du XXème siècle était vous savez c'était l'international, vous aviez.. Bon, aujourd'hui, le socialisme il est surtout présent en Europe, alors il va falloir qu'il se redéfinisse pour peut-être retrouver des racines plus fondamentales en France : la République, le social, la fraternité, la capacité à porter un projet pour notre pays Voilà ! La gauche en fait elle ne doit pas penser pour elle-même, elle doit penser pour l'ensemble de la Nation.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, attendez, la République, le social, la fraternité, la Nation vous pensez que
JEAN-MARIE LE GUEN
Le patriotisme !
BRUCE TOUSSAINT
Le patriotisme ! Vous pensez que Benoît HAMON a la même définition ? Vous pensez que Gérard FILOCHE a la même définition ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ah ! Non, je vous le confirme. Mais ça fait partie aussi, de toujours, quand François MITTERRAND a créé le Parti Socialiste d'Epinay il a pris des gens qui étaient de courants très différents, il y avait des Démocrates chrétiens, il y avait des Gaullistes, il y avait etc., donc nous avons-nous la capacité à rassembler, c'est l'idée de la maison commune peut-être la question que vous alliez me poser de Manuel VALLS, c'est l'idée de faire une maison commune où différentes sensibilités se retrouvent. Parce qu'aujourd'hui le PS et la gauche ont besoin de se dépasser pour se retrouver, pour être au coeur de leur identité, il faut être capable de s'ouvrir et de porter plus largement, plus largement, le combat de la République. Vous savez aujourd'hui le problème de la République est posé, quand vous avez un courant d'extrême droite qui sera peut être présent au second tour de l'Election présidentielle, ça change beaucoup de choses quand même.
BRUCE TOUSSAINT
Mais aujourd'hui c'est la foire d'empoigne Jean-Marie LE GUEN et je ne sais pas ce que vous diront vos militants, les militants que vous rencontrerez éventuellement ce week-end, mais moi j'ai envie simplement de vous dire : « ce n'est pas très sérieux ». Est-ce que vous comprenez cette critique ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Il y a des aspects pas sérieux dans les prises de position qui ont été faites et l'ensemble peut donner l'image d'une cacophonie, je le comprends. Ce n'est pas la première fois que les Socialistes ont ce genre de défaut, mais je pense qu'il faut rejoindre ce que dit Jean-Christophe CAMBADELIS : « il faut baisser d'un ton et essayer d'avoir un peu de respect mutuel », mais par contre je pense qu'il faut quand même et c'est, excusez-nous
BRUCE TOUSSAINT
A chaque fois que quelqu'un
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais il va falloir que nous ayons un débat - et nous avons ce débat- et il est légitime
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Mais pour l'instant il est
JEAN-MARIE LE GUEN
Et dailleurs à droite je crois savoir qu'ils n'ont pas fini de débattre non plus.
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Eh bien, pour linstant, on a le sentiment que le PS est pire que l'UMP ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Parce que dans la forme on est parfois un peu plus un peu moins maîtrisés.
BRUCE TOUSSAINT
Libérés !
JEAN-MARIE LE GUEN
Voilà !
BRUCE TOUSSAINT
Mais la parole est libérée ?
JEAN-MARIE LE GUEN
La parole peut être libérée et parfois elle est tellement libérée qu'elle dérape. Mais
BRUCE TOUSSAINT
Quand je vous disais, Jean-Marie LE GUEN, quand je vous disais que ce n'était pas sérieux, ce matin Jean-Christophe CAMBADELIS justement patron du PS dans Le Parisien il donne une interview et il dit alors déjà il donne une interview, il a une photo où on le voit avec un gant de boxe Bon !
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Mais ce n'est pas lui qui a choisi la photo
BRUCE TOUSSAINT
Non ! Je ne sais pas.
JEAN-MARIE LE GUEN
Vous êtes d'accord avec moi ?
