Texte intégral
CHRISTOPHE BORDET
François REBSAMEN, bonjour.
MONSIEUR LE MINISTRE FRANÇOIS REBSAMEN
Bonjour.
CHRISTOPHE BORDET
Merci d'être avec nous ce matin. Nous sommes ensemble sur Sud Radio jusqu'à neuf heures, vous répondez à nos questions et aux questions des Français qui écoutent Sud Radio ce matin. Votre collègue Michel SAPIN présente en ce moment-même le projet de budget 2015, vingt-et-un milliards d'économies pour 2015. L'équation est difficile entre la croissance et la rigueur, l'armée va être mise à contribution, les transports, les collectivités locales, les familles. Vous êtes le ministre du Travail, d'ailleurs je devrais presque dire le ministre du chômage !
FRANÇOIS REBSAMEN
Il y a beaucoup de chômage dans notre pays. Ce n'est pas d'aujourd'hui et nous faisons tout pour mettre en place des dispositifs pour mettre à l'emploi, au contraire. Je suis le ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social.
CHRISTOPHE BORDET
Dites-moi, votre budget 2015 : le budget du ministère de l'Emploi est raboté ou pas ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Il sera diminué de trois pourcent. Ce ministère participe comme les autres à l'effort de réduction des déficits. J'indique quand même que depuis 2012, il a été augmenté de vingt pourcent. Cette année, il passera donc de 11,4 milliards à 11,1, soit une économie de trois cents millions d'euros à trouver.
CHRISTOPHE BORDET
Ces trois cents millions d'euros à trouver, vous pensez les trouver dans quels domaines ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Dans tous les domaines. On gère de manière la plus serrée possible, la plus sérieuse possible et on va faire ainsi des économies. Ce sont des économies qu'il faut absolument réaliser au ministère du Travail comme dans les autres ministères.
CHRISTOPHE BORDET
Mais ce sont quelque part les chômeurs qui vont être sanctionnés par ces économies ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non ! Pourquoi voulez-vous que les chômeurs soient sanctionnés par ces économies ? Il y aura sûrement à évaluer les dispositifs en place et voir en cours d'année comment tout cela produira des effets. Je pense notamment aux politiques de l'emploi.
CHRISTOPHE BORDET
Quel est le dispositif qu'il faudrait sucrer ou raboter parce qu'il ne marche finalement pas ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Tous les dispositifs marchent. Ils ne marchent pas tous de la même manière mais ils marchent tous. Par exemple les emplois d'avenir pour les jeunes, pour cent cinquante mille jeunes, c'est un engagement du président François HOLLANDE. Il est tenu et ça marche très bien. Vingt-cinq pourcent des jeunes viennent des quartiers difficiles de la politique de la ville et étaient sans qualification. Ce sont des contrats qui peuvent durer trois ans. Cela permet d'insérer dans le monde du travail des jeunes qui en étaient assez loin, et c'est donc un dispositif qui marche. On va encore amplifier les différents dispositifs et on va mettre en place auprès des missions locales un dispositif qui s'appelle la garantie jeunes l'année prochaine, pour cinquante mille jeunes. Les auditeurs connaissent cela sur le terrain, les missions locales. C'est des montées en puissance de dispositifs qui sont très utiles pour lutter contre la pauvreté ou pour insérer dans le monde du travail différentes populations.
CHRISTOPHE BORDET
François REBSAMEN, les députés socialistes avertissent qu'ils vont demander cinquante mille à cent mille emplois aidés supplémentaires lors de l'examen du projet de loi de finance. Faut-il céder ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Je vois forcément d'un bon oeil une telle proposition. Comment un ministre du Travail refuserait des contrats aidés, des emplois aidés supplémentaires pour lutter contre le chômage ?
CHRISTOPHE BORDET
Mais en même temps, on a l'impression que c'est toujours la même vieille recette des emplois aidés ! Il n'y a pas d'autre solution pour faire baisser le chômage en France ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Ce n'est pas comme ça qu'on fait baisser le chômage. On prépare des gens qui sont loin de l'emploi. Chaque année sortent de l'éducation nationale cent cinquante mille jeunes qui sont ce qu'on appelle des décrocheurs, et ça continue. L'éducation nationale lutte contre cela mais il n'empêche que c'est ce qui se produit encore. Après, il faut insérer ces jeunes dans le monde du travail et pour les insérer dans le monde du travail, il faut qu'on les prépare donc il faut les requalifier. Ça se fait par le biais de l'apprentissage, ça se fait par le biais de contrats aidés. Et puis, il y a le dispositif particulier des emplois d'avenir et la garantie jeunes qui a été mise en place au niveau européen et qu'on décline en France.