BRUCE TOUSSAINT
Oh ! Eh bien il a accepté d'être photographié, il n'a pas été piégé ? Et il dit
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Mais c'était une autre fois et il le fait avec un sourire, on voit bien qu'il se moque de lui-même.
BRUCE TOUSSAINT
Et il dit : « Le PS ce n'est pas la Playstation ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Mais il y a un côté
BRUCE TOUSSAINT
Il n'y a pas un côté cour de récré, sérieusement
JEAN-MARIE LE GUEN
Si ! Si.
BRUCE TOUSSAINT
De spectacle ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne vous dis pas le contraire ! Je ne vous dis pas le contraire.
BRUCE TOUSSAINT
Bon !
JEAN-MARIE LE GUEN
Il y a un côté un peu infantile, oui c'est vrai, et c'est un peu gênant je le reconnais.
BRUCE TOUSSAINT
La vraie question
JEAN-MARIE LE GUEN
Alors le rappel un peu à la règle et à l'ordre est relativement important.
BRUCE TOUSSAINT
La vraie question au fond, c'est ce qu'a dit hier Henri EMMANUELLI, il a dit : « je pense que la ligne que défendent les socio-libéraux, c'est comme ça qu'ils vous appellent vous d'ailleurs directement Jean-Marie LE GUEN et Manuel VALLS, je pense que la ligne que défendent les socio-libéraux n'est pas la ligne majoritaire de la gauche française et du PS ». C'est simple, est-ce que vous êtes
JEAN-MARIE LE GUEN
Eh bien, écoutez, Henri EMMANUELLI son sa parole aurait encore plus de poids s'il votait avec ses amis Socialistes à l'Assemblée nationale, je pense, ce qui n'est pas le cas, ce qui ne me parait pas se mettre dans une position où on peut donner le sentiment d'être majoritaire, lui et ses amis ils représentent aujourd'hui même pas 20 du groupe socialiste Voilà ! Donc, je pense qu'il faut quand même être de ce point de vue responsable et essayer de retrouver des règles communes, c'est ce que nous demandent en tout cas beaucoup de nos électeurs.
BRUCE TOUSSAINT
Sur le fond, est-ce qu'il n'y a pas un risque d'une espèce de cohabitation inédite qui existerait finalement au moment du congrès entre un gouvernement, un Premier ministre Manuel VALLS, un président de la République qui sont une ligne et puis un PS qui serait sur une autre ligne ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Je ne le crois pas.
BRUCE TOUSSAINT
Vous l'envisagez ça ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Je ne le crois pas. Je pense qu'il y a une très large majorité d'élus, de cadres, de parlementaires, mais de militants aussi, qui se retrouvent derrière les orientations proposées par le président de la République. Les militants Socialistes ont souvent tendance à grogner parce qu'ils sont comme tous les gens de gauche toujours avec plutôt l'idée d'être insatisfaits, comme un moteur de l'action et de la pensée, mais ils savent aussi, ils ont le sens des responsabilités.
BRUCE TOUSSAINT
Juste un dernier mot ! L'histoire du nom du Parti Socialiste, parce que socialiste est devenu un gros mot ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Pas du tout.
BRUCE TOUSSAINT
On a le sentiment que Manuel VALLS il dit plus facilement : « j'aime l'entreprise » que : « je suis Socialiste ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Justement il a rappelé qu'il était Socialiste depuis trente ans, il avait adhéré au Parti Socialiste il avait dix-huit ans, donc je pense que Manuel VALLS n'a pas de leçon de socialisme à recevoir de qui que ce soit.
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Mais qu'est-ce qui gêne dans le Ce n'est pas le mot parti qui gêne, c'est le mot socialiste ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais c'est tout simplement mais regardez les mots, les mots... il y a deux mois vous me disiez social libéral, social- démocrate, socialiste, vous croyez que les Français se Bon ! Nous avons simplement le besoin de construire une gauche moderne, pragmatique, qui soit une gauche de gouvernement, il y a un certain nombre de nos amis qui se disent : « que décidément gouverner un pays en crise c'est trop difficile, c'était tellement mieux dans l'opposition » et, ça, c'est quelque chose qui quelque part est un corrosif de notre action et de notre cohérence et il faut chasser ces fantômes-là, il faut chasser le fantôme que la gauche pourrait exister dans l'opposition et que ça serait mieux. Il y a deux problèmes ! Hier c'était mieux qu'aujourd'hui et nous dans l'opposition c'était plus confortable, c'est deux tentations-là il faut les mettre de côté.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup Jean-Marie LE GUEN
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci à vous !
BRUCE TOUSSAINT
Bonne journée à vous.Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 octobre 2014
BRUCE TOUSSAINT
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup d'être avec nous. Hier, dès hier, Manuel VALLS a prévenu que les chiffres du chômage annoncés ce soir à 18 h ne seraient pas forcément très, très bons, vous confirmez qu'il ne faut pas s'attendre à grand-chose ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Pas d'information particulière sur ces chiffres ! Mais on voit bien qu'on est dans une séquence où la croissance est encore très faible et, donc, on est sans aucun doute avec des chiffres qui ne sont pas excellents étant donné que le nombre de gens qui demandent du travail au sens de la démographie augmente, donc
BRUCE TOUSSAINT
Ca avait baissé en août ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Mais vous vous rappelez qu'on n'avait pas eu un discours très triomphant, c'est-à-dire qu'il y a des vaguelettes, d'une façon générale je pense d'ailleurs que notre pays gagnerait à ne pas avoir des commentaires tous les mois, tous les trois mois - ça irait très, très bien- parce qu'on ne peut pas dessiner véritablement une tendance mois par mois et puis il faudrait parler aussi d'autres chiffres qui peut-être nous remonteraient un petit peu le moral, c'est le nombre d'emplois net créés, c'est-à-dire que s'il ne faut pas oublier que si le chômage augmente malgré tout il y a une augmentation du nombre d'emplois créés, c'est-à-dire qu'une démographie qui est notre force - fait qu'il y a de plus en plus de demandeurs, de gens qui veulent travailler, mais, en même temps, un déficit.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, même si on calculait tous les trois mois, vous croyez que d'ici à la fin du quinquennat il y aura vraiment une inversion ? Vous y croyez encore ? Parce que bon le discours a été
JEAN-MARIE LE GUEN
Moi je pense
BRUCE TOUSSAINT
Voilà ! Ca été banni, tout ça, mais enfin bon on peut quand même en parler ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Mais je pense qu'il va y avoir des résultats, même il ne faut pas se le cacher
BRUCE TOUSSAINT
En matière de chômage, hein ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Oui, oui, en matière d'emploi il y aura des résultats. Mais nous sommes dans une situation où nous connaissons un chômage de masse depuis trente ans
BRUCE TOUSSAINT
Oui !
JEAN-MARIE LE GUEN
Donc, il va falloir que nous nous interrogions sérieusement sur cette question-là. Nous savons qu'il n'y aura pas une croissance à 4, 5 ou 6 % qui par ce biais de cette croissance viendrait éponger le problème de l'emploi, donc il va falloir que nous réfléchissions à comment gérer ce problème et, très sincèrement, les formations politiques n'ont pas encore posé un diagnostic très, très important sur le sujet, mais il faut le faire Un mot pour dire que ce que nous mettons en place, le redressement de notre pays, prendra des années, il y aura des résultats je l'espère dans quelques mois...
BRUCE TOUSSAINT
Donc, ça sera pour le successeur de François HOLLANDE en 2017 ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Eh bien, écoutez, ce sera sans doute François HOLLANDE qui sera là pour montrer la continuité et les résultats de la politique qu'il a menée.