CHRISTOPHE BORDET
D'accord, c'est cinquante mille à cent mille emplois supplémentaires par rapport à ce qui est déjà prévu. On sait bien que depuis des décennies on fait de l'emploi aidé, et que depuis des décennies le chômage ne baisse pas.
FRANÇOIS REBSAMEN
D'abord, le chômage a baissé à des moments. Là, il a augmenté puisqu'il est maintenant de 9,7 pourcent.
CHRISTOPHE BORDET
Il sera de combien à la fin de l'année ?
FRANÇOIS REBSAMEN
J'espère bien qu'il sera sous les dix pourcent.
CHRISTOPHE BORDET
Sous les dix pourcent ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, oui, sous les dix pourcent. En France métropolitaine, il est de 9,7 pourcent à l'instant où nous parlons d'après les statistiques de l'Insee. Il se passe quelque chose de particulier dans notre pays. On a une arrivée supplémentaire, et on ne peut pas s'en plaindre, de jeunes sur le marché du travail chaque année. On a cent cinquante mille personnes qui arrivent en plus sur le marché du travail. Non seulement il faut réduire le chômage mais il faut donner du travail à ces cent cinquante mille qui arrivent en plus chaque année. Je dois dire qu'on continue d'avoir une augmentation de l'emploi aidé. Je voudrais de l'emploi dans notre pays !
CHRISTOPHE BORDET
Mais ça coûte quand même, tout ça.
FRANÇOIS REBSAMEN
L'économie française continue de créer des emplois, elle continue de créer des emplois. Par exemple, on peut dire qu'il y a aujourd'hui près de vingt-six millions de personnes qui sont en emploi dans notre pays. C'est plus qu'il n'y en avait il y a deux ans, donc chaque année on crée de l'emploi. Est-ce qu'on en crée suffisamment ? Non ! C'est pour ça que le chômage continuait de progresser, continue de progresser. C'est le contraire de l'Allemagne. L'Allemagne a moins de personnes qui arrivent sur le marché du travail et nous, il y a plus de personnes. Par exemple, si on crée cent dix mille postes en une année, cela ne correspond pas aux cent cinquante mille qui arrivent.
CHRISTOPHE BORDET
Mais il y a quand même un truc que je voudrais comprendre. On nous dit aujourd'hui que la dette a dépassé les deux mille milliards, ce qui n'est pas négligeable, et nous on continue de creuser dans les déficits, on continue de creuser en faisant de l'emploi aidé, de l'emploi sous perfusion.
FRANÇOIS REBSAMEN
On essaye. Le chemin de crête est toujours étroit. D'un côté, il y a les propositions d'annonce de monsieur FILLON. C'est cent-vingt milliards d'économies, ce qu'ils n'ont jamais fait quand ils étaient au pouvoir. Jamais ! Cent-vingt milliards d'économies, cent-dix milliards d'économies et la suppression de six cent mille postes de fonctionnaires. Où vont-ils les prendre ? Ils vont supprimer des postes d'infirmières ? comment vont-ils faire ? Des enseignants ? Ça, ils avaient commencé à le faire. On va donc obérer l'avenir si on les écoute. Et puis, la gauche de la gauche dit qu'il faut relancer. Non, on ne peut pas relancer ! L'Etat de notre économie ne le permet pas. Il faut redonner des marges à nos entreprises, il faut que nos entreprises recréent de l'emploi, recréent de la richesse. L'entreprise est le coeur de la France, c'est elle qui crée les emplois, c'est les salariés qui sont à l'intérieur parce que l'entreprise n'est pas que le patron comme ça. Je le dis pour la gauche de la gauche.
CHRISTOPHE BORDET
Ce n'est pas que le méchant patron.
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais bien sûr que non ! L'entreprise, ce sont les salariés. Les salariés sont très attachés à la richesse et au développement de leur entreprise. Il faut voir comme ils se battent pour leur entreprise. Bien souvent d'ailleurs, ils connaissent l'avenir de leur entreprise. Nous leur redonnons des marges qui leur avaient été reniées pendant dix ans. Pendant dix ans, ils ont perdu de la compétitivité et aujourd'hui, on leur redonne des marges pour recréer de l'emploi, pour investir, pour aller soutenir par l'apprentissage le fait que des jeunes ne peuvent pas rester hors de l'emploi. C'est tout ça que nous faisons mais le chemin de crête, c'est vrai, est étroit et il faut faire des économies, pas trop pour qu'elles ne soient pas récessives. Il faut donc tenir nos cinquante milliards d'économies. L'Etat en fait je crois à hauteur de dix-huit milliards, les collectivités locales sont appelées, tout le monde est appelé ( )
source : Service d'information du Gouvernement, le 17 octobre 2014