BRUCE TOUSSAINT
Jean-Marie LE GUEN, RTL annonce ce matin que le gouvernement va créer cinquante mille Contrats aidés supplémentaires en 2015, cinquante mille Contrats aidés, dont quinze mille nouveaux Emplois d'avenir, est-ce que vous le confirmez ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Je ne suis pas en situation de vous le confirmer, il y a un ministre chargé de l'Emploi, François REBSAMEN, qui viendra quand ce sera nécessaire préciser exactement les efforts budgétaires qui sont faits. C'est vrai qu'il y a une mobilisation autour de l'emploi
BRUCE TOUSSAINT
Mais ça serait une bonne idée de booster encore ces Contrats aidés ?
JEAN-MARIE LE GUEN
C'est une bonne idée ! Mais moi je ne vais pas vous dire que c'est la solution aux problèmes que nous connaissons, c'est un moment, ça permet de passer un cap. Moi, à chaque fois qu'un jeune retrouve un emploi, fusse-t-il un Emploi aidé, je sais que ça donne le sourire à sa famille et c'est quelque chose, maintenant
BRUCE TOUSSAINT
En plus ça donnerait le sourire aux Frondeurs peut-être, non ? Ca serait peut-être un petit gage, comme ça, de
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, j'ai été de celui qui prônait les Emplois jeunes en 1997, donc je suis assez bien placé pour dire que je pense qu'il y a quand même des limites et qu'il faudrait peut-être renouveler notre pensée économique et en termes d'emploi, et, si mes amis qui contestent un peu la politique du gouvernement ont comme idée juste de faire des Emplois aidés, je leur suggère de renouveler un peu le stock d'idées.
BRUCE TOUSSAINT
On va reparler dans un instant du PS ! Mais je voudrais juste avoir votre sentiment aussi sur cette lettre envoyée par Bruxelles à la France, évidemment c'est toujours cette discussion concernant le budget, c'est quoi ? Comme le disait tout à l'heure Christophe BARBIER, dans son édito politique, c'est le début de la punition ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non !
BRUCE TOUSSAINT
Voilà ! C'est la première sommation la lettre ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Pas du tout, il y a des échanges, pas du tout, il y a des échanges. Vous savez la Commission de Bruxelles elle fait des commentaires, pas sur le budget français, sur les budgets des vingt-huit membres, elle dit des choses - qui peuvent être d'ailleurs y compris désagréables non seulement pour notre pays mais pour d'autres pays est-ce que c'est justifié ? Pas toujours ! Parce que je pense que Bruxelles a été marqué justement par une incapacité à dessiner une politique économique juste depuis la crise. Bien ! Mais je mets ça de côté. Mais il y a un dialogue qui va se faire, Paris va donner un peu plus de précisions, un peu plus d'explications, c'est une procédure normale, classique.
BRUCE TOUSSAINT
J'ai une question existentielle pour vous ce matin Jean-Marie LE GUEN, vous allez voir vous n'allez pas être déçu, c'est quoi être socialiste en 2014 ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Eh bien c'est ce à quoi nous invite Jean-Christophe CAMBADELIS, c'est à réfléchir sur cette question avec les Etats généraux de l'identité socialiste, et, cette question, elle se pose pour deux raisons : la première, c'est qu'on n'a pas beaucoup réfléchi ces dix dernières années, on a tenu pour acquis des choses d'hier ; deuxièmement, parce que le monde se bouleverse, je vois par exemple que l'idée du socialisme au début du XXème siècle était vous savez c'était l'international, vous aviez.. Bon, aujourd'hui, le socialisme il est surtout présent en Europe, alors il va falloir qu'il se redéfinisse pour peut-être retrouver des racines plus fondamentales en France : la République, le social, la fraternité, la capacité à porter un projet pour notre pays Voilà ! La gauche en fait elle ne doit pas penser pour elle-même, elle doit penser pour l'ensemble de la Nation.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, attendez, la République, le social, la fraternité, la Nation vous pensez que
JEAN-MARIE LE GUEN
Le patriotisme !
BRUCE TOUSSAINT
Le patriotisme ! Vous pensez que Benoît HAMON a la même définition ? Vous pensez que Gérard FILOCHE a la même définition ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ah ! Non, je vous le confirme. Mais ça fait partie aussi, de toujours, quand François MITTERRAND a créé le Parti Socialiste d'Epinay il a pris des gens qui étaient de courants très différents, il y avait des Démocrates chrétiens, il y avait des Gaullistes, il y avait etc., donc nous avons-nous la capacité à rassembler, c'est l'idée de la maison commune peut-être la question que vous alliez me poser de Manuel VALLS, c'est l'idée de faire une maison commune où différentes sensibilités se retrouvent. Parce qu'aujourd'hui le PS et la gauche ont besoin de se dépasser pour se retrouver, pour être au coeur de leur identité, il faut être capable de s'ouvrir et de porter plus largement, plus largement, le combat de la République. Vous savez aujourd'hui le problème de la République est posé, quand vous avez un courant d'extrême droite qui sera peut être présent au second tour de l'Election présidentielle, ça change beaucoup de choses quand même.
BRUCE TOUSSAINT
Mais aujourd'hui c'est la foire d'empoigne Jean-Marie LE GUEN et je ne sais pas ce que vous diront vos militants, les militants que vous rencontrerez éventuellement ce week-end, mais moi j'ai envie simplement de vous dire : « ce n'est pas très sérieux ». Est-ce que vous comprenez cette critique ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Il y a des aspects pas sérieux dans les prises de position qui ont été faites et l'ensemble peut donner l'image d'une cacophonie, je le comprends. Ce n'est pas la première fois que les Socialistes ont ce genre de défaut, mais je pense qu'il faut rejoindre ce que dit Jean-Christophe CAMBADELIS : « il faut baisser d'un ton et essayer d'avoir un peu de respect mutuel », mais par contre je pense qu'il faut quand même et c'est, excusez-nous
BRUCE TOUSSAINT
A chaque fois que quelqu'un
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais il va falloir que nous ayons un débat - et nous avons ce débat- et il est légitime
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Mais pour l'instant il est
JEAN-MARIE LE GUEN
Et dailleurs à droite je crois savoir qu'ils n'ont pas fini de débattre non plus.
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Eh bien, pour linstant, on a le sentiment que le PS est pire que l'UMP ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Parce que dans la forme on est parfois un peu plus un peu moins maîtrisés.
BRUCE TOUSSAINT
Libérés !
JEAN-MARIE LE GUEN
Voilà !
BRUCE TOUSSAINT
Mais la parole est libérée ?
JEAN-MARIE LE GUEN
La parole peut être libérée et parfois elle est tellement libérée qu'elle dérape. Mais
BRUCE TOUSSAINT
Quand je vous disais, Jean-Marie LE GUEN, quand je vous disais que ce n'était pas sérieux, ce matin Jean-Christophe CAMBADELIS justement patron du PS dans Le Parisien il donne une interview et il dit alors déjà il donne une interview, il a une photo où on le voit avec un gant de boxe Bon !
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Mais ce n'est pas lui qui a choisi la photo
BRUCE TOUSSAINT
Non ! Je ne sais pas.
JEAN-MARIE LE GUEN
Vous êtes d'accord avec moi ?
BRUCE TOUSSAINT
Oh ! Eh bien il a accepté d'être photographié, il n'a pas été piégé ? Et il dit
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Mais c'était une autre fois et il le fait avec un sourire, on voit bien qu'il se moque de lui-même.
BRUCE TOUSSAINT
Et il dit : « Le PS ce n'est pas la Playstation ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Mais il y a un côté
BRUCE TOUSSAINT
Il n'y a pas un côté cour de récré, sérieusement
JEAN-MARIE LE GUEN
Si ! Si.
BRUCE TOUSSAINT
De spectacle ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne vous dis pas le contraire ! Je ne vous dis pas le contraire.
BRUCE TOUSSAINT
Bon !
JEAN-MARIE LE GUEN
Il y a un côté un peu infantile, oui c'est vrai, et c'est un peu gênant je le reconnais.
BRUCE TOUSSAINT
La vraie question
JEAN-MARIE LE GUEN
Alors le rappel un peu à la règle et à l'ordre est relativement important.
BRUCE TOUSSAINT
La vraie question au fond, c'est ce qu'a dit hier Henri EMMANUELLI, il a dit : « je pense que la ligne que défendent les socio-libéraux, c'est comme ça qu'ils vous appellent vous d'ailleurs directement Jean-Marie LE GUEN et Manuel VALLS, je pense que la ligne que défendent les socio-libéraux n'est pas la ligne majoritaire de la gauche française et du PS ». C'est simple, est-ce que vous êtes
JEAN-MARIE LE GUEN
Eh bien, écoutez, Henri EMMANUELLI son sa parole aurait encore plus de poids s'il votait avec ses amis Socialistes à l'Assemblée nationale, je pense, ce qui n'est pas le cas, ce qui ne me parait pas se mettre dans une position où on peut donner le sentiment d'être majoritaire, lui et ses amis ils représentent aujourd'hui même pas 20 du groupe socialiste Voilà ! Donc, je pense qu'il faut quand même être de ce point de vue responsable et essayer de retrouver des règles communes, c'est ce que nous demandent en tout cas beaucoup de nos électeurs.
BRUCE TOUSSAINT
Sur le fond, est-ce qu'il n'y a pas un risque d'une espèce de cohabitation inédite qui existerait finalement au moment du congrès entre un gouvernement, un Premier ministre Manuel VALLS, un président de la République qui sont une ligne et puis un PS qui serait sur une autre ligne ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Je ne le crois pas.
BRUCE TOUSSAINT
Vous l'envisagez ça ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Je ne le crois pas. Je pense qu'il y a une très large majorité d'élus, de cadres, de parlementaires, mais de militants aussi, qui se retrouvent derrière les orientations proposées par le président de la République. Les militants Socialistes ont souvent tendance à grogner parce qu'ils sont comme tous les gens de gauche toujours avec plutôt l'idée d'être insatisfaits, comme un moteur de l'action et de la pensée, mais ils savent aussi, ils ont le sens des responsabilités.
BRUCE TOUSSAINT
Juste un dernier mot ! L'histoire du nom du Parti Socialiste, parce que socialiste est devenu un gros mot ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Pas du tout.
BRUCE TOUSSAINT
On a le sentiment que Manuel VALLS il dit plus facilement : « j'aime l'entreprise » que : « je suis Socialiste ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Justement il a rappelé qu'il était Socialiste depuis trente ans, il avait adhéré au Parti Socialiste il avait dix-huit ans, donc je pense que Manuel VALLS n'a pas de leçon de socialisme à recevoir de qui que ce soit.
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Mais qu'est-ce qui gêne dans le Ce n'est pas le mot parti qui gêne, c'est le mot socialiste ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais c'est tout simplement mais regardez les mots, les mots... il y a deux mois vous me disiez social libéral, social- démocrate, socialiste, vous croyez que les Français se Bon ! Nous avons simplement le besoin de construire une gauche moderne, pragmatique, qui soit une gauche de gouvernement, il y a un certain nombre de nos amis qui se disent : « que décidément gouverner un pays en crise c'est trop difficile, c'était tellement mieux dans l'opposition » et, ça, c'est quelque chose qui quelque part est un corrosif de notre action et de notre cohérence et il faut chasser ces fantômes-là, il faut chasser le fantôme que la gauche pourrait exister dans l'opposition et que ça serait mieux. Il y a deux problèmes ! Hier c'était mieux qu'aujourd'hui et nous dans l'opposition c'était plus confortable, c'est deux tentations-là il faut les mettre de côté.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup Jean-Marie LE GUEN
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci à vous !
BRUCE TOUSSAINT
Bonne journée à vous.Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 octobre 2014